Suite à un débat récent avec une amie, j’ai revu « La dernière danse », de Bruce Beresford. Il m’a semblé judicieux de lui consacrer ce billet dans mon blog. Après tout, ce long métrage a été victime d’un terrible flop commercial (n’engrangeant que « quelques » petits millions de dollars, avant de quitter piteusement l’affiche), bien que doté sur le papier d’atouts non négligeables. Tout d’abord, son interprète principale, Sharon Stone, alors dans sa période « je ne suis pas qu’un sex symbol », sortant péniblement du carcan où l’avaient enfermée des films comme « Basic Instinct » ou « Sliver ». Ensuite, son réalisateur, l’oscarisé Bruce Beresford, qui venait de triompher avec le délicieux « Miss Daisy et son chauffeur » (ouvrant au grand Morgan Freeman la route d’Hollywood). Enfin, son thème, puisque ce drame carcéral empoignait à bras-le-corps le thème ô combien délicat de la peine de mort…
Alors, avec ces ingrédients, comment se fait-il qu’un tel film n’ait pas suscité l’engouement du public ? Parce qu’il faut bien l’avouer, attirer moins de 100 000 spectateurs (pour parler de l’hexagone), ça porte un nom : un four. En re-visionnant le film, il est possible de trouver quelques explications. Mais n’allons point trop vite en besogne et commençons par le commencement, à savoir l’intrigue.
Rick Hayes (Rob Morrow), jeune avocat né avec une cuiller d’argent dans la bouche, trouve un job à la commission de clémence, au bureau du Gouverneur de l'Etat (seule personne, dans le système américain, capable de gracier un condamné à mort). On lui attribue le dossier de Cindy Ligett (Sharon Stone), condamnée à mort douze ans plus tôt pour avoir assassiné de façon extrêmement brutale un ex-petit ami, sous l’emprise de la drogue. Peu à peu, un lien très étroit va se tisser entre la condamnée et l’avocat, ce dernier tentant tout ce qu’il peut pour empêcher la sentence d’être appliquée, envers et contre tout.
Si l’interprétation de Sharon Stone est particulièrement juste et émouvante, force est de constater que le reste du casting n’est pas à la hauteur. Qu’il s’agisse de Rob Morrow (désormais plus connu pour ses interprétations télévisuelles, notamment dans la série « Numb3rs »), de Jack Thomspon (en gouverneur implacable…ou pas) ou de Randy Quaid (le frère de Dennis, interprétant un avocat hanté), les seconds rôles sont assez patauds, comme si les acteurs ne croyaient pas aux personnages qu’ils incarnent. En l’occurrence, c’est particulièrement dommageable au film.
Ensuite, le scénario (écrit conjointement par Ron Koslow et Steven Haft, œuvrant eux aussi plus pour le petit écran que pour le grand) est particulièrement confus et maladroit. Loin de se focaliser sur le thème de la rédemption et du pardon, les scénaristes glissent dans leur script une histoire d’amour (il fallait s’y attendre), multiplient les flashbacks plus que de raison et (je crois que c’est le pompon) se permettent un (faux) rebondissement de dernière minute (que je ne dévoilerai pas, ou alors, il faut me supplier).
Enfin, il faut bien l’avouer, la réalisation est loin de servir l’histoire, et est à peine digne d’un téléfilm. Comment se fait-il qu’un réalisateur pourtant talentueux (on doit à Beresford quelques jolis films) accomplisse si mal son travail ? Faut-il s’appeler nécessairement Frank Darabont (« La ligne verte », « Les évadés ») pour réussir un film carcéral ? A la décharge de Bruce Beresford, on pourra reconnaître qu’il n’est pas le seul à avoir raté son coup. Alan Parker (« Midnight Express », « The Wall », «Birdy », tout de même), pour ne citer que lui, a également échoué avec « La vie de David Gale » (avis tout personnel qui n’engage que moi, certes).
Il est amer, au final, de constater qu’un thème si intéressant, si sujet à controverse (et aussi si casse-gueule) soit si mal servi par ce film. Au final, seule l’interprétation de Sharon Stone est à sauver. C’est déjà ça, me direz-vous…mais c’est peu, en regard des promesses que portait « La dernière danse ».
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