mercredi 29 octobre 2014

Festival du Cinéma et Musique de Film de la Baule

Une fois n'est pas coutume, je relaie ici la première édition d'un festival prometteur.
Avis aux amateurs !


Du jeudi 20 au dimanche 23 novembre 2014, la 1ère édition du Festival du Cinéma et
Musique de Film de La Baule créé et présidé par Christophe Barratier (Les Choristes, Faubourg 36, La Nouvelle Guerre des Boutons) et Sam Bobino (délégué général des Prix des Lumières), proposera une vingtaine de films (compétition officielle, rétrospectives, avant-premières) projetés gratuitement ainsi que des rencontres avec le public et des ciné-concerts.

Pour cette 1ère édition, le jury sera présidé par le réalisateur et scénariste Jean Becker (L'été meurtrier, Elisa, Les enfants du marais, La tête en friche et Bon rétablissement en salles actuellement). La sélection officielle comportera six films internationaux qui concourront pour l'Ibis d'Or.

Un hommage exceptionnel sera rendu au réalisateur Claude Lelouch et au compositeur Francis Lai qui célèbrent cette année leur 50 ans de collaboration, lors de la cérémonie de clôture, samedi 22 novembre au Palais des Congrès Atlantia de la Baule. Cet hommage sera suivi d'un concert Ciné Musique donné par l'orchestre philharmonique de Prague (50 musiciens) qui interprétera les plus grands classiques du cinéma dont les images seront projetées en simultané (Cheyenne Productions), avec la complicité de Francis Huster.

L’acteur et réalisateur Jean-Paul Rouve sera l’invité de cette 1ère édition du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule. Son nouveau film Les Souvenirs, en salles le 15 janvier prochain (musique composée par Alexis Rault), sera projeté en avant-première le vendredi 21 novembre au cinéma le Gulf Stream, en présence de toute l’équipe (Annie Cordy, Mathieu Spinosi, Michel Blanc, Chantal Lauby et Audrey Lamy).

Depuis la dernière édition, en 2008, du Festival de Musique et Cinéma d’Auxerre, aucun
autre festival d’importance n’avait remis à l’honneur le mariage entre musique et cinéma en France. Le Festival du cinéma et Musique de Film de la Baule souhaite s’inscrire dans le prolongement de ce festival et des festivals audacieux et créatifs.

Les Présidents du Festival : Christophe Barratier et Sam Bobino (photo DR : Patrick Gérard)

Infos, accréditations, espace pro : http://www.festival-labaule.com/

lundi 27 octobre 2014

Dans la cour (2014)


Les personnages mis en scène par Pierre Salvadori sont en général éborgnés par la vie. On se souviendra avec émotion des deux comparses des "Apprentis" (sans doute son meilleur film), interprétés par les inoubliables Guillaume Depardieu et François Cluzet. Le réalisateur a un talent incontestable pour brosser le portrait d'humains malmenés par l'existence, tenant tant bien que mal et craquant souvent. Son dernier film, "Dans la cour", qui mettait en scène un duo inattendu composé de Catherine Deneuve et de Gustave Kervern, était, c'est le moins que l'on puisse dire, ancré dans son époque. Malheureusement, le fait est qu'il ne rencontra pas son public, avec environ 300 000 spectateurs au final.

Antoine, rocker quadragénaire, craque un soir de concert, et laisse tout tomber. Il finit par se retrouver gardien d'immeuble, dans une petite copropriété parisienne. Dans la cour de cet immeuble, se croisent des êtres humains à la dérive. Parmi eux se trouve Mathilde, qui découvre sur un de ses murs une fissure inquiétante, qui va faire naître chez elle une angoisse de plus en plus forte. Se prenant d'amitié l'un pour l'autre, Mathilde et Antoine vont s'accrocher l'un à l'autre...

Bien reçu par les critiques (comme c'est souvent le cas pour ce réalisateur), le dernier film de Pierre Salvadori, après "De vrais mensonges" (en 2010) représente indéniablement un virage dans l'oeuvre de ce metteur en scène. Si ses précédents longs métrages portaient une dose importante de comédie, tout en gardant une dimension sociale et humaine, "Dans la cour" est plus un drame qu'une comédie, malgré quelques moments amusants. Le portrait en creux qu'il brosse de notre société, par le biais de la population de la dite cour, n'incite guère à la crampe des zygomatiques. Mais c'est pour mieux faire vibrer le cœur du spectateur. Car s'il est une chose certaine, chez Pierre Salvadori, c'est l'amour qu'il porte à ses personnages, élément que l'on avait déjà capté dès ses tout premiers films (souvenez-vous du délicieux "Cible émouvante"). Pour transposer à l'écran cet attachement, il pose sa caméra tout en douceur à hauteur de femme et d'homme, pour donner à ses acteurs toute la latitude nécessaire. 

Dire que les comédiens sont remarquables tient de l'euphémisme : Catherine Deneuve tient là son
meilleur rôle depuis longtemps, avec un personnage qui lui permet d'assumer pleinement son âge et les fissures qui vont de pair. Face à elle, Gustave Kervern, à mille lieues de ses pitreries de Groland, se glisse merveilleusement dans la peau d'Antoine, lui apportant une bonhomie mélancolique inattendue. A leurs côtés, le trop rare Féodor Atkine et l'étonnant Pio Marmaï sont également au diapason, et servent justement une belle partition.

Alors, pourquoi pareil insuccès ? Est-ce parce que "Dans la cour" a été vendu comme une comédie et n'en était pas réellement une ? Ou parce que les films de Pierre Salvadori peuvent sembler réservés à un public averti (ce qui est totalement faux) ? J'avoue être en peine d'expliquer pourquoi ce film n'a pas eu plus de succès dans les salles. Pour une fois qu'un film français mérite d'être vu, parce qu'il parle intelligemment de notre monde et de notre vie, il reste surprenant que le public passe à côté...

Une dernière explication (et sans doute la plus valable) à l'échec de ce touchant petit film est à mettre au compte du calendrier. "Dans la cour" sortit sur les grands écrans une semaine après "Qu'est-ce qu'on a a fait au bon dieu ?". Dans l'ombre de cet immense succès (mérité ou non, la question reste posée) du cinéma français, il lui était sans doute difficile de s'en sortir avec les honneurs. On se réfugiera dans cette dernière explication : il est difficile de croire que le public français (connu pour son bon goût) ait délibérément boudé un si joli film.


mercredi 22 octobre 2014

They came together (2014)


A maintes reprises, et il n'y a pas si longtemps, j'ai traité en ces colonnes du sort de comédies romantiques. On pourrait d'ailleurs croire que c'est un genre habitué aux échecs ou que ce style m'est particulièrement cher, allez savoir. Souvent mal abordé, voire maltraité, le genre doit trouver le point d'équilibre entre romance et drôlerie sans rater sa cible. Soyons francs, l'alchimie ne fonctionne pas toujours : le cinéma hexagonal, par exemple, semble s'être fait un spécialiste de l'échec en la matière. Outre-Atlantique, les romcoms sont produites à la chaîne, semble-t-il, et sont extrêmement formatées, quitte à être vite oubliées. Certaines se détachent cependant du lot, par leurs qualités, leurs défauts, ou leur originalité. N'ayant pas bénéficié d'une sortie en salles dans notre contrée, "They came together" avait pris le parti de tourner en dérision les comédies romantiques américaines "classiques".

Au restaurant, deux couples d'amis racontent les circonstances de leurs rencontres respectives. Joel et Molly, quand vient leur tour, vont décrire depuis le début toute leur histoire d'amour. Celle-ci était pourtant mal engagée : employé par une grosse entreprise de confiserie industrielle, Joel était alors en charge du projet qui devait conduire à la fermeture de la petite boutique de bonbons tenues par Molly. Quand tous deux se rencontrent dans une soirée organisée par des amis communs, nul n'aurait pu douter qu'ils étaient faits l'un pour l'autre.
Ou pas...

Passées les premières scènes, on comprend vite le stratagème : "They came together" nous fait le coup de la parodie, voire de la mise en abyme. Pourquoi pas ? La romcom, genre à part entière (et maintes fois chroniqué en ces colonnes) mérite amplement qu'on la moque ou qu'on la décortique, comme je le disais en ouverture. Et, dans la première partie du film, on est en droit de se dire que l'exercice est salutaire et qu'il pourrait être réussi. Les clichés inhérents au genre sont pointés du doigt et le film utilise habilement les références aux classiques du genre. Malheureusement, très vite, on se rend compte que le film ne tient pas la distance. A force de répétitions et d'égarement dans les travers actuels de la comédie américaine (en clair, les gags et les vannes sous la ceinture), la pertinence de la parodie prend l'eau. Là où il aurait fallu jouer de finesse, "They came together" gâche son postulat de base en usant des moyens les plus grossiers.

Paul Rudd et Amy Poehler, en couple improbable mais pourtant évident (la contradiction fondatrice du genre) sont en territoire connu : l'un et l'autre sont des fidèles du genre (et du réalisateur, en ce qui concerne Paul Rudd). Cependant, à force de pousser le curseur de leur jeu trop loin dans le registre comique, ils deviennent vite agaçants, comme la majeure partie du casting.

Était-il pertinent de vouloir parodier un genre qui comporte déjà sa part d'autodérision ? Au vu du résultat, on est en droit de se poser la question, tant le visionnage de "They came together" laisse dubitatif. Sans doute la méthode employée manque-t-elle de subtilité et d'efficacité, mais un traitement tout en finesse aurait-il assuré la réussite de l'entreprise ? Toujours est-il que David Wain, le réalisateur et co-scénariste, n'est pas un adepte de la subtilité et n'était sans doute pas le metteur en scène idéal pour une attaque plus subtile de la chose...

Le jeu appuyé et parfois outrancier de ses interprètes et ses quelques égarements en des territoires plutôt gras jouent en la défaveur de cet exercice qu'on aurait aimé plus subtil. C'est dommage : l'exercice aurait pu être plus savoureux. Pour le coup, sans qu'on puisse ranger "They came together" dans la catégorie des navets honteux, il n'est cependant pas un bon film.


vendredi 17 octobre 2014

Invasion (2007)


Le thème de l'invasion extra-terrestre de la Terre, en plus d'être un grand classique déjà maintes fois traité, est souvent un prétexte à un propos politique, à l'instar de "L'invasion des profanateurs de sépulture", d'abord mis en image par le grand Don Siegel en 1956, puis objet d'un remake par Philip Kaufman, avant de passer entre les mains d'Abel Ferrara. Il faut croire qu'une nouvelle mouture de ce classique de la science-fiction était inévitable : en 2007, sortit (laborieusement) "Invasion", avec Nicole Kidman et Daniel Craig en têtes d'affiche. Etait-ce un remake de trop ? Toujours est-il que le film accusa une perte d'environ quarante millions de dollars : on a fermé des usines pour moins que ça.

La navette spatiale américaine Patriot a explosé en vol et a répandu des milliers de débris sur tout le territoire des Etats-Unis. Peu après, certains citoyens commencent à avoir un comportement inquiétant, après avoir été en contact avec une substance tout aussi étrange. Carol, médecin de son état, va être confronté à d'étranges phénomènes qu'elle ne peut se résoudre à attribuer au virus qui circule dans le pays. Les gens deviennent trop étrangement paisibles et ne sont plus eux-mêmes, ne montrant plus aucune émotion. Que se passe-t-il ?

Après le succès rencontré avec "La chute", Olivier Hirschbiegel put tenter l'aventure hollywoodienne, délaissant pour un temps la réalisation de séries télévisées telles que "Tatort". Malheureusement, la gestation de "Invasion" n'augurait rien de bon. Ses producteurs (dont le célèbre Joel Silver), au visionnage de ce que livra Olivier Hirschbiegel, décidèrent de faire ré-écrire les deux tiers du scénario par Andy et Larry Wachowski, puis d'en faire tourner de nouvelles scènes par James McTeigue (réalisateur de "V pour Vendetta"). 
Il faut cependant croire que ces interventions de sauvetage n'arrangèrent en rien le film : le produit final n'est guère enthousiasmant, comme si les dégâts initiaux n'avaient pas été réparables, ou comme si le remède avait été pire que le mal. 

La réalisation est, avec le montage, le plus grand défaut de ce film. Abusant de la caméra à l'épaule et de scènes extrêmement courtes, alors que les séquences d'exposition sont trop peu nombreuses, Olivier Hirschbiegel livre une mise en scène digne d'un téléfilm lambda. Le style, utilisé pour "La chute", n'est d'aucune efficacité dans le cas présent, où le public est bringuebalé dans une histoire sans intérêt, bouclée à la hâte, sans le moindre respect pour lui.

On se consolera avec la présence de la divine Nicole Kidman et d'un Daniel Craig n'ayant pas encore endossé le smoking de James Bond. Au passage, il croise, l'espace de quelques scènes, Jeffrey Wright qui deviendra Felix Leiter dans "Casino Royale". A défaut d'un réel discours qui aurait pu sauver le film, on peut se consoler en compagnie de ses interprètes...ou être mal à l'aise pour eux, c'est selon.


dimanche 12 octobre 2014

Cyprien (2008)


Signe des temps, les geeks envahissent les écrans, grands et petits : cette partie de la population, souvent plus à l'aise avec les ordinateurs que les véritables personnes, baignant dans une culture devenue mainstream, et refusant souvent de grandir, tient les commandes de bon nombre d’œuvres à succès. La très drôle série "The big bang theory", pour ne citer qu'elle, donne un bel aperçu de la vie quotidienne de cette étrange peuplade (à laquelle j'avoue me sentir souvent affilié). Au cinéma, c'est une autre paire de manches : les geeks sont souvent des personnages secondaires, parfois caricaturaux (je songe notamment à "Die Hard 4", par exemple). Pour en pas être en reste, le cinéma hexagonal a aussi utilisé cet archétype, pas toujours de la façon la plus fine. L'équipe de "Cyprien", Elie Semoun en tête, a essuyé un bel échec, 

Cyprien, à 35 ans, est un garçon timide, au physique disgracieux, s'y entendant plus avec les ordinateurs qu'avec le genre humain. Informaticien au sein du magazine "Dress code", il voit passer les top-models sans pouvoir espérer approcher la première femme venue. Toujours puceau, Cyprien ne s'épanouit que derrière un écran d'ordinateur, avec ses potes geeks. Quand il est licencié, sa vie s'effondre. Mais le destin va lui offrir une seconde chance, sous la forme d'un déodorant magique. Métamorphosé, Cyprien va devenir l'opposé de ce qu'il a toujours été.

A lire le pitch que je viens de vous livrer, n'importe qui pourra deviner le déroulement de l'histoire de Cyprien, mijoté à partir du personnage recherchant une "blonde à forte poitrine" dans les célèbres petites annonces d'Elie Semoun. Malheureusement, ce qui peut alimenter (et encore !) un court sketch ne peut en aucun cas devenir un long métrage. Les quelques sourires qu'on peut avoir lors des premières scènes deviennent vite crispés, avant de céder à l'agacement, puis à l'ennui.
Malgré la présence de toute sa bande (ou peut-être à cause d'elle, justement), Elie Semoun n'est presque jamais convaincant. A force de gags répétitifs et souvent lourds, de vannes éculées et d'artifices visuels grossiers, voire grotesques, "Cyprien" est une comédie pas drôle : un comble. Mais le pire reproche qu'on puisse lui faire reste de traiter ses personnages par le mépris.

David Charhon, le réalisateur, livra ici son premier long métrage et, après le bide sévère de "Cyprien", eut une deuxième chance en mettant en scène "De l'autre côté du périph'". C'est heureux pour lui car, entre un scénario inintéressant et prévisible, des personnages de l'épaisseur d'un papier à cigarette et de multiples placements de produits (une tendance particulièrement affligeante, à mes yeux), son premier galop d'essai avait tout de l'accident industriel.

La caricature est un art et, en regardant "Cyprien", on ne peut que constater qu'il n'est pas maîtrisé par Elie Semoun et sa bande. Traçant à gros traits gras le portrait d'un nerd puceau et de sa bande, le film donne l'impression de se moquer de ses personnages, alors qu'un regard plus attachant aurait été salutaire. Au lieu de cela, c'est une succession de gags sentant le réchauffé, voire le brûlé, que nous sert Elie Semoun. Ceux qui l'ont apprécié dans ses petites annonces, qui bégayaient déjà sérieusement, risquent, s'ils ont la mémoire courte, de trouver cette pochade à leur goût.
Les autres passeront leur chemin, cela vaut mieux. 






mardi 7 octobre 2014

Mosquito Coast (1986)



L'australien Peter Weir a, dans sa filmographie, quelques oeuvres mémorables. Citons, par exemple, "Le cercle des poètes disparus", "The Truman show", "L'année de tous les dangers" ou "Witness". Il a également à son tableau de chasse quelques films qui marquèrent moins les mémoires, comme le délicieux "Green card" ou "Mosquito Coast". Ce dernier, tourné dans la foulée de "Witness", avec dans le premier rôle Harrison Ford, à l'époque au sommet de sa gloire, fait partie de ses échecs commerciaux et critiques. A le revoir aujourd'hui, on peut se poser la question : cet insuccès était-il mérité ?

Allie Fox, inventeur de génie et idéaliste passionné, n'en peut plus de ce qu'est devenu le rêve américain. Un jour, il décide de quitter les Etats-Unis et d'aller s'installer, avec femme et enfants, au cœur de la jungle du Honduras, pour y retrouver la vraie vie.
Là, tel des Robinson modernes, la famille Fox va tenter de commencer une nouvelle vie. Cependant, cette nouvelle existence est loin d'être sans dangers.

"Mosquito Coast" n'est sans doute pas le plus grand film de Peter Weir, mais il porte néanmoins nombre de thèmes forts. Tiré du roman de Paul Théroux, qui participa d'ailleurs à l'écriture du scénario aux côtés du grand Paul Schrader, "Mosquito Coast" résonne un peu plus fort, près de trente ans après sa sortie. La colère d'Allie Fox face à ce qu'est devenu son pays et, par extension, le monde en général, est communicative. Lorsqu'il va jusqu'au bout de ses idées et décide de jeter les bases d'une nouvelle civilisation, entraînant dans sa croisade sa femme et ses trois enfants, on peut se prendre à l'encourager, parce qu'il réalise le rêve de bien de bon nombre d'entre nous.

C'est là la grande force de "Mosquito Coast", que de faire partager au spectateur l'enthousiasme de son héros, sous l’œil admiratif, puis critique de son fils aîné. Remarquable observateur, Peter Weir pose un regard sur le parcours de la famille Fox sans cependant juger leur expérience, laissant au spectateur le soin de se positionner. Il fut un temps, semble-t-il, où le contenu des films n'était pas pré-mâché et où les metteurs en scène faisaient confiance au public pour aborder leurs œuvres sans en livrer toutes les clés.

En plus de la remarquable réalisation de Weir et d'une très belle bande originale signée Maurice Jarre (excusez du peu !), le film est sublimé par des acteurs remarquables. Harrison Ford, qui aurait à l'époque pu se contenter de surfer sur ses rôles les plus connus (Indiana Jones et Han Solo, pour ne citer qu'eux), donne toute l'étendue de son immense talent, en incarnant un personnage tour à tour admirable et détestable, et a rarement été aussi bon. Face à lui, on notera l'immense Helen Mirren et le regretté River Phoenix (qui retrouvera d'ailleurs Ford dans le troisième volet des aventures d'Indiana Jones, avant de disparaître prématurément).

L'interprétation habitée de Harrison Ford (dont ce film est souvent considéré comme étant son préféré) n'y fit rien : "Mosquito Coast" fut boudé par le public et massacré par pas mal de critiques. Avec le recul, on peut regretter que ce film n'ait pas rencontré le succès en son temps. Il n'est pas trop tard pour entendre le message qu'il portait alors : il est toujours d'actualité.





vendredi 3 octobre 2014

Hôtel Normandy (2013)


Ce n'est pas la première fois qu'une comédie romantique, hexagonale ou venue d'outre-Atlantique, fait l'objet d'un billet dans ces colonnes. Je ne vous ferai pas l'injure de récapituler une fois de plus les composantes classiques et indispensables à tel exercice de style. Toujours est-il que le film "Hôtel Normandy", parce que j'en avais lu du bien dans un blog ami et aussi parce que son action me "parlait", régionalement parlant, a attiré mon attention. Malgré le peu de succès qui fut le sien lors de sa sortie, qui sait ? Peut-être que ce film serait celui qui me réconcilierait avec les productions hexagonales. 

La belle Alice, dynamique et passionnée d'art, est malheureusement veuve depuis plusieurs années. Ses deux meilleures amies et collègues, Pénélope et Isabelle, décident de lui offrir, pour son anniversaire, un séjour à Deauville, durant la biennale d'art contemporain. Alice est bien évidemment ravie. Ce qu'elle ignore, c'est que ses deux copines ont engagé pour l'occasion un homme qui devra séduire la jeune femme...et ainsi la convaincre qu'elle a le droit à une nouvelle chance.

N'importe qui aura décelé dans le pitch les ingrédients incontournables de la comédie romantique, genre où l'élément de surprise est en général aussi rare qu'un livre chez Ribéry. Cela dit, il est parfois rassurant et confortable de s'installer confortablement devant une bonne vieille romcom. Par contre, quand le cinéma français se frotte au genre, il est rare qu'on sorte ravi de la projection.

Charles Némès, le réalisateur, est hélas déjà connu de nos services, puisqu'il a réalisé "Le séminaire" de sinistre mémoire, ainsi que le mémorable "La tour Montparnasse infernale". Aucun de ses longs métrages n'a, il faut bien l'avouer, marqué l'histoire du septième Art. Et ce n'est pas "Hôtel Normandy" qui changera la donne, il faut être clair.

La faute à qui, à quoi ? Les coupables sont nombreux, à commencer par un scénario tenant plus du bricolage que d'une véritable histoire bien construite. A force de jouer sur les clichés tirés du vaudeville, "Hôel Normandy" donne vite l'impression, jamais démentie, de tenir à peine debout. Ce n'est pas la réalisation, somme toute banale, qui bouleversera le spectateur.


Enfin, du côté de l'interprétation, nul miracle à l'horizon, hélas. Héléna Noguerra est bien mignonne, mais ne joue pas très bien, tandis que ses deux partenaires masculins ne sont guère convaincants. Eric Elmosnino s'en sort mieux qu'Ary Abittan, visiblement condamné à jouer la caricature. On notera, dans les rôles des bonnes copines de l'héroïne, la présence des étonnantes Anne Girouard (à mille lieues de son personnage de Guenièvre dans "Kaamelott") en nymphomane et de Frédérique Bel (l'animatrice de "La minute blonde"). Toutes deux réalisent sans doute la meilleure performance du film...

Souvent, par bienveillance, j'incite les lecteurs de ce blog à donner une nouvelle chance à tel ou tel film. Dans le cas du présent long métrage, l'envie me manque. Ce n'est certainement pas avec "Hôtel Normandy" que je me réconcilierai avec la comédie romantique française, qui n'a décidément pas les moyens de faire de l'ombre à ses rivales anglo-saxonnes.