vendredi 27 novembre 2015

Robin des bois, la véritable histoire (2015)





Je ne sais pas ce qui m'a pris. Cela fait des mois, voire des années, que je me lamente sur le sort de la comédie française. Et puis, là, sous le coup d'un moment d'égarement, j'ai voulu visionner "Robin des bois, la véritable histoire". Le truc sentait à des lieues la parodie potache, l'humour pas très fin, bref : ça n'augurait rien de bon. Mais j'y suis allé quand même. Je ne comprends pas pourquoi, j'ai appuyé sur le bouton "play"

Robin dit "des bois", parce qu'il habite dans les bois, justement, trouve que voler les pauvres, c'est un bon moyen de gagner sa vie. Et, comme il aimerait bien racheter la maison close où il passe le plus clair de son temps, parce que c'est trop cool de boire des coups entouré de femmes de petite vertu, Robin, avec son acolyte Tuck, décide de monter un gros coup.

Je vais être franc avec vous, amis lecteurs. Je suis bien incapable d'aller plus loin dans le résumé de "Robin des bois, la véritable histoire", de et avec Max Boublil, tout simplement parce que j'ai arrêté le visionnage, que dis-je, le massacre, après dix minutes (qui me parurent une éternité). Et pourtant, j'étais en demande : en ces temps troublés où la peur rôde dans chaque coin de notre esprit, où l'on cherche désespérément un prétexte au rire, fût-il facile, je pense que même une comédie de Fabien Onteniente m'aurait fait sourire. 

Mais là, non, ce qui aurait pu être un remède fut pire que le mal. Comment peut-on monter un film basé sur autant de bêtise et de vulgarité crasse ? Est-il possible que des professionnels du septième art se disent que l'accumulation de scènes pipi-caca, de clichés machistes puisse donner un film digne de ce nom ? En visionnant le début de "Robin des bois, la véritable histoire", j'ai eu le sentiment d'avoir marché dans un truc sale qui aurait du rester dans le caniveau.

Sans doute n'ai-je pas compris qu'il fallait prendre tout cela avec un deuxième, voire un troisième ou un quatrième degré, me rétorqueront ceux qui ont goûté l'humour de ce film (ils ne sont pas si nombreux, au vu des faibles audiences de ce film). J'ai tendance à douter de la présence même de ces degrés et de leur maîtrise par ceux qui commirent cet accident cinématographique. Visiblement bricolé à la va-vite par Max Boublil et sa bande de potes, cette innommable bouse ne mérite qu'une destination : l'oubli.




dimanche 22 novembre 2015

Comme un avion (2014)



A chaque décennie sa crise, semble-t-il. A celle de la quarantaine, déjà maintes fois illustrée au cinéma, succède maintenant la crise de la cinquantaine. Bruno Podalydès, frère de Denis, a, il y a peu, raconté sa version de cette étape de vie. Néanmoins, bien qu'encensé par la critique (pour une fois quasiment unanime), "Comme un avion" n'a pas rencontré un franc succès dans les salles. Alors, avons-nous assisté là à un schisme entre public et critique ? Ce ne serait ni la première, ni la dernière fois. 

Michel, infographiste, a toujours aimé les avions, mais n'a jamais osé prendre son envol. Au hasard d'un palindrome, il découvre le kayak qui, avec son fuselage quasi-aérien, lui donne envie de partir pour un voyage en solitaire. Alors, il s'embarque au fil de l'eau, laissant sa femme sur la rive.
Il rencontrera des pêcheurs à la ligne, d'autres kayakistes, mais s'arrêtera sur un curieux îlot, où semblent l'attendre une veuve énergique, une jeune fille romantique et des artistes agités : bref, un autre monde, une autre vie.

Il est clairement deux ou trois choses que l'on peut reprocher au cinéma de Bruno Podalydès. Tout d'abord, à rester dans l'ombre de la capitale, on pourrait tiquer sur son apparent parisianisme, a priori renforcé par l'adulation que lui portent les critiques parisiennes, justement. Comme pour affirmer son amour pour Paris et sa couronne, Podalydès narre une histoire où il n'arrive pas à s'éloigner de plus de quelques kilomètres. Au passage, il montre qu'en restant dans sa zone de confort à lui, il réussit tout de même à dérouler son scénario et à partir en voyage, fût-ce à petite échelle. 

Un des autres reproches que l'on pourrait faire à Bruno Podalydès est de faire du cinéma uniquement pour ceux qu'on qualifie aisément de "bobos" (parisiens ou non), ou plus largement de rester dans un entre-soi un brin hermétique. Ce sentiment prédomine ici une fois de plus, comme c'était déjà le cas dans "Bancs publics". Le petit monde décrit ici n'est pas celui de la vraie vie et nombreux sont ceux
qui peuvent ne pas se sentir concernés par la navigation du héros. Le fait que le réalisateur se soit entouré de ses acteurs fétiches ne peut que renforcer cette impression, sans doute pas étrangère au peu de succès du film de l'autre côté du périphérique.

Cela dit, il faut rendre cependant justice à "Comme un avion", qui est avant tout un joli petit film où le temps s'écoule au rythme du courant de la rivière que suit Michel. Cette ballade douce-amère, s'embourbant parfois dans des scènes où l'ennui affleure, regorge cependant de moments amusants, voire franchement drôles.  Et, surtout, ce film est porté par des comédiens épatants. Autour de Bruno Podalydès, gravitent les toujours remarquables Agnès Jaoui (qu'on n'avait pas vue aussi épanouie depuis belle lurette), Sandrine Kiberlain (dont la seule présence suffit à magnétiser n'importe quelle scène), Vimala Pons (découverte dans ce film avec un rôle tout en sensibilité), mais aussi Michel Vuillermoz, Denis Podalydès, Jean-Noël Brouté, et Pierre Arditi (dans une apparition inattendue).

Si "Comme un avion" n'est pas le chef d'oeuvre cinématographique qu'ont annoncé les critiques emphatiques, ce petit film regorge pourtant de bons moments. Pour peu qu'on soit enclin à se laisser porter par cette histoire simple et légère, la ballade peut être agréable...


mardi 17 novembre 2015

La tendresse (2013)


Avec une histoire simple, on peut faire un beau film, fût-il petit. Des réalisateurs ont autrefois fait la preuve qu'il n'était pas nécessaire de déployer de grands moyens pour emporter l'adhésion des spectateurs. Avec "La tendresse", Marion Hänsel (essentiellement connue pour son adaptation des "Noces barbares") nous proposait, il y a peu, une de ces histoires simples, à hauteur d'homme et de femme. En ces temps de blockbusters parfois démesurés, pareille entreprise pouvait paraître salutaire. Hélas, ils furent peu à se déplacer en salles pour "La tendresse".

Lorsque leur fils est victime d'un grave accident de ski, Frans et Lise, séparés depuis quinze ans, sont contraints de faire route ensemble de Bruxelles aux Alpes. Dans la station enneigée, ils vont rencontrer les amis de leur fils et la fiancée de celui-ci. Ce couple de divorcés, unis le temps d'un voyage et autour de leur fils blessé va-t-il profiter de l'occasion pour se redécouvrir, s'apprécier, voire s'aimer ? 
Comme on le voit au résumé ci-dessus, l'histoire que narre Marion Hänsel dans "La tendresse" est toute simple : je ne vous ai pas menti. Cela dit, cette simplicité n'est jamais transcendée par la réalisation ou par les personnages. Ne tournons pas autour du pot : "La tendresse" n'attire pas l'affection. Ses deux personnages centraux, qui passent une bonne partie de leur temps à faire l'inventaire de ce qui a changé et de ce qui n'a pas changé depuis leur séparation, n'ont qu'un capital de sympathie réduit au minimum. Conséquence immédiate : on ne s'attache pas à eux et l'envie de suivre leur voyage fond comme neige au soleil, dès les premières scènes.

Faute d'un scénario épais, c'est vers les personnages qu'on devrait pouvoir se tourner. Ici, c'est en pure perte. Pour ajouter au ratage, leur interprétation est grandement décevante. La réalisatrice Maryline Canto, particulièrement peu inspirée, incarne Lise, mais sans lui donner la chaleur humaine qu'on aurait pu attendre de pareil rôle. le jeune Adrien Jolivet semble lui aussi peu inspiré (le talent peut sauter une génération, on a vu des précédents). Heureusement, il y a l'excellent Olivier Gourmet, dont le personnage est finalement celui auquel on s'attache le plus, en grande partie parce que son interprétation est, comme souvent, remarquable, bien que son rôle soit (comme la plupart des personnages) assez mal écrit.

Mise à part la présence d'Olivier Gourmet, "La tendresse" ne mérite guère plus qu'un visionnage distrait, avant d'être vite oublié. Ce petit film belge n'est pas de ceux qui font honneur à la prolifique et intéressante moisson d'outre-Quiévrain.



mardi 10 novembre 2015

Un illustre inconnu (2014)

 

Il est des films bâtis sur leur distribution. D'autres, plus audacieux encore, misent tout sur leur acteur principal : leur réussite réside alors sur le talent de celui-ci et également sur sa capacité à drainer les spectateurs. Sorti il y a quelques mois, "Un illustre inconnu" a eu, hélas pour ses producteurs, l'honneur de faire partie des films les plus boudés par le public français. Malgré un pitch intrigant et une affiche accrocheuse, il mettait en scène Mathieu Kassovitz, le sale gosse du cinéma français.

Nicolas, discret employé d'une agence immobilière, n'est personne. Mais, lorsqu'il s'empare de l'existence d'un autre, se métamorphosant en lui, copiant jusqu'à ses moindres traits, Nicolas existe enfin et devient quelqu'un.
Faute de vivre sa vie, il vit donc celle des autres, jusqu'à ce qu'il se glisse dans celle d'un homme étrange et fascinant, dont le passé va remonter à la surface, jusqu'à submerger Nicolas.


On a peine à croire que "Un illustre inconnu", avec son atmosphère de thriller sous tension (du moins dans sa première partie) porte la signature de Matthieu Delaporte, co-réalisateur de la comédie "Le prénom". Les premières scènes, en effet, installent un malaise diffus qu'on n'avait pas ressenti depuis longtemps. Sur une idée de base audacieuse et plus qu'intéressante, "Un illustre inconnu" est une réussite, jusqu'à sa deuxième partie, quand l'histoire s'égare du côté de l'intrigue familiale, et perd de sa puissance. C'est d'autant plus dommage que Delaporte réussissait à poser une vraie ambiance et à exploiter un pitch improbable que bon nombre de réalisateurs auraient transformé en n'importe quoi.


Heureusement, encore une fois, les acteurs sont là et représentent le plus bel atout du film. En tête, évidemment, celui sur les épaules duquel repose tout l'édifice : Matthieu Kassovitz, absolument éblouissant. L'enfant terrible du cinéma français montre ici qu'il est au nombre des grands du septième art. Comme en écho à "Un héros très discret", son personnage d'usurpateur est sans conteste à classer parmi ses meilleurs rôles et ses grandes compositions. Face à lui, Marie-Josée Croze s'en sort avec les honneurs, bien que son personnage n'ait finalement que peu d'épaisseur (et serve la partie la moins intéressante du scénario).

N'eût été l'époustouflant numéro d'acteur de Matthieu Kassovitz, "Un illustre inconnu" ne présente finalement qu'un intérêt relatif. Partant d'un postulat de base trop gonflé pour tenir la distance, ce film est finalement une demie-déception..ou une demie-réussite, selon l'humeur.




jeudi 5 novembre 2015

Return to sender (2015)




Dans la carrière de certains acteurs, il suffit d'un film pour passer de l'ombre à la lumière. Reste alors à gérer la suite. On en a vu des étoiles filantes s'éteindre après avoir intensément brillé dans une oeuvre. Lors de la sortie récente de "Gone girl", la belle Rosamund Pike eut l'honneur des tapis rouges et de la presse spécialisée. Le rôle offert par David Fincher lui avait donné l'occasion d'exprimer une facette méconnue de son talent. Il était donc logique qu'on lui propose des rôles similaires, sans doute dans l'espoir de profiter du filon. "Return to sender" de Fouad Mikati, toujours inédit dans nos salles obscures (comprenez par là qu'il sera cantonné au marché vidéo), est un bel exemple de cette tentative.

Miranda, une belle infirmière, vit seule ou presque, entre deux visites de son père. Quand elle accepte un rendez-vous d'un inconnu, chez elle qui plus est, sa vie bascule. Dès lors, elle va tenter de se reconstruire, tandis que l'homme qui l'a violée croupit en prison. 
Contre toute attente, Miranda va tenter de retrouver la trace de ce monstre, afin de communiquer avec lui. Commence alors une étrange correspondance entre la victime et son bourreau, sous le regard effrayé de l'entourage de Miranda.

Croyez-le ou non, en écrivant le pitch ci-dessous (et c'est parfois un exercice délicat), je me suis rendu compte à quel point l'intrigue de "Return to sender" manquait d'épaisseur. Il s'en est, en effet, fallu de peu que les quelques lignes de présentation (censées donner l'envie de visionner le film, le cas échéant) ne résume l'intégralité de l'histoire. Vous conviendrez donc que ce billet commence plutôt mal. Pour son deuxième long-métrage, après "Opération : Endgame", Fouad Mikati livre un film vendu comme un thriller psychologique, mais dont l'emballage est hélas trompeur. Il n'y a pas grand chose dans la boîte et l'on est en droit de râler, une fois le visionnage terminé. 

Partant d'une idée qui aurait pu donner quelque chose d'intéressant, le scénario arrive rapidement au bout de son discours et doit, pour remplir le format réglementaire, faire du remplissage. On a donc droit à de nombreuses scènes inutiles, afin de patienter jusqu'au dénouement et au twist final, amené avec une maladresse telle qu'on ne peut y croire un instant.


Pour donner vie à cette histoire invraisemblable, c'est essentiellement sur les épaules de trois acteurs que repose la tâche. En premier lieu, Rosamund Pike, certes très belle, mais semblant ici peu convaincue de l'histoire (on la comprend), livre le minimum syndical. En face d'elle, en psychopathe repenti (ou pas), Shiloh Fernandez, jusque là surtout remarqué dans les séries télévisées, en fait mille fois trop. Enfin, le vétéran Nick Nolte, dans les quelques scènes où il apparaît, a souvent l'impression de se demander ce qu'il fait là. 
Le spectateur aussi, d'ailleurs. 

Certes, Rosamund Pike est très belle, mais cela ne suffit en rien à assurer la réussite d'un film. Pour ce faire, il faut quelques ingrédients indispensables : un scénario digne de ce nom et un réalisateur capable de mettre ce dernier en images. Faute de disposer de l'un ou de l'autre, "Return to sender" s'oublie très vite.