mardi 26 novembre 2013

Espion(s) (2009)



Parfois, la presse spécialisée (enfin, n'exagérons pas, une partie de celle-ci) s'extasie devant un film. Alors, on se dit que, forcément, devant pareil concert de louanges, on est en présence d'un chef d'oeuvre et qu'il faut impérativement foncer le voir dans les salles obscures. Et, au sortir de la projection, on se retrouve avec l'impression soit de n'avoir rien compris (ce qui est extrêmement frustrant), soit de s'être fait rouler (ce qui l'est au moins autant). En 2009, le film "Espion(s)" de Nicolas Saada, nominé dans moult compétitions et encensé par nombre d'organes de presse (des Inrockuptibles à StudioCinéLive), n'avait pas convaincu le grand public, puisqu'environ 400 000 spectateurs s'étaient déplacés (c'est peu, pour un film avec Guillaume Canet).

Travaillant comme bagagiste dans un aéroport, Vincent, avec la complicité de son collègue Gérard,a pris l'habitude d'ouvrir les valises des voyageurs et de s'y servir. Un jour, alors qu'ils fouillent un bagage diplomatique, les deux hommes déclenchent une explosion qui tue Gérard. Approché par la DST, Vincent n'a plus le choix. Pour éviter la prison, il va devoir coopérer. Il se retrouve pris dans une affaire d'espionnage international qui le dépasse. Manipulé, Vincent va devoir approcher un homme d'affaires britannique et séduire son épouse.

Mêler romance et espionnage, pourquoi pas ? L'exercice a déjà été tenté et réussi par le passé, par quantité de cinéastes, d'Alfred Hitchcock à Sidney Pollack. Nicolas Saada, ancien critique (notamment sur Radio Nova et aux Cahiers du Cinéma), connait ses classiques, à n'en pas douter. Il a aussi l'ambition certaine de livrer un film capable d'emporter le spectateur. Hélas, l'intrigue de son film reste assez peu épaisse : l'histoire d'espionnage dans laquelle Vincent se trouve embarqué tourne vite à vide, loin d'atteindre les sommets espérés. Relayé par une romance qu'on voit venir longtemps à l'avance, le thriller qu'on envisageait s'évanouit alors.

Pour couronner le tout, l'interprétation reste très moyenne, les acteurs principaux (dont l'excellent Stephen Rea, ici sous-employé) donnent un prestation toute en retenue, s'investissant a minima dans leurs personnages, auxquels le spectateur (enfin, quitte à préciser une fois de plus, c'est mon humble avis que j'expose en ces colonnes) a du mal à adhérer.

Réalisé sans fièvre, "Espion(s)" peut être vu comme un révélateur d'un certain cinéma français, qui rêve d'avoir l'efficacité de celui venu d'autres contrées (Hollywwod en l'occurrence) sans assumer d'utiliser les recettes qui lui permettraient d'y arriver.
Lorsqu'apparait le personnage campé par Hippolyte Girardot, on pense immanquablement aux "Patriotes" d'Eric Rochant qui, lui aussi, emmenait son héros naviguer dans les eaux troubles de l'espionnage international. "Espions" pâtit de la comparaison avec cet illustre aîné qui, lui, s'était donné les moyens de réussir.

A vouloir mêler histoire d'amour et film de genre, Nicolas Saada échoue finalement sur les deux tableaux. Reste un film frileux, auquel il manque la vibration nécessaire.



6 commentaires:

  1. Quand on avait fait un voyage scolaire (je crois d'ailleurs que c'était pour Paris), on avait vu une partie et vu qu'on se faisait chier, ils ont enlevé le film et c'est vrai qu'est-ce que c'était chiant!

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    1. Force est d'avouer que ce film a des ambitions qu'il ne se permet pas d'atteindre. Au final, on s'y ennuie copieusement.

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  2. Eh bien même impression de mon côté. J'ai retenté un visonnage lors de son passage à la télé, en me disant que j'avais peut-être loupé un truc. Nouvelle déception, tout ça semble bien trop artificiel alors que ça se veut le plus réaliste possible. Dans le style, je préfère les agents secrets de Schoendorffer.

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    1. C'est tout à fait l'effet que "Espion(s)" m'a fait : ennuyeux et à aucun moment crédible. Il existe pourtant des exemples de réussite pour cet exercice de style.

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  3. Absolument d'accord, j'ai été très déçue.

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    1. Une fois encore, ce film m'a donné la possibilité de mesurer le fossé entre certains critiques (qui étaient emphatiques à son sujet) et mon appréciation personnelle. Je crois que c'est un de tes sujets récurrents, que je ne peux donc que partager.

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