vendredi 31 juillet 2020

1492 : Christophe Colomb (1992)



Lorsqu'approchèrent les 500 ans de la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb, les projets de célébration furent nombreux. Parmi eux, plusieurs films furent produits pour raconter l'histoire d'un homme qui voulut repousser l'horizon, avec les conséquences que l'on sait. Arrivé dans les mains de Ridley Scott, "1492 : Christophe Colomb" offrit à Gérard Depardieu un rôle digne des plus grandes stars hollywoodiennes. Si le film eut un succès honorable, quoiqu'en deçà de ce qu'on put espérer, en France et en Europe, il fit un four aux Etats-Unis. Presque trente ans plus tard, penchons-nous sur son cas. 
En Europe, au XVème siècle, le navigateur Christophe Colomb peine à financer l'expédition qu'il veut mener. Selon lui, il est possible de rejoindre les Indes en passant par l'ouest et en affrontant l'Océan Atlantique. C'est à la cour d'Espagne qu'il sera entendu. Ses trois navires pourront prendre le large et, après un long et éprouvant voyage, Colomb pose enfin le pied sur un nouveau monde, que l'ancien va s'atteler à coloniser, et qu'importe le prix à payer. Colomb, lui, saura-t-il rester fidèle à ses idées et ses nobles valeurs ?

Avec "1492 : Christophe Colomb", Ridley Scott, qui avait hérité du projet ambitieux après que celui-ci soit passé dans les mains de Francis Ford Coppola et d'Oliver Stone (pour ne citer qu'eux), se devait de ne pas rater un rendez-vous avec l'histoire. A l'arrivée et avec quelques décennies de recul, c'est plutôt l'amertume qui prévaut. On est loin des grandes et mémorables réussites qu'a su parfois nous offrir ce cinéaste capable du meilleur ("Blade Runner", "Alien", par exemple) comme du pire ("Robin des bois" ou "Prometheus", dans ma liste personnelle).

Si, sur certaines séquences, on reconnaît au premier coup d’œil la patte de Ridley Scott (patte parfois un brin lourdaude, si vous voulez mon avis), "1492 : Christophe Colomb" a souvent des allures de téléfilm de luxe, le réalisateur ne sachant pas trop comment aborder telle ou telle scène. De plus, les scénaristes ont cru malin d'agrémenter l'histoire de quelques ajouts dont, avec le recul, on se serait bien passé. Ainsi, on a droit à un méchant caricatural (et forcément joué par Michael Wincott, spécialiste de ce genre de rôle, à l'époque) qui n'apporte pas grand chose à l'histoire et donne l'impression d'être là pour enrichir l'intrigue d'un film trop long.

Au centre de toute cette entreprise, Gérard Depardieu, au sommet de sa gloire internationale, juste avant sa chute, joue les acteurs habités par leur rôle. S'il est la plupart du temps crédible en Colomb, il sombre parfois dans l'excès, à l'image d'un film trop gras et ne sachant plus comment remplir le temps réglementaire.  La ribambelle d'acteurs de haut niveau venus pour le soutenir, de Sigourney Weaver (portant perruque, puisqu'elle s'était rasé le crâne pour "Alien 3", coïncidence qu'on goûtera... ou pas) à Armand Assante, est finalement plus convaincante que la star frenchie, en quête d'un statut à Hollywood, qui lui fermera violemment la porte sur les doigts peu après.

Force est de constater que "1492 : Christophe Colomb", malgré ses grands moyens et son ambition, rate le rendez-vous qu'il ne fallait pas manquer et vient rejoindre l'inventaire des films dont la filmographie de Ridley Scott se serait bien passé. Près de trente ans (bigre !) après sa sortie, c'est surtout la forme que l'on retient de cette épopée, et non son fond. C'est bien dommage.


dimanche 5 juillet 2020

Pause estivale

Le moment est venu de marquer une pause sur ce blog, en attendant de parler de nouveau de cinéma...









A très bientôt !

mercredi 1 juillet 2020

Le prince oublié (2019)

 

Réussir un film capable de réunir plusieurs générations n'est pas chose aisée. Dans la catégorie "cinéma familial", on trouve bien souvent des films (d'animation ou pas) ciblant les enfants et faisant en sorte que les parents y trouvent aussi (un peu) leur compte. Mais l'équilibre n'est pas toujours atteint et souvent, seule une partie du public trouve satisfaction. En réalisant "Le prince oublié", Michel Hazanavicus (qu'on ne présente plus, après le triomphal "The artist", récompensé à plusieurs reprises) tentait l'exercice. Avec au casting les très bankables Omar Sy et François Damiens, il mettait toutes les chances de son côté. Cependant, ce ne fut pas le triomphe espéré. la faute à qui ?

Élevant seul sa fille Sofia, Djibi lui raconte chaque soir une histoire dont le héros est un prince ayant son apparence.  Lorsque Sofia, ayant grandi, entre au collège, elle ne réclame plus à son père l'histoire du soir. Le prince auquel elle rêve est un de ses camarades de classe, Max. C'est le drame pour Djibi, qui voit sa fille lui échapper et pour le prince des contes, qui risque l'oubli. 
Avec l'assistance de Clotilde, sa voisine, Djibi décide de redevenir le héros de Sofia. Mais le temps des histoires est passé, pour cette dernière.

Le thème porté par le scénario de Bruno Merle est à la fois simple et riche et c'est de ce matériau qu'on peut faire de grands films. On pense évidemment à "Vice-versa", le joyau animé proposé par Pixar il y a quelques années, dans lequel les émotions avaient fort à faire dans l'univers intérieur de la petite fille au centre de l'histoire. Ici, le film multiplie les allers-et-retours entre le monde réel et le pays imaginaire où sont mis en scène les contes narrés par Djibi. C'est la partie la plus ambitieuse du film, qui témoigne d'une véritable ambition visuelle et d'un vrai talent de réalisateur de la part de Michel Hazanavicius. Il y a longtemps qu'on n'avait pas vu pareille tentative d'emmener le spectateur hors des sentiers battus, en se donnant les moyens d'être à la hauteur du rêve. 

C'est dans la partie la plus terre-à-terre du film que "Le prince oublié" s'enlise un peu. L'affrontement entre Djibi et sa pré-ado de fille est un parcours sans surprises, jalonné de scènes auxquelles on s'attend et dont la résolution ne surprend finalement personne. Sans doute la catégorie "familiale" dont se revendique le long métrage empêche-t-elle tout bouleversement inattendu, cela dit et on peut facilement être magnanime, tant l'enthousiasme de l'équipe, Omar Sy en tête, est communicatif. Se prêtant de bonne grâce au jeu, les comédiens prennent parfois le spectateur par la main pour l'emmener sur un chemin très balisé, mais plutôt agréable à parcourir. 

Le jeu d'équilibriste que joue "Le prince oublié", consistant à capter à la fois l'enfant et l'adulte, tout en n'oubliant pas le pré-ado, joue sans doute en sa défaveur. Il ne s'agit ni d'un film pour enfants, ni d'un conte pour les parents. C'est un film familial qui permet de passer un bon moment, même s'il ne marquera pas les mémoires.