vendredi 29 mai 2015

Lovelace (2013)


Ayant lu beaucoup de bien de "Lovelace" sur un des blogs que je suis attentivement, et ayant raté ce film lors de sa sortie, j'ai enfin eu l'occasion de visionner ce film. Biographie de la célèbre Linda Lovelace, première grande star du cinéma pornographique, ce film avait tout pour figurer dans ces colonnes, au vu du sévère bide qu'il avait reçu dans nos contrées et ailleurs, bien qu'ayant été salué par nombre de critiques.

Née dans une famille très conservatrice, Linda veut s'amuser, vivre et échapper à l'emprise de ses parents. C'est alors qu'elle rencontre Chuck, séduisant jeune homme, incarnation du cool : elle tombe amoureuse et s'enfuit avec lui, avant de l'épouser. L'époque est au "Peace and Love" et c'est presque tout naturellement que Linda finit par obtenir un rôle dans "Gorge profonde", un film pornographique, où elle elle s'attire les éloges de tous. Une star est née.
Enfin, cela, c'est l'histoire officielle : quelques années plus tard, alors qu'elle veut rédiger ses mémoires, Linda Lovelace va livrer sa version de l'histoire.

On veut souvent faire croire au public que le milieu du cinéma pornographique est une industrie "saine", dont tous les protagonistes tirent profit, voire plaisir. Le biopic consacré par Rop Epstein et Jeffrey Friedman à Linda Lovelace a le mérite de remettre bon nombre de pendules à l'heure et d'éclairer les recoins les plus sombres d'une industrie qui marchande les corps. Procédant habilement, en exposant successivement les deux versions d'une même histoire pour mieux mettre en évidences les violences (physiques et mentales) faites à son héroïne. Bâti comme un procès, où la parole serait donnée d'abord au coupable puis à la victime, "Lovelace" prend souvent des allures d'attaques frontale contre une illusion, celle d'une liberté sexuelle à sens unique.

La reconstitution des années 1970 est soignée, des décors aux costumes des acteurs, en passant par la bande originale. La réalisation nous épargne les effets superflus, se concentrant sur l'histoire de son héroïne. La patte des deux co-réalisateurs, spécialistes du documentaire, se ressent indéniablement et sert le genre auquel appartient "Lovelace". Dans le rôle titre, Amanda Seyfried est étonnante dans le rôle d'une femme sacrifiée pour le seul plaisir des hommes, puis finissant par s'émanciper, aussi douloureusement que ce soit. Mais sa prestation ne doit cependant pas éclipser celles de ses partenaires, de Peter Sarsgaard à James Franco, en passant par Sharon Stone, Juno Temple ou Hank Azaria (méconnaissables).

On regrettera la conclusion du film qui, pour authentique qu'elle soit, amoindrit quelque peu l'impression générale que laisse "Lovelace". Ce film a cependant l'immense mérite de lever le voile sur ce que peu de spectateurs aiment voir. Cela explique sûrement son peu de succès dans les salles...








dimanche 24 mai 2015

Chapeau melon et bottes de cuir (1998)


Les séries télévisées ont, semble-t-il, pris le pouvoir. On trouve chez les showrunners bien plus d'imagination que du côté des cinéastes, pourra-t-on se lamenter. A l'heure du triomphe de "Game of Thrones" ou "Mad Men", il me semble judicieux de rendre un hommage justifié aux ancêtres qui balisèrent le chemin, qu'il s'agisse du "Prisonnier", de "Mission : Impossible" ou de "Chapeau melon et bottes de cuir", par exemple. La plupart d'entre eux ont eu droit à une exploitation récente, que ce soit au petit ou au grand écran, mais le charme émanant de leur incarnation originale reste intact. 
Bien avant que les studios n'utilisent jusqu'à épuisement le filon de ces séries télévisées, il y eut déjà quelques tentatives de transpositions au grand écran. Parmi celles-ci, le passage de "Chapeau melon et bottes de cuir" ("The Avengers", en Version Originale) a laissé peu de traces dans les mémoires.

Londres, 1999 : la fin du millénaire est porteuse de catastrophes, semble-t-il. 
Alors que la météorologie n'en fait qu'à sa tête, deux agents de Sa Gracieuse Majesté, le sémillant John Steed et la ravissante Emma Pee, après s'être rencontrés, découverts, puis alliés, affrontent un ennemi capable de détraquer le temps : Sir August de Wynter, un excentrique scientifique. Celui-ci a décidé de bouleverser le climat, mais c'est sans compter les deux agents les plus britanniques.


Conspué par les fans de la série originale, "Chapeau melon et bottes de cuir" fait figure de tache dans la carrière de ses interprètes. Et pourtant, quel casting ! Uma Thurman, Ralph Fiennes, Sean Connery et, dans des rôles plus accessoires, Jim Broadbent, et Patrick McNee (le John Steed original) incarnent ici les personnages inspirés par la so sixties série télévisée qui fit le bonheur de plus d'un téléspectateur (et mériterait d'ailleurs une rediffusion), mais leur présence ne suffit pas à assurer la réussite du film. 

Deux fautes majeures sont responsables de l'échec : le scénario, tout d'abord, qui réussit à ne pas fonctionner, alors que maints épisodes de la série étaient plus fantaisistes mais réussissaient à emporter l'adhésion des spectateurs. En confondant l'exploitation raisonnable et intelligent du patrimoine de la série, le scénariste essore celui-ci et tente d'en exploser les limites, pour finalement livrer un résultat hors-sujet.

Second coupable : la réalisation. Jeremiah S. Chechik, qui s'était fait remarquer juste avant avec l'inutile remake des "Diaboliques", fait ici preuve d'un bien piètre talent pour la composition d'un long métrage. Si l'on peut pardonner les effets spéciaux qui ont bien vieilli, la mise en scène est d'une pauvreté rarement vue et témoigne d'un bien maigre capacité à conter une histoire. 
Dans la bouillie qui résulte de tout cela, les acteurs peinent à trouver leur place. Ralph Fiennes a rarement été aussi mauvais, comme s'il se rendait compte du péril dans lequel il s'est fourré et hésitait à aggraver son cas, Uma Thurman tente de limiter les dégâts et son charme de l'époque y contribue grandement, mais cela ne suffit pas. Quant à Sean Connery, portant perruque dans un de ses derniers rôles (il fit encore pire choix avant de raccrocher les crampons avec la sinistre "Ligue des gentlemen extraordinaires"), il cabotine outrageusement, prenant visiblement plaisir à s'exhiber en kilt.

Le cinéma peut faire des merveilles quand il s'empare avec talent d'une œuvre, qu'elle soit littéraire ou télévisuelle. Mais, lorsqu'il engloutit le matériau de base sans le respecter, l'avalant goulûment avant de le recracher au visage du spectateur, le résultat est loin d'être appétissant. Le cas de "Chapeau melon et bottes de cuir" est symptomatique. Si les fans de la série originale le détestent, ce n'est pas sans raison.






mardi 19 mai 2015

Le plus beau jour de ma vie (2004)


Un mariage, des têtes d'enterrements : voilà comment aurait pu se résumer la bande-annonce qui m'incita, l'autre soir, à jeter mon dévolu sur "Le plus beau jour de ma vie", diffusé sur Arte. La présence de ce film sur la dite chaîne avait de quoi mettre la puce à l'oreille : il ne s'agirait sûrement pas d'une énième comédie romantique, mais plutôt d'un film s'en prenant à ce qui reste une institution pour beaucoup : le mariage (accessoirement la première cause de divorce, soit dit en passant). Réalisé par Julie Lipinski, "Le plus beau jour de ma vie" avait été un bide sévère lors de sa sortie en salles : cela se justifiait-il ?

Lola et Arthur vivent ensemble depuis cinq ans et tout va bien pour eux, malgré leurs caractères souvent dissemblables. Seulement, autour d'eux, il se passe quelque chose : tous leurs amis se marient. Lola n'y tient plus et insiste auprès d'Arthur pour que tous deux passent également devant Monsieur le Maire. Arthur finit par céder, et pose quelques conditions...
Mais rien ne se passera comme prévu : ce qui devait être le plus beau jour de leur vie va-t-il vraiment l'être ?


On en a vu, des comédies plus ou moins romantiques traitant du mariage, réussies ou pas, acclamées par le public ou pas. Premier long métrage de Julie Lipinski, "Le plus beau jour de ma vie" aurait pu rencontrer un vrai succès populaire. Après tout, le récent "Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ?" a explosé les chiffres du box-office avec moins d'arguments en sa faveur. Ce film catastrophe sur le bonheur (comme annoncé sur l'affiche) est doté d'un vrai ton qui joue en sa faveur. Julie Lipinski, qui est ici également scénariste (avec l'aide de Laurent Tirard), affirme dès son premier film une véritable "patte", en se permettant quelques trouvailles cinématographiques et narratives.

L'autre point fort de "Le plus beau jour de ma vie" est son interprétation : les comédiens qui habitent et traversent cette histoire partant souvent dans tous les sens lui donnent une énergie qui manque à bien des films français. Qu'il s'agisse des deux premiers rôles, tenus par la jolie Hélène de Fougerolles et l'étonnant Jonathan Zaccaï (vu récemment dans "Les âmes de papier"), ou du second rang de l'interprétation (citons, en vrac et sans préférence Elise Larnicol, Alexandre Brasseur, Marisa Berenson, François Berléand, Michel Duchaussoy, Eva Darlan et j'en oublie), tous communiquent au film leur talent.

Hélas, cela ne suffit pas toujours à masquer les baisses de rythme dont souffre "Le plus beau jour de ma vie". Bien que revendiquant un ton caustique, le film ne tient pas toutes ses promesses, n'allant pas assez loin dans l'attaque frontale contre l'institution. Quelques répétitions et, surtout, nombre de passages à vide laissent souvent le spectateur sur le bord de la route, même s'il ré-embarque volontiers dès que la machine redémarre...

Pas assez caustique pour être la comédie féroce qu'on aurait aimé trouver, "Le plus beau jour de ma vie", malgré quelques beaux moments, donne souvent une impression d'inachevé. Néanmoins, les comédiens qui lui donnent vie méritent à eux seuls le déplacement, par l'énergie qu'ils confèrent à ce petit film.






jeudi 14 mai 2015

About Alex (2014)

Ah, l'amitié... Ce bel élan qui dure souvent plus que l'amour a inspiré bien des cinéastes, enrichissant la niche des films dits "choraux". J'avoue une tendresse toute particulière pour ce registre cinématographique, hélas pas toujours honoré à la hauteur de ce qu'il veut célébrer. De "Peter's friends" à "Les copains d'abords" en passant par "Les petits mouchoirs" ou "Mes meilleurs copains", la méthode est connue : on réunit une bande de copains suite à un événement et c'est parti pour le choc des caractères, le déballage des petits secrets et des quatre vérités, dont tout le monde se sort généralement renforcé. Mais ce n'est pas parce qu'une méthode est éprouvée que n'importe quel film l'utilisant est une réussite ou un succès en salle. "About Alex", écrit et réalisé par Jesse Zwick, n'a toujours pas eu l'heur d'être projeté de notre côté de l'Atlantique et je doute qu'il le sera ailleurs que dans les salons des plus curieux cinéphiles.

Alex a tenté de se suicider. Ses amis se réunissent donc auprès de lui pour le réconforter, tenter de comprendre pourquoi il en est arrivé là et faire en sorte qu'il sorte de cette mauvaise passe. Le week-end chez Alex va être l'occasion pour eux de se retrouver, mais aussi de mettre sur le tapis leurs différences. 
Entre amis, on a souvent des comptes à régler et si on peut les régler, c'est sans doute parce qu'on est entre amis...

Il flotte sur ce petit film indépendant américain un véritable parfum d'amitié, de ceux qui ne se dégagent qu'à l'occasion d'un week-end entre potes à la campagne, loin du monde. Réunis autour d'Alex, la petite bande, à laquelle se greffe la toute nouvelle petite amie d'un des leurs, porte à elle seule tout le film. Très vite, on se dit qu'on aimerait avoir des amis comme ceux-là, avant de réfléchir et de se dire qu'on en a probablement déjà et qu'ils sont formidables comme ils sont. 

Cela dit, tout le mérite de ce film réside probablement dans son ambiance et dans ses interprètes, tous remarquables. Pour la plupart venus de la télévision américaine, Qu'il s'agisse d'Aubrey Plaza (déjà repérée dans "Safety not guaranteed"),  de Max Greenfield, de Nate Parker, de Jason Ritter, de la jolie Maggie Grace (qui fait bien de s'échapper de la licence "Taken"), de Max Minghella ou de Jane Levy, tous habitent leurs personnages au point qu'on voie en eux de véritables amis. 

Mais, comme je le signalais, ce sont là les meilleurs atouts du film, dont le scénario semble un
prétexte à filmer la sympathique bande. Le point de départ (la tentative de suicide d'Alex, si vous avez suivi) est totalement sous-exploité, le bougre semblant s'être taillé les veines pour le seul plaisir de réunir ses amis, de même que les rapports existants entre les différents membres de la coterie. Tous ont leurs traits de caractères et leurs problèmes, mais aucun n'est suffisamment utilisé par le scénariste pour enrichir l'histoire. Du coup, les retrouvailles semblent un peu vaines, pour agréables qu'elles soient. 

Sans doute symptomatique d'une époque où les rapports humains réels sont bien enfouis, tandis qu'on expose sans vergogne ce que l'on a de plus profond, "About Alex" est sans doute un film choral typique de son ère, toute numérique fût-elle. Ses personnages gardent ce qu'ils sont au fond d'eux et n'exposent qu'une vitrine (parfois trompeuse) de leur personnalité. Ce manque de profondeur empêche le film d'être une vraie réussite, malgré un énorme potentiel de sympathie.



samedi 9 mai 2015

Les égarés (2003)


Habitué des sélections au festival de Cannes, André Téchiné n'a pourtant que rarement rencontré le succès public. S'il est courant de retrouver ses films dans les grandes cérémonies académiques où son talent est loué, ses films paraissent peu accessibles au spectateur lambda, à l'instar de ceux de nombre de réalisateurs français. J'ai récemment revu "Les égarés" (merci Arte de tenter d'élever le niveau) qui, malgré l'inévitable estampille "Sélection officielle au Festival de Cannes" et la présence d'Emmanuelle Béart, n'avait pas attiré beaucoup de spectateurs dans les salles. Tentons de comprendre. 
Été 1940 : alors que l'armée française est en pleine débâcle, la population fuit les combats. L'exode jette hommes, femmes et enfants sur les routes. Odile, son fils et sa fille, tentent de partir vers un hypothétique Sud. Au cours d'un bombardement, ils perdent tout et rencontrent Yvan, étrange fugitif. Tous quatre vont s'apprivoiser, puis s'allier, se réfugiant dans une grande maison abandonnée, loin de tout, loin de la guerre qui gronde au loin. Le temps, les conventions, tout est aboli pour eux.


Placé dans une époque méconnue et douloureuse de l'histoire de France, le scénario d'André Téchiné (adapté d'un roman de Gilles Perrault) joue la carte du retour à la nature. Donnant à ses personnages l'occasion d'oublier le monde et de tenter de se faire oublier de lui, il les confronte à ce qu'ils ont de plus profonds. L'idée était séduisante, le résultat peut laisser froid. Passées les premières scènes, pleines de bruit et de la violence de la guerre, "Les égarés" devient vite répétitif et prévisible. Les tourments des personnages, isolés dans un éden vert épargné par le conflit pourtant proche, ne suscitent qu'un vague intérêt auprès du spectateur. Il faudra attendre les dernières séquences et la possibilité du danger pour qu'on se prenne d'affection pour eux. C'est un peu tard.

Il est bien entendu hors de propos de remettre en question le talent de conteur d'André Téchiné, mais "Les égarés" n'est pas ce qu'il a produit de plus intéressant. Ce spécialiste des passions souvent transgressives ne réussit hélas pas ici à faire passer la fièvre qui devrait habiter ses héros. En dehors d'une histoire qui bégaie souvent, les personnages de ce film n'ont pas l'épaisseur qu'on aurait pu attendre d'eux, et sont interprétés sans vibration.

C'est pourtant la belle Emmanuelle Béart (et sa drôle de moue) qui représente le plus bel atout du film. Gratifiant le spectateur patient d'une scène où elle dévoile ses charmes, celle qui fut Manon des Sources et alterne films d'auteurs et daubes commerciales tient "Les égarés" à bout de bras, malgré des partenaires visiblement peu convaincus.
Face à elle, le tout jeune Gaspard Ulliel est encore engoncé dans un jeu artificiel et ne parlons pas de Grégoire Leprince-Ringuet, qui (pour son tout premier rôle) a sans doute le personnage le plus agaçant du casting. Ce dernier fut cependant nominé aux César de la meilleure révélation pour son interprétation : ce n'est ni la première ni la dernière des aberrations de cette cérémonie. 

Alors, il faut aimer André Téchiné et ce qu'il représente pour apprécier "Les égarés". Et encore, dans pareil cas, je suis sûr que l'homme a de plus beaux morceaux de gloire à son palmarès.


lundi 4 mai 2015

Le première fois que j'ai eu 20 ans (2004)


Seize ans, c'est le bel âge, pense-t-on quand ces années sont loin derrière soi. Mais, paradoxalement, quand on a seize ans, on rêve généralement au futur. Ce n'est pas la première fois que je regarde dans le rétroviseur avec une pointe de nostalgie, à l'occasion d'un film abordant cet âge souvent ingrat. Réalisé par Lorraine Lévy, "La première fois que j'ai eu 20 ans" n'avait pas rencontré son public lors de sa sortie. Cette chronique de la vie d'une adolescente des années 1960 a attiré mon attention lors d'une de ses récentes diffusions télévisées. 

Dans les années 1960, quelque part en banlieue parisienne, Hannah a bien du mal à trouver sa place. Il est difficile pour elle d'assumer sa judaïcité, son physique ingrat et sa féminité. Entre ses deux sœurs, ses parents qui l'étouffent et son ambition de se faire une place dans le jazz-band (jusque là exclusivement masculin) de son lycée, Hannah souffre d'être ce qu'elle est. 
Alors, elle s'est forgé un sacré caractère et n'hésite pas à dire leurs quatre vérités à ceux qui s'en prennent à elle. 


Lorraine Lévy, sœur du romancier Marc Lévy, et qui mit en images son livre "Mes amis, mes amours", réalisait ici son premier long métrage. Elle adaptait à l'occasion un roman de Susie Morgenstern (bien connue des collégiens), en s'en appropriant le décor et les personnages. A mi-chemin entre la comédie et le drame, elle livre ici un premier film bien imparfait, quoique sympathique. "La première fois que j'ai eu 20 ans" souffre en effet de ne pas trouver son ton, ainsi que d'une mise en scène qu'on aurait souhaité plus énergique.

On décèlera bien volontiers dans ce brouillon quelques belles idées de mise en scène et de la générosité dans le scénario, mais le fait est que tout cela est noyé dans pas mal de maladresses et pas assez mis en évidence, faute d'audace. 

Marilou Berry, malgré un potentiel évident dans ce rôle de jeune râleuse, tombe dans le piège qui consistait à reprendre peu ou prou le même rôle que celui qu'elle tenait dans "Comme une image". Elle a, depuis, fait du chemin, mais force est de reconnaître que s'attacher pareille étiquette dès ses débuts lui fut dommageable. Face à elle, on se régalera de la présence des excellents Serge Riaboukine, Michel Wuillermoz ou Catherine Jacob, ainsi que des apparitions de Pierre Arditi. Les plus jeunes membres du casting ne sont pas à la hauteur de leurs illustres aînés, mais on leur pardonnera leur manque d'expérience.

Cette chronique d'une jeune fille perdue dans sa famille et sa vie, sur fond de jazz n'a rien d'inoubliable, donc, mais ne serait-ce que pour ses acteurs, elle peut mériter le coup d’œil, quitte à être vite oubliée.