Cofondateur de la mythique revue "Starfix", Nicolas Boukhrief a un jour décidé de franchir le pas et de passer derrière la caméra, en passionné du cinéma qu'il est. Après "Va mourire" et "Le plaisir (et ses petits tracas)", son troisième film fut "Le convoyeur", sorti en 2004. A peine rentabilisé en salles, ce film est régulièrement rediffusé, souvent relégué dans les tranches les plus ingrates de la TNT. Méritait-il pareil traitement ? Je n'irai pas par quatre chemins : la réponse est non, "Le convoyeur" aurait du déplacer les foules, lors de sa sortie.

On est clairement dans le film dit "de genre", avec "Le convoyeur", et c'est parfaitement assumé par toute l'équipe du film. Passionné de cinéma, Nicolas Boukhrief maîtrise sans peine l'art du récit et réussit à tenir son spectateur en haleine du début du film à son dénouement. Introduisant son histoire par une scène brutale instillant le danger auquel sont exposés les convoyeurs, Boukhrief maintient jusqu'au dernier plan une tension qui met les nerfs du spectateur à rude épreuve. Et si les motivations du héros sont éclaircies aux deux-tiers du film, c'est pour permettre au scénario d'aller jusqu'à son terme, sans concession, avec une efficacité rarement atteinte dans le cinéma français. A plusieurs reprises, dans le film, on songe à Michael Mann ou à Martin Scorcese, par exemple. Mais l'ombre du cinéma social "à l'anglaise" plane aussi sur "Le convoyeur", notamment lors des scènes se déroulant dans les locaux de La Vigilante. Filmant alors à hauteur d'homme, Boukhrief donne de l'épaisseur à ses protagonistes, quitte (parfois) à frôler la caricature.

Magistralement interprété par un casting hors pair, techniquement remarquable, "Le convoyeur", tentative d'incursion dans le cinéma de genre, aurait mérité plus de succès à sa sortie. Ce n'est pas un film parfait, loin s'en faut (le final n'est pas exempt de tout reproche, sur le fond, comme sur la forme), mais il vaut amplement une deuxième séance...
Je n'ai pas retrouvé dans le cinéma français la maestria technique de ce Convoyeur. Comme tu le souligne, le film n'est pas assez mis en valeur.
RépondreSupprimerIl y a un vrai manque, en matière de cinéma de genre, en France. De temps en temps, on a droit à une pépite, comme ce film, mais c'est si rare.
SupprimerUne claque dans la gueule ce film... Merci d'en avoir parlé (j'ai du le voir en même temps que toi lors de la soirée Dupontel).
RépondreSupprimerJe suis content qu'il t'ait plu ! Merci d'être passé.
SupprimerJe vois qu'on a regardé D17 récemment!lol Moi aussi j'ai revu ce film et en effet, il est beaucoup trop peu cité au détriment de Nid de guêpes qui est surplanté par Le convoyeur. Au niveau de l'atmosphère, on ne sait pas très bien au départ qui est Dupontel et ses motivations. Ce héros mystérieux perd sa complexité et on comprend mieux pourquoi il s'est engagé. Et puis visuellement il claque: l'assaut avec Berléand, le final sorte d'Assaut à l'intérieur... Sans compter les acteurs, Dupontel en tête. On cite l'horreur mais le cinéma de genre n'est pas uniquement caractérisé par ça.
RépondreSupprimerUne belle claque, visuellement parlant, je suis d'accord. Et quelle interprétation ! Tous les acteurs "croient" en ce qu'ils jouent, et cela se voit !
SupprimerMerci de ton passage.
Même Berléand qui cabotinne un peu s'en sort parfaitement.
SupprimerAbsolument. La direction d'acteurs est impeccable, à mon avis.
SupprimerSuperbe film, en effet c'est frustrant qu'un tel film en France soit autant boudé. Tout à fait d'accord avec ta critique.
RépondreSupprimerC'est rassurant de voir que je ne suis pas le seul à apprécier ce film. Merci d'être passé.
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