La récente disparition de l'immense David Bowie a conduit pas mal de médias à évoquer sa belle carrière cinématographique. Les films qui mirent en scène le Major Tom furent, pour les plus connus d'entre eux, rappelés à notre bon souvenir, de "Furyo" à "Basquiat", en passant par "Les prédateurs" et "L'homme qui venait d'ailleurs". Assez curieusement, l'un de ses films, pour lequel il participa à la bande originale, est quasiment oublié de tous et peu nombreux furent les médias à l'évoquer suite à la mort de David Bowie. Mal reçu par la critique, "Absolute beginners" participa, avec "Revolution" de John Hughes, à la faillite du studio Goldcrest. On comprend mieux l'oubli dans lequel est plongé ce long métrage...
Londres, 1958 : la jeunesse veut vivre et, pour oublier les années sombres qui précèdèrent, s'ennivre dans un tourbillon de musique. Le jazz est bien installé et le rock'n roll ne va pas tarder à pointer le bout de son nez. Colin, jeune photographe, veut faire partie de ce monde. Mais, ce qu'il veut avant tout, c'est le cœur de la ravissante Suzette. Et Suzette, elle, ne pense qu'à la carrière qui s'offre à elle, dans la mode.
Autour d'eux, il y a la musique, la danse, la vie !
Autour d'eux, il y a la musique, la danse, la vie !
Julien Temple, réalisateur de "Absolute beginners" fit ses premières armes en mettant en scène des clips vidéo et surtout le très ironique "La grande escroquerie du rock'n roll", vrai-faux documentaire sur les Sex Pistols et leur producteur, le très barré Malcolm.... Avec "Absolute beginners", adapté du roman éponyme de Colin MacIness,il se fait plaisir et livre un très long clip, doté d'une distribution très pop, qui vient pousser la chansonnette sous des néons bien eighties.
Certes, "Absolute beginners", avec les années, a vieilli et marque cruellement son âge, tant il semble ancré dans son époque (qu'il s'agisse de celle où son histoire se déroule ou de celle où il fut tourné). Mais on ne peut s'empêcher de lui trouver un certain charme, et de se laisser porter par ses mélodies et l'enthousiasme de ses personnages. Et, si cela ne suffisait pas, la simple présence de Patsy Kensit est à elle seule une belle raison pour visionner "Absolute beginners" (oui, j'avoue, je suis faible). Face à elle, Eddie O'Connell, porté disparu depuis, offre sa sincérité à l'histoire narrée là. Les seconds rôles sont souvent marquants, qu'ils soient interprétés par David Bowie (qui composa une bonne partie de la bande originale), Sade (la chanteuse envoûtante des années 80), James Fox ou Ray Davies (oui, le leader des Kinks, vous avez bien lu). Et, en regardant bien, vous découvrirez pas mal de visages connus dans les arrières-plans.
Assumant l'hommage quasi-continuel à "West Side Story", cette comédie musicale acidulée et colorée comme un bonbon est une friandise venue d'une autre époque, un péché mignon, un plaisir coupable. Visionner "Absolute beginners" aujourd'hui est une façon bien élégante de rendre hommage au créateur de Ziggy Stardust, tout en se faisant plaisir.
Alors, si l'on regarde "Absolute beginners" avec la grande indulgence due à son âge et surtout en se disant qu'il s'agit d'un long clip vidéo, il est possible de lui trouver un certain charme et de l'apprécier. Le cinéphile pur et dur sera moins prompt à le considérer comme un véritable film.