Les rouages de la psychanalyse sont un grand mystère pour la plupart des gens. Vouloir en faire l'objet central d'un film est donc une entreprise louable. On y a déjà eu droit sous différents angles avec, notamment, "Will Hunting" ou "A dangerous method", pour n'en citer que deux, diamétralement opposés. Yvan Lavandier, scénariste reconnu (on lui doit de nombreux scripts pour le petit écran et il revendique le titre de "script-doctor") a choisi, pour son premier métrage, "Oui, mais...", d'aborder ce thème, sur un ton chaleureux, voire parfois drôle. Il faut croire que sa proposition ne fut pas entendue, au vu du peu de succès du film. Pourtant, ce petit film reçut plusieurs prix, dans des festivals (que d'aucuns jugeraient mineurs, certes).
Eglantine, 17 ans, vit une période difficile. Entre une mère maniaco-dépressive et un père absent, elle peine à s'affirmer. Son petit ami, Sébastien, la presse de son côté de passer aux choses sérieuses et semble ne penser qu'à coucher avec elle, à la fois attirée et effrayée par la sexualité.
La jeune fille décide alors de suivre une thérapie brève et prend rendez-vous avec un psychanalyste malicieux et chaleureux.
Sous ses allures de petite comédie française, "Oui, mais...", qui cache bien son jeu, est un remarquable exposé de ce que peut être une thérapie, à en croire certains avis. Pour tempérer cela, j'ajouterais que cette vision est extrêmement idéalisée et que la thérapie décrite là est digne d'un cas d'école...ce qui implique qu'elle est rarissime dans la "vraie vie".
C'est là le principal reproche qu'on peut faire à ce petit film : faire du psychanalyste le détenteur de la vérité, celui par qui viendra la guérison. Gérard Jugnot, dans le rôle du psychanalyste, est étonnamment convaincant. Sa bonhomie colle tout à fait avec la description qu'en fait Yves Taillandier, même si ce personnage aurait sans doute gagné à avoir quelques failles.
Face à lui, la jeune Emilie Dequenne, alors fraîchement couronnée à Cannes (pour "Rosetta"), fait montre d'une grâce et d'un talent qui manquent à pas mal de ses aînés. Donnant vie à Eglantine, elle entraîne avec elle le spectateur dans le parcours de vie de cette adolescente tourmentée.
En dehors d'une mise en scène trop sage, on reprochera essentiellement à "Oui, mais..." un ton docte et excessivement lisse. Idéalisant sans doute trop le psychanalyste, Yves Lavandier lui épargne tout doute et toute faille, le rendant omnipotent aux yeux des autres personnages. Malgré cette tendance, et grâce à une belle interprétation, "Oui, mais..." mérite d'être vu, pour sa fraîcheur et sa façon d'aborder le thème qu'a choisi son réalisateur, à condition bien sûr d'être intéressé par ce sujet.