mardi 31 mars 2015

L'amour dure trois ans (2011)


Écrivain, chroniqueur, personnage public, Frédéric Beigbeder s'est fait remarquer par ses romans et ses nombreux éclats. Pour sa première (et, à ce jour, unique) réalisation, ce personnage haut en couleur a choisi d'adapter l'un de ses romans teinté d'autobiographie. Avec son titre provocateur, "L'amour dure trois ans" ne connut pourtant pas le succès qu'on pouvait attendre de lui. Au regard du beau succès (y compris à l'international, comme on dit) qu'avait été "99 francs", mis en scène par Jan Kounen, on pouvait en attendre plus.

Marc Marronier, écrivain, divorce, après trois ans de vie commune. Désabusé, le romancier écrit (sous un pseudonyme) un violent pamphlet qu'il titre "L'amour dure trois ans", et qui finit par rencontrer le succès. Pendant ce temps, Marc croise le chemin d'Alice, l'épouse de son cousin, et tombe sous son charme. 
Peu à peu, tous deux deviennent amants, puis amoureux. Quand Alice découvre que Marc est l'auteur de "L'amour dure trois ans", livre qu'elle considère comme une infâmie, elle se sent trahie.

Ce qui saute aux yeux de prime abord, lorsqu'on visionne "L'amour dure trois ans", c'est l'omniprésence de la galaxie Beigbeder dans ce long métrage. Tous ses amis semblent s'être donné rendez-vous pour évoquer les souvenirs sentimentaux de l'écrivain. Mais, après tout, pourquoi pas ? Le casting ne préjuge pas forcément de la réussite de l'entreprise, pour peu que le talent soit au rendez-vous. Hélas, ce n'est pas franchement le cas, surtout en ce qui concerne les deux acteurs principaux. Gaspard Proust, dont l'humour a ses adeptes, porte bien mal le costume de Marc et semble mal à l'aise dans ce personnage tantôt cynique, tantôt naïf. Louise Bourgoin, quant à elle, prouve une nouvelle fois que le passage par la case "Miss Météo de Canal" n'est pas suffisant pour devenir actrice. Aussi charmante soit-elle, elle n'est guère convaincante dans le rôle d'Alice. 

Il faut dire que ces personnages évoluent dans une curieuse dimension où, à l'instar du spectateur, ils ne savent pas forcément sur quel pied danser. Alors qu'on pouvait s'attendre à une farce virulente, on se retrouve souvent sur les sentiers de la comédie romantique, L'équilibre entre les deux genres est délicat et, s'il atteint parfois son objectif, le réalisateur déconcerte plus qu'il ne convainc. 

Trop loin du ton qu'on avait pu apprécier dans "99 francs" pour être véritablement caustique, "L'amour dure trois ans" n'assume pas non plus la naïveté nécessaire à la réussite de sa part romantique. Le résultat est un film plus bancal qu'autre chose. Étonnamment, c'est sans doute le générique d'ouverture qui constitue la plus belle scène du film, tant par sa forme que par son ton. Hélas, les promesses qu'elle fait au spectateur ne sont que rarement tenues. "L'amour dure trois ans", qu'on pouvait espérer acide, est souvent tout sucre tout miel. 


jeudi 26 mars 2015

Elle l'adore (2014)



Le fan, créature étrange vouant toute son admiration à son idole, a déjà inspiré les cinéastes. On se souviendra de l'inconsistant "Le fan", du très revigorant "Looking for Eric", du grand classique "Misery"ou du culte "Last action hero", pour n'en citer que les extrêmes. Admirer un artiste est chose commune, lui vouer un culte en est une autre. En utilisant cette ferveur comme prétexte, Jeanne Herry a construit son premier film de réalisatrice, donnant à Sandrine Kiberlain et Laurent-Lafitte-de-la-Comédie-Française (puisqu'il semble que c'est ainsi qu'il doit être nommé) les premiers rôles d'un film évoluant entre comédie, tragédie et policier.

Muriel a toujours admiré le chanteur Vincent Lacroix, et collectionne la moindre photo, le moindre article consacré à son idole. Elle assiste à chaque concert, chaque émission, fait le planton chaque fois qu'elle peut apercevoir l'artiste, lui écrit souvent, bref : elle l'aime, elle l'adore, comme disait la chanson. 
Muriel est un peu menteuse, aussi, et aime raconter des histoires à ses proches. Mais quand Vincent Lacroix va venir frapper à sa porte pour lui demander de l'aide, Muriel va vivre une histoire qu'elle n'aurait pas oser imaginer, une histoire qui va l'entraîner très loin...

Première réalisation de Jeanne Herry, "Elle l'adore", avec son affiche un peu floue et son pitch étrange, augurait de thèmes riches : la fascination, la dévotion, le pouvoir sont autant de leviers qui firent de belles et fortes histoires. Pour son premier essai derrière la caméra, la jeune réalisatrice ne livre qu'une demie-réussite (ou un demi-échec, selon qu'on voit le verre à moitié plein ou à moitié vide). La preuve est donc faite qu'il ne suffit pas d'être fils ou fille "de" (je laisse les amateurs de presse people chercher la signification de cette expression) pour assurer la réussite et le succès d'un film. Partant d'une idée pourtant riche de promesses, Jeanne Herry finit vite par faire du sur-place et livre un film intéressant, mais inabouti. La façon dont elle le conclut est particulièrement révélatrice : usant d'un artifice que l'on pourra qualifier de grossier, c'est en queue de poisson qu'elle donne le clap de fin. Dommage. 

C'est du côté de la distribution qu'il faut aller chercher les plus beaux atouts de "Elle l'adore". Si Laurent-Lafitte-de-la-Comédie-Française est (enfin !) d'une belle sobriété, c'est la divine Sandrine Kiberlain qui magnétise l'écran à chacune de ses apparitions. Réussissant à rendre crédible son personnage de fan un brin mythomane, elle prouve, s'il en était besoin, qu'elle est au rang des plus grandes actrices françaises. Les seconds rôles, en particulier Pascal Demolon, Olivia Côte et Muriel Mayette-Holtz, sont remarquables et raviront les amoureux des acteurs. 

Si l'on oublie le dénouement, torpillé par un deus ex machina complètement artificiel (sans doute invoqué par une scénariste incapable de conclure son intrigue), "Elle l'adore", essentiellement grâce à ses deux interprètes principaux (et surtout la délicieuse Sandrine Kiberlain), mérite un coup d’œil, mais pas forcément un deuxième.


samedi 21 mars 2015

Mohamed Dubois (2012)




Le choc des cultures a alimenté plus d'un scénario, avec plus ou moins de bonheur. Pour son premier long métrage, Ernesto Ona s'est aventuré sur les territoires déjà explorés par d'illustres prédécesseurs, comme "Intouchables", pour n'en citer qu'un. Avec en tête d'affiche Eric Judor, lui aussi au commencement d'une carrière sans son compère Ramzy, "Mohamed Dubois" n'a pas attiré autant de spectateurs qu'espéré. En ces temps moroses où la moindre comédie est bonne à se mettre sous la dent, méritait-il pareil accueil ?

Arnaud Dubois s'est convaincu qu'il était en réalité le fils de Saïd, le professeur de tennis de sa mère, et non celui de Gérard Dubois, entrepreneur cossu du Vésinet. Après une dispute avec celui-ci, Arnaud décide d'aller à la rencontre de ceux qu'il pense être les siens, et prétend s'appeler Mohamed. Il rencontre alors Mustafa, et tombe amoureux de Sabrina, la sœur de celui-ci. Pour la conquérir, Arnaud décide de devenir arabe. Il ignore encore qu'il va au-devant de maintes péripéties...


L'idée de base de "Mohamed Dubois" pouvait donner lieu à plusieurs traitements, sous le vernis de la comédie. Souvenez-vous du grand message généreux des "Aventures de Rabbi Jacob", par exemple. Ernesto Ona et son co-scénariste Ichem Saïbi ont sans doute songé à leurs prédécesseurs, quand ils ont co-écrit leur film. Mais le fait est qu'ils ont sans doute été victimes d'un cruel manque d'ambition. Évitant d'affronter frontalement le thème essentiel qui s'imposait à eux, les auteurs dirigent rapidement leur film vers un mélange improbable entre comédie romantique, film choral et embrouilles pas très nettes. 

C'est grâce aux acteurs, et particulièrement les seconds rôles, qui sauvent le film. La très jolie Sabrina Ouazani, ainsi que Youssef Hajdi et Mahmed Arzeki, par exemple, sont remarquables d'énergie, au point de souvent occulter Eric Judor, autour duquel tourne pourtant le film. On ne peut que regretter le manque de visibilité de ces acteurs dans le paysage cinématographique hexagonal actuel, tant ils apportent à "Mohamed Dubois" la vie qui manque à son scénario, souvent prévisible. Si les dialogues font mouche, c'est en grande partie grâce à eux.

Alors, certes, on ne s'ennuie pas devant les pérégrinations de Arnaud/Mohamed, et on sourit même souvent. Mais le fait est que "Mohamed Dubois" ne laisse pas un grand souvenir. Pas subversif pour deux sous ni aussi corrosif qu'il aurait pu l'être, ce film n'est finalement qu'une comédie gentillette.


lundi 16 mars 2015

Amour et turbulences (2013)


Nicolas Bedos ne laisse que peu de monde indifférent, à l'instar de son père, Guy. Ayant commencé sa carrière dans la télévision (en écrivant pour les autres), puis le one-man-show, avant de se frotter à l'écriture, à la radio, puis à la télévision, c'est au cinéma qu'il tente sa chance, notamment avec "Amour et Turbulences", qui ne connut pas le succès escompté. Comme quoi, il ne suffit pas de faire régulièrement le buzz pour drainer les foules dans les salles obscures. Réalisé par Alexandre Castagnetti, l'un des deux membres du groupe "La chanson du dimanche", cette comédie romantique  méritait-elle un accueil si frileux ?

Par le plus grand des hasards, Julie et Antoine se retrouvent assis l'un à côté de l'autre pour le vol qui les ramène de New York à Paris. Le problème, c'est que tous deux ont eu une relation, intense autant que chaotique, il y a quelques années, et que se retrouver pendant sept heures à côté de son ex n'est pas ce qui les réjouit le plus. Elle est idéaliste, perfectionniste, romantique. Lui est dragueur, manipulateur et collectionne les aventures. Durant le vol, ils vont, sous le regard des autres passagers, revivre leur histoire, chacun de leur point de vue.

N'importe quel habitué de ce genre de film aura vu venir de loin le canevas éculé de la comédie romantique. Je ne vous ferai pas l'injure d'en donner une nouvelle fois la recette, l'ayant déjà fait à maintes reprises. Toujours est-il que, dans le cas de "Amour et turbulences", nous ne sommes pas en territoire inconnu. Point de surprises à l'horizon, donc : la fin est connue à l'avance, c'est le chemin pour y parvenir qui intéresse le spectateur (qui, dans ce registre est souvent une spectatrice).

La part de comédie est essentiellement assurée par Jonathan Cohen, dans le rôle de l'ami d'Antoine, prêt à tout pour séduire une femme. C'est sans doute la partie la plus réussie du film, avec les quelques scènes où apparaît Clémentine Célarié, dans le rôle de la mère de Julie. Quelques autres seconds rôles émaillent l'histoire sans cependant réussir à accrocher l'intérêt : Jackie Berroyer ou Michel Vuillermoz, par exemple, sont mal exploités à un point que cela en devient agaçant. 
Pour ce qui est de la part de romance, pour prévisible qu'elle soit, elle est outrageusement centrée sur le personnage joué par Nicolas Bedos. Commençant comme un inventaire de ses travers et de ses fautes envers Julie, le scénario renverse la vapeur pour aller jusqu'à sa rédemption et en faire le véritable héros du film, quitte à laisser dans l'ombre sa voisine, Julie: Ludivine Sagnier se trouve réduite à jouer les faire-valoir et ne montre ici que peu de talent. Ce déséquilibre (et le peu de crédibilité de la dite rédemption) joue grandement en défaveur de l'histoire, et c'est sans doute le plus grand défaut du film. 

La réalisation, élégante et efficace, est quant à elle à porter au crédit du film. Pour sa première mise en scène (après qu'il ait co-réalisé "L'incruste"), Alexandre Castagnetti réussit sa part du marché : à défaut d'un scénario complètement conforme au cahier des charges du genre, il montre qu'il sait diriger une équipe et une caméra. C'est déjà beaucoup et cela lui valut sans doute de prendre en charge "Le grimoire d'Arkandias" (qui n'a pas davantage connu de succès, soit dit en passant). 

N'eut été l'omniprésence de Nicolas Bedos, "Amour et turbulences" aurait pu être complément réussi. A défaut, c'est un film qui peut se voir, mais qui laisse un petit arrière-goût de déception à son spectateur. 



mercredi 11 mars 2015

La cinquième saison (2013)


Attention, le film dont il est question aujourd'hui dans ces colonnes est un objet cinématographique étrange. C'est en tombant dessus par hasard, au hasard de pérégrinations télévisuelles (oui, ça peut arriver) que j'ai découvert son existence. Dernier volet d'une trilogie (après "Khadak" et "Altiplano") co-réalisée par Peter Brosens et Jessica Woodworth, "La cinquième saison", avec son pitch annonciateur de fin des temps, portait de belles promesses. 

Dans les Ardennes belges, un petit village est soudain frappé par une étrange calamité. C'est tout d'abord le bûcher sensé célébrer la fin de l'hiver qui refuse de s'enflammer. Puis les vaches cessent de donner du lait, les semences ne germent plus, les abeilles disparaissent.
Alice et Thomas, deux adolescents, tentent de trouver un sens à ce qui se passe autour d'eux...

"La cinquième saison" fait partie de ces films dont on peut ressortir dans différents états, qui vont de l'enthousiasme béat au rejet total. Les qualificatifs dont on peut l'affubler sont multiples : hypnotique, oppressant, lent, triste, glacial, ennuyeux, fascinant. Une chose est sûre, cependant, c'est un film qui ne peut laisser de glace, malgré la froideur de chacune de ses images (et le thème évoqué des saisons). L'hiver est là et ne veut pas partir, au point d'anéantir les autres saisons. Partant de ce postulat simpliste, et à coup de séquences souvent perturbantes, parfois sans lien les unes aux autres, Peter Brosens et Jessica Woodworth nous entraînent au cœur d'un village perdu dans le temps, où les vieilles croyances ont la peau dure.

C'est beau, souvent magnifiquement filmé, et porteur d'un propos souvent difficile à percevoir sous la couche de glace. Le cinéma belge nous avait bien caché cette facette, qui convoque les grands peintres et le vent froid, mais échouera à chuchoter à l'oreille du spectateur pas assez disposé. Car il faut être prêt à visionner "La cinquième saison" et à y voir ce que ses auteurs ont voulu évoquer. Le fait est que la majorité du public restera froid face à cet interminable hiver (oui, je sais, le mot est facile). On peut alors se contenter des images et des performances remarquables des acteurs (Aurélia Poirier en tête), quitte à avoir le sentiment de passer à côté de quelque chose.

Film à tableaux, à l'esthétique impeccable et glaciale, "La cinquième saison" est un film que ne peut pas laisser indifférent. J'avoue qu'à titre personnel, j'ai été saisi par la beauté de ses images, mais que l'histoire qui nous est (plus ou moins) contée par les réalisateurs ne m'a pas semblé à la hauteur du plumage. Mais, en ce qui concerne "La cinquième saison", c'est dans le domaine du ressenti qu'on se situe. Libre à chacun de laisser parler le sien...ou pas.


vendredi 6 mars 2015

Peace, love et plus si affinités (2012)


Les plus fidèles lecteurs de ce blog auront pu remarquer qu'un de mes sujets de fâcherie les plus récurrents est la traduction française des titres de film : attention, nous avons ici un joli prototype, puisque "Wanderlust" est devenu "Peace, love et plus si affinités". Notez la présence du fameux "...et plus si affinités", digne de rejoindre les "...entre amis" et "...à l'anglaise" dans mes gémonies personnelles, en grande partie alimentées par le mépris affiché des distributeurs français. 
Autre victime récurrente de mes colères : Judd Apatow, pourtant vénéré ça et là comme le chantre de la nouvelle comédie étasunienne. Producteur du présent film, réalisé par son comparse David Wain (déjà coupable de "They came together"), Apatow a beau provoquer l’admiration de nombreux cinéphiles, je n'arrive pas à accrocher à son style et je ne pense pas être le seul. 
Autant dire que "Peace, love et plus si affinités" partait avec un sérieux handicap, dans ces colonnes. 

George et Linda viennent de s'endetter jusqu'au cou pour s'offrir un minuscule appartement à New York. Lorsque Linda échoue à un énième entretien et que George se fait licencier, tout s'écroule pour eux. Ils sont contraints de se faire héberger par le frère de George, beauf parvenu ayant fait fortune en vendant des toilettes de chantier. Sur la route, Linda et George découvrent une communauté hippie, Elysium. Découvrant là une liberté qui leur a toujours échappé, le jeune couple décide de s'y installer. Mais, même chez les hippies, tout n'est pas idéal.

Si l'on peut, en visionnant "Peace, love et plus si affinités", avoir une petite pensée pour le franchouillard "Les babas cool" (où Christian Clavier se réfugiait dans une communauté hippie aussi), le présent film n'incite guère à la confusion. Si elles auraient pu s'avérer dispensables, les quelques séquences bien trash à la Apatow, désormais devenues sa marque de fabrique, sont là. Même si l'on a raté le générique, il est donc possible d'identifier la provenance du film. Et pourtant, ce n'est pas ce film qui m'insupporte le plus dans la production du grand manitou de la comédie américaine. Sans doute son insuccès y est-il lié, mais le fait est que "Peace, love et plus si affinités" est sans doute l'une de ses comédies les moins caractéristiques.

Certes, comme je le disais plus haut, on a droit à quelques gags au-dessous de la ceinture, mais ils ne laissent cependant pas un souvenir marquant, au point d'imprimer leur trace sur tout le film. Cela dit, le film lui-même n'imprime que peu la mémoire de son spectateur. La faute en revient à un scénario extrêmement prévisible, et plutôt pauvre finalement. Passées les premières étapes, de découvertes en confrontations, c'est comme si David Wain ne savait plus quoi faire de son histoire ni quoi nous raconter. Alors, il aligne les clichés pour combler le vide, mais sans duper personne. 

Paul Rudd, l'un des fidèles interprètes des productions Apatow, retrouve ici, un paquet d'années plus tard, Jennifer Aniston, puisqu'il fit autrefois un passage dans la mythique série "Friends". Ni l'un ni l'autre ne sont particulièrement convaincants (parce que peu convaincus, peut-être ?). On se consolera avec les apparitions trop rares du grand Alan Alda , grand habitué des productions de Woody Allen. Au chapitre des avantages de ce film, on notera également la présence de la très jolie Malin Akerman (qui passe une bonne partie du temps peu vêtue, ce qui pourra en réjouir certains)

Alors qu'on pouvait s'attendre à une pochade bien lourde ou, au contraire, espérer une comédie joyeusement virulente et socialement pertinente, il faut se rendre à l'évidence ; "Peace, love et plus si affinités", avec son titre idiot, n'est rien de tout cela. Il s'agit juste d'un film sans grand intérêt, vite oublié après visionnage.



dimanche 1 mars 2015

Les âmes de papier (2013)


En préambule à ce billet, une mise au point s'impose : traiter d'un film dont les acteurs ont été ou sont sous les feux des projecteurs de la presse people signifie pour moi parler d'un film comme un autre. A ceux amateurs de rumeurs, commentaires et autres théories, je prie d'aller faire un tour sur les sites spécialisés, merci.
Maintenant que nous sommes entre nous, amis cinéphiles, et que nous y sommes bien, parlons cinéma, avec un petit film belge qui aurait pu attirer bien plus de monde dans les salles lors de sa sortie. Avec son joli titre, "Les âmes de papier" est passé inaperçu dans nos contrées, avec un box-office de moins de 6.000 entrées en France. 

Drôle de métier que celui de Paul : avec sa plume adroite et acérée, il écrit des oraisons funèbres (qui ne plaisent pas à tous, et lui valent parfois des déconvenues). Emma, une jeune veuve, fait appel à ses services. Son fils de huit ans refuse le décès de son père, et se ferme dès qu'on évoque le sujet. Elle demande à Paul de raconter au petit garçon l'histoire de ce père disparu. Paul, lui aussi veuf depuis cinq ans (et toujours installé dans cette douleur) refuse, avant d'accepter... Entre Emma et Paul, une belle histoire se dessine...mais c'est sans compter avec les fantômes du passé.

A la fois comédie romantique, film légèrement fantastique et conte sur la vie et le deuil, "Les âmes du papier" est passé sous les radars de pas mal de cinéphiles (je confesse n'en avoir pas entendu parler lors de sa sortie). Propulser un petit film sur les écrans le jour de Noël 2013, dans l'ombre du "Loup de Wall Street", n'est sans doute pas l'idée du siècle. C'est bien dommage, si vous voulez mon avis, parce que "Les âmes de papier" aurait mérité de rencontrer plus de public, tout petit film qu'il est. Vincent Lannoo, son réalisateur, affirme ici un vrai savoir-faire, avec un long métrage qui vaut le coup d'oeil.

En effet, sous ses dehors modestes, "Les âmes de papier" (quel joli titre, au passage !) recèle une histoire attachante, qui saura toucher ceux à qui les thèmes du deuil, de la solitude et de la romance sont chers. Son scénario, certes pas exempt de quelques longueurs ou répétitions, est suffisamment fin pour faire passer le procédé qu'il utilise à mi-course pour relancer la machine. Agréablement filmée, cette jolie fable parle finalement de sujets universels : la vie sans ceux qui sont partis, l'acceptation du deuil, la reconstruction de soi. Sans en faire des tonnes, il réussit à sa manière à émouvoir. C'est déjà beaucoup. 

En dehors de son scénario, aux allures de conte finalement assez efficace, le gros atout des "Âmes de papier" est son interprétation. Tous ses acteurs sont remarquables, de l'étonnant Stéphane Guillon (dont on découvre ici un talent supplémentaire, en plus d'une plume acérée), à la charmante Julie Gayet, en passant par le toujours époustouflant Pierre Richard, venu ici "en participation", c'est-à-dire gracieusement (ce qui renforce l'admiration que j'ai pour le bonhomme). Jonathan Zaccai et, surtout, le petit Jules Rotenberg sont, eux aussi épatants.

Alors, oui, "Les âmes de papier" est un petit film, mais il s'agit d'une friandise douce-amère (je pense que je viens d'inventer un concept, là) qui mérite le coup d'oeil, pour peu qu'on soit friand de ce type de gourmandise. Il ne laisse pas un souvenir impérissable, mais permet de passer un bon moment, en grande partie grâce à ses interprètes. Pas mal de longs métrages de gros calibre ne peuvent se vanter d'y parvenir.