mercredi 26 février 2020

Frères ennemis (2018)



Le cinéma français a narré maintes fois l'affrontement entre flics et voyous, sur tous les tons ou presque. Quand la frontière entre les deux camps devient poreuse, l'exercice de style peut donner de grands films dramatiques, ou les âmes s'entrechoquent. On pense évidemment au cinéma du grand Jean-Pierre Melville ou à celui, plus récent, d'Olivier Marchal, pour ne citer que deux exemples. Co-scénariste du très bon "L'affaire SK1", David Oelhoffen réalisa il y a peu "Frères ennemis", où s'affrontaient le flic et le truand, sur un territoire commun, la banlieue. On parla peu de ce film lors de sa sortie. Aurait-on du lui porter plus d'attention ?

Alors qu'ils furent comme frères durant leur enfance, Manuel et Driss ont choisi, à l'âge adulte, deux chemins différents. Driss devint policier et travaille à démanteler les réseaux de trafics de drogue, là même où Manuel a opté pour l'autre côté du miroir, et vit de ces mêmes trafics.
Les événements vont pousser les deux hommes à se retrouver, à se confronter et à affronter leurs valeurs : qui a raison ? Qui a tort ? Qui en sortira indemne ?

Comme le fit Melville autrefois, David Oelhoffen plonge sa caméra parmi les truands de la même façon qu'il explore la vie de policiers. A armes égales, les deux camps, séparés par une ligne plus poreuse qu'il n'y paraît, se frottent l'un à l'autre et la tension est palpable. Autant le dire tout de suite, la filiation que j'attribue à ce film est tout à son honneur : il y a longtemps qu'on n'avait pas vu un film noir français aussi convaincant et presque totalement réussi. 

L'ambiance du film, portée par des acteurs inspirés, des décors réalistes et une photographie remarquable, est sans conteste son point fort. Rarement aura-t-on vu un film "de banlieue" (cette étiquette semble revenir en grâce, ces dernières années) aussi équilibré et réaliste. Le réalisateur, déjà remarqué pour son travail de coscénariste sur "L'affaire SK1", confirme l'essai : si vous êtes amateurs de films policiers où l'ambiance est du côté du réalisme, où les personnages sont dotés d'une vraie épaisseur et où les enjeux vont au-delà de la résolution de l'intrigue, vous serez comblés.

Autre point fort de "frères ennemis" : son interprétation est remarquable. Reda Kateb et Mathias Schoenaerts, les deux piliers de cette tragédie à la fois classique et moderne, sont impériaux et prouvent, s'il en était besoin, leur talent (qui mériterait d'être plus souvent exploité et mieux reconnu, si vous voulez mon avis).

Le seul bémol qu'on pourra mettre à "Frères ennemis" est du côté de son scénario, un rien prévisible et manquant de surprises. Mais la destinée des deux frères ennemis du titre semble, hélas, tracée, et, dans le registre qu'il exploite, il n'est guère de place pour le suspense : on est ici dans un drame humain avant tout et ses protagonistes ont beau savoir qu'ils foncent droit dans le mur, ils n'ont d'autre choix que de poursuivre leur destin. Il est rarement de happy end, dans le film noir comme dans la vie réelle. 

Moins clinquant qu'un film d'Olivier Marchal, plus réaliste et plus humain, "Frères ennemis" est une des meilleures choses qui soient arrivées, ces dernières années, au cinéma policier français. Avec un scénario plus solide, il aurait accédé au panthéon de ce genre.


vendredi 21 février 2020

The art of self-defense (2018)



Le cinéma indépendant américain peut s'avérer un joli filon, où se nichent de petits films qui savent parfois vous réconcilier avec le Septième Art d'outre-Atlantique. C'est avec cette intention en tête que je me suis orienté vers "The art of self-defense" qui, avec sa drôle d'affiche et son pitch énigmatique,  promettait une comédie noire et sinistre. Avec en tête d'affiche Jesse Eisenberg ("The social network" et "Bienvenue à Zombieland", pour ne citer que deux facettes de son registre), ce film n'est même pas sorti en France et a du se contenter, comme souvent, d'une distribution vidéo. 

Employé de bureau solitaire et réservé, Casey se fait un soir attaquer par un gang de motards qui le laissent plus mort que vif. Le jeune homme décide alors de se prendre en main et s'inscrit à un cours de karaté, dirigé par le charismatique Sensei. Peu à peu, Casey reprend confiance, en maîtrisant cet art martial. Mais, au fur et à mesure de ses progrès vers la mythique ceinture noire, son maître perd de son ascendant sur lui. 
Qu'arrive-t-il à Casey ?

Il est difficile de ne pas penser à "Fight Club" en visionnant "The art of self-defense" : ce dernier évoque évidemment la virilité et la prise en main de son propre destin par le biais d'une violence plus ou moins contrôlée. Mais la comparaison s'arrêtera là : là où David Fincher livra le chef d'oeuvre indépassable que l'on sait, Riley Stearns réalise ici un film qui paraît plus long qu'il n'est et patine souvent sur place.

On a souvent envie de prendre le héros de "The art of self-defense" par les épaules et de le secouer pour qu'il cesse d'être aussi niais, de le même façon qu'on s'en prendrait au scénariste pour qu'il pimente un peu l'histoire narrée sous nos yeux. Bref : on s'ennuie souvent en regardant "The art of self-defense" et c'est plutôt fâcheux, d'autant que ce n'est pas dans quelque réflexion qu'on peut trouver consolation.

Jesse Eisenberg, encore une fois dans un rôle de bavard peu prompt à l'action à moins d'y être contraint, livre une prestation honorable. C'est plus du côté des seconds rôles qu'il faudra chercher l'étincelle, notamment avec Alessandro Nivola, convaincant en professeur de karaté autoritaire, et Imogen Poots, pour la touche féminine, bienvenue, mais qui aurait mérité plus d'importance dans le scénario.

Léger, souvent absurde et constamment en décalage, "The art of self-defense" est un drôle de petit film, dont on se demande pourquoi il a été tourné.Il n'y avait sûrement pas de quoi faire un film, avec la matière dont disposait l'équipe de "The art of self-defense". Rapidement oublié, ce long métrage passé sous le radar de la majorité du public ne marquera pas les quelques spectateurs qui le visionneront.


dimanche 16 février 2020

Roulez jeunesse (2017)


Placer un personnage dans une situation compliquée et lui mettre maints bâtons dans les roues, voilà un procédé comique usé jusqu'à la corde. A lire le pitch de "Roulez jeunesse", porté par Eric Judor et réalisé par Julien Guetta, on pouvait penser qu'il s'agirait d'une énième déclinaison de ce modèle. Je vous avoue m'être laissé prendre au jeu et avoir visionné "Roulez jeunesse" sur cet a priori. La présence de l'acteur principal jouant en la faveur d'un pitch pas forcément vendeur, allais-je avoir une bonne surprise ? Ce film serait-il un bon moment de cinéma ? 

Alex travaille comme dépanneur dans le garage tenu par sa mère, dont il ne s'est toujours pas détaché. Un jour, il tombe sur le véhicule de Prune, en panne et, de fil en aiguille, se retrouve dans les bras de la jeune femme, qui l'entraîne chez elle. Au réveil, la jeune femme a disparu et Alex se retrouve en compagnie de ses trois enfants, dont un bébé. Pour lui qui n'est pas ce que l'on peut appeler un adulte responsable, voilà une drôle d'aventure qui commence. Comment Alex va-t-il se sortir de ce guêpier ?

Un héros pris au piège des circonstances et devant affronter maintes épreuves, voilà un ressort des plus classiques, en matière de comédie, et on en a vu plus d'un se casser les dents sur ce type d'exercice. Seulement, "Roulez jeunesse" a plus d'un tour dans son sac et n'est pas qu'une simple comédie, et c'est sans doute ce qui sauve le film. Alors qu'une comédie choisirait de tracer tout droit sur le chemin entamé, quitte à brûler toutes ses cartouches et à tourner à vide, "Roulez jeunesse" a l'excellente idée de prendre un virage audacieux, mais logique, à mi-course. Les péripéties du héros, qui auraient pu n'être exploitées que sous un angle burlesque, voient leurs causes et leurs conséquences éclairées au grand jour. Le drame est là, tout proche, et l'émotion pointe le bout de son nez. Avec elle, "Roulez jeunesse" prend une épaisseur inattendue et finalement bienvenue.

Avec ses personnages attachants, parce que très humains, le film de Julien Guetta tente une proposition audacieuse, mais réussit l'exercice d'équilibriste qu'il s'impose. En usant de tact et de sensibilité, "Roulez jeunesse" réussit une petite prouesse que nombre de comédies n'arrivent plus à réaliser. Pour un premier long métrage, la performance est à saluer. 

Si la composante émotionnelle est l'un des atouts de ce film, parce qu'elle est dosée au milligramme près, l'interprétation est l'autre clef de sa réussite. En tête d'affiche, Eric Judor en surprendra plus d'un dans le rôle de cet adulte devant prendre une situation inattendue à bras-le-corps et se mettre à agir plutôt que subir. Dans son sillage, on appréciera également la très belle interprétation des jeunes acteurs endossant le rôle des enfants perdus.

On peut encore être joliment surpris par un film, français qui plus est. Avec "Roulez jeunesse", Julien Guetta réussit un joli coup, qui aurait mérité un accueil plus chaleureux lors de sa sortie au cinéma. Porté par un Eric Judor décidément surprenant, ce film qui mérite qu'on fasse le détour.





mardi 11 février 2020

Les dents, pipi et au lit (2017)



On pourrait croire, en regardant l'affiche de "Les dents, pipi et au lit", qu'on a affaire à une comédie dont le héros serait pris à parti par de terribles bambins. Même son titre, légèrement régressif, peut laisser penser qu'en visionnant ce film, ce sont les zygomatiques qui vont être sollicités. On ne sait que ce ne sera pas forcément très fin, mais on devrait rire. Enfin, on l'espère, et c'est toujours ça de pris. En l'occurrence, lorsque sortit ce film, l'affiche ne suffit pas à attirer les spectateurs dans les salles et le premier (et dernier à ce jour) long métrage d'Emmanuel Gillibert


Célibataire endurci, fêtard et dragueur invétéré, quadragénaire immature, Antoine est en colocation avec son ami Thomas. Quand ce dernier doit partir, Antoine voit débarquer une nouvelle colocataire : la jolie Jeanne. Mais, rapidement, Antoine déchante : la belle, récemment divorcée, est suivie par ses deux enfants. D'abord pris au dépourvu, il décide rapidement de réagir et de se débarrasser des intrus pour retrouver sa vie d'avant. Mais c'est sans compter Cupidon, qui pourrait bien mettre son grain de sel dans cette histoire...

Comme je le signifiais en introduction à ce billet, si l'affiche laisse penser que "Les dents, pipi et au lit" est une comédie basée sur la rencontre problématique entre deux modes de vie (le choc des cultures, rien de tel pour générer le comique, depuis toujours ou presque), le pitch sollicite un autre genre, tout aussi éculé : la comédie romantique (eh oui, la revoilà !). Comme s'il avait consommé prématurément tout le carburant comique de son postulat de base (le célibataire irresponsable aux prises avec deux enfants en jeune âge), Emmanuel Gillibert change rapidement de braquet et s'aventure sur un autre registre. Cela dit, pourquoi pas ? 


Faisons rapidement le tour du propriétaire : les principaux ingrédients de la comédie romantique sont là, qu'il s'agisse des deux protagonistes que tout oppose a priori, de l'appartement qui fait rêver (ou en tout cas qui dépasse de loin la moyenne), ainsi que les multiples obstacles s'opposant à la romance (sans oublier la rupture provisoire, ultime épreuve incontournable du genre). Après ces checks, vient le constat, plutôt amer : "Les dents pipi, et au lit", avec son titre crétin, ne fonctionne pas, mais alors pas du tout.

Le duo choisi pour donner corps à cette romcom qui se voulait acide ne joue pas non plus en sa faveur. Tous deux échappés du petit écran, Louise Bourgoin et Arnaud Ducret ne parviennent pas à convaincre, engoncés qu'ils sont dans des rôles caricaturaux, écrits pour alimenter les situations pseudo-comiques, mais sans profondeur et, surtout, bourrés de clichés. 

Rarement drôle, souvent gênant, "Les dents, pipi et au lit" donne plus l'impression d'être une succession de gags où les pires clichés s'accumulent. C'est comme si on avait tenté de faire un film avec un échantillonnage de sketchs pas forcément du meilleur niveau. Pire encore, les dits sketchs semblent avoir été coupés au montage d'une des pastilles télévisées (vous savez, ces productions qui permettent aux chaînes de nous faire ingurgiter un peu plus publicité). Inutile alors de s'étonner du piètre résultat que pareille démarche donne sur grand écran. 




jeudi 6 février 2020

Vincent n'a pas d'écailles (2014)




D'ordinaire, lorsqu'on évoque les super-héros au cinéma, on pense aux films à effets spéciaux et à gros budget, domaine dans lequel le septième art français s'est peu aventuré jusqu'à présent. Avec "Vincent n'a pas d'écailles", Thomas Salvador, sportif et cinéaste, fit une proposition originale au public français. Celui-ci n'y accorda que peu d'intérêt, à l'époque. Alors, sommes-nous passés à côté d'une belle tentative ?

Vincent, sans emploi, est un jeune homme réservé qui ne se sent bien que dans l'eau et ne travaille qu'à contrecœur. Nageant tel un poisson, il a un secret : au contact de l'eau, il voit ses capacités multipliées. Alors qu'il rencontre la jolie Lucie, à qui il confie son secret, le voilà bien encombré par ce drôle de pouvoir, qui le condamne d'ordinaire à la solitude.
Quand les événements se précipitent, Vincent va devoir faire appel à ses capacités hors du commun.
Que fera Lucie ?

Étrange film que ce "Vincent n'a pas d'écailles", au croisement improbable entre comédie, drame et conte fantastique. Sans doute doté d'un budget équivalent à celui d'une journée de tournage du moindre opus estampillé Marvel, ce film, le premier de son réalisateur (et également scénariste et interprète principal) peut laisser froid ceux qui ne sont pas clients du cinéma français indépendant. C'est là son plus grand défaut : à l'instar de son héros bien encombré avec son pouvoir, Thomas Salvador ne sait que faire de son idée de base et accumule les séquences, certaines intéressantes, d'autres vaines et donnant l'impression d'être là pour faire du remplissage.

La structure habituelle des films de super-héros ne s'applique pas à "Vincent n'a pas d'écailles" et, pour une fois, sortir des sentiers battus (et rebattus) ne réussit pas à l'entreprise. Le personnage principal n'hérite pas de son "pouvoir" par accident et ne se trouve pas face à un ennemi que lui seul peut affronter. Pire encore, si on veut s'affranchir de ce schéma éculé, on peut considérer que le héros de "Vincent n'a pas d'écailles" ne sort pas changé des épreuves qu'il traverse. Alors, admettons, dans ce cas, que nous n'avons pas affaire à un film de super-héros, quoi qu'en dise la promotion de l'époque (ironiquement, cela dit) et jugeons ce film sous un autre angle. En effet, si on enlève à ce film la composante fantastique, il n'est guère différent et n'est rien d'autre qu'un énième petit film narrant une rencontre et des événements fâcheux.

Thomas Salvador, réalisateur et acteur principal de "Vincent n'a pas d'écailles", a sans doute voulu réaliser un film où il pourrait faire montre de son habileté à sauter dans tous les sens et à grimper là où le commun des mortels aurait le vertige. Cela ne suffit pas à remplir toutes les cases et il y a fort à parier que cela ait joué en défaveur de ce film lors de sa sortie.

Il y a cependant de jolies choses dans "Vincent n'a pas d'écailles", notamment une fraîcheur et une simplicité bienvenues, qu'on aimerait parfois trouver dans certains longs métrages. Et puis, il y a Vimala Pons, dont le charme et le talent évident irradient chaque scène où elle apparaît.  A elle seule, elle justifie le visionnage du film (mais je ne suis pas totalement impartial, j'avoue).

Si "Vincent n'a pas d'écailles" fut un coup d'épée dans l'eau, c'est surtout faute d'épaisseur et parce qu'il n'exploite pas son idée de base comme il aurait pu le faire. A défaut, il reste un petit film, vite vu, et vite oublié.


samedi 1 février 2020

Hector et la recherche du bonheur (2014)



Avec un casting solide et un thème dans son époque, "Hector et la recherche du bonheur" avait ses chances dans les salles obscures. Mais, à sa sortie, ce fut un four, au point que les spectateurs français durent attendre sa sortie en DVD pour le voir. Tiré d'un roman à succès, il s'agissait pourtant d'un film surfant sur l'air du temps : la recherche du bonheur, l'accomplissement de soi. Pourquoi n'a-t-il pas eu autant d'audience qu'espéré ? 

Psychiatre londonien, Hector s'interroge : c'est quoi, le bonheur, après lequel se patients courent en vain ? Et lui, d'ailleurs ? Il a tout pour lui : un métier épanouissant, une femme ravissante, une vie bien remplie, mais, au fond, sait-il ce qu'est le bonheur ? Alors, du jour au lendemain, il prend son sac à dos et décide d'entreprendre un grand voyage à la recherche de ce qu'est le bonheur. De la Chine à l'Afrique en passant par les Etats-Unis et le Népal, Hector va aller à la rencontre des autres, de lui-même et, qui sait ?, du bonheur. 

On songe à "La vie rêvée de Walter Mitty", en visionnant ce voyage initiatique aux quatre coins du globe, en regardant Hector faire ces rencontres enrichissantes (la plupart du temps) ou décevantes. Quand Hector remplit son journal de voyage, le ponctuant de maximes évidentes (de celles qui fleurissent ça et là, en ces temps où le développement personnel tient lieu de remède ultime), on se prend à espérer un film qui ferait du bien et le ferait joliment. Adapté d'un roman de François Lelord, le long métrage de Peter Chelsom ("Hannah Montana, le film" et "Potins mondains et amnésies partielles", par exemple) ne tient pas sa promesse, si tant est qu'il la fît. Lorsque cessent les pérégrinations d'Hector, on ne se sent pas mieux. Tout juste est on content que lui ait trouvé la paix de l'âme, ou plutôt la résignation. 

On pourrait aussi tiquer sur le choix des destinations d'Hector : atterrissant en Chine sans aucun problème, il se rend directement au Népal, par exemple. Quand on connaît la situation entre ces deux nations, on peut s'interroger : une étape de transition, dans le scénario, aurait été nécessaire, si vous voulez mon avis. De la même façon, lorsqu'Hector se retrouve en Afrique, nulle mention n'est faite du pays où il pose un instant ses bagages, comme si le Continent Noir était un seul et même pays. Cousin lointain (ou pas) de Tintin, Hector, psychiatre autant que son modèle était journaliste, court d'un pays à l'autre sans grand souci de vraisemblance.

Heureusement, il y a, pour sauver ce film, les interprètes et, à leur tête, un Simon Pegg à mille lieues de ses pitreries de la trilogie Cornetto. A lui seul, il sauve "Hector et la recherche du bonheur" du naufrage auquel le condamnaient sa réalisation et son scénario. On goûtera (ou pas) les prestations de Rosamund Pike (dont le personnage est assez inconstant et inconsistant), de Jean Reno et de Toni Collette (toujours aussi talentueuse), pour ne nommer qu'eux.

L'intention première du film était sans doute louable, mais sa maladresse, notamment en ce qui concerne sa réalisation et son approche des personnages, dont la psychologie est traitée sans finesse. On aurait aimé faire un joli voyage en compagnie d'Hector, mais la ballade qu'il fait autour du monde à la recherche du bonheur tourne en rond et pourra laisser le spectateur sur le bord de la route. Avec moins de maladresses, nul doute que le périple de ce drôle de psychiatre aurait pu donner un film moins oubliable.