lundi 13 août 2012

The company men (2010)



Premier film au cinéma de son réalisateur, "The company men", porté par un attrayant casting, n'a pas connu le succès dans les salles obscures. S'il trouve aujourd'hui sa place dans ce blog, on peut cependant s'étonner du peu de spectateurs qu'il séduisit lors de sa sortie. L'heure est venue de lui offrir une séance de rattrappage.

Illustration parfaite de la réussite à l'américaine, Bob Walker est licencié du jour au lendemain, lorsque la compagnie qui l'emploie met en place un plan drastique de réduction des effectifs. Devant renoncer à tous les privilèges auxquels il était habitué, il va apprendre à se battre, à renoncer à ce qu'il pensait acquis, pour finalement changer. Sous la poussée des actionnaires, la compagnie continue de mettre d'autres hommes au chômage, broyant les vies pour maintenir le cours de ses actions.

Réalisé par John Wells, délaissant le temps d'un film ses activités télévisuelles, "The company men" est inscrit dans son époque. A l'heure où la crise économique frappe de plein fouet l'Amérique, cette histoire se penche sur le destin de plusieurs hommes, incarnés à l'écran par des acteurs au meilleur de leur forme : Ben Affleck (qui trouve là l'un de ses meilleurs rôles), Tommy Lee Jones (impérial, comme souvent), Chris Cooper (un acteur à redécouvrir) et Kevin Costner (inattendu, mais épatant). A leurs côtés, les femmes, même si elles ont des rôles plus ingrats, tirent remarquablement leur épingle du jeu. Maria Bello (connue pour son rôle récurrent dans "Urgences") et surtout Rosemarie DeWitt (remarquée dans les séries "Mad Men" et "United States of Tara", mais qui ne devrait tarder à accéder au succès qu'elle mérite) sont tout simplement remarquables.

La crise économique et ses répercussions a fait l'objet de maints longs métrages, plus ou moins dramatiques. A priori à mille lieues du traitement qu'en aurait fait un Ken Loach (par exemple), John Wells décortique à la loupe et à un rythme étonnament humain les trajectoires d'hommes se retrouvant au chômage, alors que leur statut aurait (a priori, toujours) du les épargner. La crise qu'ils affrontent, loin d'être seulement matérielle et financière, est aussi existentielle : que devenir lorsque l'entreprise qu'on a contribué à construire vous rejette ? Porté par des interprètes exemplaires (je me répète), le film ne donne pas une réponse unique à cette question, ni ne se pose en fable morale. A bien des égards, il rappelle "A la recherche du bonheur", mais s'avère finalement plus efficace, parce que plus réaliste : la réussite d'une vie ne se compte pas forcément en billets verts.

Malgré toutes les qualités que je viens de citer, il peut sembler étonnant que "The company men" n'ait pas connu le succès lors de sa sortie. J'y vois plusieurs raisons. En premier lieu, le thème traité n'est pas de ceux qui incitent les spectateurs à se déplacer, fût-ce pour son casting. La crise et ses conséquences étant omniprésentes dans notre quotidien, on peut comprendre qu'aller au cinéma rime plutôt avec détente. De plus, les personnages au centre de ce film ne font pas partie de l'Amérique d'en-bas, mais sont (a priori) des nantis, nullement protégés par leurs stock-options. Si ce choix est au final ce qui rend le film encore plus percutant (et plus démoralisant, peut-être), on peut comprendre qu'il ne soit guère engageant pour le spectateur lambda.

Enfin, et c'est sans doute ce qui joua le plus en défaveur de ce film lors de sa sortie, "The company men", malgré tous ses atouts, a été extrêmement mal vendu. Desservi par une bande-annonce médiocre, voire trompeuse (et je ne parle pas de son affiche !), il n'a pas fait l'objet de la promotion adaptée. Nul doute qu'avec une meilleure présentation, il aurait eu droit à un vrai succès public. Il mérite amplement une deuxième chance, que je vous invite à lui offrir...



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