mardi 31 juillet 2012

Galaxy Quest (1999)




Cela commençait à devenir lassant, de ne chroniquer en ce blog que des films ayant bien mérité leur sort, à savoir l'échec public. Je commençais à désespérer de trouver une pépite, passée inaperçue lors de sa sortie en salles et que j'aurais eu à coeur de vous faire découvrir, amis lecteurs. 

Et heureusement est arrivé "Galaxy Quest", improbable comédie de science-fiction visant les geeks droit au coeur (oui, mesdames et messieurs, ces individus en ont un !).  

Il aura fallu que des amis presque aussi geeks que moi me prêtent le DVD de "Galaxy Quest"  pour que je découvre ce film dont, honte sur moi et ma descendance, je n’avais pas eu connaissance jusqu’alors. Avouez-le, vous non plus ne le connaissiez pas, ce film. 

Sorti en 1999, « Galaxy Quest » n’a même pas les honneurs d’une sortie sur les écrans de l’hexagone. Pourtant, son casting est plus qu’honorable puisqu’il rassemble, excusez du peu, Tim Allen (qui, je vous le concède, ne bénéficie pas chez nous du statut de star qu’il a outre-Atlantique), Sigourney Weaver (oui, la Ripley de la saga « Alien »), Alan Rickman (immense acteur, capable d’être aussi bien le Professeur Rogue des « Harry Potter » que le Colonel Brandon de « Raisons et Sentiments »), Tony Shalhoub (héros de la série « Monk »), pour ne citer que les têtes d’affiche. 

Que du beau monde, donc. 

A la réalisation, on retrouve Dean Parisot, œuvrant pour le petit écran comme pour le grand, et dont le film le plus connu reste le très moyen « Braqueurs amateurs » (avec Jim Carrey et Tea Leoni, et d’ailleurs archi-diffusé sur la TNT). 

Accrochez-vous bien, voici une rapide mise en bouche de l’intrigue. La série « Galaxy Quest », qui mettait en scène l’équipage du Protector a connu son heure de gloire dans les années 80, avant de péricliter. Depuis, ses interprètes n’ont jamais réussi à s’affranchir de leurs rôles et cachetonnent comme ils le peuvent, de spots publicitaires en conventions de fans de science-fiction. A l’occasion d’une de ces conventions, Jason Nedsmith (Tim Allen), interprète du commandant Taggart, est abordé par de vrais extra-terrestres, le suppliant de venir au secours de leur monde, intégralement conçu sur le modèle de la série. 

Que ceux qui n’ont pas reconnu dans « Galaxy Quest » un hommage appuyé à « Star Trek » et ses bataillons de fans aillent tout de suite faire acte de repentance. Il leur sera beaucoup pardonné en visionnant ce film, truffé de qualités et injustement boudé. 

Et, pendant que nous y sommes, que ceux qui pensent que ce film n’est qu’une comédie parodique lourdingue fassent de même : ils se trompent du tout au tout. « Galaxy Quest », en plus d’être vraiment drôle est parfois touchant de sincérité. Le plus grand mérite en revient aux interprètes, visiblement heureux de faire partie de l’aventure (avec une mention toute particulière à Sigourney Weaver et Alan Rickman). Enfin, saluons la prouesse des scénaristes et réalisateur qui réussissent le mélange subtil d’aventure et de comédie sans jamais sombrer dans la facilité. Certains feraient bien d’en prendre de la graine. 

Pourquoi ce film n’a-t-il pas rencontré dans nos contrées   l’audience qu’il aurait méritée ? L’exception culturelle a encore frappé, si vous voulez mon avis. 

Le phénomène des conventions où grouillent trekkies et autres geeks, bien que s’implantant tout doucement, est encore regardé avec curiosité (et l’était encore plus lorsque ce film est sorti). "Galaxy Quest" étant un vibrant hommage à un pan de la culture populaire totalement méprisé, il fut distribué à la sauvette (cinq ou six copies pour toute la France !), condamné d’avance à l’échec. 
Ensuite, il faut bien reconnaître que « Star Trek » n’a jamais connu, en France (et d’une manière plus large, en Europe), le succès qui fut le sien aux Etats-Unis. Aujourd’hui encore, bien peu nombreux sont les fans de séries se science-fiction ou de fantasy, en regard des admirateurs de « Plus belle la vie » ou de « Julie Lescaut ». Il ne faut donc guère s’étonner qu’un film tel que « Galaxy Quest » n’ait pas rencontré le succès qui lui revenait de droit. 

Même si les temps changent et que le succès public et critique est au rendez-vous pour certaines adaptations dont on n’aurait pas osé rêver il y a dix ans, force est d’avouer que, sans doute par snobisme culturel, le public passe à côté de petites pépites, dont « Galaxy Quest » est un exemple flagrant. 

Ce film mérite donc largement mieux que le sort qui fut le sien. Pour toutes ses qualités et parce qu’il peut faire figure d’exemple, je ne saurais donc trop vous recommander le visionnage des aventures de l’équipage du Protector. 


Et n’oubliez pas : never give up, never surrender ! 

dimanche 29 juillet 2012

Peace


Petits meurtres à l'anglaise (2005)




Les plus cinéphiles d'entre vous, chers lecteurs, connaissent sans doute "Cible émouvante", première réalisation de Pierre Salvadori (à qui l'on doit, entre autres, l'excellent "Les apprentis"). Ce que l'on sait moins, c'est que ce film français a fait il y a peu, l'objet d'un remake outre-Manche, sous le titre de "Petits meurtres à l'anglaise" (titre que je trouve particulièrement nul, à titre personnel), "Wild target" en VO. Il faut dire que ce film, lors de sa sortie dans les salles hexagonales, est passé quasiment inaperçu. A tort ou à raison ? 


Déjà un tel flop est étonnant, au vu du casting particulièrement prestigieux : Bill Nighy (vu dans "Love Actually", mais aussi "Good Morning England"), la craquante Emily Blunt ("L'agence"), Rupert Grint (oui, vous avez bien lu, le Ron Weasley de la saga "Harry Potter"), Martin Freeman (le Watson de la série "Sherlock", mais surtout Bilbo dans le film très attendu de Peter Jackson), ainsi que le toujours excellent Rupert Everett qu'on ne présente plus. A la réalisation, on retrouve le moins connu Jonathan Lynn, essentiellement connu pour le très moyen "Mon voisin le tueur" (avec Bruce Willis et Matthew "Chandler" Perry). 

A priori, beaucoup d'atouts jouaient en faveur de ce remake, donc. Et l'histoire, que je vais vous résumer en quelques mots, avait un ton résolument "british" : Victor Maynard (Bill Nighy) est un tueur à gages, et l'un des meilleurs de sa profession. Vivant sous la coupe de sa mère, ce sexagénaire assassin vit confortablement installé dans sa routine tranquille. Se retrouvant contraint liquider la ravissante Rose (Emily Blunt), Victor, attiré par sa victime, va se retrouver pris dans une succession d'événements, et perdre malgré lui le contrôle de sa vie d'ordinaire bien réglée. 

Décalque (trop) parfait de l'original, "Petits meurtres à l'anglaise" est, il faut en convenir, bien réalisé, même si la mise en scène manque cruellement d'audace. Quelques longueurs et répétitions viennent bien entâcher tout cela, mais restent mineures, il faut le reconnaître. Du point de vue de l'interprétation, il y a peu de choses à redire hormis, peut-être, le jeu de Rupert Grint qui ne m'a franchement pas convaincu. Martin Freeman et Rupert Everett semblent particulièrement s'amuser. Cependant, il faut impérativement visionner ce film en Version Originale, le doublage français lui faisant perdre tout intérêt.  

Alors, me demanderez-vous, pourquoi un tel insuccès pour ce film ?  

Lorsqu'on visionne "Petits meurtres à l'anglaise", la réponse semble évidente : ce remake ne s'imposait pas, tout simplement. Disparu, le ton inattendu du film de Pierre Salvadori, envolée l'irrévérence portée par Jean  Rochefort, Guillaume Depardieu et Marie Trintignant. Quitte à le dire franchement (et un peu cruellement) :! voilà un film pour rien. 

A ne recommander, finalement, qu'à ceux qui n'ont pas vu l'original, et tiennent absolument à ne voir que le remake (mais ils feraient bien de m'expliquer pareil choix !). 

samedi 28 juillet 2012

Solomon Kane (2009)



Pour la très grande majorité du public, Robert E. Howard est le romancier qui créa le personnage de Conan, incarné à l'écran par Arnold Schwarzenegger à l'écran(1), et donc l'inventeur d'un héros bien bourrin, sans la moindre finesse. De là à cataloguer cet auteur comme un écrivain mineur, il n'y a qu'un pas, bien souvent franchi. Demandez autour de vous, vous verrez bien. 

C'est fou comme les gens peuvent se tromper, parfois. Tout d'abord, Conan n'est pas le héros débile qu'on veut bien croire, et surtout, Robert E. Howard, romancier tourmenté (il se donna la mort à 30 ans) est un des pères de la fantasy moderne et on lui doit bien plus que les aventures du culturiste en pagne à poils. Le personnage de Solomon Kane, puritain hantant un XVIème siècle où sorcellerie et violence règnent, est une pièce majeure de son oeuvre, même s'il n'est connu que des amateurs de Howard. Au passage, je vous signale l'édition récente, chez Bragelonne, d'une intégrale des aventures du Puritain, fort recommandable. 

 La fantasy étant fort en vogue au cinéma, depuis les triomphes de certaines adaptations ("Le Seigneur des Anneaux" en tête), on a eu droit, ces dernières années, à quantité d'adaptations, certaines fort réussies, d'autres beaucoup moins. J'ignore ce qui est passé par la tête des producteurs de "Solomon Kane", tant le personnage est peu connu (et donc a priori peu bankable) mais le fait est qu'ils osèrent porter à l'écran ce antihéros sorti de l'imagination d'Howard. malheureusement, le succès public ne fut pas au rendez-vous.  

Résumons rapidement l'histoire : après avoir combattu sans pitié au service de l'Angleterre puritaine, Solomon Kane a décidé de renoncer à la violence et à la folie meurtrière qui lui dévoraient l'âme. En quête de rédemption, il devra faire denouveau appel à ses talents de tueur pour affronter un démon sans pitié... 

Rien de très original dans le pitch, comme vous pouvez le voir. Les connaisseurs de l'oeuvre originale (sur le  format des nouvelles, comme la mythique revue Weird Tales en publiait des centaines à l'époque) pourraient d'ores et déjà tiquer : Solomon Kane, sur le papier, est un homme hanté, poursuivant sans relâche ses démons, avec un entêtement rarement vu dans la littérature. Mais ne nous arrêtons pas à ce synopsis : pour dire du mal (ou du bien, sait-on jamais) d'un film, la moindre des choses est de le visionner jusqu'au générique de fin. 

La présence de Michael J. Bassett à la réalisation est déjà, en soit, un bon point L'homme a déjà réalisé le très angoissant "La tranchée", dont je vous recommande le visionnage. Metteur en scène, Bassett met tout son talent au service de l'histoire. Rien à redire donc, de ce côté là.  

Du côté du casting, peu de reproches à porter au discrédit de "Solomon Kane". Si l'interprète principal, James Purefoy (surtout connu pour son rôle dans la série "Rome") aimerait visiblement bien ressembler à  Hugh Jackman (mais je suis peut-être mauvaise langue), ce film est l'occasion de retrouver le grand Max Von Sydow ("L'exorciste", pour ne citer que ce film) et le regretté Pete Postlethwaite ("Usual Suspects", "Inception", "Les virtuoses") dans un rôle bref, mais marquant. 

De la même façon, l'ambiance générale du film contribue à la crédibilité de celui-ci. Le décor de "Solomon Kane" est un monde rude, sale, ou l'espoir a depuis longtemps disparu pour laisser place à la peur. Qu'il s'agisse des décors, des costumes ou des accessoires, tout joue en faveur du film. 

Cependant, quand arrive le générique de fin (bien fichu aussi, d'ailleurs), c'est un sentiment de semi-échec qui subsiste. Malgré tous les moyens mis en oeuvre pour sa réussite (que j'ai listé ci-dessus), il faut bien reconnaître que "Solomon Kane" ne tient pas toutes ses promesses, étant à la peine du niveau du téléfilm d'action lambda. Et la faute en incombe a un seul fautif, si vous voulez mon avis : le scénario. Solomon Kane, en héros hors du commun, méritait mieux que cette banale histoire de vengeance pour son passage à l'écran. Quitte à s'emparer d'un monument de la littérature (fût-il peu connu du grand public), autant le faire bien. En l'occurrence, ça aurait pu donner un grand film.  

Dommage. 




(1) : le récent remake est fort dispensable et aurait toute sa place dans ces colonnes... 

mercredi 25 juillet 2012

Le Cas 39 (2009)



Les thrillers fantastiques mettant en scène des enfants (et donc d'autant plus perturbants) forment un genre à part entière. Certains d'entre eux font désormais figure de référence : on citera, par exemple, le magistral "Sixième sens", "The ring" ou "Esther". Forcément, la très grande réussite de certaines de ses oeuvres donne des idées aux producteurs et réalisateurs en quête d'un thème porteur.
Exploitant ce juteux (et intéressant) filon, "Le Cas 39" n'a pas eu l'heur d'atteindre les salles obscures de l'hexagone, après un box-office américain calamiteux, malgré un casting "bankable" (Renée "Bridget Jones" Zellwegger en tête, mais aussi Bradley "Very Bad Trip" Cooper, dans un second rôle). 



C'est une bonne question, et je vous remercie de l'avoir posée. Mais, auparavant, je vous fais un rapide résumé de l'histoire, sans en trahir les rebondissements. Amily Jenkins, assistance sociale de son métier, se retrouve en charge d'un dossier particulièrement délicat : celui de la petite Lilith Sullivan, 10 ans, visiblement maltraitée par sa famille (au point de tenter de la tuer !). S'attachant à la fillette, Amily ira jusqu'à la prendre en charge et à l'adopter, avant de se rendre compte que les apparences sont parfois trompeuses.
Sur un pitch assez classique, mais dont l'efficacité n'est plus à prouver, "Le cas 39" méritait pourtant mieux que de finir en "direct-to-DVD". Si son scénario ne brille pas par son originalité, ce film est réalisé de main de maître par l'allemand Christian Alvart, qui devrait prochainement livrer une adaptation "live" de Capitaine Flam (si, si, c'est vrai !). En plus d'un indéniable talent pour la mise en scène, on reconnaîtra également à ce réalisateur un don certain pour la direction d'acteurs. Ces derniers, qu'il s'agisse des premiers ou des seconds rôles, peuvent ainsi donner le meilleur et servent l'histoire avec brio (mention spéciale à Jodelle Ferland, qui incarne Lilith, et déjà vue dans "Silent Hill", par exemple).  

Jouant sur la partition de l'angoisse et du malaise, plutôt que de faire du "Cas 39" un film d'horreur trop démonstratif (ce qui aurait desservi l'histoire, d'ailleurs), son réalisateur fait monter la pression progressivement, jusqu'au dénouement qui ne répond pas à toutes les questions, laissant donc planer une partie du mystère (à dessein, je vous rassure).

Alors, pourquoi ce film rencontra-t-il un pareil désaveu, lors de sa sortie en salles ?
C'est une bonne question, comme je le disais plus tôt. On pourrait citer quelques défauts (mineurs) de ce film, comme son manque de culot, ou un certain essoufflement, au deux-tiers du film (avant le sprint final), mais cela ne suffirait pas. L'échec (injuste) du "Cas 39" vient sans doute du fait qu'il attaque un créneau déjà surpeuplé.



S'il était sorti quelques années plus tôt, nulle doute qu'il aurait rencontré le succès qui lui était du. 
La vie est parfois injuste, même avec les films.

mardi 24 juillet 2012

Domino (2005)




Il y a des soirs, je me trouve admirable. 

Non, sans rire, pour alimenter ce blog, il m'arrive régulièrement de visionner de petits bijoux, mais aussi des films qui n'en méritaient pas tant. Et, lorsque, par le hasard de la TNT, j'ai découvert "Domino", un film de Tony Scott dont je n'avais pas entendu parler auparavant, il était inévitable que je me penche sur son sort. En effet, le pauvre n'avait pas connu un grand succès à sa sortie, malgré un casting prestigieux (la très mignonne Keira Knightley, le revenant Mickey Rourke, mais aussi Lucy Liu, Christopher Walken, Jacqueline Bisset, entre autres). 

"Domino" est tiré de l'histoire véridique de Domino Harvey, fille de l'acteur Laurence Harvey, mannequin devenue chasseuse de  primes, et décédée d'une overdose peu avant la sortie du film (qui lui est d'ailleurs dédié). Pour les plus curieux d'entre vous, sachez qu'elle fait une petite apparition dans le film, dans son propre rôle. 

Filmer le destin hors du commun de pareil personnage, pourquoi pas ? On a vu des biopics plus dénués d'intérêt (non, non, je ne balancerai pas) et celui-là, de par les extrémités par lesquelles il passe, eut fait une remarquable vue en coupe du rêve américain. C'est d'autant plus rageant de constater l'échec flagrant de l'entreprise. 

La faute à qui ?  

A Tony Scott, indéniablement. Autant ce réalisateur a pu montrer son efficacité par le passé (je songe aux très  réussis "Ennemi d'état" ou "Les prédateurs"), autant le cadet de Ridley Scott est capable du pire (citons, en vrac et sans préférence, "Top Gun" et "Jours de Tonnerre"). Force est de reconnaître que, même s'il était pourvu des meilleures intentions, "Domino" est à ranger rapidement dans la catégorie des pires films de Tony Scott.  

Sans doute est-ce là une résurgence de son passé de cinéaste publicitaire, mais Scott use et abuse dans ce film des accélérations, de mouvements de caméra épilectiques, de jeux de couleurs poussées à leurs extrêmes. Ce qui peut fonctionner dans une publicité, voire un clip vidéo, s'avère vite épuisant pour le téléspectateur. Même Zack Snyder, pourtant bien fatigant dans son genre, ne se permet pas de telles aggressions pour les cellules optiques de ses spectateurs. Comme si cela ne suffisait pas, Scott se sert également de la bande sonore pour désorienter les rares spectateurs n'ayant pas encore déserté la salle. En poussant toutes les manettes dans le rouge, il fait de son film une sorte de clip extrême (et extrêmement long), aussi insupportable que le fut "Tueurs Nés" en son temps.  

Face à pareille réalisation, même le meilleur scénario ne résisterait pas longtemps. Celui de "Domino", écrit par  Richard Kelly (auteur du très intéressant "Donnie Darko" et du calamiteux "The Box"), passé à la moulinette face au déferlement d'effets dont use Scott, est pratiquement opaque, pour le spectateur. Hachée par un montage fait à la débroussailleuse, l'histoire de Domino semble syncopée et l'on n'en retient que quelques répliques trop artificielles pour être vraies.  

Même le jeu des acteurs et les efforts qu'ils font pour donner corps à cette histoire sont rendus vains par la frénésie de Tony Scott. C'est dommage, car la ravissante Keira Knightley aurait pu profiter de ce rôle pour montrer qu'elle n'est pas qu'une icône sexy. 


Il est des personnages dont la vie "bigger than life" méritent d'être contée. A n'en pas douter, celle de Domino Harvey fait partie de celles-là. Sans doute vécut-elle trop fort et trop vite. Ce n'était pas une raison pour la filmer sur ce train d'enfer.  







dimanche 22 juillet 2012

Prince Valiant (1997)



Ayant revu récemment « Prince Valiant » (la version de 1997, à ne pas confondre avec celle d'Henry Hathaway, datant de 1954) et en grand amateur de films d'heroïc-fantasy avec des morceaux de chevalerie dedans, je ne sais que penser de ce film. 

Et là, vous devez vous dire, chers lecteurs, que ce billet commence mal. 

C'est pas faux, comme disait l'autre. 

Mettons les choses au point tout de suite : « Prince Valiant » est un film que j'ai désespérément envie d'aimer, mais qui fait tout pour qu'on le déteste. Je vais commencer par ce que j'ai sincèrement aimé dans ce film. Parce que, malgré tous ses défauts, sur lesquels je reviendrai, « Prince Valiant » a moult qualités. 

Tout d'abord, il règne sur ce film un véritable esprit d'aventure et de légèreté. « Prince Valiant », tout chevaleresque qu'il soit, ne se prend pas au sérieux...enfin, pas trop. Ce n'est pas pour autant que ce film est mal réalisé, bien au contraire. Anthony Hickox (dont la réalisation la plus connue reste « Piège en eaux profondes », avec Steven Seagal), aux manettes, s'acquitte fort bien de sa tâche. S'il n'a pas le brio d'un grand réalisateur, son savoir-faire permet à l'ensemble d'être fluide : enfin une mise en scène qui ne nuit pas à l'histoire, c'est suffisamment rare pour être signalé. 

De même, les amateurs de comics appréciera les transitions entre les différents chapitres de l'histoire (cette histoire fût-elle tarabiscotée), utilisant des dessins qu'on croirait tout droit sortis de la bande dessinée originale. 

Enfin, le casting, sans être exceptionnel, regroupe quelques jolis seconds tôles: Edward Fox (« Le chacal », « Ghandi », « Un pont trop loin »), Ron Perlman (« La Guerre du feu », « Hellboy »), Warwick Davis (« Willow »)...et une petite débutante (à l'époque) : la jolie Katherine Heigl. 


Néanmoins, les défauts de « Prince Valiant » sont légion, à tel point qu'ils ne sont pas compensés par les quelques points positifs, précédemment listés. 

Pour commencer, l'histoire est truffée d'incohérences, au point qu'elle en perd tout crédit. A titre d'exemple, il paraît difficile de croire que le Roi Arthur délaisse sa fidèle épée Excalibur (qui est tout de même LE symbole ultime de son rang), qui plus est pour assister à un tournoi. Figurez vous que c'est pourtant le point de départ de ce film, Excalibur étant dérobée à cette occasion... 

Du à un scénariste visiblement en proie au délire, le script donne souvent l'impression de dérailler, et de s'égarer sur des chemins inattendus. Le combat final, pour ne citer que lui, est un grand moment d'anthologie, qui mêle sans vergogne crocodiles cuirassés, décors indiens et feux d'artifice. 

Au final, je ne sais s'il est possible d'aimer ce film, à la fois sincère et kitsch. Le mieux reste encore de se faire une opinion, au détour d'une diffusion télévisée, ou d'une location de DVD.




vendredi 20 juillet 2012

Beowulf & Grendel (2005)


Quand on parle de "Beowulf", le commun des mortels songe au mémorable nanar dans lequel notre Christophe Lambert national se commit il y a quelques années. D'autres, plus jeunes, penseront à l'adaptation en "motion-capture" réalisée, plutôt avec talent, par Robert Zemeckis. Les plus intellos de mes lecteurs évoqueront un poème épique, une des légendes fondamentales de la culture anglo-saxonne, adulée (et traduite, en son temps) par J.R.R. Tolkien, où Beowulf, un fameux guerrier danois est appelé à combattre Grendel, monstrueux troll qui terrifie la contrée où il vient de poser pied. 

Mais peu connaissent cette adaptation cinématographique, réalisée par Sturla Gunnarsson (dont le précédent film, "Drôles d'oiseaux" sombra lui aussi dans l'oubli), et dans laquelle jouent (entre autres) Gerard Butler ("300", "Prisonniers du Temps", "L'abominable vérité"), Stellan Skarsgard (récemment vu dans "Un chic type") ou Sarah Polley ("Splice", "Mr Nobody"). 

Malgré son petit budget, cette coproduction britanno-canadienne, tournée en Islande tente pourtant de donner corps au mythe, quitte à prendre quelques libertés avec lui. Résumons rapidement l'histoire : le village que dirige Hrothgar (Stellan Skarsgard) est terrorisé par Grendel, monstre sanguinaire venu des ténèbres. Beowulf, guerrier sans peur, vient au secours de Hrothgar avec ses hommes et, quitte à affronter mille périls, s'attaquera au terrible troll. 

A lire ces lignes, on peut se dire que le "pitch" est peu maigre et qu'il n'y a pas forcément de quoi faire un film dense. C'est la raison pour laquelle quelques aménagements ont été faits, pour enrichir le scénario. Je pense notamment au personnage de Selma (incarné par Sarah Polley) ou au comportement singulier de Hrothgar . Cela n'empêche pas, hélas, de constater quelques longueurs dans le film et de trouver que celui-ci manque singulièrement de rythme. La réalisation, hélas, peine à donner à "Beowulf & Grendel" l'énergie nécessaire, le souffle épique qu'on aurait aimé y trouver. Bien souvent, les plans donnent l'impression d'assister à un documentaire, ou à un travail d'amateur (quoiqu'on ait vu de redoutables fan-films). Le petit budget de ce long métrage n'est à aucun moment compensé par la foi qu'aurait du y insuffler son équipe et, au premier rang, son metteur en scène. 

Peu servis par un réalisateur visiblement en manque d'inspiration, les comédiens font ce qu'ils peuvent, mais donnent l'impression de s'ennuyer ferme. Du coup, l'ennui étant communicatif, le spectateur subit ce film sans y adhérer, sans y croire... On ne peut reprocher, à moins d'être un critique particulièrement acerbe et de mauvaise foi (il y en a, mais je ne balancerai pas), son manque de moyens à une oeuvre, cinématographique ou autre. Par contre, ce qui fait fatalement défaut à "Beowulf & Grendel", c'est l'ambition et le souffle épique. 

La clef de la réussite, voire du succès, de cette adaptation aurait pu être une réalisation plus à la hauteur de l'oeuvre originelle. Faute de cela, le film échoue à donner corps à Beowulf, comme si cette oeuvre était maudite...







La mort en son jardin


jeudi 19 juillet 2012

Black Death (2009)




Le phénomène du "Direct-to-DVD" devient récurrent. Bon nombre de films n'ont même plus l'honneur de sortir en salles et passent directement à la case "DVD". Bien souvent, il s'agit de nanars authentiques, plus rarement ce sont des petites perles. Dans le cas de "Black Death", j'avoue ne pas trop savoir dans quelle catégorie ranger ce DVD. 

Pensez donc, un film allemand, tourné en langue anglaise, porté par Sean Bean (l'inoubliable Boromir du "Seigneur des Anneaux", et maintenant tête d'affiche de la sublime série "Game of Thrones"), qui connut un tel bide outre-Rhin (et en Grande-Bretagne aussi) que les producteurs préfèrent arrêter là les frais. Reconnaissez le, vous n'aviez jamais entendu parler de "Black Death", non ? 

On se fait le pitch ? C'est parti.... 

En pleine épidémie de peste bubonique, en Angleterre, au XIVème siècle, un jeune moine, Osmund,  accompagne une troupe de soldats sans foi ni loi menés par Sire Ulric, ayant pour mission de localiser un village épargné par la maladie. A en croire la rumeur, ce village serait gouverné par un nécromancien ayant passé un pacte avec le démon.  

Le moyen-âge servant de toile de fond à "Black Death" est une époque sombre et sale, pleine de violence physique et morale. Le contexte extrêmement sombre de l'épidémie de peste et l'omniprésence de la religion offrent à cette oeuvre un fond particulièrement riche. Comme souvent, sous couvert de divertissement, il y a matière à évoquer des sujets plus profonds et "Black Death" le fait parfois, mais avec maladresse.  

C'est là son premier défaut : un scénario manquant d'ambition et n'allant pas jusqu'où il pourrait aller. Hésitant entre film d'action pure (ce qu'il n'est pas) et porteur d'un vrai message (ce qu'il n'est pas non plus), "Black Death" est entre deux eaux : du coup, le spectateur peut rester sur sa faim.  

Autre point noir : la réalisation de Christopher Smith (ayant déjà à son cursus "Severance" et "Creep"). Statique quand elle devrait être dynamique, dynamique quand elle devrait être statique, elle dessert le film, et c'est bien dommage. Quantités de plans sont gâchés par une caméra en perpétuel mouvement.  

Cela dit, il y a quantité de bonnes choses dans ce film. Tout d'abord, il est porté par une équipe qui croit en ce qu'elle fait. Du coup, on adhère à l'histoire et au voyage (initiatique) qu'elle nous propose. 

Ensuite, et c'est un point majeur , l'interprétation est remarquable. Sean Bean, tout d'abord, campe remarquablement son personnage dont on devine les fêlures intimes. Et que dire des "gueules" qui interprètent les soudards l'accompagnant, tous avec une réelle conviction dont bon nombre de "grands" acteurs feraient bien de s'inspirer. Seule réserve, à mes yeux, le jeune Eddie Redmayne (vu aussi dans "Deux soeurs pour un roi") semble parfois manquer de foi (un comble !) en son personnage, visiblement très (trop ?) proche de celui d'Adso dans "Le nom de la rose". 

Alors, d'accord, c'est parfois mal filmé, d'accord, l'histoire est un peu maigrelette et accuse quelques passages à vide, mais je n'arrive pas à ne pas aimer ce film. Décrivant un âge où l'enfer a pris corps sur Terrre, où les hommes cherchent un dieu ayant visiblement préféré prendre la fuite, "Black Death" vaut largement mieux que cette sortie à la sauvette et mérite amplement sa deuxième séance. 



mardi 17 juillet 2012

La dernière légion (2007)





Encore une fois, c'est grâce à la TNT que j'ai découvert ce film(1), visiblement passé inaperçu lors de sa sortie en salles, malgré un casting prestigieux. Pensez donc : le rôle prinicipal est tenu par Colin Firth(récemment encensé pour sa prestation dans "Le discours d'un roi"), et ce dernier est entouré par des pointures, dont Ben Kingsley (inoubliable "Gandhi", quand même) et également John Hannah(inoubliable dans "Quatre mariages et un enterrement", mais vu également dans "La Momie"), Peter Mullan (vu dans "Braveheart" ou "My name is Joe"), entre autres... 

L'histoire contée par "La dernière légion" commence lors de la chute de Rome, assiégée par les Goths. En fidèle général, Aurelius (Colin Firth), chargé de la protection du jeune Romulus Auguste, dernier empereur romain, voit ce dernier enlevé par les hordes venues de l'Est Aidé par une redoutable guerrière venue d'Inde (si, si, je vous jure) et un mystérieux vieillard doté de pouvoirs étranges (Ben Kingsley, portant perruque), il finira par arracher l'enfant des griffes des barbares, pour l'emmener vers la Bretagne, où se trouve la dernière légion romaine (d'où le titre). 

Raconté comme ça, le film semble assez acadabrantesque, c'est vrai. Et encore, je n'ai pas tout révélé. Mais, après tout, comme le disait Alexandre Dumas, on peut violer l'Histoire, si c'est pour lui faire de beaux enfants. Autant le dire tout de suite, dans le cas de "La dernière légion", le rejeton est plutôt mal fichu. 

La faute à qui ? Ou à quoi ?  

J'incriminerai pour commencer un scénario assez décousu, tenant plus de la course-poursuite hachée par des   
scènes de combat (ce qui fait penser à un jeu vidéo, à bien y réfléchir). Durant la longue "ballade" qui mène les personnages des collines de Rome à la Bretagne, en passant par Capri, force est de constater que nos héros subissent les événements plus qu'ils ne les provoquent. Et ces événements ne sont guère surprenants, puisque se résumant à quelques accrochages destinés à amener la bataille finale. Etonnant, non ? 

  
L'interprétation est, elle aussi, assez médiocre. Une fois de plus, Colin Firth donne l'impression de s'ennuyer ferme(2). Rien à faire, je n'arrive pas à être convaincu par son jeu et cet acteur (sans doute très doué) me fait régulièrement cet effet (notamment dans "Bridget Jones" et "La jeune fille et la perle").  Quant à sa partenaire féminine, la ravissante Aishwarya Rai, elle fait les frais du rôle le plus improbable de ce long métrage. 


Enfin, la réalisation de Doug Lefler (dont le seul autre film est "Coeur de Dragon 2", l'homme oeuvrant généralement aux manettes de séries télévisées comme "Hercule" ou "Xena la guerrière) peine à rendre crédible cette fantaisie historique. Se contentant du "minimum syndical", Lefler (dont la direction d'acteurs est sans doute à mettre en cause, au passage) ne réussit pas à insuffler suffisamment de vie et de crédibilité à l'histoire. 

  
C'est bien dommage, à mon sens...parce que ce film aurait pu fonctionner, et donner un divertissement honorable, voire agréable... 








(1) : au passage, ce film a valu récemment sa meilleure audience à  NT1. Les voies de l'Audimat sont décidément impénétrables...

(2) : je vais probablement déchaîner les foudres de moult d'entre vous en m'en prenant à lui. Promis, j'irai voir "Le discours d'un roi" et, qui sait ?, peut-être changerai-je d'avis.

dimanche 15 juillet 2012

Fire


Le fantôme du Bengale (1996)



Ce qu'il y a de bien avec la TNT(1), c'est qu'on peut (re)découvrir des films qu'on croyait enfouis au fin fond de l'oubli cinématographique, parce que sortis en catimini, voire pas du tout. 

Allez, je vous fais le pitch, rapido. 


Dans les années 30, caché quelque part dans la jungle, le Fantôme du Bengale, justicier masqué, veille sur l'humanité, carrément. Alors que Xander Drax, un magnat de la pègre, décide de mettre la main sur trois crânes de métal qui lui permettront de dominer le monde, le Fantôme, assisté par une journaliste new-yorkaise, met tout en oeuvre pour l'empêcher de réussir. 

Sorti en 1996, ce film, réalisé par Simon Wincer (dont le plus grand succès est "Sauvez Willy") est interprété par Billy Zane (le fiancé de Kate Winslet dans "Titanic"), Kristy Swanson, Treat Williams et Catherine Zeta-Jones (oui, oui, la belle brune, à qui l'on pardonnera cet écart). Il est inspiré du comic éponyme, créé par Lee Falk (qui contribua au scénario). 

A titre d'anecdote, notons la présence au casting de Patrick MacGoohan (la vedette de la série "Le prisonnier") dans le rôle du père du Fantôme. 

Malgré un budget confortable (pour l'époque) de 45 millions de dollars, il n'en rapporta qu'un tiers. D'où sa présence sur ce blog.

Dans le comic qui inspira ce film, on sent déjà un doux parfum de pulp. Et après tout, pourquoi se prendre au sérieux, lorsqu'on lit les aventures d'un héros déguisé en collant violet et chevauchant son blanc destrier dans la jungle indienne ? 

Alors, réaliser un film volontaire kitsch, soit. 

Si c'est drôle et assumé, pourquoi pas ? 

Point. 

Nenni. 

Comparer "Le fantôme du Bengale" à la série des Indiana Jones (ne riez pas, je l'ai lu, quelque part sur la toile) tient de l'aveuglement visuel et mental. Authentique nanar, cette série B (soyons indulgents) ne vaut que par les jolis paysages qu'elle nous fait visiter, et par le soin apporté aux décors et aux accessoires. Hormis cela, tout est à jeter. Scénario tenant à peine debout, réalisation poussive et digne d'un épisode de "Walker, Texas ranger", jeu d'acteurs calamiteux (et la VF ajoute encore au désastre, si c'était possible). 

En visionnant (péniblement) ce film, on a l'étrange impression que toute l'équipe tente de nous faire croire à une histoire en laquelle elle n'a aucune foi. Il va sans dire que la mayonnaise ne prend pas et que, rapidement, l'ennui qui guettait jusque là dans un coin, s'empare du spectateur. Enfin, c'est l'effet que m'a fait ce film, en tout cas. 

Dommage, ça aurait pu être amusant. Mais, à ne savoir choisir entre parodie et film sérieux, "Le fantôme du Bengale" ne fonctionne pas.  

Promis, un de ces jours, j'exhume de l'oubli un film qui ne méritait pas d'échouer. 

Ca nous changera. 






(1) : je ne balance pas, mais c'est sur France 4 qu'est (régulièrement) diffusé ce film. Si l'envie vous en prend... 

samedi 14 juillet 2012

Wolfhound (2007)




Encore une fois, c'est par la magie de la TNT que le film faisant l'objet de ce billet est parvenu jusqu'à moi. En grand amateur de médiéval-fantastique (genre pourtant plus souvent maltraité que magnifié sur grand écran), je me devais de visionner "Wolfhound, l'ultime guerrier", film russe de 2007, commis par un certain Nikolai Lebedev (dont peu d'oeuvres sont parvenues jusqu'à nos contrées). Muni de tout mon courage, et plutôt optimiste au vu de quelques avis glanés sur la Toile, je m'apprêtai donc à passer une soirée en compagnie de cet ultime guerrier, croisant les doigts pour que ne se renouvele pas la cruelle déception de "King Rising" (oui, ami lecteur, ce film là me laissa froid). 


Je vous fais rapidement le pitch du film, avant de me permettre de donner mon avis sur la chose. 

Lorsqu'il était enfant, Wolfhound a vu la totalité de son village massacrée par les troupes du cruel Zadhoba. Seul survivant, il passa sa jeunesse en esclavage au fond d'une mine, avant de réussir à s'évader pour suivre l'enseignement d'un druide et, finalement devenir mercenaire. Comme on est toujours rattrappé par son passé, Wolfhound devra affronter ses vieux démons et, pour vaincre le méchant Zadhoba (avec un nom pareil, on comprendra qu'il en veuille à la terre entière).  Pour peu qu'on connaisse un peu ses classiques en matière de cinéma fantastique, on notera une certaine similarité avec le scénario de "Conan le barbare", réalisé en son temps par John Milius.


Je suis plutôt bon public, en général, et n'attends d'un film qu'une chose : une histoire, bien racontée, si possible. Parfois, les acteurs, le réalisateur et toute l'équipe technique mettent tout en oeuvre pour donner à cette histoire un sens, une âme, parce qu'ils croient en elle. Dans le cas de "Wolfhound", il n'en est rien, hélas, trois fois hélas. 

Filmé avec la frénésie d'un Oliver Stone sous acide (oui, ami lecteur, j'ai été traumatisé par "Alexandre", je le reconnais) lors des scènes d'action, "Wolfhound" souffre de la comparaison avec des oeuvres plus maîtrisés, ou l'on est emporté par le souffle épique, et où la réalisation se fait discrète, voire subtile. 


N'est pas Peter Jackson qui veut (oui, ami lecteur, je voue un culte au grand Peter, et j'assume très bien, merci). Si Nikolai Lebedev partage mon admiration pour le réalisateur néo-zélandais du "Seigneur des Anneaux", il tente à maintes reprises de faire comme son illustre idole, sans visiblement avoir le talent nécessaire à son ambition.  Alors que la réalisation devrait servir l'histoire, déjà bien assez compliquée comme cela, elle ne fait que la rendre confuse, passant sans vergogne aucune d'un plan rapproché à un plan large. Au passage, on peut aussi jeter la pierre au montage, visiblement fait à la serpe. 


Tout n'est cependant pas à jeter dans ce film. Esthétiquement parlant, les amateurs de médiéval-fantastique y trouveront leur compte, le budget décors et accessoires ayant visiblement été généreux. Et, pour reprendre un "private joke" qui m'amuse beaucoup, je concluerai en classant, définitivement, "Wolfhound" dans la rubrique des réserves de photos. 


jeudi 12 juillet 2012

Moments


Strange Days (1995)



A l’heure où la critique (et l’académie des Oscars) encense Kathryn Bigelow pour son « Démineurs », il m’a semblé judicieux de revenir sur un de ses films les plus ambitieux et néanmoins le moins couronné de succès : « Strange Days ». Ce thriller futuriste, mettant en scène un passage chaotique à l’an 2000 (et donc, vu d’aujourd’hui, totalement obsolète) a en effet fait un bide retentissant lors de sa sortie, malgré un casting des plus alléchants : le grand Ralph Fiennes (à l’époque tout juste sorti de son rôle de nazi dans « La liste de Schindler »), Angela Bassett (qui incarna Tina Turner dans le biopic qui lui fut consacré), Juliette Lewis (qui explosa  ensuite dans « Tueurs Nés »), mais aussi quelques seconds rôles endossés par Tom Sizemore (incontournable second couteau d’Hollywood, vu dans « Heat » ou « Il faut sauver le soldat Ryan »  ), Michael Wincott (l’éternel méchant, échappé du « Robin des Bois » de Costner), ou Vincent d’Onofrio (bien connu des aficionados de la série « New York Section Criminelle »). 

Revenons un instant au millénaire passé pour tenter de comprendre pourquoi un tel film ne rencontra pas son public, si vous le voulez bien. Fraîchement séparée, à l’époque, du célèbre James Cameron (qui n’avait à l’époque pas encore commis « Titanic » ou « Avatar »), Kathryn Bigelow, réalisatrice déjà confirmée (puisqu’ayant à son actif les très efficaces « Aux frontières de l’aube », « Point Break » et  « Blue Steel ») s’est déjà fait une spécialité d’explorer les univers masculins, au gré de films d’action aux séquences musclées. 

Bref, c’est déjà une réalisatrice « qui en a ». 

Scénarisée par James Cameron (qui sait tout de même bricoler une histoire qui tient la route), l’histoire  de « Strange Days » se déroule sur fond de passage à l’an 2000. On y suit les péripéties de Lenny Nero (Fiennes, remarquable), flic déchu devenu trafiquant de clips vidéos dans lesquels on peut vivre, comme si l’on y était des instants volés à d’autres. Alors que l’approche de l’an 2000 est synonyme de débordements et de violences, qu’à tout moment la rue menace de s’embraser, Lenny tombe sur un « black-jack », enregistrement d’un meurtre laissé à son intention par un dangereux criminel. En remontant la piste, et en affrontant son passé et ses démons, le dealer va mener l’enquête, aidé en cela par une de ses amies, conductrice de limousine (Angela Bassett, féline), affrontant des flics véreux et des business-men égocentristes. 

Penchons-nous sur le film, afin de trouver ce qui a bien pu clocher au point d’en faire un bide, si vous le voulez bien… 

L’histoire est dense, riche, parfois lourde, mais le découpage du scénario est suffisamment bien réalisé pour qu’on ne se perde pas en route. La distribution est tout simplement remarquable, les premiers comme les seconds rôles bénéficiant d’une interprétation de haute volée (Fiennes et Bassett en tête, mais tout le casting est irréprochable). Aux manettes du film, Bigelow assure une réalisation efficace sans être artificielle (travers dans lequel elle aurait pu tomber, notamment dans les scènes en caméra « suggestive » pour les clips), et est servie par un montage à l’avenant. Les décors et les effets spéciaux sont également remarquables et on adhère sans problème à l’ambiance de fin de siècle (même si les esprits chagrins feront remarquer que le XXIème siècle a commencé en 2001 et non 2000). 

Enfin, la bande originale est de toute beauté, puisqu’on peut y entendre, chose rare, des morceaux de la trop rare PJ Harvey, Skunk Anansie ou de Deep Forest, pour ne citer qu’eux. 

Alors, à quoi peut-on attribuer l’échec de « Strange Days » ? Certainement pas à sa distribution, impeccable ou presque, ni à la réalisation, acérée et efficace. On pourrait lui reprocher un scénario un peu touffu et complexe, louvoyant entre intrigue policière et thriller futuriste, mais ce serait faire injure au public. En effet, à mille lieues des blockbusters faciles à digérer, « Strange Days » demande un effort pour être assimilé et pour que son discours (sur la dangerosité des technologies et des médias, notamment) trouve un écho chez le spectateur. S’il faut trouver une raison à l’injuste échec dont fut victime « Strange Days », c’est justement parce qu’il ne s’agit pas d’un film aisé à prendre en main, comme le fut en son temps le génialissime « Blade Runner » (toutes proportions gardées, mais, venant de moi, la comparaison est flatteuse). Trop riche, trop intelligent pour n’être qu’un film d’action, « Strange Days » fut mal vendu et rata son public, au point de ne rapporter qu’une dizaine de millions de dollars (tout en ayant coûté cinq fois plus).

Alors que, quinze ans plus tard, Kathryn Bigelow connait enfin la reconnaissance qu’elle mérite, il serait temps que « Strange Days » bénéficie d’une nouvelle chance. Certes, ses prédictions apocalyptiques ne se sont pas réalisées (quoique…), mais son propos reste d’une justesse et d’une pertinence rares. 

Une deuxième séance s’impose donc.


mercredi 11 juillet 2012

Dernière danse (1996)




Suite à un débat récent avec une amie, j’ai revu « La dernière danse », de Bruce Beresford. Il m’a semblé judicieux de lui consacrer ce billet dans mon blog. Après tout, ce long métrage a été victime d’un terrible flop commercial (n’engrangeant que « quelques » petits millions de dollars, avant de quitter piteusement l’affiche), bien que doté sur le papier d’atouts non négligeables. Tout d’abord, son interprète principale, Sharon Stone, alors dans sa période « je ne suis pas qu’un sex symbol », sortant péniblement du carcan où l’avaient enfermée des films comme « Basic Instinct » ou « Sliver ». Ensuite, son réalisateur, l’oscarisé Bruce Beresford, qui venait de triompher avec le délicieux « Miss Daisy et son chauffeur » (ouvrant au grand Morgan Freeman la route d’Hollywood). Enfin, son thème, puisque ce drame carcéral empoignait à bras-le-corps le thème ô combien délicat de la peine de mort… 

Alors, avec ces ingrédients, comment se fait-il qu’un tel film n’ait pas suscité l’engouement du public ? Parce qu’il faut bien l’avouer, attirer moins de 100 000 spectateurs (pour parler de l’hexagone), ça porte un nom : un four. En re-visionnant le film, il est possible de trouver quelques explications. Mais n’allons point trop vite en besogne et commençons par le commencement, à savoir l’intrigue. 

Rick Hayes (Rob Morrow), jeune avocat né avec une cuiller d’argent dans la bouche, trouve un job à la commission de clémence, au bureau du Gouverneur de l'Etat (seule personne, dans le système américain, capable de gracier un condamné à mort). On lui attribue le dossier de Cindy Ligett (Sharon Stone), condamnée à mort douze ans plus tôt pour avoir assassiné de façon extrêmement brutale un ex-petit ami, sous l’emprise de la drogue. Peu à peu, un lien très étroit va se tisser entre la condamnée et l’avocat, ce dernier tentant tout ce qu’il peut pour empêcher la sentence d’être appliquée, envers et contre tout. 

Si l’interprétation de Sharon Stone est particulièrement juste et émouvante, force est de constater que le reste du casting n’est pas à la hauteur. Qu’il s’agisse de Rob Morrow (désormais plus connu pour ses interprétations télévisuelles, notamment dans la série « Numb3rs »), de Jack Thomspon (en gouverneur implacable…ou pas) ou de Randy Quaid (le frère de Dennis, interprétant un avocat hanté), les seconds rôles sont assez patauds, comme si les acteurs ne croyaient pas aux personnages qu’ils incarnent. En l’occurrence, c’est particulièrement dommageable au film. 

Ensuite, le scénario (écrit conjointement par Ron Koslow et Steven Haft, œuvrant eux aussi plus pour le petit écran que pour le grand) est particulièrement confus et maladroit. Loin de se focaliser sur le thème de la rédemption et du pardon, les scénaristes glissent dans leur script une histoire d’amour (il fallait s’y attendre), multiplient les flashbacks plus que de raison et (je crois que c’est le pompon) se permettent un (faux) rebondissement de dernière minute (que je ne dévoilerai pas, ou alors, il faut me supplier). 

Enfin, il faut bien l’avouer, la réalisation est loin de servir l’histoire, et est à peine digne d’un téléfilm. Comment se fait-il qu’un réalisateur pourtant talentueux (on doit à Beresford quelques jolis films) accomplisse si mal son travail ? Faut-il s’appeler nécessairement Frank Darabont (« La ligne verte », « Les évadés ») pour réussir un film carcéral ? A la décharge de Bruce Beresford, on pourra reconnaître qu’il n’est pas le seul à avoir raté son coup. Alan Parker (« Midnight Express », « The Wall », «Birdy », tout de même), pour ne citer que lui, a également échoué avec « La vie de David Gale » (avis tout personnel qui n’engage que moi, certes).

Il est amer, au final, de constater qu’un thème si intéressant, si sujet à controverse (et aussi si casse-gueule) soit si mal servi par ce film. Au final, seule l’interprétation de Sharon Stone est à sauver. C’est déjà ça, me direz-vous…mais c’est peu, en regard des promesses que portait « La dernière danse ».