mardi 31 mai 2016

Hôtel Woodstock (2009)


En 1969, le Festival de Woodstock, qui aurait pu tourner à la catastrophe, est entré dans la légende et reste sans doute LE festival ayant le plus marqué les esprits. Durant trois jours, un petit village américain vit se réunir des centaines de milliers de jeunes, venus là célébrer la musique, la paix et l'amour. Ang Lee, réalisateur hétéroclite, à qui l'on doit des films aussi divers que "Raisons et sentiments" que "Hulk" ou "Le secret de Brokeback Mountain", nous offrit en 2009 un film passé sous pas mal de radars, narrant les dessous de ce festival. 

1969 : alors qu'il aide ses parents, criblés de dettes, à maintenir à flot le motel familial, au lieu de se consacrer à sa carrière de décorateur, Elliot apprend qu'une bourgade voisine a finalement refusé d'accueillir un festival de musique hippie. Comme il assume également le rôle de président de la chambre de commerce, il saute sur l'occasion et contacte les producteurs, avant de convaincre le voisin de louer son champ pour ce festival. Quand plus de 500 000 personnes arrivent sur les lieux de ce qui va devenir un événement historique, Elliot réalise que plus rien ne sera comme avant. 

Si les premières séquences sont quelque peu laborieuses et que l'histoire peine à démarrer, une fois l'introduction passée, il est difficile de nier la réussite de "Hôtel Woodstock". Racontant avec talent ces jours de fête et de paix, tandis que l'Amérique s'embourbait au Viet-Nâm, Ang Lee adapte le roman biographique d'Elliot Tiber, nous offrant une plongée dans une époque qui semble bien éloignée de la nôtre. Et ce voyage en utopie est un beau périple, en grande partie grâce à sa réalisation, à échelle humaine, avec juste ce qu'il faut de naïveté et énormément d'amour pour les personnages de cette belle histoire.

La distribution est à l'avenant : Demetri Martin, dans le rôle principal, est remarquable et ceux qui l'entourent donnent vie de belle manière aux protagonistes, pour le moins typés, de cette rencontre inattendue entre deux mondes. Qu'il s'agisse de Liev Schreiber, inattendu en agent de l'ordre travesti, d'Emile Hirsch, en soldat traumatisé par le Viet-Nâm, ou des excellents Henry Goodman ou Imelda Staunton, (et j'en oublie), tous les interprètes sont dans le ton du film, à la fois cool et humain.

C'est avec une belle maestria qu'Ang Lee (dont le "Hulk" avait pu décevoir) orchestre ce choc des civilisations, utilisant même le découpage d'écrans qu'on peut retrouver dans le documentaire "officiel" consacré au Festival de Woodstock. On y verra là un hommage, dont l'efficacité s'avère redoutable en termes d'immersion dans ces jours de fête mémorables. 

Même si l'on ne voit aucune image de concert (alors qu'Ang Lee aurait pu allègrement piocher dans les archives), l'ambiance de ces jours uniques est omniprésente dans le film. Empli de bienveillance, "Hôtel Woodstock" réussit à insuffler une véritable nostalgie pour la parenthèse enchantée que fut ce festival. 


jeudi 26 mai 2016

Trésor (2009)


Le grand Claude Berri, pape du cinéma français, s'est éteint en 2009, une semaine après le début du tournage de "Trésor". C'est François Dupeyron qui termina la réalisation de ce qui est considéré comme l'ultime film de celui qui nous offrit, entre autres, "Le vieil homme et l'enfant", "Tchao pantin" ou le diptyque "Jean de Florette" - "Manon des sources". Bien entendu, l'ombre du nabab du cinéma hexagonal plane sur le film, dont le générique de fin contient quelques images émouvantes. Pour autant, "Trésor" n'a pas déplacé les foules.

Jean-Pierre aime Nathalie depuis cinq ans. Pour célébrer les cinq ans de leur vie commune, il a l'idée d'un cadeau original : un chien, un bulldog anglais nommé Trésor. Il ne sait pas qu'en introduisant le chiot dans son couple, il va provoquer une grave crise dans celui-ci. Nathalie est éperdue d'amour pour Trésor, au point que Jean-Pierre se sent menacé par ce chien qui, non content de ronfler et péter, prend de plus en plus de place dans son histoire. 

Nous connaissons toutes et tous des gens, proches ou non, témoignant d'un amour débordant, voire excessif, pour leur animal de compagnie. C'est souvent amusant et parfois révélateur. Servi avec plus de malice et d'ironie, "Trésor" aurait pu moquer ces propriétaires de chien (ou de chat, ou d'ailleurs de tout autre bestiole à poil, plume ou écailles), excessifs au point de finalement passer pour propriétés de chien (merci à celui qui m'inspira cette formule, au passage). Brossant un portrait finalement peu flatteur de ces adorateurs des animaux, "Trésor" ne s'aventure cependant pas sur le territoire de la satire, pour se contenter de nous conter l'histoire d'un couple explosant en plein vol à cause d'un chien et des sentiments excessifs que celui-ci inspire.

Au lieu d'un portrait un brin mordant d'humains vite asservis par un dictateur à quatre pattes, le scénario s'égare entre une romance qui bat de l'aile et la contemplation des adorateurs d'animaux de compagnie, sans cependant prendre le recul nécessaire. Au bout de quelques séquences, on a tôt fait de se rendre compte que "Trésor" est plat et fera tout au plus sourire, jamais rire et encore moins réfléchir. 

Ce n'est pas l'interprétation qui sauve "Trésor". Une fois de plus, Mathilde Seigner est épouvantablement mauvaise, jouant faux du début à la fin, dans un rôle déjà excessif qu'elle fait basculer dans le caricatural. Alain Chabat, face à elle, n'est ici que l'ombre de lui-même, alternant entre excès et manque de foi dans son rôle. On le comprend souvent. Les apparitions de Fanny Ardant, en thérapeute pour animaux, ou d'Isabelle Nanty en patronne de salon de toilettage, de Bruno Putzulu en collègue las, ne sauvent hélas pas la rubrique "casting" de ce film. 

Sans doute le tragique accident vasculaire cérébral qui causa la disparition de Claude Berri est-il en partie à l'origine du sentiment de malaise et de maladresse qui règne sur "Trésor". Il peut paraître déplacé de dénigrer cet ultime film d'un monsieur qui fit tant pour le cinéma français. Mais le fait est que ce "Trésor" n'a rien d'inoubliable, ni de très réussi. Il est pléthore de film pour lesquels nous devons nous souvenir de Claude Berri : celui-là n'en fait pas partie.


samedi 21 mai 2016

Guillaume - la jeunesse du conquérant (2013)


Guillaume le Conquérant fait partie de ces personnages historiques dont tout le monde (ou presque) connaît le nom, mais dont bien peu de gens peuvent détailler la biographie. Pour peu qu'on s'intéresse à cette période de l'histoire, un film sur le Duc de Normandie, héros de la célèbre Tapisserie de Bayeux, a tout d'une initiative salutaire. Monté avec un budget ridicule et en grande partie financé grâce au crowdfunding, "Guillaume - la jeunesse du conquérant", sorti en 2013 (en catimini), n'a pas connu le succès.

1066 : A Dives-sur-Mer, la flotte normande, menée par le Duc Guillaume, attend que celui-ci donne l'ordre d'embarquer pour l'Angleterre, afin qu'il reprenne la couronne usurpée par son cousin Harold. Le Conquérant, comme on le nommera à la postérité, se remémore son enfance, sa jeunesse et tout ce qu'il eut à traverser pour arriver là où il est, de l'enfant bâtard qu'il fut au futur Roi d'Angleterre.


L'épopée de Guillaume le Conquérant méritait depuis longtemps un film à sa mesure. C'est quasiment un miracle que d'avoir réussi à boucler ce long métrage avec un budget sans doute équivalent à celui des costumes d'un gros film. On ne saurait reprocher à un film son manque de moyens, surtout s'il fait preuve d'ingéniosité et d'ambition. C'est cependant plus du côté de l'esthétique que se situe la bonne surprise de "Guillaume - la jeunesse du conquérant". Utilisant avec talent la lumière et les décors, Fabien Drugeon réussit à immerger son spectateur dans un XIème siècle souvent sale et brutal, mais qui impose un réalisme inattendu, au vu du tout petit budget.

Malheureusement, le scénario est le point le plus faible de ce film : en prenant le parti de n'explorer que la jeunesse de Guillaume (comme annoncé dans son titre), il s'expose à des longueurs et se prive d'un relief. La fin, plutôt abrupte, appelle bien évidemment une suite dont l'avenir est tout sauf certain. Faute d'ambition, "Guillaume - la jeunesse du conquérant" se prive d'une vraie réussite et laisse bien souvent le spectateur sur sa faim.

Du côté de l'interprétation, malgré toute la bonne volonté des acteurs (souvent des amateurs), on ne peut que pointer la maladresse et un jeu qui sonne souvent "faux". Déclamant leurs répliques, souvent faites de punchlines particulièrement mal à propos, les interprètes, sans doute mal dirigés, échouent à donner vie aux personnages de cette grande saga, à l'exception de quelques seconds rôles. 

Plein de bonnes et belles intentions, "Guillaume - la jeunesse du conquérant" est, hélas, un film sans grand intérêt. Le Conquérant méritait mieux.


lundi 16 mai 2016

Ce soir je dors chez toi (2007)


Première réalisation d'Olivier Baroux, "Ce soir je dors chez toi" n'est pas le plus connu de ses films, malgré ses multiples diffusions et rediffusions télévisées. Librement inspiré de la bande dessinée "Monsieur Jean", cette comédie abordait, une fois de plus, les thématiques du jeune couple. Porté par Jean-Paul Rouve et Mélanie Doutey, ce film ne draina pas les foules lors de sa sortie et hante depuis les grilles de la TNT. Oliver Baroux, quant à lui, mena la carrière que l'on sait, avec des hauts et des bas. 

Alex, écrivain trentenaire, aime Laëtitia depuis un an, mais s'oppose farouchement à ce qu'ils vivent sous le même toi. Selon lui, la cohabitation signe systématiquement la mort du couple. Qu'à cela ne tienne, sa douce prend l'initiative de bousculer les choses. Alex fait alors tout pour qu'elle ne s'installe pas avec lui, allant jusqu'à demander l'aide de son éditeur et ami, Jacques, encombré de son fils Eugène. 
Dans sa quête d'indépendance, Alex ne risque-t-il pas de perdre Laëtitia ?


Nul n'est besoin d'être un grand cinéphile pour identifier le thème dans lequel on doit ranger "Ce soir je dors chez toi" : c'est une comédie romantique, avec cependant un net penchant sur la composante humoristique du genre, que cela tienne au "passif" du réalisateur ou au matériau originel. Les scènes de "Ce soir je dors chez toi" s'enchaînent, comme autant de petits sketches, pas forcément tous drôles, mais sans l'harmonie nécessaire à la composition d'un film. C'est là que le bât blesse : les rebondissements, ingrédients inévitables du genre, donnent l'impression d'être là pour faire durer le film ou donner l'occasion de placer de petites saynètes, parfois hors de propos. 

Qui dit comédie romantique, dit aussi émotion : si elle montre parfois le bout de son nez, cette composante est systématiquement chassée au profit du comique, territoire de prédilection d'Olivier Baroux et de son casting. Encore au début de sa carrière de cinéaste, l'ex-comparse de Kad ne sait guère se détacher de son héritage et peine à convaincre, dans un genre nouveau pour lui. Il aurait sans doute mieux valu qu'il se lance, pour son premier long métrage, dans une comédie pure (oui, ce registre sinistré du cinéma français). 

Bien entendu, Olivier Baroux fait appel pour ce film à ses fidèles : Kad Merad, en vrai-faux dépressif, et Jean-Paul Rouve, ex-Robin des bois. Tous deux sont égaux à eux-mêmes, c'est-à-dire qu'ils enchanteront leurs admirateurs et agaceront leurs détracteurs. Mélanie Doutey, toute en sourire, est l'atout charme du film, mais j'avoue avoir du mal à comprendre qu'elle ait été récompensée pour son interprétation. 

Malgré quelques rares moments sympathiques, "Ce soir je dors chez toi" est plus une comédie faite de sketches qu'une romance, mais ne possède rien d'inoubliable, ni d'inspirant. 



mercredi 11 mai 2016

Vampires en toute intimité (2015)


On ne compte plus les films traitant des vampires, au point que chaque nouvelle incarnation cinématographique de ce mythe est souvent reçue avec méfiance, voire hostilité. Il faut dire que, ces dernières années, nous avons eu droit à quelques exemples de mauvais traitements. Par contre, utiliser le vampirisme comme base pour une comédie est chose plus rare (même si l'on peut trouver quelques exemples), et souvent à l'origine de films de piètre qualité. C'est en vidéo qu'est sorti "Vampires en toute intimité", réalisation néo-zélandaise à petit budget. A force de lire des avis souvent enthousiastes à son sujet, j'ai sauté le pas : ce film mérite-t-il sa réputation ?

Quatre vampires, qui vivent en colocation à Limoges, sont le sujet d'un reportage et sont donc suivis en permanence par les caméras. Entre leur vie quotidienne, la répartition des tâches, les difficultés qu'ils rencontrent pour se nourrir et leurs problèmes sociaux, ces créatures s'exposent à l'écran et dévoilent tout de leur vie. Sous l'oeil des caméras, le spectateur découvrira que faire partie de ces êtres immortels assoiffés de sang, ça n'est déjà pas facile, et que cohabiter avec ses semblables n'est pas toujours une partie de plaisir. 

Il y a un vrai débat autour de ce film et, plus précisément, de sa version française, assurée par le célèbre duo Nicolas et Bruno, déjà responsable des formidables "Messages à caractère informatif". Allant plus loin que la simple traduction, les deux compères ont fortement adapté le scénario (en logeant les protagonistes à Limoges plutôt que Wellington, par exemple) et ont confié le doublage à des artistes comme Alexandre Astier, Fred Testot ou Bruno Salomone. Pour certains fans de cette comédie, il n'est de salut qu'en version originale, mais je reconnais avoir pris un vif plaisir à la version française, une fois n'est pas coutume. Celle-ci apporte au film une dérision supplémentaire, qui pourra cependant ne pas plaire à tout le monde.  A bien y réfléchir, il est possible de voir dans "Vampires en toute intimité" deux films en un : la version néo-zélandaise, "What we do in the shadows", déjà succulente, et son adaptation française, qui ravira les amateurs des détournements de Nicolas et Bruno.

Interprété avec malice par Taika Waititi, Jemaine Clement (les deux réalisateurs et scénaristes), ainsique Jonathan Brugh, Cori Gonzalez-Macuer et tout une bande de joyeux drilles souvent inconnus, "Vampires en toute intimité" n'a que peu de passages à vide et réussit à être drôle du début à la fin. Preuve, s'il en était besoin, qu'un gros budget n'est pas synonyme de réussite, cette comédie maline, truffée de références, réalisée avec des bouts de ficelle, est visiblement l'oeuvre d'une équipe ayant foi en ce qu'elle fait. S'amusant visiblement et (et c'est le plus important) cherchant à amuser le spectateur, les acteurs de "Vampires en toute intimité" donnent à cette comédie loufoque tout son sel.

Utilisant avec la malice le concept du reportage live, "Vampires en toute intimité" est l'une des meilleures comédies vues depuis longtemps. A ce titre, il aurait mérité (en plus d'un titre intelligent) une sortie en salles.


vendredi 6 mai 2016

Miss Hokusai (2015)


Katsushika Hokusai est sans doute l'artiste japonnais le plus connu. J'en veux pour preuve le grand succès de l'exposition qui lui fut consacrée en 2015, à Paris. sa fameuse vague orne bien des salons, démonstration simple et éclatante d'un art à son apogée. L'an dernier, un long métrage animé réalisé par Keichi Hara, d'après un manga de Hinako Sugiura, fut proposé aux spectateurs, mais ne rencontra pas le succès habituellement réservé aux productions nippones, quand celles-ci viennent du studio Ghibli, par exemple.

Japon, durant la période Edo : le peintre Hokusai, artiste reconnu, croule sous les commandes, qu'il s'agisse de grandes fresques ou de dessins minuscules. Au faîte de son art, il se fait assister par l'un de ses quatre filles, O-Ei. Cette dernière, en plus de supporter les humeurs variables de son père, prend parfois en charge la finition de certains dessins.
Et puis, il y a la petite soeur d'O-Ei, dont Hokusai semble ne pas vouloir entendre parler.

Une chose est sûre, au visionnage de ce film : on découvre l'histoire du grand peintre sous un autre angle, celui de ses proches, quitte à faire descendre le grand homme du piédestal où son art l'a posé. Les rapports d'Hokusai avec O-Ei et l'absence de ces rapports avec sa petite fille sont ici décrites sans le vernis habituellement réservé aux grands hommes. Les angoisses et les souffrances d'O-Ei face aux sarcasmes et à la nonchalance de son artiste de père sont autant de fissures dans la légende.

Pour décrire ces pans méconnus de l'histoire d'Hokusai, Keichi Hara met en scène de sublimes dessins : c'était évidemment le moins qu'on puisse attendre, au vu du thème abordé. malheureusement, le scénario, qui manque cruellement d'une véritable intrigue et se contente d'aligner les anecdotes, peine à servir les images. La bonne idée de départ, consistant à se pencher sur la personnalité d'un des artistes majeurs de l'archipel nippon tombe à l'eau, et le spectateur doit se contenter de la contemplation. Si cet art qui consiste à s'abandonner, voire à se perdre devant une oeuvre, s'adapte tout particulièrement aux dessins d'Hokusai, il est moins bien adapté au dessin animé. 

Les images sont jolies, mais la structure de l'histoire, ou plutôt l'absence de celle-ci donne l'impression qu'il manque une ossature à l'édifice. Hokusai méritait sans doute mieux.


dimanche 1 mai 2016

Beur sur la ville (2011)


La mixité, les banlieues, l'intégration : voilà autant de thèmes qui suffisent à déclencher de farouches débats, quel que soit le public. Essayez dans votre prochain dîner, vous m'en direz des nouvelles. Le cinéma a, plus d'une fois, tenter de parler de ces sujets, que ce soit sur un ton sérieux ou avec dérision. Bien sûr, on pense dans ce cas à des comédies savoureuses, de celles qui vous réconcilient avec le septième art et le genre humain, comme "Les aventures de Rabbi Jacob", mais il en est d'autres, plus récentes, réussies ou non, qui prônent l'acceptation de l'autre. Djamel Bensalah, après un "Le ciel, les oiseaux et...ta mère" couronné de succès, eut moins de chance avec "Beur sur la ville".

Khalid Belkacem a multiplié les échecs, depuis sa plus tendre enfance. Qu'il s'agisse de sa scolarité, de son permis de conduire, ou du concours d'entrée dans la Police. Au nom de la discrimination positive, Khalid va cependant se retrouver propulsé aux commandes d'un commissariat, grillant à l'occasion la politesse à son beau-père qui espérait cette promotion.
Les ennuis ne font que commencer pour Khalid, qui doit maintenant participer à l'enquête sur les agissements d'un terrifiant tueur en série. 

Avec "Beur sur la ville" (vous aurez normalement compris la référence), on est dans la comédie burlesque, et la présence dans l'intrigue d'une enquête policière n'est qu'un prétexte, un peu comme l'était celle de "La cité de la peur". Le film de Djamel Bensalah entraîne son public dans des banlieues joyeuses et chaotiques, où la débrouille est souvent la seule façon de s'en sortir. C'est souvent caricatural, mais l'enthousiasme des acteurs fait passer bien des défauts. 

Bien plus que l'histoire, souvent confuse et répétitive, c'est en effet l'énergie des acteurs principaux et le passage de guests parfois inattendus qui maintient l'édifice en place. Avec sa drôle de bouille, Booder, accompagné par Issa Doumbia et Steve Tran, entraîne le spectateur dans des aventures dignes des Pieds Nickelés propulsés par accident dans le sillage du Commissaire Moulin. Pour les épauler, la divine Sandrine Kiberlain (plus ça va, plus j'aime cette actrice) semble parfois se demander ce qu'elle fait là, mais assume (bien avant "Neuf mois ferme") son talent comique. On notera également la présence de Josiane Balasko (qui avait déjà expérimenté ce mélange des genres avec "Les keufs"), de Gérard Jugnot, de Roland Giraud, de François-Xavier Demaison, de Jean-Claude Van Damme, de Ramzi Bedia, de Lionel Abelanski, et j'en passe.

C'est un joyeux bazar, parfois drôle, souvent confus. C'est plein de vie et de chaos, mais ça ne fait pas forcément un film solide et cohérent. Pour les plus indulgents, ou celles et ceux qui ont envie ou besoin d'un peu de rire, cela peut néanmoins être suffisant.