lundi 24 septembre 2012

Phénomènes (2008)



Sans vouloir aucunement m'acharner sur M. Night Shyamalan, voici un second billet (après celui sur "La jeune fille de l'eau") consacré à l'un de ses films. Mais, après tout, il "suffirait" que celui en qui le cinéma fonda tant d'espoir renoue avec le succès pour qu'il cesse de hanter ces colonnes, non ?

Il faut croire qu'après avoir démarré au sommet de l'art de la mise en scène, il était inévitable pour M. Night Shyamalan que la chute continue. L'échec dont il est question ici est plus artistique et critique que financier, il faut le préciser. Le film "Phénomènes" ("The happening" en VO) ne fut pas un désastre financier, mais il consacra l'idée que M. Night Shyamalan avait définitivement perdu son statut de petit génie.

Voici un rapide aperçu de l'intrigue : à New-York, puis dans tout le Nord-Est des Etats-Unis, des dizaines de personnes se suicident sans aucune raison apparente. Fuyant le danger, mis sur le compte d'un nouveau genre de terrorisme, un groupe de survivants comprend vite que les plantes ont développé un mécanisme de défense face à la menace que représente l'humanité.

Un pitch qui utilise les poncifs du film-catastrophe pour alimenter une fable écologique, en voilà une bonne idée, pourrait-on penser. Mais, si une idée, aussi généreuse soit-elle, réussissait à remplir un film, ça se saurait. "Phénomènes", hélas, ne fait que confirmer l'inquiétante impression qu'avait laissé "La jeune fille de l'eau" : M. Night Shyamalan ne base plus ses films que sur des idées, là où il lui faudrait nous conter des histoires.

Reconnaissons encore une fois le talent de mise en scène dont fait preuve le réalisateur (avec plus de sobriété que dans ses précédents opus, cela dit), et la solide interprétation des acteurs, sans doute fort bien dirigés. Mark Wahlberg, Zooey Deschanel et John Leguizamo servent admirablement leurs rôles et semblent croire de toute leur force à un scénario bien mince.
Toutes ces qualités ne suffisent hélas pas à assurer la réussite d'un film. Il faut pour cela faire vivre aux protagonistes une véritable histoire qui tienne, si possible, les spectateurs en haleine. On assiste dans "Phénomènes" à un voyage tenant plus de la fuite en avant que de l'épopée initiatique. Là où Spielberg (dans "La guerre des mondes") réussissait son coup, M. Night Shyamalan échoue. Le parallèle que je fais avec le très sombre blockbuster de Spielberg n'est pas anodin. Dans les deux cas, l'humanité est en proie à une menace qui la dépasse et se doit de faire face en changeant son comportement. Et, dans le cas de "Phénomènes", il n'y a pas de réel dénouement : tout s'arrange d'un coup, ou presque...ou pas.

Il est dommage que ce film post-11 septembre n'ait pas eu plus d'épaisseur et, finalement, de sens. C'eût été l'occasion rêvée pour M. Night Shyamalan de réussir son retour au panthéon. Faute d'un script plus consistant, "Phénomènes" devient vite ennuyant. Le scénario tient sur un ticket de métro (et encore, en utilisant le recto uniquement).
On admirera le message, mais un court métrage eut suffi.


9 commentaires:

  1. C'est un vrai gâchis ce film, car l'histoire peut être bonne mais il en est rien, pourtant il y a quelque bons effets, il arrive par moment a crée de l'angoisse, sauf que l'ensemble est léger et Shyamalan a du mal a confirmer son statut

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    1. On est d'accord...Shyamalan est capable de nous faire bondir de notre siège avec deux fois rien, il serait temps qu'il trouve un vrai scénario.
      Merci de ton passage !

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  2. Un immense navet preuve que depuis Incassable, M Night Shyamalan raconte non seulement toujours la même chose et n'avance jamais dans sa réflexion. C'est toujours le même genre de film avec un twist plus inutile qu'autre chose et souvent lamentable. Là en l'occurence on voudrait nous faire croire que la nature veut nous tuer. Problèmes: non seulement on n'y croit pas une seconde, mais en plus ça ne fait pas peur. De plus, ça surjoue (Wahlberg anecdotique, Deschannel à côté de la plaque). Reste les mises à mort mais ça ne fait pas un film. Un peu comme Mirrors de la même année.

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    1. Ca se confirme : on a perdu Shyamalan. Quel dommage !

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    2. Perso je m'en fous un peu. Jamais aimé ce bonhomme, toujours déçu.

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  3. Bon, tu viens de voir mon avis sur ce film :) Je suis donc en partie d'accord (car, perso, je trouve les acteurs très mauvais). C'est dommage car l'aspect écologique est relativement crédible.

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    1. Je reste persuadé qu'il y aurait eu moyen de faire un film digne de ce nom avec le pitch écolo de "Phénomènes" : il eût fallu un vrai scénariste, là !
      Merci d'être passé.

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  4. Je dois être l'une des rares, mais....oui, j'ai aimé ce film. J'y ai trouvé mon compte. Cependant je suis certaine que ce film aurait pu être encore mieux.

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    1. Ce film a ses admirateurs (certes moins nombreux que ses détracteurs) : encore heureux !

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