Frank n'a pas de chance. Doté d'un physique banal, pour ne pas dire ingrat, il gagne tant bien que mal sa vie en travaillant dans un fast-food, tandis que sa seule raison de vivre, sa femme, le quitte brutalement après avoir replongé dans la drogue. C'est à ce moment précis de sa vie, où il touche le fond, qu'il a une révélation : Frank va devenir un super-héros.
Le pitch de « Super » repose, à l'instar du très réussi « Kick-Ass », sur une bonne idée de départ. C'est vrai, quoi : on pourrait se demander pourquoi personne n'a jamais, un jour, franchi le pas, et enfilé un costume flashy, slip par dessus son pantalon, pour ambitionner de devenir super-héros et tenter de lutter à sa manière contre le crime.
Avec un petit budget, mais un casting plus qu'honorable (Rainn Wilson en tête d'affiche, Kevin Bacon, Liv Tyler et Ellen Page dans des rôles significatifs, tout de même), « Super » aurait pu recevoir le même succès critique et public que le déjà cité « Kick-Ass », qui valut à son réalisateur de reprendre les manettes de la franchise « X-Men » pour le très bon « X-men : le commencement ». Il n'en fut rien, car « Super » fit un flop lors de sa sortie et n'est connu que des plus curieux des amateurs de films de super-héros.
Ce bide fut-il justifié ? J'ai bien peur de devoir répondre par l'affirmative à cette question, après avoir visionné récemment ce film. Là où « Kick-Ass » réussissait, « Super » échoue, en grande raison à cause d'un manque évident d'ambition.
C'est tout d'abord la réalisation qui pêche. Filmé à hauteur d'homme, « Super » donne souvent l'impression d'une vidéo amateur. Certes, cette façon de filmer est en vogue (notamment dans le film fantastique et l'horreur, comme « Le projet Blair Witch » ou « Cloverfield »), mais est particulièrement peu adaptée au thème du super-héros. Considérons que c'est un parti-pris audacieux, renforcé par des couleurs particulièrement réalistes (le ciel est toujours gris, les décors souvents sales).
On sera moins indulgent face au manque de rythme dont fait preuve le film à maintes reprises. Dans le cadre d'un film d'action, c'est nettement moins pardonnable. Sujet à de violentes accélérations (des pics étant parfois atteints lors de scènes presque « gore »), « Super » voit son rythme chuter lors de longues séquences où le héros, d'une placidité digne d'un parpaing, entraîne le spectateur dans l'ennui.
Enfin, la direction d'acteurs est un des défauts majeurs du film : laissés à eux-mêmes, ceux-ci en font partant des tonnes et partent parfois en vrille (Ellen Page, notamment, qui étonnera ceux qui l'ont vu précédemment dans « Inception » ou « Juno »). Pour parachever le tout, la version française calamiteuse est la cerise de trop sur l'indigeste gateau.
J'émettrais également quelques réserves sur le scénario, qui joue maladroitement de thèmes forts (la religion, la justice, la place du héros dans la société). La fin du film, en justifiant les choix pourtant discutables du héros, m'a laissé un drôle de goût. A en croire l'histoire de « Super », qu'importe sa façon expéditive de rendre la justice (et le qualificatif est parfois faible), la fin justifie les moyens. Il y aurait matière à discussion, mais n'attaquons pas « Super » sur ce terrain-là : il ne s'agit clairement pas d'un film à message.
Enfin, j'espère.
Tu n'as donc pas aimé l'ironie du film. En l'occurence notre héros est un tocard de première qui donne une justice expéditive à forcee d'être dénigrer. Une sorte de symbole de l'Amérique bien crue. De plus quelle pignolade! La scène du viol est anthologique au possible, de la vraie folie furieuse. Meilleur que Kick Ass en tous cas.
RépondreSupprimerJe n'ai en effet pas été client du ton qu'emploie "Super" et continue d'y préférer "Kick Ass" : chacun ses goûts, fort heureusement.
SupprimerJ'aime bien Kick Ass mais clairement de par son ton irrévérencieux, Super le bat à plate couture. Une vraie vision de l'Amérique profonde avec le looser qui nique la race des salauds!
SupprimerOn pense à l'excellent Kick Ass,mais pourtant Super me semble plus violent, en tout cas du point de la psychologie du "héros", limite antipathique. Je trouve le film vraiment réussi, mais pas vraiment comparable au niveau du potentiel commercial.
RépondreSupprimerJe n'ai vraiment pas accroché à Super, comme tu as pu le lire. Il faudra que je m'y repenche, à l'occasion.
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