mardi 13 novembre 2012

Ces amours-là (2010)


Depuis qu'il a décroché, en 1966, la Palme d'Or à Cannes avec "Un homme et une femme", Claude Lelouch fait partie des cinéastes français incontournables. Alternant gros succès populaires (telle que "L'aventure c'est l'aventure" ou "Les uns et les autres") et bides monumentaux (comme "La belle histoire" ou "Roman de gare"), c'est un réalisateur qui laisse rarement indifférent. Son dernier film en date, "Ces amours-là", en grande partie autobiographique, n'a pas rencontré son public, comme on dit.

"Ces amours-là" narre l'histoire d'une femme, Ilva, depuis les années 1930 jusqu'aux années 1970, en passant (c'est la période la plus développée du film) par la seconde guerre mondiale. Difficile de résumer plus ce film, tant (à l'image des productions de Lelouch) le scénario semble vivre sa vie propre, voire se construire au fil de l'eau. Une chose est sûre, cependant : il s'agit d'un film de Claude Lelouch, et c'est d'ailleurs son nom qui figure en grand sur l'affiche du film. 
Le ton est donc donné : "Ces amours-là" est un film de Lelouch qui parle de Lelouch. 

J'avoue n'avoir jamais été un grand admirateur de ce cinéaste, et j'ai bien peur que ce sentiment ait pris de l'ampleur avec les années, tant Lelouch semble diriger de plus en plus ses films vers sa propre personne. Dans la mosaïque hétérogène qu'il nous expose, émergent parfois des références plus ou moins subtiles au cinéma et ses classiques et à l'histoire personnelle du cinéaste. Le fourre-tout qu'il nous propose avec "Ces amours-là" touche au paroxysme du film lelouchien. La caméra est virevoltante, ça chante, ça danse, ça s'efforce de vivre, mais force est de constater que la mayonnaise ne prend pas. A cela, il y a une raison majeure à mes yeux : aussi imprégnée de réalité historique soit-elle, Lelouch ne semble pas croire à l'histoire qu'il nous raconte. Et cela, à mon humble avis, est fatal.

Un cinéaste ne doit pas se contenter d'aligner les plans et de filmer ses interprètes : il doit aussi donner du corps à l'histoire qu'il met en scène, en y insufflant une foi bien absente de ce film. A maintes reprises, "Ces amours-là" sonne faux (je pense notamment aux scènes de guerre, et en particulier à celle du Débarquement). Semblant ne pas se soucier de faire adhérer ses spectateurs à cette traversée du temps, Claude Lelouch filme avant tout pour lui-même. Il ne faut donc pas s'étonner que le public ne le suive pas forcément. 

L'art du metteur en scène réside également dans la direction d'acteurs. Et même le casting le plus honorable peut ne pas fonctionner si le réalisateur n'est pas le chef d'orchestre indispensable à la bonne tenue de la partition. A seriner un peu partout qu'il aime les acteurs (et les actrices), Claude Lelouch a sans doute perdu de vue qu'il faudrait savoir les diriger. Laissés en roue libre, les interprètes jouent leur rôle chacun à leur façon, sans souci de cohérence avec les autres membres du casting. Certains sont plutôt bons (Dominique Pinon, par exemple), mais la plupart manquent cruellement de conviction, voire de talent. Citons, par exemple, Liane Foly (qui s'efforce de prendre un horrible accent de titi parisien) ou Laurent Couson (auteur d'un véritable massacre des "Deux oncles", la superbe chanson de Brassens).

Le film s'achève en un véritable festival dédié à Claude Lelouch lui-même. Entre gêne et écoeurement, le spectateur hésite un instant, avant de quitter la salle : pour une fois le générique de fin est le bienvenu.


6 commentaires:

  1. Ah je ne connais pas ce film mais j'y jetterais bien un coup d'oeil si l'occasion se présente à moi...

    Bonne soirée !

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    1. Il n'est vraiment pas impératif de le regarder, si tu veux mon avis...merci à toi d'être passé !

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  2. Ah Lelouch! Jamais vu ses films (ou tout du moins seulement des extraits) mais son cinéma ne m'intéresse pas un peu comme Woody Allen. ça parle beaucoup pour pas grand chose et comme tu le dis, c'est souvent chiant et très autocongratulatoire!

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    1. Il est clair qu'on ne m'y reprendra plus. Lelouch, très peu pour moi ! Merci d'être passé.

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    2. J'ai vu...et ferai de même, à mon rythme. Merci encore !

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