Après avoir fait forte impression auprès des critiques avec ses précédents films ("Nobody knows", "Tel père tel fils" ou "Notre petite sœur"), Hirokazu Kore-eda, cinéaste japonais réputé pour son approche humaniste de thèmes intimes, comme la famille ou la paternité, fut de retour à Cannes avec "Après la tempête". Ce film, passé sous le radar (comme on dit) d'une grande partie du public, méritait-il plus de visibilité ?
A n'en pas douter, Hirokazu Kore-eda aime ses personnages et, à la manière d'un Claude Sautet, s'attache à filmer au plus près d'eux, privilégiant les plans rapprochés et n'hésitant pas à montrer leurs travers. Ryota, personnage central de "Après la tempête", n'est certainement pas un héros. C'est un homme comme beaucoup d'autres et il suscite autant la compassion que l'agacement : les problèmes qu'il affronte sont pour beaucoup imputables à ses choix.
Le film de Hirokazu Kore-eda est sans doute à réserver aux amateurs d'histoires "vraies", c'est-à-dire à ceux qui ne renâclent pas à passer du temps dans les salles obscures, à contempler la vie de leurs semblables, loin des exploits extraordinaires de héros venus d'autres imaginaires. Les thèmes principaux de "Après la tempête" tournent autour de la filiation, des choix que l'on fait en tant qu'adulte et des responsabilités que l'on endosse (ou pas).
A ce titre, les interprètes, Hiroshi Abe (dans le rôle de Ryota) en tête, sont particulièrement inspirés et portent le film avec un talent remarquable. Derrière l'interprète principal, on notera également le jeu très fin de Kirin Kiki dans le rôle d'une grand-mère moins dépassée qu'il n'y paraît ou de Yoko Maki (que Hirokazu Kore-eda avait déjà fait tourner dans "Tel père tel fils"), en ex-femme fragile et forte à la fois.
"Après la tempête" est un film profondément humain, qui peut parler à tous, malgré qu'il vienne de l'autre bout du monde (ou peut-être, justement parce qu'il en vient). Dans l'histoire qui y est narrée, les sentiments mettent du temps à produire des effets, comme dans les plats que prépare la mère du héros et dont elle laisse les ingrédients refroidir pour qu'ils donnent plus de goût. Sans doute à réserver aux amateurs du genre, "Après la tempête" est un film plus universel qu'il n'y paraît.