Écrivain, chroniqueur, personnage public, Frédéric Beigbeder s'est fait remarquer par ses romans et ses nombreux éclats. Pour sa première (et, à ce jour, unique) réalisation, ce personnage haut en couleur a choisi d'adapter l'un de ses romans teinté d'autobiographie. Avec son titre provocateur, "L'amour dure trois ans" ne connut pourtant pas le succès qu'on pouvait attendre de lui. Au regard du beau succès (y compris à l'international, comme on dit) qu'avait été "99 francs", mis en scène par Jan Kounen, on pouvait en attendre plus.
Marc Marronier, écrivain, divorce, après trois ans de vie commune. Désabusé, le romancier écrit (sous un pseudonyme) un violent pamphlet qu'il titre "L'amour dure trois ans", et qui finit par rencontrer le succès. Pendant ce temps, Marc croise le chemin d'Alice, l'épouse de son cousin, et tombe sous son charme.
Peu à peu, tous deux deviennent amants, puis amoureux. Quand Alice découvre que Marc est l'auteur de "L'amour dure trois ans", livre qu'elle considère comme une infâmie, elle se sent trahie.
Ce qui saute aux yeux de prime abord, lorsqu'on visionne "L'amour dure trois ans", c'est l'omniprésence de la galaxie Beigbeder dans ce long métrage. Tous ses amis semblent s'être donné rendez-vous pour évoquer les souvenirs sentimentaux de l'écrivain. Mais, après tout, pourquoi pas ? Le casting ne préjuge pas forcément de la réussite de l'entreprise, pour peu que le talent soit au rendez-vous. Hélas, ce n'est pas franchement le cas, surtout en ce qui concerne les deux acteurs principaux. Gaspard Proust, dont l'humour a ses adeptes, porte bien mal le costume de Marc et semble mal à l'aise dans ce personnage tantôt cynique, tantôt naïf. Louise Bourgoin, quant à elle, prouve une nouvelle fois que le passage par la case "Miss Météo de Canal" n'est pas suffisant pour devenir actrice. Aussi charmante soit-elle, elle n'est guère convaincante dans le rôle d'Alice.
Il faut dire que ces personnages évoluent dans une curieuse dimension où, à l'instar du spectateur, ils ne savent pas forcément sur quel pied danser. Alors qu'on pouvait s'attendre à une farce virulente, on se retrouve souvent sur les sentiers de la comédie romantique, L'équilibre entre les deux genres est délicat et, s'il atteint parfois son objectif, le réalisateur déconcerte plus qu'il ne convainc.
Trop loin du ton qu'on avait pu apprécier dans "99 francs" pour être véritablement caustique, "L'amour dure trois ans" n'assume pas non plus la naïveté nécessaire à la réussite de sa part romantique. Le résultat est un film plus bancal qu'autre chose. Étonnamment, c'est sans doute le générique d'ouverture qui constitue la plus belle scène du film, tant par sa forme que par son ton. Hélas, les promesses qu'elle fait au spectateur ne sont que rarement tenues. "L'amour dure trois ans", qu'on pouvait espérer acide, est souvent tout sucre tout miel.