S'il est un film de science-fiction voué aux gémonies lors de sa sortie et, depuis, réhabilité par ses amateurs, c'est bien "Starship Troopers". Tiré du roman "Etoiles, garde à vous !" de Robert Heinlein (qui comportait une bonne dose de militarisme), ce film de Paul Verhoeven, à qui l'on devait déjà (à l'époque) le sulfureux "Basic Instinct" ou les très musclés (mais néanmoins non dépourvus de sens) "Total Recall" et "Robocop" a valu à son réalisateur des volées de bois vert lors de sa sortie. Depuis, l'eau a coulé sous les ponts et nombreux sont ses admirateurs. Et si on en parlait ?
Au XXIVème siècle, la Terre, dont les états sont regroupés en une Fédération, comporte deux catégories d'individus : les citoyens, qui consacrent leur existence à la défense de la civilisation, et les autres. Et, justement, cette civilisation est menacée par des arachnides féroces venus du système Klendathu. La Terre est en guerre et ses forces armées sont le dernier rempart contre l'annihilation.
La Terre du futur, vue par Paul Verhoeven a de quoi faire frémir : seuls ceux qui s'engagent pour la défense de la planète ont droit au titre de citoyen, ils sont tous jeunes, beaux et musclés et paradent dans des uniformes qui ne sont pas sans rappeler les heures les plus sombres de notre histoire. Tandis que les spots de publicité scandent leurs hauts faits de gloire, on leur apprend que seule la violence peut résoudre les crises. Evidemment, pris au premier degré, un tel discours peut susciter la levée de quelques sourcils, normalement suivie (pour peu qu'on actionne quelques neurones) d'un regard plus attentif sur le fond, plutôt que sur la forme. Nous sommes devant un film de Paul Verhoeven, pas de Michael Bay, je le rappelle.

Pourtant, avec les années, on ne peut que constater l'efficacité de "Starship Troopers" (qui a d'ailleurs donné lieu à de suites, notamment au petit écran). A mille lieues du matériau d'origine, le film de Verhoeven reste franchement délectable, tant sur le fond que sur la forme, même s'il accuse quelques longueurs. Ses effets spéciaux n'ont pas trop vieilli (je ne suis pas sûr qu'on puisse en dire autant de tous les films en abusant ces derniers temps) et son propos reste pertinent. On peut le prendre comme un simple divertissement un peu bas de plafond, et dans ce cas passer à côté de la virulent diatribe anti-militariste qu'il est, finalement.
Peu à peu, "Starship Troopers", avec la patine des ans, retrouve la grâce d'un certain public, et représente un sacré pied-de-nez à tous ceux qui le conspuèrent à sa sortie. Rien que pour cela, il mérite d'être revu.