Que cela plaise ou non, Fabien Onteniente a, ces dernières années, aligné quelques beaux cartons au box-office. Faisant sien le créneau de la comédie populaire (dont le flambeau était autrefois porté bien haut par des cinéastes du calibre de Gérard Oury), il a fait péter les compteurs avec des œuvres comme "Camping" et sa suite, ou "3 zéros". Désolant les cinéphiles autant qu'il ravit la France profonde, Fabien Onteniente a cependant, avec "Turf" connu le revers de la médaille, puisque le jackpot annoncé sur l'affiche fut loin, très loin d'être au rendez-vous, malgré une campagne de promotion digne de certains blockbusters...
Quatre amis passionnés de courses hippiques en ont un jour assez de systématiquement perdre leurs économies aux courses. Alors qu'ils envisagent de renoncer à leur hobby commun, ils font la connaissance du peu recommandable Monsieur Paul, qui les convainc d'aborder les courses autrement : et s'ils devenaient propriétaires d'un cheval ?
Le problème, c'est que l'animal en question, Torpille, n'a rien d'un crack, mais tout de la carne. Qu'à cela ne tienne, les quatre amis vont lui trouver un entraîneur, une cavalière et tout mettre en oeuvre pour accomplir leur rêve.
Que dire de "Turf", une fois son visionnage terminé ? Qu'il s'agit, une nouvelle fois, d'une comédie se voulant populaire décalquée sur un thème qui ne lui apporte rien ? On a le sentiment, en regardant ce film comme les précédents opus d'Onteniente, que le long métrage est calibré pour sa prochaine diffusion sur la sacro-sainte case du dimanche soir sur TF1, où il fera inévitablement un carton d'audience. Sur un scénario qu'on a l'impression d'avoir déjà subi mille fois, le réalisateur et l'équipe se contente de faire du remplissage, alignant les scènes convenues et les péripéties sans surprise.
Au vu du casting, et comme c'était déjà le cas dans les précédentes œuvres d'Onteniente, on ne peut s'empêcher d'avoir un pincement au cœur en voyant des comédiens comme Alain Chabat, Philippe Duquenne, Lucien Jean-Baptiste, Edouard Baer ou Sergi Lopez se commettre dans pareille entreprise. S'ils semblent tous s'amuser (et encore !) à interpréter ces français ordinaires cherchant à réaliser leur rêve, le spectateur prend nettement mois de plaisir qu'eux. Je passerai sous silence les apparitions grotesques de Gérard Depardieu, qui fut autrefois le plus grand acteur français, et fut l'un des architectes de ce film.
A en croire les déclarations de Fabien Onteniente, "Turf" revendique l'héritage de films tels que "Le
gentleman d'Epsom" ou les grandes comédies italiennes des années 1950-60. Ces propos ont de quoi faire bondir n'importe quel cinéphile, tant le résultat est ici indigent, puisqu'il livre un énième film où le bonheur doit nécessairement passer par l'enrichissement, morale éminemment discutable. Il ne faut traiter personne par le mépris. Il n'empêche qu'à force d'exploiter, dans ses films, le côté le plus beauf du public français, Fabien Onteniente finit par lasser même ses amateurs. Pourtant, j'ai bien peur que l'homme ne soit irrécupérable puisqu'il a en projet le troisième opus de "Camping", ainsi qu'une version filmée de la comédie musicale "Robin des bois" et un "Mozart" (rien à voir avec le grand compositeur qui a déjà eu maintes fois l'occasion de se retourner dans la fosse commune qui lui sert de tombe) avec M. Pokora dans le rôle principal.
L'homme est donc multirécidiviste et n'éprouve visiblement aucun remords. Tant pis pour le cinéma populaire français.