dimanche 27 avril 2014

All about Albert (2013)



James Gandolfini, acteur immense, qui porta sur ses épaules la grande série "The Sopranos", s'en est allé, il y a peu. Son dernier film, "Enough Said", resté dans les cartons depuis sa sortie (en septembre 2013) aux Etats-Unis, vient de sortir, six mois plus tard, dans l'Hexagone, à la sauvette (projeté seulement sur 22 écrans !). Comme si cela ne suffisait pas, les distributeurs ont choisi d'en modifier le titre, sans cependant le traduire, puisqu'il est devenu dans nos contrées "All about Albert" (1). J'ai pesté plus d'une fois en ces colonnes contre la façon dont les films sont distribués en France et n'insisterai pas plus : il n'empêche qu'il existe des façons bien plus élégantes d'enfoncer le dernier clou d'un cercueil. 

Divorcée, Eva vit avec sa fille qui ne va pas tarder à quitter le nid familial pour suivre ses études. Prise entre son métier de masseuse à domicile, ses craintes de mère et ses doutes de femme dans la quarantaine, Eva rencontre un soir Albert. Sous ses dehors d'ours bourru, cet homme doux et drôle, sortant lui aussi d'un divorce, va finalement la séduire. Tout irait pour le mieux si Eva n'avait pas, parmi ses clientes Marianne, l'ex-femme d'Albert, qui ne cesse de mettre en avant les défauts de son ex-mari...

"All about Albert" fait partie de ces films qui échappent encore au contrôle des grands studios et affichent leur différence dans chaque image, dans chaque ligne de dialogue. Corollaire dramatique à ce postulat, ces films n'ont droit qu'à des sorties sous le manteau, ou presque, quand ils ne sont pas élus au sort peu enviable du direct-dvd. Pour y avoir accès, il faut donc en vouloir méchamment, donc. Nicole Holofcener, élevée dans cet esprit d'indépendance (son beau-père produisait les films de Woody Allen), a fait ses premières armes avec un petit film revendiqué "pour filles" ("Walking and talking"), s'est frottée à la réalisation pour la télévision, allant et venant entre grand et petit écran avec virtuosité. "All about Albert" est sa cinquième réalisation, et elle y a mis beaucoup de son histoire personnelle, à l'en croire.

La sincérité de ce petit film saute aux yeux et est touchante. Tout, dans "All about Albert" respire l'authenticité, la vraie vie. Certes, l'intrigue, si l'on peut employer ce terme, est minimaliste, puisqu'on suit le parcours de quadragénaires divorcés, trimbalant leurs passés comme un sac de linge sale. Porté par une distribution exceptionnelle d'humanité, "All about Albert" est, du début à la fin, un film qui touche son public et l'émeut, par son authenticité et la tendresse qu'il porte sur ses personnages.

Pour qui aime les acteurs, ce film est un véritable régal. Julia Louis-Dreyfus (qui incarne le rôle principal, quoi que puisse laisser penser le titre) est exceptionnelle de justesse et de sincérité, tandis que l'immense James Gandolfini étonnera ceux qui l'ont adoré dans ses rôles précédents : en quadra pataud, il est touchant comme rarement et démontre le grand talent qui était le sien. Dans des rôles plus secondaires, Catherine Keener (la complice habituelle de Nicole Holofcener) et Toni Collette (vue dans "Muriel" ou "Little Miss Sunshine") sont, elles aussi, remarquables, tout comme l'est le reste du casting.

Alors, certes, "All about Albert" est un petit film, mais il contient tant d'âme, tant d'humanité, qu'il aurait mérité une meilleure exposition, et sûrement pas le mépris avec lequel on l'a traité dans nos contrées.
James Gandolfini s'en est allé, discrètement, et avec lui son talent, immense. Dommage que ce départ se soit fait dans de pareilles conditions...






(1) : le risque de confusion avec le très médiocre "All about Steve" pourrait être fatal aux spectateurs. Vous voilà prévenu(e)s.

mardi 22 avril 2014

Un duplex pour trois (2003)


Si l'on en croit le cinéma, acheter un bien immobilier en viager est tout sauf une bonne idée. Depuis le film du même nom (réalisé par Pierre Tchernia en 1972), le spectateur averti sait fort bien que pareille transaction est vouée à l'échec, mais aussi qu'elle peut inspirer une comédie digne de ce nom. En 2003, inspiré (paraît-il) par l'histoire de Jeanne Calment (qui survécut au médecin qui avait acquis sa maison en viager), Larry Doyle, scénariste de son état (il officia à plusieurs reprises sur la série "The Simpsons"), écrivit le script de "Un duplex pour trois", avant qu'il ne soit confié à Danny de Vito. Hélas, malgré ses nombreux succès en tant qu'acteur, ce dernier essuya un échec public avec ce film.

Alex et Nancy ont tout pour être heureux. Ces jeunes mariés viennent de trouver la maison de leurs rêves en plein Brooklyn. Leur nouveau nid d'amour ne présente qu'un bémol : une locataire, Madame Connelly, qui en occupe le deuxième étage. Qu'à cela ne tienne, Nancy et Alex choisissent de s'installer, en attendant que l'âge avancé de la vieille dame ait raison d'elle et leur accorde la pleine jouissance des lieux. C'est sans compter le caractère particulier de Madame Connelly : la cohabitation va vite virer au cauchemar...

Danny de Vito, plus connu pour ses rôles au cinéma que pour ses réalisations (pourtant, sous-estimées, à l'image de "Matilda", par exemple), a un ton qui n'appartient qu'à lui. Corrosif (mais pas trop), celui qui interpréta le Pingouin porte surtout une immense tendresse pour ses personnages. Même les méchants de ses films ne le sont pas absolument et ont une chance de rédemption avant que le rideau ne tombe sur l'histoire. Ici, encore (et sans vouloir spoiler), on est dans la comédie un brin acide, mais qui, on le sait d'emblée, finira bien. Cependant, le tour que donne parfois de Vito à son film en fait un objet différent du "Viager" de Tchernia. Alors que ce dernier mettait en vedette un ancêtre plein de bonhomie, la vieillarde de "Un duplex pour trois" est volontairement méchante, et peut par moments concurrencer la Tatie Danielle de Chatiliez.  

Ce trait est assez caractéristique du film dans son ensemble. Reposant sur un postulat finalement assez classique, "Un duplex pour trois", malgré quelques bons moments, souffre de répétitions et de longueurs. L'escalade de l'affrontement entre le jeune couple et la vieille dame indigne trouvant vite ses limites, le film s'essouffle assez rapidement. De peur d'aller trop loin, parce que visant la catégorie "comédie familiale" qui lui est chère, Danny de Vito se contente de naviguer entre deux eaux, pour finalement livrer un film qu'on qualifiera de tiède. 

Les amateurs de Ben Stiller (et ceux de Drew Barrymore aussi) se réjouiront de retrouver là leurs interprètes préférés, parfaitement à l'aise dans leur registre et semblant bien s'amuser. Eileen Essel, en locataire indigne malgré son grand âge, se délecte visiblement d'incarner la vieille dame ne reculant devant rien.

Il est dommage finalement que Danny de Vito n'ait pas emprunté un ton plus acide et livré là une farce corrosive, quitte à sortir du registre familial qui lui est cher. A défaut de cela, il livre un film sympathique, mais qui souffre de ses longueurs et des répétitions inhérentes à son pitch de base. Au final, "Un duplex pour trois" n'a rien d'inoubliable (en bien comme en mal).







jeudi 17 avril 2014

Ce que mes yeux ont vu (2006)


Faire se croiser deux arts est une belle démarche, ambitieuse et louable. Souvent, l'un prend le pas sur l'autre et il faut dire que les réussites sont rares dans ce type d'exercice. Laurent de Bartillat, surtout connu pour sa collaboration au scénario de "L'homme qui voulait vivre sa vie", a, avant cela, réalisé un unique film, se basant sur ses études d'histoire de l'Art et sa passion pour le peintre Watteau. Malgré des sélections dans quelques festivals, "Ce que mes yeux ont vu", dont les premiers rôles étaient tenus par Sylvie Testud et Jean-Pierre Marielle, n'eut qu'une diffusion confidentielle lors de sa sortie. 

Etudiante en art fauchée, Lucie est fascinée par l'oeuvre de Watteau. Elle est persuadée qu'il existe dans ses toiles (et en particulier celles où se trouve une femme figurant toujours de dos) un mystère sur la vie de cet artiste. En rencontrant Vincent, étrange artiste sourd-muet, ses recherches vont prendre un tour nouveau, quitte à l'obliger à affronter le grand Jean Dussart, expert incontesté du peintre, tolérant mal qu'on remette en question ce qu'il enseigne depuis des années...


La démarche était prometteuse : construire une intrigue prenant racine deux cents ans plus tôt et la donner en pâture à un personnage opiniâtre. Il y avait là matière à un thriller riche de sens. La voie choisie par Laurent de Bartillat est cependant tout autre. On ne frissonne guère devant "Ce que mes yeux ont vu", on s'interroge. Et les questions que se pose le spectateur restent souvent sans réponse, tant le déroulement de l'intrigue est confus et maladroit. Sans être labyrinthique, le scénario donne souvent l'impression d'être peu étayé et de ne tenir debout que par miracle. Les motivations des personnages (en particulier celui de Vincent, magistralement interprété par James Thierrée) sont souvent peu claires.

Ajoutons à cela une réalisation qui alterne les scènes particulièrement réussies et d'autres plus brouillonnes (surtout celles réalisées caméra à l'épaule) et l'on est vite déstabilisé. Rien de plus efficace pour perdre l'intérêt du public.

Heureusement, il y a les acteurs : le trio de tête est tout simplement remarquable, en dépit d'un script qui peut souvent paraître sans queue ni tête. Sylvie Testud, toute en tension et nervosité, tient la dragée haute face à un Jean-Pierre Marielle comme toujours impérial, tandis que, dans un rôle qui peut paraître parachuté, James Thierrée (le petit-fils d'un certain Charlie Chaplin) impressionne par sa maîtrise d'un personnage peu évident à aborder sans sombrer dans la caricature...


Partant d'une démarche intéressante et qui aurait pu donner bien plus que le résultat final, "Ce que mes yeux ont vu" ne tient, hélas, pas ses promesses. Ponctué de quelques moments remarquables, il est hélas trop confus et maladroit pour convaincre. Sauvé du naufrage par l'interprétation de ses acteurs, ce film est cependant fort dispensable...




samedi 12 avril 2014

Hellphone (2007)



Après son premier film, le très barré "Serial lover", James Huth eut droit à son premier succès public en mettant en scène "Brice de Nice", qui propulsa Jean Dujardin sur le devant de la scène cinématographique. Son projet d'adapter au grand écran les aventures de Blake et Mortimer n'ayant pu aboutir, il réalisa ensuite "Hellphone", où un téléphone portable malicieux, tel un mauvais génie, vient bouleverser la vie d'un adolescent et de ceux qui l'entourent (1)
Au succès de "Brice de Nice", succéda l'échec de "Hellphone" qui, je vous rassure (ou pas), fut suivi par le bon accueil public de "Lucky Luke". 
Sid, dix-sept ans, est un jeune comme de nombreux autres. Fan d'AC/DC et de skate-bopard, il rêve de sortir avec Angie, la petite amie de Virgile, le tombeur du lycée. Quand Sid entre en possession d'un étrange téléphone baptisé Hellphone, ses voeux les plus fous vont se réaliser. Naturellement, s'il va d'abord utiliser ce nouveau don pour son bien-être, les difficultés vont bientôt se multiplier, comme chaque fois que qu'un grand pouvoir est offert à quelqu'un. 


Bourré de clins d’œil et de gags parfois à la limite de la stupidité (et revendiqués comme tels), "Hellphone" est surtout remarquable par sa mise en scène déjantée, multipliant les effets visuels souvent étourdissants. Esthétiquement parlant, le film fait également forte impression, tant les décors et les accessoires lui donnent une identité propre. 
Hélas à ce stade, c'en est fini des points positifs à mettre au crédit de ce film. Parce que, si l'on se penche sur le scénario, il n'y a rien de bien nouveau à l'horizon et les scènes franchement drôles une fois expédiées, on se retrouve vite avec une accumulation de séquences foutraques qui laissent une impression de confusion, voire de brouillon. 

Le pire défaut de ce film est cependant à mettre au débit de son jeune casting. On pourra s'en prendre au manque d'expérience des comédiens en herbe ou, au choix, à une direction d'acteurs défaillante, mais le fait est que les jeunes interprètes font preuve d'un jeu médiocre, aggravé par une diction qui leur donnerait droit à une visite chez l'orthophoniste. Jean-Baptiste Maunier (échappé des "Choristes") et Jennifer Decker en tête, les acteurs, visiblement en roue libre, semblent bien s'amuser, mais oublient souvent les rôles qu'ils sont sensés incarner.

Doté d'une mise en scène particulièrement inventive, au point parfois de paraître tarabiscotée, ainsi que d'une esthétique hors du commun, "Hellphone" pêche, hélas, au niveau de son scénario et de l'interprétation pas toujours heureuse de sa jeune distribution. La comédie barrée promise par ses premières scènes n'est pas au rendez-vous, il faut bien le reconnapitre. 





(1) : Bien entendu, toute allusion à l'addiction téléphonique de nos semblables est fortuite...ou pas.

lundi 7 avril 2014

Sans arme ni haine ni violence (2007)



Le cas d'Albert Spaggiari, qui réussit en 1976 un cambriolage phénoménal, avait déjà inspiré le septième art, avant que Jean-Paul Rouve décide de porter à l'écran "Sans arme ni haine ni violence". On se souviendra (ou pas) des "Égouts du paradis" (de José Giovanni), où le braqueur était interprété par Francis Huster, par exemple. La version de l'ex-Robin des bois est clairement romancée et s'attache plus au personnage de Spaggiari qu'au braquage à proprement parler. Il faut croire cependant que le grand public n'avait pas pour cet homme l'intérêt que Rouve lui vouait, puisqu'au bout de trois semaines d'exploitation, le film quitta l'affiche, sur la pointe des pieds...


En 1976, Albert Spaggiari, voyou sans envergure, réussit à monter le casse du siècle. A la faveur d'un week-end, il pénétra, en passant par les égouts, dans la salle des coffres de la Société Générale de Nice. Arrêté peu après, il s'évada et s'enfuit en Amérique du Sud.
Là, un mystérieux journaliste réussit à le localiser et à l'interviewer, pour le compte de Paris-Match. Entre les deux hommes, une étrange relation, faite de méfiance et de fascination, va s'instaurer. 

Jean-Paul Rouve aime son personnage central, c'est indéniable et cela transpire de presque chaque image où Spaggiari apparaît. Fasciné par l'homme au point d'avoir décidé de réaliser le film (alors qu'il ne pensait que l'écrire), le réalisateur prend clairement parti pour lui, en faisant un héros des temps modernes. A l'instar du personnage joué par Gilles Lellouche, le spectateur peut rapidement admirer le braqueur, aidé en cela par le réalisateur.

Cependant, qu'on cède ou pas à cette fascination, en s'attardant sur l'oeuvre cinématographique, il faut bien reconnaître que "Sans arme ni haine ni violence" n'est pas un film totalement réussi. Fort maîtrisé dans les scènes reconstituant le braquage (en flash-back, évidemment), le récit souffre de longueurs, voire de passages à vide, lorsqu'il s'agit de mettre en scène l'exil de Spaggiari. 

Plus à l'aise dans la narration du passé que dans celle du présent, Jean-Paul Rouve, pour un premier essai de réalisateur, livre un film bancal, évoquant à la fois Scorsese (dans ses moments les plus réussis) et Lelouch (pour ceux qui le sont moins). Semblant hésiter sur le ton à donner à l'ensemble, entre comédie et polar réaliste, celui qui montre toute la diversité de son talent dans les différents rôles qu'il interpréta peine à donner un ton à son long métrage.

L'édifice est cependant sauvé par sa prestation dans le rôle principal, ainsi que par les seconds rôles gravitant autour de lui, en particulier Alice Taglioni, qui trouve là l'un de ses meilleurs rôles. Ce bon point à distribuer à l'interprétation peut motiver le visionnage de "Sans arme ni haine ni violence", mais ne suffira pas à en faire un grand film, hélas. 





mercredi 2 avril 2014

Au suivant (2004)



Pour quantité d'observateurs, la comédie française est en plein naufrage, depuis quelques années. Ce registre, qui eut pourtant son âge d'or il n'y a pas si longtemps (sans nécessairement évoquer les grandes comédies populaires dont Louis de Funès était le représentant, on pourrait parler des films du Splendid), s'acharne à produire des films calqués sur le même modèle, comme si le spectateur n'attendait qu'un produit formaté, confortable et dénué de toute surprise. De temps à autre, une pépite émerge, sans forcément rencontrer le succès public, mais il ne s'agit qu'une goutte d'eau dans un océan de films convenus, qu'on retrouve après le sortie un dimanche soir en prime-time sur TF1. EuropaCorp, la société de production créée par Luc Besson (entre autres), grande pourvoyeuse de la dite tranche horaire, produisit en 2004 le premier long-métrage de Jeanne Biras, jusque là directrice de casting et réalisatrice de court-métrages. Avec moins de 200 000 entrées en France, ce film sombra vite dans l'oubli. 


Joséphine, alias Jo, directrice de casting, est une femme débordée, stressée et célibataire. Sa vie sentimentale est un désastre et l'être pour lequel elle a le plus d'affection est son chien. Quand celui-ci meurt de sa belle mort, elle croise le chemin de Bernard, qui est à mille lieues de l'idéal masculin de Jo. Sous le charme de la jeune femme, Bernard va tout faire pour croiser de nouveau son chemin et la séduire, malgré les nombreux aléas auxquels ils seront soumis...



Les plus sagaces de mes lecteurs l'auront compris, nous sommes dans le registre de la comédie romantique, déjà maintes fois à l'honneur dans ces colonnes. Les deux héros, que tout oppose au départ, vont peu à peu tomber dans les bras l'un de l'autre, avant de devoir affronter un ultime obstacle qui leur donnera enfin droit à un happy-end bien mérité. Le genre a ses adeptes et ses détracteurs, mais il a aussi ses vertus (notamment dans la tranche horaire dominicale déjà évoquée plus haut). 

Pour qu'une comédie romantique fonctionne, il faut déjà en respecter la recette, maintes fois éprouvée, qui présida au succès des canons du genre (comme "Quand Harry rencontre Sally", maître-étalon de la rubrique). Pour que la dite comédie sorte du lot, il faut du talent, de l'inventivité et un je-ne-sais-quoi qui charmera le public. Soyons lucides : "Au suivant" rate totalement sa mission et ce, dès les premières séquences. Ce n'est pas encore pour aujourd'hui qu'on aura droit à une réussite française dans ce registre. 

S'inspirant visiblement de son expérience de directrice de casting, Jeanne Biras reprend ici l'idée de base du court-métrage éponyme qu'elle avait réalisé en 2001 (et qui avait convaincu Luc Besson de la prendre sous son aile). Reposant sur un scénario visiblement écrit au fur et à mesure du tournage, "Au suivant" ne tient debout que parce que ses interprètes se donnent un mal de chien à faire vivre leurs personnages. Les admirateurs de Clovis Cornillac, notamment, seront ravis de le retrouver. S'il a eu maintes fois des choix malheureux (et c'est le cas ici), l'acteur donne à ses scènes l'énergie qui leur manque la plupart du temps. Alexandra Lamy est, quant à elle, moins inspirée : agaçante la plupart du temps, elle semble souvent se demander ce qu'elle fait là, à l'instar du spectateur. 

Réalisé sans talent, à peine scénarisé (au point qu'on se demande si certaines séquences n'ont pas été improvisées), "Au suivant" ne mérite pas de sortir de l'oubli où son insuccès l'a plongé. Les comédies romantiques américaines, malgré leur calibrage, ont encore de beaux jours devant elles...