lundi 28 octobre 2019

Les tribulations d'une caissière (2011)


 
A peine visibles, souvent méprisées, parfois insultées, les caissières (oh, pardon, les hôtesses de caisse) sont le dernier maillon de la chaîne de la grande distribution. Rémunérées au ras des pâquerettes et devant souvent affronter des conditions de travail épouvantables, celles d'entre elles qui ne sont pas encore remplacées par des caisses automatiques, sont souvent regardées de haut, quand elles ont la chance d'être remarquées. En 2011, le roman, en partie autobiographie d'Anna Sam, "Les tribulations d'une caissière" (alimenté par le blog qu'elle tenait) fut porté à l'écran. Mais, si tout le monde ou presque utilise leurs services, ils furent peu nombreux, ceux qui allèrent voir ce long métrage. 
Solveig est caissière chez Parody. Elle n'a pas choisi ce métier, loin s'en faut, mais il faut bien gagner sa vie. En secret, Solveig alimente un blog où elle raconte sa vie de caissière. Ses articles font grand bruit dans la profession. Quand Solveig croise, sous la neige, le regard du beau Charles, elle se prend à rêver à des jours meilleurs et à un monde où les caissières seraient mieux considérées. 

Avec pareil matériau de base, on était en droit de s'attendre à un film social, porteur de revendications ou, au moins, de témoignages sur le métier ingrat des caissières. Plusieurs approches s'offraient au réalisateur (Pierre Rambaldi, dont c'est le premier film) et au scénariste, Michel Siksik (qui joue également un petit rôle) : l'angle documentaire ou celui, plus fréquent, de la comédie porteuse d'un message. Mais, comme vous avez pu le lire dans le pitch, le choix fut fait de glisser dans l'histoire de Solveig une composante romantique. A posteriori, ce qui pouvait paraître une bonne idée est le ver dans le fruit.

Qui trop embrasse, mal étreint, dit l'adage populaire. Cela est vrai aussi pour les films : "Les tribulations d'une caissière", à vouloir exploiter plusieurs registres avec un matériau qui n'en demandait pas tant, est un film bancal, qui ne remplit finalement aucune des missions qu'il s'est donné. Malgré l'évident enthousiasme de Deborah François, sur qui le film tout entier repose, la mécanique tourne vite à vide et génère au mieux un ennui poli, au pire l'envie de passer à autre chose. Le casting, assez inégal : les personnages campés par Marc Lavoine et Elsa Zylberstein sont caricaturaux et desservent l'entreprise plus qu'ils ne la servent, pour ne citer qu'eux. 

Pour atteindre son but, "Les tribulations d'une caissière" aurait du choisir une voie : à osciller entre drame social et comédie romantique, le film n'aboutit à rien. C'est regrettable, car le sujet méritait mieux que cela. Évoqué dans le très chouette "Discount", le sort des caissières est de ces causes qui valent un film. Avant qu'elles ne soient remplacées par ces horribles caisses automatisées (où bon nombre de clients se pressent malgré tout), ce n'est pas en visionnant ce film qu'on changera quoi que ce soit. Si vous voulez mon avis, il suffit d'un sourire et de quelques mots aimables. Ceux qui cherchent à passer leurs nerfs dans les grandes surfaces n'ont qu'à aller insulter les bornes automatiques (et ceux qui les mettent en place).




mercredi 23 octobre 2019

Un village presque parfait (2015)



En matière de comédie sociale, le modèle britannique est-il indépassable ? Bien souvent, en effet, le cinéma hexagonal s'est aventuré sur ce territoire, affrontant les mètres-étalons du genre, et faisant bien souvent pâle figure, face à des films comme "The full monty" ou "La part des anges". La plupart du temps, ne nous mentons pas, la réussite n'était pas au rendez-vous, non plus que le succès public ou critique. Passant du petit au grand écran, Stéphane Meunier, essentiellement connu pour "Les yeux dans les bleus", le célèbre documentaire sur la Coupe du Monde de Football 1998, réalisa "Un village presque parfait". Le thème, celui des déserts médicaux, se prêtait particulièrement bien à l'exercice de la comédie sociale. Allait-il réussir son coup ?


Saint-Loin la Mauderne, dans les Pyrénées, est un village sinistré. L'usine qui faisait vivre la population a fermé et c'est grâce aux aides sociales que ses habitants vivent tant bien que mal. Pour financer le projet de réouverture de l'usine, le maire du village conclut un contrat avec les autorités européennes : il obtiendra son financement si Saint-Loin se dote d'un médecin. Mais quel praticien acceptera de venir s'enterrer loin de tout ?

Pour sa première réalisation au grand écran, après une carrière déjà fournie au petit écran, Stéphane Meunier s'attaque au remake d'un film québécois ("La grande séduction") : il faut croire que les "déserts médicaux" sont (hélas !) un mal sans frontières, puisque "Un village presque parfait" fut à son tour l'objet d'un remake en Italie.

Le thème de ces villages, cherchant désespérément un praticien pour veiller sur la santé de ses habitants, est d'actualité. A l'heure où les services de santé sont sinistrés, il était logique que le cinéma s'empare du sujet, comme on l'a vu avec le très peu réussi "Bowling". Dans le cas de "Un village presque parfait", on se rend rapidement compte que l'équilibre qui fait souvent défaut aux tentatives françaises de comédie sociale n'est pas loin d'être atteint.

Certes, les situations dans lesquelles Stéphane Meunier plonge parfois les protagonistes touchent souvent à l'incongru, et cèdent au besoin du gag, mais l'ossature qui sous-tend le film est solide : le scénario a un objectif à atteindre et ne le perd jamais de vue. Cela donne à l'ensemble une cohérence qui fait souvent défaut aux essais ratés dans cette catégorie.

Les personnages sont hauts en couleurs et souvent caricaturaux, mais on a malgré tout une vraie tendresse pour eux, malgré l'antipathie qu'ils peuvent parfois susciter. C'est sans doute la clé du succès que nombre de films n'atteignent pas, que de confier la réussite à des personnages qui touchent le spectateur. Pour les interpréter, les acteurs choisis sont suffisamment bien dirigés pour ne pas partir en vrille et faire leur numéro chacun dans leur coin : le risque était grand, surtout au vu du pedigree de certains d'entre eux. Qu'il s'agisse de Didier Bourdon, de Lorànt Deutsch, d'Elie Semoun, de Denis Podalydès ou de Lionnel Astier, aucun ne tire la couverture à lui, fort heureusement. S'il aurait été souhaitable d'avoir plus de personnages féminins majeurs, on pourra se satisfaire du résultat obtenu, en regard de ce que cela aurait pu donner.

Si "Un village presque parfait" n'est pas tout à fait la comédie sociale qui bousculera les ténors du genre, ce film a le mérite de faire parfois sourire, tout en faisant appel à un thème grave. Je ne suis pas sûr qu'il ait eu (ou ait encore) une portée revendicatrice forte, mais il a le mérite de faire passer un moment plaisant. C'est déjà ça de pris.




vendredi 18 octobre 2019

Postman (1997)



En matière d'échec public, "Postman" est une référence. Deuxième réalisation de Kevin Costner (qui le produisit et s'attribua le premier rôle), ce film fut hué par les critiques et boudé par les spectateurs lors de sa sortie. Il arrive cependant que certaines œuvres, vilipendées lors de leur production, gagnent à vieillir : après des années d'hésitation, j'ai franchi le pas et ai décidé de visionner "Postman". S'agissait-il de la catastrophe annoncée ?

2013 : l'apocalypse a eu lieu et a laissé une Terre ravagée où quelques communautés tentent de survivre. Un homme, seul, tente de survivre en traversant ce qui fut autrefois les Etats-Unis. Bien qu'il évite le contact des communautés qui se sont développées, il va être enrôlé malgré lui dans l'armée des Hollnistes, s'évader et, presque par hasard, parce qu'il a trouvé refuge près de la dépouille d'un postier, devenir celui qui recrée le lien entre les survivants.

Couronné d'un paquet de Razzie Awards, "Postman" paracheva la chute de Kevin Costner, en tant que réalisateur, pourtant oscarisé et célébré pour "Danse avec les loups". En adaptant le roman de David Brin, l'interprète d'Elliot Ness et de Robin des Bois, échoua et commença une longue traversée du désert. Si aujourd'hui, on savoure son retour dans des rôles parfois secondaires, la fin du siècle précédent le vit aux commandes de films à gros budget, bâtis uniquement sur son nom. 

Pendant terrestre de "Waterworld", auquel il ressemble beaucoup (à moins que ce ne soit l'inverse) dans sa première partie, "Postman" suit une fois encore la trajectoire d'un héros solitaire, devenant presque malgré lui un héros (oui, encore, c'était une manie chez Costner, à l'époque).

Curieux film que ce "Postman", qui concentre ses références sur l'histoire américaine (et se prive à l'occasion du public hors Etats-Unis). Long (trois heures) et souvent contemplatif, il contient plusieurs chapitres inégaux, dont certains auraient pu être raccourcis, parce qu'ils n'apportent pas grand chose au film. En enlevant des scènes inutiles, qui n'ont finalement pas grand chose à voir avec le propos du film, "Postman" aurait sans doute gagné en rythme. Cela n'aurait pas aidé cette histoire à gagner en profondeur, tant Costner s'entête à s'égarer dans des intrigues secondaires sans intérêt (la pseudo-romance du héros, par exemple). Sabordant son film, le réalisateur-interprète principal livre au public un produit bancal, malgré quelques bonnes idées.

En jugeant aujourd'hui de la performance des acteurs, on peut trouver la sanction des Razzie Awards bien cruelle (ce ne serait pas la première fois, cela dit). Costner, certes plus inspiré dans son rôle de réalisateur que dans celui du personnage principal, porte en lui une vraie sincérité, frôlant même parfois la naïveté. Face à lui, Will Patton, en méchant de service, ne s'en sort pas si mal : on a vu des bad guys plus caricaturaux, surtout à l'époque. 

Malgré quelques scènes intéressantes, c'est surtout la déception et l'ennui qui l'emportent. Ennui, parce que le film est trop long et accumule les moments inutiles. Déception, parce qu'en plus de rater cette adaptation, Kevin Costner causa sans doute lui-même sa chute. La rédemption vint plus tard, nous le savons maintenant.





dimanche 13 octobre 2019

Belphégor, le fantôme du Louvre (2001)


Dans les années 1960, la série "Belphégor" fit frissonner la France. A l'époque, l'audience fut telle que n'importe quel directeur de chaîne se damnerait pour approcher le retentissement de cette fiction. Quarante ans plus tard, avant que la série télévisée n'entre dans son âge d'or, le cinéma français tenta l'adaptation de plusieurs fleurons de son patrimoine. Nous vîmes ainsi, avec divers degrés de réussite, des transpositions de "Vidocq", des "Brigades du Tigre" ou des aventures d'Arsène Lupin. Dans la foulée, Jean-Paul Salomé fut aux commandes de l'adaptation de "Belphégor", avec Sophie Marceau en tête d'affiche. Les critiques ne furent pas tendres avec ce film : à tort ou à raison ?

Paris, 2000 : au Louvre, sous la toute récente pyramide de verre, l'examen d'une momie oubliée fait apparaître Belphégor, une entité maléfique. Ce fantôme hante les couloirs du grand musée, la nuit. 
Lisa, qui habite en face du Louvre va, en compagnie de Martin, un électricien intrépide, tenter de percer le mystère qui, la nuit, terrifie les gardiens du musée.
Mais le démon ne compte pas se laisser faire. Que cherche-t-il et, surtout, comment le vaincre ?
Drôle d'idée que celle de vouloir adapter une série mythique, pourrait-on se demander ? Qu'y avait-il à ajouter à ce qui avait déjà été dit ? Qu'allait pouvoir apporter un passage au grand écran ? La série se suffisait déjà à elle-même et, quand bien même elle accusait le poids des années, conservait son pouvoir de fascination et de mystère. C'est donc en altérant profondément l'intrigue de base que ce film fut préparé : si vous avez vu (et aimé) le Belphégor de 1965, celui-ci n'a pas grand-chose à voir (mis à part son décor). Hélas pour le présent long métrage, la qualité n'est pas du tout au niveau du matériau originel. 

Filmé n'importe comment, au point qu'on se demande souvent si on n'a pas affaire à un téléfilm, oscillant entre comédie, intrigue policière et clip musical, "Belphégor, le fantôme du Louvre" peine à maintenir le spectateur en éveil. Entre les atermoiements de son héroïne, visiblement en proie à des sautes d'humeur incompréhensibles, les incohérences du scénario et les raccourcis que celui-ci se permet, le film semble ne pas savoir sur quel pied danser, comme s'il se demandait ce que la scène suivante lui réserve. 
Jamais crédibles, les personnages sont dotés d'une psychologie en carton et oscillent sans cesse entre inquiétude et légèreté, comme si eux aussi ne savaient pas s'ils font partie d'un film d'aventure ou d'un film d'horreur. Qu'il s'agisse de Sophie Marceau, particulièrement peu convaincante (mais j'ai peine à trouver un film où elle le fut à mes yeux, j'avoue), de Frédéric Diefenthal, en permanence à côté de la plaque, ou même du regretté Michel Serrault (le seul à tirer son épingle du jeu, mais pour lequel on éprouve rapidement de l'embarras), ce ne sont pas eux qui sauvent le film de l'échec. Et ce n'est pas l'apparition fugace de Juliette Gréco (le seul, le vrai Belphégor) qui sauvera ce film. Il faudrait pour cela une plus grande magie. 

Cette composante est totalement absente du film, malgré les nombreux effets spéciaux (novateurs pour l'époque, mais ayant eux aussi très mal vieilli), ou à cause d'eux, justement. En oubliant la magie et en ne croyant guère à ce qu'il raconte, Jean-Paul Salomé, qui devait ensuite saccager un autre pilier de la culture télévisuelle, à savoir Arsène Lupin, réussit à donner envie de revoir la série originale et d'oublier ce film. 


mardi 8 octobre 2019

Voisins du troisième type (2012)

 

La comédie américaine, dans la foulée de quelques gros succès populaires, joue souvent la carte de l'outrance, à coups de gags "hénaurmes" et pas toujours très fins. Servie à toutes les sauces, cette recette est souvent synonyme de succès. Dans le cas de "Voisins du troisième type" ("The Watch", en version originale), produit par Shwan Levy (l'homme derrière "La nuit au musée" et en partie de "Stranger Things"), ça n'a pas donné les résultats espérés : ni le public, ni la critique ne suivirent et ce mix de comédie et de fantastique fut oublié par la plupart des spectateurs. 

Glenview est une petite ville paisible de l'Ohio et, pour Evan, c'est la plus belle ville du monde. Il dirige plusieurs clubs, en plus d'être le gérant du centre commercial. Quand le vigile qui y assure la ronde meurt d'atroce façon, Evan décide de fonder une brigade de surveillance de la ville. 
L'équipe de bras cassés formée par Evan va faire une découverte extraordinaire : des aliens sont dans les parages et se préparent à envahir la planète, à commercer par Glenview. 


Hésitant entre plusieurs registres (la comédie, l'action, le fantastique, voire le gore), "Voisins du troisième type" n'arrive jamais à choisir un terrain de prédilection. C'est sans doute son plus grand défaut, et il est rédhibitoire, tant il condamne le film à l'échec. N'allons pas par quatre chemins : ce film n'est réussi ni en tant que comédie, ni en tant que film fantastique. La faute en incombe principalement à un scénario indigent, à des gags la plupart du temps sous la ceinture et à réalisation souvent bâclée (les maladresses et les faux raccords y sont légion). Akiva Schaffer, qui devrait réaliser sous peu un film consacré à Tic et Tac, les deux célèbres chipmunks (voilà pour l'information inutile du jour), met en scène cette histoire sans ambition ni souci du rythme.

Dans les quatre rôles principaux, les acteurs jouent chacun leur participation, souvent en roue libre, sans souci de cohésion. Qu'il s'agisse de Ben Stiller, de Jonah Hill, de Vince Vaughn ou de Richard Ayoade, aucun d'eux ne réussit à convaincre. Leurs personnages n'attirent jamais la sympathie et, même si on peut avoir quelque faiblesse pour l'un ou l'autre, c'est plus la gêne que le plaisir qui l'emporte devant la situation où ils se retrouvent. Au final, et assez ironiquement, c'est sans doute la prestation de Doug Jones (l'homme derrière le faune du "Labyrinthe de Pan" et qui endosse ici la panoplie de l'alien) qui est la plus pertinente. 

Bancal, mais surtout jamais drôle, "Voisins du troisième type" ne mérite guère qu'on consacre deux heures de son temps à le visionner. En matière de comédie fantastique, il existe quantité d'autres films présentant plus d'intérêt et assez peu de films en ayant moins. 


jeudi 3 octobre 2019

Les survivants (2015)



Une belle distribution n'est pas synonyme de succès, loin s'en faut. Les colonnes de ce blog hébergent moult films passés sous le radar des spectateurs, malgré des têtes d'affiche qui auraient été porteuses de succès, si le cinéma était une science. On peut s'étonner, a posteriori, que "Les survivants", mettant en vedette Margot Robbie, Chiwetel Ejiofor et Chris Pine, soit sorti en direct-to-video (du moins en France). Un casting pareil pourrait être qualifié de "bankable", comme aiment le dire les connaisseurs. Avec son affiche hideuse et son traitement à la sauvette, "Les survivants" (titre français de "Z for Zachariah") aurait-il mérité mieux ?

Fille de pasteur, la jeune Ann est une survivante. Elle vit seule, dans la ferme familiale, alors que le reste de l'humanité semble avoir disparu, suite à quelque catastrophe. Quand survient John, Ann, si croyante, comprend qu'elle n'est plus seule et qu'elle peut compter sur cet homme venu de nulle part.
Quand apparaît l'étrange Caleb, le duo devient trio et Ann est l'objet d'une rivalité inattendue entre les deux hommes. 


Attention, il ne faut pas confondre ce film avec "Les survivants", de 1993, qui narrait la survie des rescapés d'un crash aérien qui fit date. Dans cette cuvée de 2015, mise en images par Craig Zobel (plus habitué aux séries télévisées qu'au grand écran), la survie n'est pas le thème principal. Le personnage principal, incarné par la très convaincante Margot Robbie, ne manque de rien qui soit matériel et son âme est remplie d'une foi inébranlable (et souvent envahissante) malgré les circonstances. Face à elle, John (Chiwetel Ejiofor) est celui qui doute et ne croit plus, mais veut aller de l'avant. 

La première partie du film est sans doute la plus réussie, du moins à mon avis. Voir les survivants d'une catastrophe se démener pour reprendre le contrôle et reconstruire leur monde m'a souvent fasciné. Bien que l'on n'ait à aucun moment de doute quant à leur survie (ce qui est regrettable, si vous voulez mon avis), les scènes où ils envisagent le futur sont les plus réussies. La réalisation, sobre et efficace, de Craig Zobel, est suffisamment honnête pour embarquer le spectateur.

Et puis, quand surgit le troisième personnage (injecté dans l'intrigue pour les besoins du film, car il n'était pas présent dans le roman originel), ce n'est plus la survie qui est l'enjeu principal, mais on assiste alors à l'affrontement entre les deux hommes pour séduire la femme entre eux. Les décors sublimes (le film fut tourné en Nouvelle-Zélande, décidément terre de cinéma) passent alors à l'arrière plan, tandis que "Les survivants" s'englue dans un trio amoureux sans grand intérêt. On peut légitimement s'interroger quant aux intentions des scénaristes : altérer à ce point le matériau d'origine, pour obtenir un tel résultat, cela a de quoi faire bondir.

Si l'on ne prend en compte que sa première partie, "Les survivants" est un honnête film traitant de survie. Malheureusement, dès l'entrée en scène du troisième personnage, il s'échoue et ne réussit jamais à repartir sur le chemin qu'il avait tracé initialement. Dommage.