samedi 31 octobre 2015

Capitaine Alatriste (2006)


La très belle série de romans consacrée par Arturo Perez-Reverte (7 tomes à ce jour, aux éditions Points), qui a récemment fait l'objet d'une série télévisée, fut adaptée au cinéma, il y a quelques années. Sorti en catimini en France (en 2008, après que sa sortie fut maintes fois repoussée) et précédée d'échos désastreux, il fut chez nous un bide monumental, quoique prévisible. Malgré son budget impressionnant, pour un film hispanique, "Capitaine Alatriste" est vite passé aux oubliettes...

Sous le règne du Roi Philippe IV, entre les intrigues de cour et les conflits qui émaillent l'Europe, l'Espagne impériale est au faîte de sa puissance. Au service de Sa Majesté le Roi, celui qui se fait appeler Capitaine Alatriste va vivre une existence faite de combats, de passions, de trahisons et d'amitié. De la boue et des brumes des Flandres à la mémorable bataille de Rocroi, en passant par les galères espagnoles, lui et Inigo, son jeune protégé vont vivre mille périls. 



Première surprise : là où n'importe quel producteur hollywoodien aurait choisi de n'adapter que le premier roman, c'est l'intégralité des aventures d'Alatriste qu'Agustin Diaz Yanes a choisi de retranscrire en un film de deux heures. Ceux qui connaissent les romans ne manqueront pas d'être surpris par pareille approche, tant nous sommes habitués à voir une franchise essorée au maximum (jusqu'à tronçonner un tome en deux films pour en augmenter la rentabilité). Dans le cas de "Capitaine Alatriste", le résultat est plutôt curieux, puisqu'on a l'impression d'assister à un résumé de la carrière de ce spadassin remarquable, sur le mode accéléré, en ne prenant le temps que de focaliser sur quelques séquences marquantes. Hélas, pareil traitement donne l'impression d'un film particulièrement décousu, comme peut donner celle des bonnes feuilles d'un roman (et uniquement de celles-ci). 

Là où la série souffre de longueurs, le film a donc les défauts inverses. Zappant sans vergogne les scènes de présentation, il se concentre sur celles qui sont le plus visuelles, à savoir les affrontements, là où les romans prennent le temps de la description au plus près de l'Espagne du XVIIème siècle. C'est d'autant plus dommage que, budget à l'appui, la reconstitution est esthétiquement très réussie, en tout cas mille fois plus que ce que proposait la récente série "El Capitan". Loin de la flamboyance colorée des traditionnels films de cape et d'épée, "Capitaine Alatriste" a un décor réaliste, souvent sale, en tout cas très vivant, comme le souhaitait Arturo Perez-Reverte quand il commença à écrire ses romans. L'écrivain a d'ailleurs renié la série, mais fait un caméo dans le film, soit dit en passant. 

Le casting est l'autre point fort de cette adaptation. L'impérial Viggo Mortensen donne corps au Capitaine Alatriste, sans sembler forcer son immense talent. En comparaison, Aitor Luna, qui a repris ce rôle dans le pendant télévisuel, paraît bien falot. Autour du grand Mortensen, les autres interprètes donnent vie avec brio aux protagonistes des romans, collant parfaitement à l'image qu'on pouvait s'en faire à la lecture des livres. 

L'impression qui se dégage au visionnage du film (si tant est que vous réussissiez à mettre la main dessus) ne peut être que mitigée. Visuellement très réussi et interprété avec brio, "Capitaine Alatriste" est hélas gâché par le choix d'adapter en un seul film toute une série de romans.  


lundi 26 octobre 2015

SMS (2014)


Suivre les mésaventures d'un personnage qui en prend plein la gueule, que ce soit au propre comme au figuré, c'est une figure imposée du cinéma comique. Bien évidemment, les amoureux de la comédie française (la vraie, pas celle qu'on nous sert régulièrement et n'a d'autre vocation que de remplir l'espace de cerveau disponible du dimanche soir sur TF1) se souviennent avec émoi des petits bonheurs provoqués par Pierre Richard et consorts. L'an dernier, "SMS", mettant en scène Guillaume de Tonquedec, promettait, du moins dans sa bande-annonce, une succession de catastrophes pour son héros. Au vu de la bande-annonce, on pouvait espérait passer un bon moment.

Sale journée pour Laurent, adepte du téléphone portable. Il pleut dans sa maison (parce qu'il en a confié la rénovation à un certain Fedor, visiblement peu doué pour le bâtiment), il se dispute avec sa femme, se ridiculise en emmenant son fils à l'école et y découvrant que le bambin est malade, reçoit un texto adressé à sa femme et l'enjoignant de le quitter, se fait voler son précieux portable, renverser par une voiture, oublie son fils dans la rue et finit en garde à vue.
Ça fait beaucoup, pour un seul homme, tout ça.


Les premières minutes de "SMS" sont prometteuses : les péripéties sont riches et le personnage principal subit une cascade d'avanies comme on en a rarement vu : on est dans la comédie cynique, et c'est réjouissant, du moins le temps de l'introduction. D'autant plus que la réalisation est plutôt dynamique. Gabriel Julien-Laferrière, qui s'était fait connaître avec "Neuilly sa mère", sait visiblement se servir d'une caméra. 

Malheureusement, tout cela ne suffit pas à faire un bon film, et encore moins une bonne comédie. Passées les premières séquences, le film n'arrive pas à tenir le rythme qu'il s'était imposé à son début. Comme un sprinter qui voudrait entreprendre un marathon, il se retrouve vite à bout de souffle et doit composer avec des bouts d'intrigue n'apportant rien à l'histoire, et jouant du hors-sujet à maintes reprises. Perdant de vue son pitch de base, "SMS" s'égare vers des thématiques n'ayant rien à voir avec la comédie (l'évocation des ondes électromagnétiques est totalement contre-productive, par exemple). Comme s'il n'assumait pas son propos initial, Gabriel Julien-Laferrière sort de son chemin initial et n'en retrouve hélas jamais la trace. 


Une grande comédie repose également sur ses personnages, on le sait depuis le théâtre antique. C'est également l'un des grands défauts du film. On a du mal à s'attacher au personnage principal, doté de suffisamment de travers pour n'être pas sympathique. Ce n'est pas encore pour cette fois que Guillaume de Tonquedec (que les amateurs de "Fais pas ci, fais pas ça" auront plaisir à retrouver) obtiendra un rôle digne de son talent (jusque là bien mal exploité, à mon humble avis). Les seconds rôles, quant à eux, n'ont pas suffisamment d'intérêt et d'enjeux pour peser sur l'intrigue, le pompon étant décroché par le décidément insupportable Franck Dubosc, qui ferait bien de comprendre qu'il n'est pas fait pour le cinéma.


En confondant vitesse et précipitation, "SMS" rate son coup, malgré un bon départ. C'est dommage car, même en restant une comédie faiblarde, il est largement au-dessus de la moyenne actuelle dans ce registre du cinéma français. Cela n'a rien d'une prouesse, c'est vrai.



mercredi 21 octobre 2015

Broadway Therapy (2014)




Dites, messieurs les distributeurs, vous ne nous prendriez pas pour des imbéciles, parfois ? Parce que renommer "She's funny that way" en "Broadway Therapy", ça ne présente aucun intérêt. Non content de passer d'un titre anglophone à un autre titre anglophone, ça donne aussi le sentiment que le spectateur est pris pour un idiot. Remarquez, dans le cas précis de ce film, il n'y eut pas tant d'idiots que cela, parce qu'ils furent peu à se déplacer en salles pour aller le voir. 
On a parlé d'accident industriel pour moins que ça.


Izzy, ancienne call-girl devenue actrice, raconte à sa psy comment elle en est arrivée là. Tout a commencé avec sa rencontre avec le metteur en scène Arnold Albertson, marié à la tempétueuse Delta, qui s'offrit ses services un soir de solitude. Charmé par la jeune femme, Arnold lui offrit la coquette somme de 30 000 $ pour qu'elle puisse tenter sa chance sur les planches. Lors de son audition, Izzy séduisit Joshua, un dramaturge, pourtant en couple avec une psy, sous l’œil goguenard du comédien Seth Gilbert. Compliqué, non ? Vous n'avez encore rien vu...


A lire le petit pitch ci-dessus, vous devez vous dire que le scénario de "Broadway Therapy" est particulièrement tarabiscoté. C'est le cas : entre adultères, rencontres impromptues et portes qui claquent, on n'est jamais très loin du vaudeville. Mais ce style a, en général, ceci de particulier qu'il ne perd pas son spectateur en route, à force de multiplier les personnages, les intrigues et, surtout, les époques. Réalisé par le vétéran Peter Bogdanovitch, de retour après treize années sans être passé derrière la caméra, "Broadway Therapy" se veut un joyeux bazar, cherchant sans doute le point d'équilibre entre Woody Allen et Wes Anderson (ce dernier est d'ailleurs co-producteur sur ce film). En un mot comme en cent, c'est raté. Si ce point existe quelque part dans le cinéma, Bogdanovitch le rate complètement.

C'est vrai qu'à la base, le scénario, qui se veut délirant, n'est que bordélique et que les acteurs sont
loin, très loin, de donner le meilleur d'eux-mêmes. Qu'il s'agisse d'Owen Wilson, qui donne l'impression d'être totalement ahuri, d'Imogen Poots, extrêmement mauvaise, aussi mignonne soit-elle, de Jennifer Aniston (qui touche là son plus mauvais rôle depuis longtemps), ou de pratiquement tous les autres, on a l'impression que les interprètes sont en roue libre et que, faute de direction, ils cabotinent à outrance. Seul Rhys Ifans donne quelque intérêt à son personnage, mais j'avoue n'être pas totalement objectif vis-à-vis de cet acteur (dont les passages, même brefs, dans un film, sont souvent salvateurs). Malgré la brochette qu'il a devant sa caméra, Peter Bogdanovitch échoue à obtenir un résultat ne serait-ce que potable. La version française ajoute encore, s'il était possible, au désastreux bilan. Et ce n'est pas le court passage de Quentin Tarantino himself qui m'incitera à l'indulgence...

A moins d'être amateurs de films sans colonne vertébrale, de vénérer particulièrement tel ou tel acteur présent au générique de "Broadway Therapy", vous pouvez sans hésiter passer votre chemin. 


vendredi 16 octobre 2015

Gardiens de l'ordre (2009)



Décidément, le film de genre ne réussit pas à Nicolas Boukhrief. Le sort malheureux de son "Convoyeur" fut déjà l'objet d'un billet sur ce blog et, en visionnant récemment "Gardiens de l'ordre", je me suis dit que celui qui fut un des piliers de la revue Starfix avait décidément bien du mal à s'imposer comme réalisateur, malgré ses tentatives dans un registre qui fit pourtant les beaux jours du septième art hexagonal. Avant la sortie prochaine de "Made in France" (dont la distribution est longtemps restée incertaine), penchons-nous sur "Gardiens de l'ordre".

Au cours de ce qui aurait dû n'être qu'une intervention banale suite à un tapage nocturne, deux policiers assistent à la mort de l'un d'entre eux, tué à bout portant par un jeune homme sous l'emprise de la drogue. Contraints de classer l'affaire, parce que le tueur est le fils d'un député, tous deux vont enquêter, de leur propre initiative, sur la drogue qui a poussé le jeune garçon à devenir un tueur...

En mettant en boîte "Gardiens de l'ordre", Nicolas Boukhrief tentait sans doute de convoquer les fantômes des grands réalisateurs de jadis, qu'ils aient pour nom Verneuil ou (c'est flagrant ici) Melville. Cette belle démarche est tout à son honneur, mais est hélas vouée à l'échec. Certes, "Gardiens de l'ordre" regorge de belles images, de plans réussis et diffuse une ambiance indéniable, mais il manque une véritable ossature à tout cela, c'est-à-dire un scénario plus robuste que celui de la première série télévisée venue. Malgré tout le soin apporté à l'atmosphère et la précision avec laquelle Boukhrief filme tout cela, le fait est que "Gardiens de l'ordre" manque d'âme et a du mal à accrocher l'intérêt de son spectateur.

Le peu d'intérêt que suscite l'histoire narrée tant bien que mal dans "Gardiens de l'ordre" vient aussi de ses personnages, finalement bien pue épais, alors qu'il y aurait eu matière à exploiter le background de ces flics borderline. A force d'invraisemblances et faute de véritables enjeux, on se désintéresse vite de l'histoire que conte le film, pour ne se consoler qu'avec l'intérêt technique que représentent certaines scènes. C'est bien peu, au regard des promesses initiales du projet. 

On notera l'excellente interprétation de Cécile de France, qui compense celle, plus oubliable, de Fred Testot, dans l'un de ses premiers rôles marquants au grand écran. Faisant passer son personnage de l'austérité au glamour, elle magnétise l'écran et est un des rares atouts du film.

Au final, "Gardiens de l'ordre" est vite oublié, car très oubliable. Souhaitons que Nicolas Boukhrief retrouve sa patte et, surtout, des projets à la hauteur de ses capacités. Pour une fois qu'un metteur en scène porte un réel amour pour le septième art, il serait justice de lui fournir matière à l'exprimer.



dimanche 11 octobre 2015

Arthur Newman (2013)



Changer de vie, qui n'a jamais caressé cette idée ? Tout plaquer, repartir de zéro et reconstruire autre chose, forcément meilleur, voilà une thématique déjà explorée par le cinéma. Pour son premier long métrage, Dante Ariola réalisa, il y a peu, "Arthur Newman", avec deux belles têtes d'affiche : Colin Firth et Emily Blunt. Hélas, cet essai ne fut pas transformé puisque ce film laissa peu de souvenirs chez les cinéphiles.

Wallace n'aime pas sa vie. Ce quadragénaire divorcé n'a plus aucun lien avec son fils, sa maîtresse le lasse, son métier l'ennuie. Alors, il décide de mettre en scène sa propre mort et de repartir de zéro, en s'improvisant golfeur professionnel. Dans sa fuite en avant, il rencontre Michaela, une jeune femme qui ne sait pas très bien qui elle est. Tous deux vont s'éprendre l'un de l'autre et faire route ensemble, se glissant dans la vie des gens qu'ils croisent, occupant leurs maisons le temps d'une étreinte.
En se fuyant eux-mêmes, ils vont se découvrir...


C'est une histoire toute simple que celle de Wallace et de Michaela, de celles qui peuvent surprendre et générer de beaux films. En lisant le billet que lui avait consacré l'une de mes consoeurs (qui se reconnaîtra sans doute), le fait est que ma curiosité avait été piquée. A l'arrivée, c'est une légère déception qui fut mienne. La réalisation assez plate de Dante Ariola (dont c'est le premier et dernier long métrage de fiction à ce jour) est pour beaucoup dans l'impression que laisse "Arthur Newman".

Ne mettant guère en valeur les personnages, pourtant au centre de son histoire, Ariola se contente d'aligner les séquences, sans leur donner le relief et le rythme nécessaire. Tout cela manque cruellement d'épaisseur et de vie, et ne contribue guère à faire accepter au spectateur le postulat de base du scénario, hautement improbable. 

Heureusement, il y a les deux interprètes de cette histoire : Colin Firth, que je me surprends à apprécier de plus en plus, et Emily Blunt, décidément remarquable, et dont on espère qu'elle aura bientôt un rôle à sa mesure. Les deux acteurs sont finalement le meilleur atout de ce film sans relief, dont la bonne idée de départ ne suffit pas à assurer la réussite.

Lorsqu'arrive le générique de fin, on peut penser qu'on est passé à côté d'un joli film et qu'on oubliera vite "Arthur Newman". C'est bien dommage...







mardi 6 octobre 2015

Une petite zone de turbulences (2009)


On traverse tous, dans notre parcours de vie, des périodes un peu compliquées où les événements semblent se conjuguer pour vous rendre l'existence impossible. Généralement, on en sort plus fort. Conter, par écrit ou à l'écran, ce genre de péripétie est donc presque "normal". Mark Haddon, romancier britannique (connu surtout pour  "Le bizarre incident du chien pendant la nuit") a vu son roman "Une situation légèrement délicate" (en version originale "A spot of bother") adapté au grand écran par Alfred Lot (avec la complicité de Michel Blanc aux dialogues), sous le titre "Une petite zone de turbulences". La multiplication et la longueur des titres y étaient-elles pour quelque chose ? Toujours est-il que malgré une belle distribution, le public ne se rua pas pour voir ce film et que, depuis, il est souvent rediffusé sur la TNT. Vaut-il ces séances de rattrapage ?

Ça y est, l'heure de la retraite a sonné pour Jean-Paul. Mais, alors qu'il aspirait au calme et à la sérénité, rien ne va plus. Sa fille, divorcée et déjà mère d'un petit garçon, lui annonce qu'elle se remarie, qui plus est avec "Bac moins six", un garçon bien en deçà des espoirs qu'il fondait. Sa femme le trompe avec un ancien collègue. Son fils affirme son homosexualité, quitte à se brouiller avec lui. Et puis, il y a cette tache étrange sur sa hanche. Bien qu'il s'agisse, selon le docteur, d'un bête eczéma, Jean-Paul sait que c'est un cancer. Elle commence mal, cette retraite...

Retrouver Michel Blanc dans un rôle de colérique hypocondriaque a quelque chose du plaisir coupable de cinéphile. Pour ceux qui ont été bercés aux comédies mettant en scène les acteurs du Splendid, avant son somptueux virage (notamment grâce à "Tenue de Soirée"), cet acteur a une place toute particulière. Ajoutez à cela le fait qu'il contribue aux dialogues de "Une petite zone de turbulences" et vous comprendrez mieux l'intérêt que ce film suscita pour moi. 

Soyons franc : "Une petite zone de turbulences" n'a rien d'un chef d'oeuvre, mais est néanmoins un film qui aurait mérité mieux que son traitement de défaveur lorsqu'il sortit. Porté par une mise en scène élégante et souvent adroite, le deuxième long métrage d'Alfred Lot (après "La chambre des morts") se regarde sans déplaisir et provoque souvent le sourire, voire le rire. Si son scénario n'a rien d'extrêmement surprenant, ce portrait d'un homme au bord de la crise de nerfs est souvent juste, a défaut d'être véritablement caustique. 

Heureusement, il y a les acteurs : Michel Blanc en tête, bien entendu, qui se délecte visiblement d'interpréter ici une prolongation de ses rôles historiques de râleur-hypocondriaque, mais aussi Gilles Lellouche, particulièrement fin dans l'interprétation du futur gendre mal-aimé, ou Cyril Descours, en fils homosexuel. J'émettrais quelques réserves sur la performance de Mélanie Doutey, décidément charmante, mais qui a (pour être poli) encore une belle marge de progrès. Et c'est un vrai plaisir de retrouver Miou-Miou, même si son rôle n'est pas assez mis en valeur, ou Wladimir Yordanoff, un acteur qu'on aimerait voir plus souvent sur grand écran.

Alors "Une petite zone de turbulences" n'est probablement pas la comédie familiale grinçante qu'on aurait pu obtenir. Pas assez corrosif pour faire grincer des dents et sans doute trop optimiste pour faire réellement rire, ce film vaut surtout pour son interprétation. Ce n'est pas la première fois que les acteurs sont le meilleur atout d'un film, et sans doute pas la dernière. C'est déjà cela.



jeudi 1 octobre 2015

In her shoes (2005)





Curtis Hanson est surtout connu pour sa très belle adaptation de "L.A Confidential" (qui reçut la bénédiction de James Ellroy himself, c'est dire) et pour "8 Mile", qui mit le rappeur Eminem en vedette. C'est oublier qu'il a aussi réalisé "La main sur le berceau", un honnête thriller ou, plus récemment "In her shoes", qui a régulièrement les honneurs de la TNT. Ce dernier film n'avait pas rencontré beaucoup de succès lors de sa sortie en France, malgré la présence à l'écran de Cameron Diaz, de Toni Collette et de la grande Shirley McLaine.

Maggie et Rose sont sœurs, mais tout semble les opposer. Dyslexique et persuadé d'être idiote, Maggie utilise son physique de rêve pour attirer les hommes. Rose est un bourreau de travail et s'est convaincue que sa vie amoureuse serait une catastrophe. Elle se réfugie dans sa collection de paires de chaussures. Une pointure identique, voilà tout ce qui unit Maggie et Rose, semble-t-il. Après un énième conflit, les deux soeurs vont finalement devoir se rapprocher et apprendre à s'aimer.

Les films se penchant sur le thème de la sororité ne sont pas aussi nombreux que ceux qui traitent de la fraternité. Pourtant, les rapports qu'entretiennent les sœurs méritent autant, si ce n'est plus, d'intérêt que ceux des frères. Les deux héroïnes de "In her shoes", en tout cas, forcent le respect, si ce n'est l'attachement. Parfois agaçantes, l'une par son irresponsabilité, l'autre par sa rigueur, Maggie et Rose emportent finalement l'adhésion du spectateur. La mise en scène de Curtis Hanson, toute en hommage à ses actrices, est élégante et souvent adroite. 

Une fois encore, c'est sa distribution qui est le plus bel atout de "In her shoes". Qu'il s'agisse de Cameron Diaz, de Toni Collette ou de Shirley McLaine, les femmes illuminent ce film qui est presque un hommage au sexe qu'on dit faible. Dans le rôle de la frivole Maggie, Cameron Diaz prouve qu'elle n'est pas qu'un superbe physique et joue malicieusement de sa plastique, tout en insufflant de l'âme à son personnage. Face à elle, Toni Collette démontre qu'elle n'est pas condamnée à des rôles parfois ingrats et prouve son indéniable charme. Enfin, Shirley McLaine, toujours aussi merveilleuse, achèvera de mettre tout le monde d'accord : celle qui fut Irma la douce n'a rien perdu de son talent. 

Évitant habilement les pièges contenus dans le pitch de départ, et aidé par un scénario plus futé qu'il n'en a l'air, Curtis Hanson montre qu'il est plus qu'un honnête faiseur et livre un film qui mérite le déplacement. Mal vendu (la tagline de l'affiche laissait présager le pire), cette comédie qui n'en est pas une vaut pour ses actrices et la façon dont elles sont mises en valeur.