La traduction française de certains titres de films ne cessera jamais de m'étonner. Si la palme, à mes yeux, reste "The deer hunter", transformé pour les salles hexagonales en "Voyage au bout de l'enfer", je viens de mettre la main sur un sérieux challenger : qu'est-il passé par la tête des distributeurs français pour traduire "The air I breathe" en "Etats de choc" ? Cela reste un mystère. Toujours est-il qu'on ne m'ôtera pas de l'idée que ce choix a nui au film lors de sa sortie (uniquement sur le marché vidéo) en France. Pourtant, il disposait d'un casting intéressant et aurait sans doute pu attirer un certain public en salles.
Il est dit, dans un ancien proverbe chinois, que la vie peut se diviser en quatre chapitres : bonheur, plaisir, douleur et amour. Entre un homme qui perd tout lors d'un pari, un homme de main capable de voir l'avenir, une chanteuse pop tombant entre les griffes d'un gangster et un médecin prêt à tout pour sauver la femme qu'il aime, la vie tisse des liens, parfois ténus, entre les êtres.
Quelques films remarquables ont joué de ce genre, qui fait s'entrechoquer des existences et passent d'un personnage à l'autre, en suivant un fil parfois très fin. On songe évidemment à "21 grammes", par exemple, dans ce registre. Jieho Lee, dont c'est le premier film (et le dernier à ce jour), fait preuve d'une véritable ambition, tant visuelle que narrative, avec "Etats de choc" (non, décidément, ce titre, ça ne passe pas). Les histoires qu'il nous narre s'enchaînent et s'entrelacent, avec parfois quelques maladresses et, surtout, des déséquilibres entre les différents chapitres (celui mettant en vedette Brendan Fraser "pèse" plus lourd que celui de Forest Whitaker, par exemple).
Souvent filmé façon clip, avec un montage rapide qui nuit parfois à la lisibilité des scènes, mais donne au film un dynamisme indéniable; "Etats de choc" sort le grand jeu, niveau casting. D'Andy Garcia à Kevin Bacon, en passant par Forest Whitaker, on est gâté, de ce côté là. Et force est d'avouer que les interprétations de Sarah Michelle Gellar ou de Brendan Fraser sont plutôt à mettre au rang des bonnes surprises de ce film.
Ambitieux sur le fond et sur la forme, "Etats de choc" rate de peu son objectif, celui d'être un grand film. Il est cependant indéniable qu'il aurait mérité mieux que le sort qui fut le sien lors de sa sortie (ou de sa non-sortie, en l'occurrence).
Ambitieux sur le fond et sur la forme, "Etats de choc" rate de peu son objectif, celui d'être un grand film. Il est cependant indéniable qu'il aurait mérité mieux que le sort qui fut le sien lors de sa sortie (ou de sa non-sortie, en l'occurrence).
Ce film a été vu dans le cadre du Movie Challenge 2018, pour la catégorie
"Un premier film"