samedi 23 février 2013

Ronin (1998)


Si l'on évoque John Frankenheimer (1930-2002), les cinéphiles du monde entier songent à des classiques du film d'action, comme "Le Train" (avec Burt Lancaster) ou "French Connection II". Ce vétéran, qui fit ses premières armes à la télévision, a également commis d'autres films, plus oubliables (et plus oubliés) dans les dernières années de sa prolifique carrière. L'un de ses derniers films, réalisé en France (pays qu'il appréciait particulièrement pour y avoir tourné plusieurs fois), aurait pu être son feu d'artifice final, mais ne fut pas couronné du succès attendu lors de sa sortie : il s'agit de "Ronin".

Le terme de "Ronin", sans doute énigmatique pour la majeure partie du public (et d'ailleurs explicité dès le générique de début) désigne, dans le Japon traditionnel, les samouraïs sans maître, et n'ayant donc plus d'honneur et de raison d'être. Pour satisfaire au code du guerrier, le Ronin se doit de réaliser le seppuku (le suicide rituel), sous peine de devenir un samouraï errant, sans cause, sans honneur. Dans le film de Frankenheimer, ce terme désigne des hommes de main, recrutés par une jeune Irlandaise pour récupérer, à n'importe quel prix, une valise très disputée. Anciens militaires ou membres d'agences gouvernementales, ces hommes vont devoir tout mettre en oeuvre pour réaliser leur mission.

Le casting de "Ronin" ferait aujourd'hui saliver plus d'un réalisateur : Robert de Niro (qu'on ne présente plus et qui eut, lors du tournage de ce film, maille à partir avec la justice française), Jean Reno, Sean Bean (qui n'avait pas encore endossé le costume du Boromir du "Seigneur des Anneaux"), la très jolie et trop rare Natasha McElhonne (qu'on retrouvera aussi dans "The Truman Show"), Stellan Skarsgard (vu récemment dans le "Millenium" de David Fincher ou dans "Avengers"), Jonathan Pryce (le héros du cultissime "Brazil") et j'en passe.

Ce qui fait la force de "Ronin", ce n'est pas son scénario, vite invraisemblable, où les protagonistes, mercenaires venus d'horizons divers, courent après une énigmatique valise qu'on ne veut pas leur laisser. Il s'agit des scènes d'action, et plus particulièrement des poursuites automobiles, remarquablement orchestrées, malgré leur invraisemblance (vous avez déjà réussi à passer ne serait-ce que la troisième vitesse en plein Paris, vous ?). A l'occasion de ces séquences improbables, mais qu'il réussit à rendre crédibles aux yeux du spectateur, Frankenheimer donne une démonstration de son talent de metteur en scène. 

Cependant, nul n'est dupe, en visionnant ce film. A peine sorti, "Ronin" est déjà le témoignage d'une époque révolue. Comme l'ont dit certains critiques à l'époque, "Ronin" est en quelque sorte le chant du cygne d'un grand faiseur. Plus personne ne croit à l'histoire qui y est racontée, mais chacun va jusqu'au bout de sa tâche. "Mission Impossible" et la saga "Jason Bourne" ont redéfini le genre, et bientôt la technologie va permettre de pousser le curseur encore plus loin, grâce aux images de synthèse.

Du coup, et c'est presque visible à l'écran, toute l'équipe, si elle joue le jeu, semble résignée à voir tomber le rideau sur une époque cinématographique. Comme s'ils avaient déjà la tête ailleurs (et c'est probablement le cas pour Robert de Niro, empêtré à l'époque - à tort- dans une affaire de prostitution), les acteurs manquent de conviction et n'apportent pas au scénario le support qui lui est indispensable.

Impressionnant techniquement parlant, "Ronin" reste cependant un film remarquable parce qu'il est le témoin désabusé d'un passage de relais, inéluctable, mais cependant amer. Si l'on met de côté son invraisemblance, il se (re)visionne avec plaisir. 




6 commentaires:

  1. En dehors de la poursuite à grande vitesse, ce n'est vraiment pas un bon film.

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    1. Pas de grandes qualités cinématographiques, c'est vrai, mais une sorte de constat, désabusé, de la fin d'une époque.

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    2. Mouaif. C'est vraiment mauvais excepté la scène que j'ai cité. Et puis le titre justifié par Lonsdale quelle pignolade!

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  2. Pourtant avec De Niro, j'aurais pu mais il ne m'a jamais tenté

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    1. Ca n'est pas un grand film, comme je le disais plus haut...mais il témoigne de la fin de quelque chose, je trouve...

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    2. C'était bon de le faire en tous cas...

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