Cela faisait longtemps qu'un film échoué au rayon direct-to-video n'avait été l'objet d'une chronique dans ces colonnes. Mais, grâce (ou à cause) à une campagne publicitaire habile, "Predestination" a attiré mon attention. Pensez donc : du voyage dans le temps et ce qui s'annonçait comme un film à vous retourner le cerveau, n'ayant pas eu droit aux salles obscures, autant dire du pain béni pour ce blog.
L'homme qui tient le bar n'est pas ce qu'"il semble être, comme va le découvrir John, avec qui il entame la discussion. Il fait partie d'une organisation qui maîtrise le voyage temporel. Après avoir écouté l'étrange et poignante histoire de John, qui fut auparavant Jane, cet étrange voyageur, à la poursuite d'un dangereux terroriste qui menace l'équilibre mondial, va confier son secret à son nouvel ami.
De toute façon, il doit finir sa mission, puis renoncer à son statut si particulier, quelles que soient les conséquences...
Tiré d'une nouvelle de Robert A. Heinlein, à qui l'on doit quelques textes majeurs de la science-fiction (comme "Etoiles, garde à vous !" qui inspira "Starship Troopers"), "Predestination" a le mérite de l'audace. S'attaquer au voyage dans le temps et aux inévitables paradoxes qui en sont le corollaire exige un certain talent pour que l'oeuvre soit réussie. On en a vu plus d'un se casser les dents sur pareil exercice. Non content de s'y frotter, les frères Spierig se sont attaqués à un texte qui évoque aussi l'identité et ce qui fait qu'un individu est ce qu'il est. A ce titre, le parcours de Jane/John, dont le compte-rendu phagocyte une bonne partie du film, est déjà une histoire dans l'histoire, et pourrait presque se suffire à lui-même.
Les deux réalisateurs allemands de cette production australienne, déjà repérés avec "Daybreakers" (avec Ethan Hawke, déjà), ont une patte, il faut leur reconnaître cette qualité. Le film possède indéniablement une identité visuelle et narrative, qu'il s'agisse du design général ou du rythme imposé au récit. Ils ont également une véritable audace, puisqu'à ce qui aurait pu n'être qu'un bon petit thriller de science-fiction, ils ajoutent une couche de complexité en s'attaquant à des questions quasi-existentielles.
C'est sans doute là leur erreur, puisque la dernière partie du film en pâtit lourdement, faute d'une vraie clarification. Partant de la grande question "l’œuf ou la poule ?", "Predestination" perd son spectateur en ne bouclant pas totalement la boucle (ou les boucles, d'ailleurs, j'ai un doute) du début du film. Bien évidemment, cette approche peut être vue comme une invitation au spectateur : prenez les commandes et décidez de ce qu'est la fin (ou le début, là aussi, j'ai un doute) du film.
Les deux réalisateurs allemands de cette production australienne, déjà repérés avec "Daybreakers" (avec Ethan Hawke, déjà), ont une patte, il faut leur reconnaître cette qualité. Le film possède indéniablement une identité visuelle et narrative, qu'il s'agisse du design général ou du rythme imposé au récit. Ils ont également une véritable audace, puisqu'à ce qui aurait pu n'être qu'un bon petit thriller de science-fiction, ils ajoutent une couche de complexité en s'attaquant à des questions quasi-existentielles.
C'est sans doute là leur erreur, puisque la dernière partie du film en pâtit lourdement, faute d'une vraie clarification. Partant de la grande question "l’œuf ou la poule ?", "Predestination" perd son spectateur en ne bouclant pas totalement la boucle (ou les boucles, d'ailleurs, j'ai un doute) du début du film. Bien évidemment, cette approche peut être vue comme une invitation au spectateur : prenez les commandes et décidez de ce qu'est la fin (ou le début, là aussi, j'ai un doute) du film.
Porté par un Ethan Hawke dans un de ses meilleurs rôles, et par une Sarah Snook remarquable dans celui d'un personnage inattendu et subissant des transformations physiques non négligeables, le film manque néanmoins d'une véritable colonne vertébrale, à mes yeux. Les motivations des personnages auraient gagné à être mieux définies, les enjeux à être franchement tracés.
On portera au crédit de "Predestination" une atmosphère, un design indéniable, ainsi qu'une ambition à saluer. N'eût été un brin de confusion dans sa résolution, nous aurions pu célébrer une grande réussite. A défaut, c'est déjà un très bon moment.