mardi 28 août 2012

The Prodigies (2011)



Elles sont rares, les incursions françaises dans le film d'animation, et plus rares encore, parmi elles, les oeuvres adultes. Inspiré du roman-culte "La nuit des enfants rois" de Bernard Lentéric, "The Prodigies" fait donc figure d'exception culturelle. En y réfléchissant bien, on peut d'ailleurs se demander pourquoi il fallut trente ans pour voir débarquer sur les écrans l'adaptation de ce roman. Mais là, je m'égare...

Pour ceux de mes lecteurs qui ne connaîtraient pas le livre originel (fort recommandable, d'ailleurs), voici un petit résumé : jeune prodige doté de pouvoirs hors du commun, Jimbo réussit à trouver d'autres prodiges aussi doués que lui, par l'entremise d'un jeu en ligne. Alors qu'il les réunit tous à New York, les cinq enfants exceptionnels sont victimes d'une agression particulièrement brutale. Dès lors, ils n'ont plus qu'un seul but : mettre leurs pouvoirs au service de leur vengeance envers le monde "normal". Seul Jimbo sera à même de les arrêter..à moins qu'il ne les rejoigne. 

Marc Missonnier, le producteur du long métrage, a toujours été un admirateur du roman. Malgré son style très cinématographique, il lui aura fallu près de dix ans pour en boucler l'adaptation. Force est cependant d'avouer que le résultat est à des années-lumière du matériau originel, en termes d'efficacité et de réussite. Là où le roman était épique, le film joue sur le style, préférant les effets visuels à la richesse narrative. Le réalisateur, Antoine Charreyron (qui fut réalisateur de deuxième équipe sur le calamiteux "Babylon AD" de Mathieu Kassovitz), est peut-être à blâmer pour cela. Toujours est-il que l'on a maintes fois l'impression que toute cette vaine agitation cache un immense vide scénaristique. 

Le style graphique du long métrage joue également en sa défaveur. Pourquoi avoir choisi d'en faire un film  d'animation (qui plus est en 3D) ? Même s'il faut saluer l'audace du procédé, l'adaptation (déjà casse-gueule) du livre de Lentéric aurait été plus facile, et sans doute plus probante si elle avait donné lieu à un film "live". Comprenons-nous bien, il n'est pas question de juger ce film sur sa forme, mais il eût fallu que celle-ci serve l'histoire. Or, dans le cas présent, il faut bien reconnaître qu'elle la dessert. D'un point de vue technique, l'animation et le graphisme sont bien en-deça des références du genre (on est loin du foisonnement d'un Pixar, par exemple). 

En ce qui concerne le fond, ça n'est guère mieux. La force du roman s'est-elle diluée au cours des trentes années écoulées ? Ou (comme j'ai tendance à le penser) les choix scénaristiques d'adaptation ont-ils appauvri le sujet et l'intrigue ? Certes, le roman multipliait les effets peu transposables. Cela dit, certains choix sont particulièrement calamiteux (les séquences à la Maison Blanche, par exemple).

Au final, il semble que le public ne s'y soit guère trompé en ne se rendant pas dans les salles obscures à la sortie de ce film. Annoncé comme une révolution, "The Prodigies" ne fut rien d'autre qu'un pétard mouillé. Il nous reste cependant le roman, à défaut de son adaptation. 




3 commentaires:

  1. Pas d'accord pour le coup. C'est une des rares tentatives du cinoche français de faire dans l'animation sérieuse en dehors du grand public. De plus, le film n'a pas eu de bol et a eu une production pour le moins difficile. D'ailleurs tu n'en parle pas dans l'article. En fait, le studio où le film était produit a fermé, les cocos ont donc attendu un moment avant de trouver un repreneur qui plus est en Inde! Tout n'est pas parfait, mais c'est plutôt bien fait et la scène du viol est vraiment bien foutue.

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    1. A la lumière de tes informations, voici quelques circonstances atténuantes. Néanmoins, je persiste en ce qui concerne l'adaptation du roman.
      C'est toujours agréable que de débattre, en tout cas, même si les avis sont parfois différents...

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    2. Pas lu le roman mais j'ai entendu souvent ce genre de réactions.

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