Claude Berri, d'honnête artisan du cinéma (à ses débuts) devint avec les années le pape du septième art hexagonal. Producteur, réalisateur, parfois acteur et scénariste, il a alterné productions ambitieuses et films plus modestes. En adaptant le roman de Christian Oster, "Une femme de ménage", c'est le registre de ses films "humains" qu'il vint enrichir, offrant au passage à Emilie Dequenne, son interprète principale, une nomination aux César. Cette fois, Claude Berri ne reçut pas l'accueil public qui était souvent le sien.
Depuis que sa femme l'a quitté, Jacques, ingénieur du son quinquagénaire, a du mal à reprendre pied. En tombant sur une petite annonce à la boulangerie, il prend à son service Laura, en tant que femme de ménage. La jeune femme, avec l'énergie de son âge, ne va pas enlever la poussière que sur les meubles de Jacques.
Entre ces deux êtres qu'a priori tout oppose, l'amour va naître, malgré les différences, qu'elles soient d'âge ou de culture.
C'est une histoire toute simple que Claude Berri narre ici : celle de personnes un peu à la dérive, qui se croisent, apprennent à s'apprécier et à s'aimer, malgré les accidents que la vie leur inflige. Et vous savez quoi ? Quand un tel film est bien réalisé et interprété, cela fait parfois un bien fou. On ne retient souvent de Claude Berri que ses projets pharaonesques et ses succès populaires mémorables, c'est oublier un peu vite qu'il savait également filmer à hauteur d'homme (et de femme). Malgré l'apparente simplicité du scénario, le spectateur est emporté du début à la fin en compagnie de Jacques, aux côtés de Laura et de sa drôle de coiffure.
Pour interpréter Jacques, le choix de Jean-Pierre Bacri semblait une évidence : en se glissant dans la peau de cet homme blessé, dont le cœur ne bat jamais à la bonne vitesse, l'acteur prouve, s'il en était besoin, son immense talent. Face à lui, Emilie Dequenne se montre à la hauteur, jouant le plus naturellement du monde le rôle de Laura, entre vitalité et fragilité. Les quelques seconds rôles (dont Jacques Frantz, Brigitte Catillon et la réalisatrice Catherine Breillat) ne sont pas totalement éclipsés par les deux magnifiques interprètes principaux de ce film charmant.
Une fois de temps en temps, se laisser emporter par un film à dimension humaine peut faire beaucoup de bien. Si, en plus, ses interprètes sont touchés par la grâce, il se peut qu'une sorte de magie opère. Dans le cas de "Une femme de ménage", film que d'aucuns qualifieraient de mineur, une évidence s'impose : le charme est là, aussi doux-amer soit-il.