mercredi 26 mai 2021

Comme un chef (2012)

 

Depuis quelques années, la gastronomie est revenue sur le devant de la scène, à la faveur d'émissions et de shows mettant en valeur les petits plats et le bonheur des papilles. Le cinéma a naturellement pris le train en marche et on a pu savourer (ou pas) des films se déroulant en cuisine. De "A vif" à "#Chef", pour n'en citer que deux, ils furent nombreux, les acteurs qui passèrent aux fourneaux. "Comme un chef" de Daniel Cohen vit s'affronter Jean Reno et Michael Youn, mais ne fut guère goûté à sa sortie, malgré les saveurs annoncées sur l'affiche. Depuis, il est resservi régulièrement sur le petit écran et a eu donc droit à quantité de séances de rattrapage (ou pas).

Jacky Bonnot, malgré son amour de la cuisine et son talent réel pour mitonner des petits plats, vivote de petits boulots, au grand désespoir de sa compagne, qui porte son enfant, et aimerait le voir garder un poste plus que quelques jours. Le hasard lui fait rencontrer le grand Alexandre Lagarde, chef étoilé qui doit affronter les financiers et voit ses étoiles menacées. Les deux cuisiniers sauront-ils faire cause commune pour avancer ? Leurs caractères dissemblables peuvent-ils s'accorder, dans la cuisine ?

Deux personnages que tout oppose, forcés de coopérer pour se sortir d'une situation compliquée : le postulat de base de "Comme un chef" n'a rien d'original. En le plaçant dans le monde de la gastronomie, son réalisateur ne fait pas montre d'une grande audace, mais choisit un décor de comédie avéré. De "La cuisine au beurre" à "L'aile ou la cuisse", le cinéma français s'est amusé plus d'une fois avec les casseroles (et en a traîné pas mal, au passage). 

Le problème, c'est que "Comme un chef" ne fonctionne pas très bien, pour le dire gentiment. Le scénario ne fait qu'accumuler les scènes, s'autorisant tout au prétexte d'arriver à sa résolution finale. On tiquera à plusieurs moments, selon l'indulgence que l'on aura à ce moment, mais certaines séquences, en particulier celles tentant la carte de la comédie pure, plombent le film plus qu'elles ne l'enrichissent (je songe notamment à celle de l'ambassadeur au restaurant). 

Du côté de l'interprétation, ce n'est guère mieux. On pourra, au choix, se lamenter du peu de profondeur des personnages, souvent caricaturaux, ou de leur interprétation. Les deux acteurs principaux ne sont jamais convaincants. Jean Reno, souvent monolithique, se contente de faire acte de présence dans la plupart de ses scènes, tandis que Michael Youn, tout en agitation, ne convainc jamais. Ce n'est pas non plus dans les seconds rôles qu'on pourra se consoler. A l'image de Julien Boisselier, dans un rôle plus que caricatural, ils n'ont guère l'occasion de briller. 

Ce qui aurait pu être une sympathique comédie populaire s'avère finalement un film paresseux, tentant de surfer sur la vague des émissions culinaires du moment, mais n'offrant rien de très nouveau. Ca sent le réchauffé, du côté de "Comme un chef". Si certains plats supportent ce traitement et, parfois, y gagnent en saveur, ce n'est pas le cas de ce film. 



mercredi 19 mai 2021

Parents d'élèves (2020)

 


Au nombre des (trop) nombreuses victimes collatérales de la crise sanitaire, certains films ont eu droit à une sortie rapide et à quelques jours de projection avant de voir le rideau tomber sur les salles de cinéma. Si certains d'entre eux bénéficieront d'une ressortie sous peu, la plupart finiront leur carrière sur le marché vidéo, et bien en-deçà de leurs espérances initiales. Parmi ceux sortis l'automne dernier, "Parents d'élèves", de Noémie Saglio (réalisatrice de la série "Connasse", ainsi que du film qui en fut tiré), reviendra-t-il au cinéma, quand ré-ouvriront les salles ? 

Bien installé dans sa petite vie tranquille de trentenaire, Vincent va, pour rendre service à sa voisine, prendre en charge le fils de celle-ci et l'emmener chaque jour à l'école. Passant malgré lui pour le père du garçon, Vincent se retrouve pris dans l'étrange communauté des parents d'élèves. Mais, quand il croise Nora, l'institutrice, il décide de jouer le jeu. A lui la joie des réunions, des sorties scolaires et des kermesses, et tant pis s'il ment un peu. 

Si l'affiche du film semble être claire à ce sujet, dissipons tout de suite le doute : nous avons affaire à une comédie. Certes, "Parents d'élèves" effleure de temps en temps les difficultés du corps enseignant, mais son véritable propos n'est pas là. Il ne s'agit pas d'un film militant, ni social, mais bel et bien d'une comédie avec une forte composante romantique. L'école qui tient lieu de décor n'est pas de celles laissées à elles-mêmes, mais ressemble à un petit nid douillet logé dans un quartier sans tache. Pour le réalisme, on repassera donc. 

L'itinéraire du film, très balisé, puisqu'empruntant majoritairement à la romcom, est donc un fleuve tranquille pour le spectateur, à défaut de l'être pour son héros (mais cela fait partie du genre). une fois accepté le cahier des charges inhérent au genre, il est tout à fait acceptable de s'installer devant "Parents d'élèves". Le film remplit une à une toutes les cases du registre, sans ostentation cependant, et c'est tout à son honneur. 

Au chapitre des points positifs, l'interprétation est fort honorable. Entre sensibilité et désinvolture, Vincent Dedienne se sort honorablement de ce premier rôle, tandis que l'inattendue Camelia Jordana réussit à être crédible dans son rôle d'institutrice entièrement dévouée à sa mission. Ajoutons à cela une ribambelle de seconds rôles contrastés et souvent savoureux (ingrédients indispensables, eux aussi, à la réussite d'une romcom) et il faut bien admettre que "Parents d'élèves" est plutôt réussi, dans son genre. 

On passe un moment sympathique durant ce "Parents d'élèves", même si ce film ne laisse guère de traces dans les mémoires. Sa vocation première étant probablement de faire passer un instant agréable à ses spectateurs, on peut donc considérer qu'il remplit sa mission. Ce n'est déjà pas mal. 



mercredi 12 mai 2021

Le petit locataire (2016)

S'il est un registre cinématographique auquel on peut associer une nationalité, c'est sans doute la comédie sociale, qui me semble attachée au Royaume-Uni. Nombreuses furent les tentatives d'approcher ou d'égaler le talent de Ken Loach ou de Mike Leigh, pour n'en citer que deux, dans ce délicat exercice de style consistant à parler de notre monde sans se moquer de ceux qui tentent d'y survivre. Le cinéma hexagonal s'est frotté plus d'une fois à ce registre, avec plus ou moins de bonheur : de "Normandie Nue" à Bowling", le résultat fut contrasté. Pour autant, les tentatives continuent. Avec Karin Viard en tête d'affiche, "Le petit locataire" a tenté sa chance, sans rencontrer le succès à sa sortie. 

Elle ne s'y attendait pas, Nicole. A 49 ans, alors qu'elle est déjà grand-mère, que sa fille vit toujours chez elle, qu'elle héberge sa mère invalide, et que son mari renâcle à trouver un emploi, elle pensait avoir tourné la page de la maternité. Mais quand son gynécologue lui annonce qu'elle va de nouveau être maman, Nicole prend un sacré coup sur la tête. N'est-il pas trop tard pour elle ?

Il semble évident que "Le petit locataire" ambitionne d'explorer le terrain de la comédie sociale, genre dominé par le cinéma britannique. En plaçant son histoire chez des gens "normaux", voire de la France d'en-bas, Nadège Loiseau semble, dans un premier temps, s'engager sur un terrain souvent mal exploité dans le cinéma francophone. Cette louable ambition ne tient malheureusement pas très longtemps, le film s'orientant rapidement vers la comédie pure, choisissant de concentrer son propos sur l'héroïne et sa famille et délaissant le monde autour. 

Karin Viard, centre de gravité du film, part parfois en roue libre et ajoute au joyeux chaos qu'on ressent parfois au visionnage du "Petit locataire". La famille de guingois qui orbite autour de son personnage comporte pourtant de sacrés personnages (sans doute trop d'ailleurs), du père cherchant sa voie et sa place, à la grand-mère qui s'éteint en douceur, en passant par la fille en mal de maturité. Mais, malgré leur talent, les acteurs peinent à exister face à l'interprète principale. Lors des quelques scènes où ils reprennent la balle, on appréciera d'autant plus leurs prestations. 

S'il comporte quelques jolis moments, "Le petit locataire" n'est cependant pas dépourvu de défauts. En choisissant le registre de la comédie sociale, la réalisatrice oublie néanmoins que les glorieux modèles de ce type de cinéma sont en général porteurs d'une colère, voire d'un message. La situation de départ ne sert ici qu'à générer des situations comiques, mais jamais à donner à réfléchir. La promesse initiale n'est pas tenue et il faut (ou pas) se satisfaire d'un film destinée à faire (seulement) sourire. C'est déjà ça, certes, mais ça aurait pu être tellement plus. 

 


vendredi 7 mai 2021

Cours toujours Dennis (2007)

 

Après dix années à incarner l'un des six amis de "Friends", Davis Schwimmer a eu une carrière plus discrète. On le sait peu, mais il est passé à plusieurs reprises derrière la caméra, d'abord à la télévision (ayant fait ses armes sur la série qui fit sa gloire), puis au cinéma : son premier film, "Cours toujours Dennis", est passé sous les radars de pas mal de monde, lors de sa sortie en 2007. Avec en vedette Simon Pegg, et prenant pour décor la capitale britannique, ce film méritait-il mieux ?

Il y a cinq ans, Dennis a pris peur, peu avant d'épouser Libby, qui attendait leur enfant. Le jour du mariage, il est parti en courant. Depuis, il mène une petite vie médiocre qui ne le satisfait pas. Quand Libby rencontre Whit, homme d'affaires qui a jeté son dévolu sur elle, Dennis comprend qu'elle est l'amour de sa vie et veut la reconquérir. Pour cela, il décide de battre Whit sur son terrain et s'inscrit à un marathon. Dennis n'a pas fini de courir.

Avec pareil pitch, il reste peu de place à la surprise : la comédie romantique qui se cache derrière "Run, Fatboy, Run" (le titre original du film), coscénarisé par Simon Pegg,  respecte nombre des balises qui façonnent le genre. Il faut, pour l'apprécier, accepter ce postulat et se contenter de profiter du voyage, dans divers endroits de Londres. Tourné en peu de temps, efficace à défaut d'être original, "Cours toujours Dennis" met ses décors en valeur avec efficacité et utilise sans faille le charme infaillible de ses interprètes. En tête, Simon Pegg semble s'être fait plaisir avec son personnage de faux-loser immature, face à la sublime Thandie Newton. Les seconds rôles sont eux aussi fort savoureux et apportent à leur manière le petit supplément qui manque tant à nombre de films du même registre. 

De jolis décors, des personnages savoureux, quelques situations drôles et des dialogues parfois piquants : les ingrédients nécessaires sont réunis et il ne restait plus qu'à les assembler correctement pour que la recette soit réussie. Fort heureusement, c'est le cas avec "Cours toujours Dennis", certes pas inoubliable, mais suffisamment réussi pour satisfaire son spectateur.

Même s'il s'agit d'un film léger, "Cours toujours Dennis" aurait sans doute mérité mieux qu'une sortie à la sauvette. Même si c'est un film qu'on oublie rapidement, il a le mérite de faire passer un moment plaisant.
En ces temps compliqués, c'est toujours bon à prendre, vous ne trouvez pas ?