Avant de commencer l'épluchage en bonne et due forme du film susdit, je vais d'abord pousser un petit coup de gueule. Y a-t-il, dans les studios hollywoodiens, quelqu'un dont le job consiste à traduire les titres de films pour les adapter aux différents pays où ils sont exportés ? Parce que, si c'est le cas, le lascar en question mériterait qu'on lui remonte les bretelles, si ce n'est plus. Le cas de « The new daughter », devenu dans nos contrées « Instinct de survie » pourrait faire office d'exemple, aux côtés d'autres titres massacrés par les traducteurs (le pompon étant toujours détenu par « Voyage au bout de l'enfer », initialement titré « The deer hunter »)...
Et, si ça se trouve, ce sinistre individu, responsable de la traduction des titres, il partage son bureau avec celui qui décrète que tel ou tel film ne sortira pas en salles et finira dans le circuit « direct-to-dvd ». J'imagine que le jour où « The new daughter » leur a été soumis, tous deux étaient particulièrement de mauvaise humeur, parce que ce film, on peut dire qu'ils ne l'ont pas loupé...
« Instinct de survie », qui n'eut donc pas les honneurs d'une sortie en salles, est sorti récemment en DVD, bien que tourné il y a déjà deux ans. Pourtant, son casting était plutôt bankable, puisque le rôle principal est tenu par Kevin Costner (la grande star des années 90, dont la carrière continue de suivre une pente dramatique depuis « Waterworld »), et que dans le rôle de sa fille aînée se trouve Ivana Baquero, déjà remarquée dans le très beau « Labyrinthe de Pan ». Derrière la caméra, Luiso Berdejo a déjà acquis ses lettres de noblesse en tant que scénariste, notamment avec « Rec ». La non-carrière de « Instinct de survie » est donc étonnante à bien des égards. Parce que, figurez-vous, ce film n'a rien d'honteux, bien au contraire.
Un petit pitch, pour avoir une idée de la chose ?
John James, sortant douloureusement de son divorce, emménage, avec ses deux enfants, Louisa et Sam, dans une maison loin de tout, au fond des bois. Très vite, il se rend compte des changements qui affectent Louisa, qui entre dans l'adolescence. Mais la véritable cause du comportement déroutant de la jeune fille est toute autre. Je n'en dirai pas plus, afin de laisser aux futurs spectateurs de ce film tout le plaisir de la découverte.
La mise en scène de Luiso Berdejo, sans être audacieuse, est très efficace et est mise au service d'une ambiance pesante, qui réussit à distiller l'angoisse, au point qu'on est parfois mal à l'aise. L'interprétation, tout à fait remarquable, contribue à l'instauration de l'atmosphère quasi malsaine qui émane de ce film. Kevin Costner, d'une rare sobriété, est parfait dans le rôle du père dépassé par une situation qui lui échappe. Quant aux enfants, ils sont interprétés avec justesse par Ivana Baquero et Gattlin Griffith, ce qui est plus que notable (on songera, par exemple, au premier opus des « Harry Potter », en partie gâché par le surjeu de ses jeunes interprètes(1)).
Alors, pourquoi tant de haine ? Qu'est-ce qui fait que ce film n'ait pas mérité une sortie digne de ce nom ? C'est une bonne question, je vous remercie de me la poser.
Il faut, en effet, reconnaître que « Instinct de survie », hormis son titre, a bien des défauts. On citera, par exemple, la bande originale, excessivement présente et insistante, au point de torpiller parfois les effets de la réalisation. Quelques maladresses de montage, également, sont à noter. Mais le principal coupable de l'échec de « Instinct de survie » (mis à part les deux bougres cités dans mon coup de gueule), c'est son final. Après 90 minutes irréprochables de tension, durant lesquelles les nerfs du spectateur sont mis à rude épreuve, la dernière partie du script , en s'évertuant à donner à tout prix un dénouement explicite, paraît bâclée et bien en-deça de tout ce qui a été mis en place depuis le début du film.
Sans expliquer le destin cruel qui fut celui de ce film, ce final torpillé est pour beaucoup dans l'échec final de l'entreprise. Cependant, malgré ce défaut majeur, « Instinct de survie » (et son titre stupide) mérite largement un visionnage, voire une place dans votre dévédéthèque.
(1) : Opinion qui n'engage que moi.
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