vendredi 14 décembre 2012

Le convoyeur (2004)



Cofondateur de la mythique revue "Starfix", Nicolas Boukhrief a un jour décidé de franchir le pas et de passer derrière la caméra, en passionné du cinéma qu'il est. Après "Va mourire" et "Le plaisir (et ses petits tracas)", son troisième film fut "Le convoyeur", sorti en 2004. A peine rentabilisé en salles, ce film est régulièrement rediffusé, souvent relégué dans les tranches les plus ingrates de la TNT. Méritait-il pareil traitement ? Je n'irai pas par quatre chemins : la réponse est non, "Le convoyeur" aurait du déplacer les foules, lors de sa sortie.

Le héros du film est le mystérieux Alexandre Demarre, qui se fait embaucher au sein de la compagnie La Vigilante, spécialisée dans le transport de fonds, et récemment cible de plusieurs braquages particulièrement meurtriers. Découvrant à la fois des conditions de travail difficiles et des collègues hauts en couleur, Alexandre semble avoir un but secret et attise les curiosités de ses collègues et de ceux qui l'entourent, d'autant plus que La Vigilante est sur le point d'être rachetée.  

On est clairement dans le film dit "de genre", avec "Le convoyeur", et c'est parfaitement assumé par toute l'équipe du film. Passionné de cinéma, Nicolas Boukhrief maîtrise sans peine l'art du récit et réussit à tenir son spectateur en haleine du début du film à son dénouement. Introduisant son histoire par une scène brutale instillant le danger auquel sont exposés les convoyeurs, Boukhrief maintient jusqu'au dernier plan une tension qui met les nerfs du spectateur à rude épreuve. Et si les motivations du héros sont éclaircies aux deux-tiers du film, c'est pour permettre au scénario d'aller jusqu'à son terme, sans concession, avec une efficacité rarement atteinte dans le cinéma français. A plusieurs reprises, dans le film, on songe à Michael Mann ou à Martin Scorcese, par exemple. Mais l'ombre du cinéma social "à l'anglaise" plane aussi sur "Le convoyeur", notamment lors des scènes se déroulant dans les locaux de La Vigilante. Filmant alors à hauteur d'homme, Boukhrief donne de l'épaisseur à ses protagonistes, quitte (parfois) à frôler la caricature.

Pour donner vie à son histoire, Nicolas Boukhrief s'est entouré d'un casting redoutable. Albert Dupontel, décidément trop rare dans le cinéma français, prouve qu'il est un acteur immense en endossant un rôle tout en tension, avare de mots, mais pas inexpressif pour autant. Face à lui, Jean Dujardin, encore aux balbutiements de sa carrière, excelle dans un rôle plus complexe qu'il n'y parait. Et il en est de même pour tout le reste de la distribution, François Berléand et Claude Perron en tête. 

Magistralement interprété par un casting hors pair, techniquement remarquable, "Le convoyeur", tentative d'incursion dans le cinéma de genre, aurait mérité plus de succès à sa sortie. Ce n'est pas un film parfait, loin s'en faut (le final n'est pas exempt de tout reproche, sur le fond, comme sur la forme), mais il vaut amplement une deuxième séance...



10 commentaires:

  1. Je n'ai pas retrouvé dans le cinéma français la maestria technique de ce Convoyeur. Comme tu le souligne, le film n'est pas assez mis en valeur.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il y a un vrai manque, en matière de cinéma de genre, en France. De temps en temps, on a droit à une pépite, comme ce film, mais c'est si rare.

      Supprimer
  2. Une claque dans la gueule ce film... Merci d'en avoir parlé (j'ai du le voir en même temps que toi lors de la soirée Dupontel).

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je suis content qu'il t'ait plu ! Merci d'être passé.

      Supprimer
  3. Je vois qu'on a regardé D17 récemment!lol Moi aussi j'ai revu ce film et en effet, il est beaucoup trop peu cité au détriment de Nid de guêpes qui est surplanté par Le convoyeur. Au niveau de l'atmosphère, on ne sait pas très bien au départ qui est Dupontel et ses motivations. Ce héros mystérieux perd sa complexité et on comprend mieux pourquoi il s'est engagé. Et puis visuellement il claque: l'assaut avec Berléand, le final sorte d'Assaut à l'intérieur... Sans compter les acteurs, Dupontel en tête. On cite l'horreur mais le cinéma de genre n'est pas uniquement caractérisé par ça.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Une belle claque, visuellement parlant, je suis d'accord. Et quelle interprétation ! Tous les acteurs "croient" en ce qu'ils jouent, et cela se voit !
      Merci de ton passage.

      Supprimer
    2. Même Berléand qui cabotinne un peu s'en sort parfaitement.

      Supprimer
    3. Absolument. La direction d'acteurs est impeccable, à mon avis.

      Supprimer
  4. Superbe film, en effet c'est frustrant qu'un tel film en France soit autant boudé. Tout à fait d'accord avec ta critique.

    RépondreSupprimer
  5. C'est rassurant de voir que je ne suis pas le seul à apprécier ce film. Merci d'être passé.

    RépondreSupprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.