vendredi 19 avril 2013

Age of Heroes (2011)



Près de soixante-dix ans après sa conclusion, force est de constater qu'il reste des histoires à raconter sur la Seconde Guerre Mondiale. En matière de films, on ne compte plus le nombre d'oeuvres ayant traité, d'un point de vue ou d'un autre, de ce gigantesque conflit. Genre à part entière, le film de guerre compte dans ses rangs d'authentiques chefs d'oeuvre ayant fait date dans l'histoire du septième art. Il y a aussi dans le lot bon nombre de films mineurs, voire de navets oubliables.


Sorti directement en DVD dans nos contrées, "Age of Heroes" est le premier volet d'une trilogie consacrée à l'histoire de Ian Fleming, futur créateur de James Bond. Les deux volets à venir devraient s'intituler "Age of Glory" et "Age of Honour" et devraient être mis en scène par Adrian Vitoria, réalisateur (et coscénariste) de ce premier opus. J'emploie volontairement le conditionnel car, au vu du premier volet, je doute fort que la suite de l'histoire voit le jour sur grand écran.

Annoncer d'emblée que "Age of Heroes" est basé sur la carrière de commando de Ian Fleming est quelque peu mensonger. En effet, le jeune Fleming, enrôlé dans la bataillon monté par le Colonel Jones, n'est qu'un personnage secondaire, le film mettant plus en avant les personnages interprétés par Sean Bean et Danny Dyer. Commençant lors de la déroute de 1940, le film bondit rapidement en avant pour enchaîner avec la formation d'un groupe de commandos qui sera envoyé en Norvège pour accomplir une mission de la plus haute importance. 

Parti d'une bonne idée, "Age of Heroes" ne tient hélas pas ses promesses et s'avère décevant. La faute en revient essentiellement à un scénario bâclé, qui semble avoir été écrit au fur et à mesure du tournage, et faisant fi des règles élémentaires inhérentes au genre.  Les héros du titre, sensés être au centre du récit, sont bien mal exploités par celui-ci.
Dans un des rôles principaux, Sean Bean, l'inoubliable Boromir du "Seigneur des Anneaux" et l'Eddard Stark de "Game of Thrones" est monolithique et semble souvent perplexe quant à ce film vendu en grande partie sur son nom. Derrière lui, les jeunes acteurs en font trop ou trop peu et, semblant être livrés à eux-mêmes et sont à peine crédibles dans leur rôle de commandos prêts à tuer pour accomplir leur mission. 

Il faut dire que la réalisation ne fait rien pour ajouter à la crédibilité de l'ensemble. Traînant parfois en longueur au point de donner une impression de remplissage, le film est sujet à de curieuses ellipses, ainsi qu'à de multiples pistes non suivies, et je ne parle même pas du peu de cas fait du personnage de Fleming, finalement sous-exploité. 

Au visionnage, "Age of Heroes" déçoit. Effleurant des thèmes qu'il n'explore finalement pas, le film ne tient pas les maigres promesses qu'il portait. Il est difficile de reprocher à un film son petit budget, mais "Age of Heroes" pâtit fortement du manque cruel d'ambition de ses créateurs et de leur amateurisme. Si vous êtes amateurs du genre et indulgents quant à la qualité, vous pourrez y jeter un oeil et (qui sait ?) y dénicher quelques moments intéressants. Si ce n'est pas le cas, passez votre chemin.








lundi 15 avril 2013

Etape par étape

Cela commence par une envie d'arbres...

...aux couleurs inattendues...

...mais, après tout...

...pourquoi pas ?



jeudi 11 avril 2013

La plage (2000)


Après avoir fait irruption dans le paysage cinématographique européen, puis mondial, grâce à sa "Money bag trilogy" (dont le troisième volet, "Une vie moins ordinaire", fit l'objet d'une chronique en ces lieux), Danny Boyle était au sommet. Bien qu'ayant reçu un accueil mitigé pour son dernier film, il eut l'opportunité d'adapter au grand écran le roman d'Alex Garland, son complice scénariste, avec en tête d'affiche la star de cette époque : Leonardo di Caprio. Pour ceux qui auraient vécu les vingt dernières années dans une grotte, le jeune Leonardo surfait alors sur la vague "Titanic" et aurait pu rendre rentable n'importe quel nanar, ou presque. C'est du moins ce que pensèrent les producteurs de "La plage", alors que Boyle lui aurait préféré son acteur fétiche, Ewan McGregor. Pour la petite histoire, cette petite trahison fut l'origine de la brouille entre les deux hommes. 

Richard, jeune américain aventureux en séjour en Thaïlande, fait la rencontre de Daffy, un anglais visiblement en proie à un grand désordre mental. Ce dernier lui parle d'une plage idyllique, sur une île cachée : là, vivrait une communauté ayant trouvé le chemin du bonheur. Quand il retrouve Daffy suicidé dans sa chambre d'hôtel, Richard décide de chercher cette plage et, la carte de Daffy en main, entraîne avec lui la jolie Françoise et son compagnon Etienne. Ce qu'ils vont découvrir n'a pas fini de les surprendre et changera leurs existences.

Les thèmes que convoque le scénario de "La plage" sont nombreux et auraient pu donner le meilleur. Entre la quête du paradis perdu et l'ode à la nature, pour n'en citer que deux parmi les principaux, il y avait déjà matière à un film ambitieux. Filmé dans les décors sans pareil de la Thaïlande, ce long métrage ne réussit pourtant pas à pousser son spectateur à une vraie réflexion, mais se contente de le balader dans le sillage de son acteur principal, quitte à partir totalement en vrille.. 

Même si les images sont souvent magnifiques, que Danny Boyle se sert avec brio de son talent indéniable de cinéaste, c'est la platitude extrême du scénario qui l'emporte. Malgré un pitch prometteur et une première moitié loin d'être inintéressante, le film s'ensable sur cette plage, aussi paradisiaque soit-elle. C'est comme si, une fois les protagonistes arrivés dans l'étrange communauté dirigée par Tilda Swinton, le scénariste ne savait qu'en faire. Du coup, il leur assène quelques clichés, beaucoup de banalités, avant de trouver le salut dans la fuite et le n'importe quoi.

Alors, bien sûr, les acteurs sont excellents, les images sont très belles, la réalisation est à la hauteur et je n'évoque même pas la bande originale (un vrai délice pour les oreilles, comme souvent avec Danny Boyle), mais on a plus l'impression d'assister à un long clip vidéo plus qu'à un film. Porteur au départ de thèmes forts et prometteurs, "La plage" semble avoir perdu en chemin son âme. Danny Boyle quittera Hollywood après cet échec. Au vu du reste de sa carrière, ce fut peut-être un mal pour un bien.


mercredi 3 avril 2013

Ma vie en l'air (2005)


Premier film de Rémi Bezançon, "Ma vie en l'air" ne reçut pas, à sa sortie, le succès espéré. A le revoir quelques années plus tard, on peut se poser la question de ce qui causa un tel désaveu public à ce premier film, pourtant fort honorable. Il est certain que si ce film ressortait aujourd'hui, il serait plus chaleureusement reçu, ne serait-ce que pour son casting. Pensez donc : les rôles principaux y sont tenus par Vincent Elbaz, Gilles Lellouche et Marion Cotillard. 

Yann Kerbec, fringant trentenaire, multiplie les contradictions. Parce que sa mère est décédée en lui donnant la vie à bord d'un avion, il est terrorisé à l'idée de devoir en prendre un. Il est cependant formateur en sécurité aérienne et intervient auprès des pilotes, via un simulateur de vol. Sa phobie l'a empêché de rejoindre la femme de sa vie à l'autre bout du monde et, depuis, il accumule les conquêtes d'un soir, sans pouvoir oublier celle-ci.

Comédie douce-amère sur la trentaine, "Ma vie en l'air" est  à la fois une comédie romantique et un film choral. Quelques années avant "Le premier jour du reste de ta vie", Rémi Bezançon y affirme déjà son savoir-faire en matière de réalisation, se permettant même quelques jolies audaces qui donnent un ton assez rock'n roll à l'ensemble. On sourit souvent, on rit parfois, on est ému : bref, c'est tout à fait le genre de film qui réussit à faire mouche, pour peu qu'on soit client de ce registre. 

Les interprètes sont exceptionnels et représentent l'intérêt majeur de ce film. Moi qui d'ordinaire trouve Vincent Elbaz assez médiocre, je dois reconnaître qu'il endosse le rôle de Yann Kerbec avec le juste dosage entre désinvolture et amertume. Gilles Lellouche est surprenant en copain parasite (et quelle coiffure !) : c'est sans doute là l'un de ses meilleurs rôles. Marion Cotillard, encore à l'aube de la carrière que l'on sait, est surprenante et délivre là une interprétation à mettre au nombre de ses meilleures. Au passage, c'est toujours agréable de revoir ces acteurs, devenus depuis des poids lourds du cinéma français, à leurs débuts. Je pourrais également évoquer les nombreux seconds rôles qui émaillent la distribution : de Cécile Cassel au trop rare Tom Novembre, en passant par Didier Bezace.

Cerise sur le gâteau, la bande originale est en tous points délectable (c'est devenu une constante chez Rémi Bezançon, d'ailleurs). Vous y retrouverez des compositions de Jeanne Cherhal et de Serge Gainsbourg, entre les plages de la bande originale composée par Sinclair.

Alors, certes, "Ma vie en l'air" comporte quelques passages inutiles, mais il possède un ton tout à fait charmant et on lui pardonnera volontiers ses quelques longueurs et lourdeurs, toutes fort mineures par rapport à ses très grandes qualités. 

Après "Ma vie en l'air", Rémi Bezançon réalisera, comme je disais en introduction, le très beau "Le premier jour du reste de ta vie" qui connaîtra, lui, un véritable succès lors de sa sortie.
Justice fut faite, enfin.