jeudi 27 novembre 2014

Mon pire cauchemar (2011)


Deux univers qui se rencontrent, aux antipodes l'un de l'autre, voilà un thème qui a donné lieu à d'innombrables récits, qu'ils soient cinématographiques ou pas. Au grand écran, le choc des cultures est un grand classique et peut donner le pire comme le meilleur. "Mon pire cauchemar", réalisé par Anne Fontaine, traitait de ce sujet maintes fois rebattu. Avec en têtes d'affiche Isabelle Huppert et Benoît Poelvoorde, ce film a pourtant du décevoir ses producteurs, puisqu'à sa sortie, les foules ne se bousculèrent pas.

Directrice d'une fondation d'art contemporain Agathe, vit dans un appartement parisien luxueux avec son mari et son fils. A l'autre bout de l'échelle sociale, Patrick vit dans sa camionnette avec son fils, dont il risque de perdre la garde. A priori, jamais ces deux êtres n'auraient du se rencontrer. Seulement, voilà : leurs enfants respectifs s'apprécient mutuellement. Tandis que son ménage bat de l'aile, Agathe croise donc le chemin de Patrick, plus souvent qu'elle ne l'aurait souhaité...


Le plus obtus des spectateurs devinera, à la lecture du pitch ci-dessus, que les deux protagonistes de "Mon pire cauchemar" vont, au fil du scénario, passer par des phases de rejet, puis d'affection mutuelle, voire d'amour. Je n'en dirai pas plus pour ne pas déflorer l'histoire. Anne Fontaine, qu'on a connue plus audacieuse, utilise ici des grosses ficelles déjà usées par leur utilisation intempestive, que ce soit dans le registre de la romcom ou de la comédie pure (oui, messieurs Boon et Veber, c'est de vous que je parle). Ici, le contraste entre les deux héros est saisissant : repris de justice, amateur de femmes et de la dive bouteille, Patrick est véritablement le pire cauchemar social d'Agathe, passionnée par l'art conceptuel et raffinée. 

Malheureusement, passé le choc des deux mondes représentés par les personnages principaux, Anne Fontaine a dû être bien embêtée et ne plus savoir que faire de son film. Alors, elle multiplie les pseudo-intrigues secondaires, histoire de tenir jusqu'à la fin du temps réglementaire. Ainsi, le mari d'Agathe se voit entraîné dans une liaison avec une femme plus jeune que lui (interprétée par la charmante, mais peu convaincante Virginie Efira), tandis que Patrick multiplie les provocations et les ennuis.

A cause d'un scénario qui utilise trop rapidement toutes ses cartouches, le film use et abuse des répétitions, voire des lourdeurs. Alors qu'on a vite compris que ces deux-là n'ont rien en commun et que chacune de leurs rencontres n'est qu'un prétexte à la mise en évidence de ce postulat, Anne Fontaine insiste lourdement et se voit contrainte de faire du remplissage, notamment dans les scènes concernant André Dussollier (sous-exploité) et Virginie Efira, séquences frôlant souvent le ridicule. 

Malgré tout leur talent, les deux comédiens principaux ne suffisent pas à sauver le film du naufrage, il faut bien l'avouer. Benoît Poelvoorde, impeccable en beauf à grande gueule et Isabelle Huppert, évidemment formidable en bourgeoise qui doute, sont les deux seuls atouts de cette comédie qui tire en longueur. Leur présence ne justifie pas pour autant de se déplacer pour voir ce film.



samedi 22 novembre 2014

Le dernier Cheyenne (1995)


L'immense (et mérité) succès de "Danse avec les loups" a, dans les années 1990, donné des idées aux scénaristes d'Hollywood. Après des décennies à jouer les mauvais sauvages (à de rares exceptions près), les Amérindiens avaient enfin des rôles dignes d'eux et, surtout, entrevoyaient le repentir de ceux qui avaient tout fait pour les chasser de leurs terres. Nous eûmes ainsi droit à des films souvent inégaux, parfois emplis de bonnes intentions : je citerais, par exemple, le "Géronimo" de Walter Hill, "Le dernier des Mohicans" de Michael Mann ou "Coeur de Tonnerre" de Michael Apted. Mais il existe aussi d'autres films moins remarqués qui s'aventuraient en terre indienne. J'ai récemment découvert fortuitement "Le dernier Cheyenne" et, dans un moment de faiblesse, me suis laissé tenter, espérant trouver une pépite oublié digne d'être redécouverte. Après tout, c'est la vocation première de ce blog, même si elle est souvent cause de déconvenues.


Après l'évasion de trois dangereux détenus durant leur transfert, le shérif Deegan missionne Lewis Gates pour les retrouver : ce redoutable chasseur de primes, habitué à la vie en pleine nature, fut également son gendre et Deegan le tient pour responsable de la mort accidentelle de sa fille. Après avoir remonté la piste des fuyards, Gates découvre, là où il pense qu'ils ont été attaqués, une flèche indienne. Après avoir rencontré la charmante mais opiniâtre Lilian Sloan, archéologue spécialisée dans les civilisations amérindiennes, Lewis va l'entraîner dans un périple que ni l'un ni l'autre ne pourront oublier. 

A la lecture de ce pitch, on peut s'attendre à tout, y compris à une bonne surprise. Hélas, je n'irai pas par quatre chemins, c'est hélas le pire qui est au rendez-vous. Malgré des décors sublimes et des acteurs qui ont prouvé par le passé qu'ils pouvaient donner le meilleur, "Le dernier Cheyenne", après les premières scènes, perd vite le bénéfice du doute qu'on avait pu lui accorder. 

Une fois qu'on connaît le passif de Tab Murphy, réalisateur de ce "Dernier Cheyenne", l'indigence du scénario se comprend mieux. L'homme est un ancien de chez Disney et pour sa première (et unique à ce jour) réalisation, n'a visiblement pu s'empêcher de filmer une histoire où tout finit par s'arranger, contre toute vraisemblance. Son scénario donne souvent l'impression d'avoir été écrit au fil du tournage, en dépit du bon sens. Si l'on ajoute à cela un montage visiblement commis sous l'emprise de la boisson, le désastre narratif est complet. 

Les comédiens, malgré tout le respect que j'ai pour eux, surjouent et n'arrivent pas à rendre leurs
personnages crédibles (mais sans doute n'y croient-ils pas eux-mêmes). Qu'il s'agisse de Tom Berenger (l'une des "gueules" du cinéma des années 1990), de Barbara Hershey ou de Kurtwood Smith, aucun n'arrive à inspirer l'indulgence pour ce film. 

Enfin, cerise sur le gâteau, la bande originale (pourtant composée par David Arnold, qui sait être inspiré, j'en veux pour preuve les très belles partitions qui accompagnent les épisodes de "Sherlock", pour ne citer que celles-ci), extrêmement envahissante et déboulant souvent comme un cheveu sur la soupe, n'étant que rarement en phase avec les scènes qu'elle illustre, donne une seule envie : couper le son et se contenter d'admirer les paysages. Car il est là, le seul atout du "Dernier Cheyenne" : les panoramas à couper le souffle du Montana. Mais, jusqu'à preuve du contraire, de beaux décors n'ont jamais suffi à faire un bon film.



lundi 17 novembre 2014

Cas & Dylan (2014)


Le cinéma indépendant américain, malgré son manque de visibilité face aux écrasantes productions hollywoodiennes, contient son lot de films méconnus, certains n'ayant même pas la chance de traverser l'Océan Atlantique pour parvenir jusqu'à nos salles. C'est notamment le cas de "Cas & Dylan", réalisé par Jason Priestley, et avec en tête d'affiche le grand Richard Dreyfuss, trop rare au cinéma. 

Médecin sexagénaire, Cas Pepper apprend qu'il est victime d'une tumeur cérébrale qui ne lui laisse que peu de temps à vivre. Il décide de partir vers l'Ouest quand surgit dans sa vie Dylan, jeune fille de vingt-deux ans, apprentie écrivaine, qui va s'incruster dans ce qui devait être son dernier voyage. L'un et l'autre vont devoir se supporter, avant de finalement s'apprécier, qui sait ?


Le thème de la rencontre improbable qui débouche pourtant sur une belle expérience humaine est un immense classique du cinéma. Maintes fois utilisé, avec plus ou moins de talent et de succès, ce principe est la fondation de "Cas & Dylan" : deux personnes que tout oppose se trouvent réunies, plus ou moins malgré elles, dans un voyage qui va changer à jamais le cours de leurs vies. Rien de bien original ni novateur dans l'histoire que nous conte ici Jason Priestley, surtout connu pour son travail au petit écran, d'un côté ou de l'autre de la caméra. 

A défaut d'originalité scénaristique, et celle-ci ne se trouvant pas non plus dans la réalisation (somme toute assez conventionnelle), c'est vers les personnages qu'on se tournera pour trouver du charme à "Cas & Dylan". Et là, que les acteurs en soient remerciés, la magie opère, contre toute attente. L'immense Richard Dreyfuss, qui n'a pourtant plus rien à prouver (son parcours professionnel démontrant qu'on peut atteindre en peu de temps le meilleur et le pire) donne à son personnage de vieillard ronchon une humanité telle qu'on se prend à apprécier le docteur Pepper. Assumant totalement son âge (et même plus), celui qui nous enchanta dans "Rencontres du troisième type", pour ne citer que cet exemple, montre qu'il n'a rien perdu de son talent. 

Face à lui, la jeune Tatiana Maslany, à l'instar de son personnage, ne s'en laisse pas conter et, tantôt
émouvante, tantôt agaçante, insuffle à Dylan Morgan ce qu'il fallait d'énergie pour qu'on s'attache à la jeune femme. En compagnie de ces deux êtres humains, le spectateur embarque pour un voyage dont on devine, certes, la destination finale, mais qui suit la route de l'émotion, sans appuyer sur la pédale du mélodrame.

Le parcours initiatique que nous propose "Cas & Dylan" est, certes, balisé et ne surprendra personne. Néanmoins, le ton doux-amer de ce voyage et, surtout, ses deux protagonistes principaux sont une raison suffisante pour embarquer avec eux. Ce petit film indépendant aurait mérité plus de visibilité. Il n'est jamais trop tard pour remédier à cela et lui offrir une deuxième chance bien méritée. 




samedi 15 novembre 2014

Rendez-vous avec le cinéma turc

Une nouvelle fois, je donne un petit coup de projecteur sur un événement cinématographique.

Pour le Centenaire du cinéma Turc,  l’ambassade de Turquie et le Ministère Turc de la Culture et du Tourisme proposent une rétrospective des plus grands films turcs à travers un événement dédié au cinéma. 
De nombreuses personnalités – acteurs, réalisateurs, auteurs – participeront à ce premier rendez-vous avec le public français. 






mardi 11 novembre 2014

La ritournelle (2014)

 

De "La femme du boulanger" à "Gone girl", le thème de ce que peut devenir un mariage a été maintes fois abordé au Septième Art, tantôt sur un ton grave, tantôt avec légèreté. Chacun a pu y trouver un écho à son expérience personnelle, à son ressenti. Marc Fitoussi, remarqué en 2012 avec "Pauline détective", a livré cette année "La ritournelle", avec Isabelle Huppert et Jean-Pierre Darroussin. Ce "petit" film n'eut pas l'heur de plaire au public francophone puisqu'il déplaça un peu plus de 300 000 spectateurs lors de sa sortie en salles.


Brigitte et Xavier, éleveurs de bovins, sont installés dans leur campagne normande depuis longtemps. Leur fils a quitté la maison et ils vivent désormais en vase clos. Si Xavier a les pieds sur terre et vit essentiellement pour son exploitation, Brigitte aspire à un tout autre bonheur.  Sous un faux prétexte, elle va quitter la ferme conjugale et s'offrir une virée à Paris. 
Comprenant que sa femme lui échappe, Xavier, de son côté, prend conscience de l'amour qu'il lui porte et va tout faire pour la retrouver...


A en croire "La ritournelle", la vie dans la campagne haut-normande est plutôt douce et l'on y est loin des conditions parfois infernales qui pèsent souvent sur les épaules des éleveurs. Mais passons sur cette réserve : on est dans un film, pas dans un documentaire. Et, pour être précis, c'est un film doux-amer, un peu romantique, parfois drôle, parfois moins, que nous réserve Marc Fitoussi. L'histoire qui nous est racontée là est toute simple, à l'image de la vie des personnages principaux. C'est sans doute pour cela qu'elle peut facilement toucher tout un chacun. Cette simplicité est aussi son défaut, puisque (surtout en deuxième partie), on relèvera quelques longueurs et quelques répétitions. 

L'énorme atout de "La ritournelle" est son interprétation et, pour être précis, le magnifique duo d'acteurs qui donnent vie à ses deux personnages principaux. Jean-Pierre Darroussin, comme toujours épatant dans un rôle d'agriculteur bougon redécouvrant son coeur qui bat sous la carapace, prouve qu'il peut tout jouer. Mon avis est sans doute partial, tant j'apprécie cet acteur depuis que je l'ai découvert dans le culte "Mes meilleurs copains", mais j'assume. Face à lui, Isabelle Huppert est remarquable de justesse, dans un rôle de femme qui doute et hésite. Les seconds rôles sont à l'avenant, comme Pio Marmaï ou Michael Nyqvist (le héros suédois des films "Millenium", en version originale). Le talent de ces acteurs fait oublier bon nombre des défauts du film, tant on a plaisir à les voir incarner sans défaut leurs personnages.

Alors, oui, "La ritournelle" est une histoire toute simple, sans doute déjà vue et revue, mais ce film a un petit rien de charme (en grande partie dû à ses deux principaux interprètes) qui fait qu'on peut l'aimer. Si vous êtes en quête d'une histoire simple, mais universelle, pleine d'humanité, ce film trouvera, je l'espère, grâce à vos yeux.


jeudi 6 novembre 2014

Les morsures de l'aube (2001)


Enfant de la télévision, Antoine de Caunes a, après avoir quitté "Nulle part ailleurs", tenté sa chance du côté du grand écran, des deux côtés de la caméra. On se souviendra évidemment de ses quelques rôles marquants ("L'homme est une femme comme les autres", par exemple), mais on a tendance à oublier qu'il a aussi été réalisateur, souvent dans le cadre de projets audacieux. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le succès ne fut pas toujours au rendez-vous. Qu'il s'agisse de "Coluche, l'histoire d'un mec", de "Monsieur N" ou des "Morsures de l'aube", Antoine de Caunes, le réalisateur rata chaque fois sa rencontre avec le public. 

Pique-assiettes, Antoine vit au cœur de la nuit parisienne et cherche à se faire une place au cœur de la jet-set. Un soir, après avoir réussi à s'incruster dans une soirée huppée, il se voit confier une étrange mission par l'homme qui organisait la soirée : trouver le mystérieux Jordan. Au cours de ses pérégrinations et de son enquête, Antoine finit par rencontrer la ténébreuse et envoûtante Violaine, sœur du fameux Jordan. Après avoir fini la nuit avec elle de bien curieuse façon, Antoine n'a plus qu'une envie : retrouver la jeune femme...

Un film noir et fantastique (ou pas) français est une chose suffisamment rare pour qu'on s'y penche avec curiosité, voire avec bienveillance. Ils sont bien peu nombreux, dans notre contrée, à s'être frottés au cinéma de genre, et encore moins nombreux ceux qui réussirent l'exercice. Pour adapter le roman de Tonino Benacquista, Antoine de Caunes fit appel à son ami Laurent Chalumeau, qui prit quelques libertés avec le matériau originel. La plume du romancier (et auteur de nombre de ses sketchs de l'époque "Canal") se ressent dans les dialogues. Le verbe parfois mordant (excusez ce mot facile) est cependant déplacé dans le thème abordé par "Les morsures de l'aube". Là où l'on attendait un thriller, voire une fable fantastique, on s'égare parfois sur le territoire de la comédie, surtout quand certains personnages sont l'occasion de prestations parfois dispensables (je songe notamment à celle de José Garcia). 

La distribution, assez inégale, est un des défauts du film. Si on peut vite être subjugué par la vénéneuse Asia Argento, et mieux comprendre la fascination qu'elle exerce sur le héros du film, la prestation de Guillaume Canet est de bien moindre qualité. Propulsé jeune premier du cinéma français, il prouve, dans ce film, qu'il lui reste une belle marge de manœuvre avant de faire de l'ombre aux grands (libre à chacun d'estimer que cette marge est comblée aujourd'hui). Dans des rôles plus secondaires, on appréciera (ou pas, c'est selon) la présence de Gérard Lanvin, de Gilbert Melki, du déjà cité José Garcia ou du fugace Vincent Pérez.

L'ambition de l'ouvrage est indéniable et, par moments, on se surprend à croire en la réussite de l'adaptation. Malheureusement, la mise en scène d'Antoine de Caunes manque souvent d'épaisseur et de conviction, au point qu'on a souvent l'impression d'assister à une balade dans le Paris nocturne et underground, à laquelle le réalisateur a convié ses copains. Cela ne suffit pas, vous en conviendrez, pour réussir un film. Il eût fallu pour cela une histoire plus consistante et la mise en scène qui va avec.









samedi 1 novembre 2014

The Spirit (2008)



Si je vous dis "Frank Miller", "film en noir et blanc (avec quelques touches de rouge)", vous allez probablement songer à "Sin City", et vous pourriez vous demander ce que cet article fait ici, au vu du succès de cette franchise. Ce serait oublier que, dans la foulée du succès du film réalisé par Robert Rodriguez (où il avait un petit rôle et qu'il coréalisa) et de "300" (tiré d'un de ses romans graphiques), Frank Miller prit goût au cinéma et mit en scène (tout seul, cette fois) "The Spirit", d'après la bande dessinée éponyme de Will Eisner. Mal lui en prit, puisque le public bouda cette adaptation. 

The Spirit fait régner l'ordre sur Central City, ou plutôt essaie. Parce que cet ancien policier, revenu de chez les morts, doit lutter contre l'Octopus, un super-vilain qui cherche à s'emparer d'une amphore de sang venue d'une autre époque. Mais il semble que l'Octopus ne soit pas le seul à rechercher ce mystérieux objet. Une certaine Sand Saref convoite elle aussi cet artefact et semble prête à tout pour que l'Octopus et ses sbires ne l'emportent pas. 

Dessinateur remarquable par son talent, Frank Miller ferait sans doute bien de se cantonner à ce qu'il maîtrise le mieux. Parce que si, à une planche à dessin, le bonhomme n'a de leçon à recevoir de personne, en matière de réalisation, il a encore de la marge. Tentant visiblement d'exploiter le filon de "Sin City", Miller fait ici preuve de bien moins de virtuosité que Robert Rodriguez en avait démontré. Mais, surtout, l'impression qui prédomine au visionnage de "The Spirit" reste le manque de foi qu'a Miller en lui. Usant d'un ton mi-héroïque, mi-parodique, le réalisateur ne réussit pas à faire adhérer le spectateur à son histoire et, du coup, peine à faire décoller son film. 

Alors, les acteurs font ce qu'ils peuvent, voire ce qu'ils veulent. Gabriel Macht est aussi charismatique qu'une huître dans le rôle titre (et n'est aidé en rien par son doublage calamiteux), tandis que Samuel L. Jackson en fait des tonnes. Eva Mendès, malgré son physique de bombe atomique, n'est guère convaincante, tandis que Scarlett Johansson, dans un rôle vite oubliable, fera regretter le déplacement à ceux qui regarderont le film pour elle.

Les dialogues un brin désuets et le scénario très prévisible n'arrangent rien au diagnostic. Au final, on a l'impression désagréable que Miller ne respecte pas son sujet (et son spectateur, au passage) et le maltraite, faute d'y croire. Cette faute (majeure, en termes de cinéma) fait de "The Spirit" un échec artistique.