Il y a des soirs, je me trouve admirable.
Non, sans rire, pour alimenter ce blog, il m'arrive régulièrement de visionner de petits bijoux, mais aussi des films qui n'en méritaient pas tant. Et, lorsque, par le hasard de la TNT, j'ai découvert "Domino", un film de Tony Scott dont je n'avais pas entendu parler auparavant, il était inévitable que je me penche sur son sort. En effet, le pauvre n'avait pas connu un grand succès à sa sortie, malgré un casting prestigieux (la très mignonne Keira Knightley, le revenant Mickey Rourke, mais aussi Lucy Liu, Christopher Walken, Jacqueline Bisset, entre autres).
"Domino" est tiré de l'histoire véridique de Domino Harvey, fille de l'acteur Laurence Harvey, mannequin devenue chasseuse de primes, et décédée d'une overdose peu avant la sortie du film (qui lui est d'ailleurs dédié). Pour les plus curieux d'entre vous, sachez qu'elle fait une petite apparition dans le film, dans son propre rôle.
Filmer le destin hors du commun de pareil personnage, pourquoi pas ? On a vu des biopics plus dénués d'intérêt (non, non, je ne balancerai pas) et celui-là, de par les extrémités par lesquelles il passe, eut fait une remarquable vue en coupe du rêve américain. C'est d'autant plus rageant de constater l'échec flagrant de l'entreprise.
La faute à qui ?
A Tony Scott, indéniablement. Autant ce réalisateur a pu montrer son efficacité par le passé (je songe aux très réussis "Ennemi d'état" ou "Les prédateurs"), autant le cadet de Ridley Scott est capable du pire (citons, en vrac et sans préférence, "Top Gun" et "Jours de Tonnerre"). Force est de reconnaître que, même s'il était pourvu des meilleures intentions, "Domino" est à ranger rapidement dans la catégorie des pires films de Tony Scott.
Sans doute est-ce là une résurgence de son passé de cinéaste publicitaire, mais Scott use et abuse dans ce film des accélérations, de mouvements de caméra épilectiques, de jeux de couleurs poussées à leurs extrêmes. Ce qui peut fonctionner dans une publicité, voire un clip vidéo, s'avère vite épuisant pour le téléspectateur. Même Zack Snyder, pourtant bien fatigant dans son genre, ne se permet pas de telles aggressions pour les cellules optiques de ses spectateurs. Comme si cela ne suffisait pas, Scott se sert également de la bande sonore pour désorienter les rares spectateurs n'ayant pas encore déserté la salle. En poussant toutes les manettes dans le rouge, il fait de son film une sorte de clip extrême (et extrêmement long), aussi insupportable que le fut "Tueurs Nés" en son temps.
Face à pareille réalisation, même le meilleur scénario ne résisterait pas longtemps. Celui de "Domino", écrit par Richard Kelly (auteur du très intéressant "Donnie Darko" et du calamiteux "The Box"), passé à la moulinette face au déferlement d'effets dont use Scott, est pratiquement opaque, pour le spectateur. Hachée par un montage fait à la débroussailleuse, l'histoire de Domino semble syncopée et l'on n'en retient que quelques répliques trop artificielles pour être vraies.
Même le jeu des acteurs et les efforts qu'ils font pour donner corps à cette histoire sont rendus vains par la frénésie de Tony Scott. C'est dommage, car la ravissante Keira Knightley aurait pu profiter de ce rôle pour montrer qu'elle n'est pas qu'une icône sexy.
Il est des personnages dont la vie "bigger than life" méritent d'être contée. A n'en pas douter, celle de Domino Harvey fait partie de celles-là. Sans doute vécut-elle trop fort et trop vite. Ce n'était pas une raison pour la filmer sur ce train d'enfer.
Feu Tony Scott a voulu trop joué du filtre et de la photo qui part en couille. Résultat ça ne marche pas et le spectateur en a vite ras la casquette de voir le film. Sans compter que le film est beaucoup trop hors de propos.
RépondreSupprimerEntièrement d'accord. Merci de ton passage.
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