Autrefois actrice rigolote et connue seulement sous son prénom (mais ce souvenir n'évoquera sans doute rien chez les plus jeunes d'entre vous), Zabou Breitman est passée de l'autre côté de la caméra pour "Se souvenir des jolies choses"), tâtant à l'occasion du drame. Depuis, elle a réalisé plusieurs autres longs métrages, pas forcément couronnés du même succès que sa première tentative. Parmi eux, "L'homme de sa vie" fut pour elle l'occasion d'offrir à nouveau le rôle principal à Bernard Campan.
Comme tous les ans, Frédéric, sa femme et leurs enfants retrouvent leurs amis dans la maison de famille qu'ils possèdent dans la Drôme. Les vacances sont pour tous les bienvenues. Mais cette année, quelque chose a changé : la maison voisine est occupée par Hugo, charmant célibataire qui affiche ouvertement son homosexualité. A la faveur d'une longue discussion nocturne, Frédéric et Hugo vont apprendre à se découvrir. Commence alors une relation qui va mettre ces hommes et leur entourage à rude épreuve...
J'ai souvent déploré dans ces colonnes la victoire de la forme sur le fond, surtout dans des films où l'action a la primeur. Étonnamment, dans "L'homme de sa vie", alors qu'on aurait pu s'attendre à une réalisation sobre, donnant la part belle aux sentiments (c'est tout de même d'eux qu'il s'agit), ce reproche s'applique aussi. Zabou Breitman, pour raconter les émois et les tourments du personnage incarné par Bernard Campan et de ses proches, use et abuse d'effets purement esthétiques. Ce qui peut séduire en première intention, finit par étouffer l'émotion : dans le cas de "L'homme de sa vie", l'erreur est fatale.
La belle et troublante histoire que voulait nous narrer Zabou Breitman est rapidement étouffée sous les artifices de réalisation. Torpillant son sujet, la réalisatrice, pour son deuxième long métrage, rate complètement son coup, choisissant de filmer cette histoire comme elle aurait mis en scène un clip vidéo ou un spot publicitaire.
Bernard Campan, qui retrouvera à plusieurs reprises Zabou Breitman (dans "Se souvenir des jolies choses" ou "No et moi", par exemple) incarne son personnage avec finesse, aux côtés d'un Charles Berling toujours impeccable, tandis que Léa Drucker semble en plein désarroi, comme si la pertinence de son rôle lui échappait, à la manière dont son personnage voit son mari lui glisser entre les doigts.
Quelques jolis moments de grâce ne suffisent cependant pas à lever l'impression d'assister à une pure démonstration de mise en forme.
L HOMME DE SA VIE from Horizon International on Vimeo.
Quelques jolis moments de grâce ne suffisent cependant pas à lever l'impression d'assister à une pure démonstration de mise en forme.