De "Ça commence aujourd'hui" au "Maître d'école", ils sont nombreux, les films qui traitèrent de l'éducation, tantôt sur un ton grave, tantôt de façon plus légère. Passeur de savoir et, à ce titre, véritables guides au début de l'existence, les instituteurs et les institutrices n'ont pas toujours bonne presse. Récemment, "Primaire", sorti en début d'année, prenait pour cadre une école primaire (comme le dit le titre, qu'on ne pourra pas, pour une fois, accuser d'être mensonger). Il faut croire que ce sujet n'intéressait pas le grand public, tant l'accueil réservé à ce film fut frileux.
Quand Sacha, jeune garçon à problèmes, débarque dans sa vie, Florence va voir sa vie chamboulée. Bousculée jusque dans sa vocation, la jeune femme doit affronter de nouvelles épreuves et aller jusqu'à se mettre en péril. L'équilibre précaire qui la maintenait vacille : saura-t-elle rester à flot ?
Dès les premières images, on sent dans "Primaire" une véritable sincérité : la réalisatrice, Hélène Angel, surtout connue pour "Rencontre avec le dragon", pose sa caméra à hauteur d'homme (ou plutôt de femme, en l'occurrence) et force le spectateur à accompagner le personnage principal dans son combat quotidien. Florence, héroïne de ce film, est une femme combative, mais n'est pas pour autant exempte de défauts. C'est sans doute une des grandes forces de ce film, d'ailleurs, que de montrer les failles de ses personnages, quitte à les pointer parfois un peu lourdement. Quand le fils de Florence lui balance ses quatre vérités au visage et claironne qu'il préfère rejoindre son père, à l'autre bout du monde, on peut comprendre les blessures du jeune garçon.
C'est essentiellement sur les épaules, a priori frêles, de Sara Forestier, que repose "Primaire". La jeune actrice, déjà remarquée dans "Le nom des gens" ou "Victor" s'est visiblement donnée sans compter pour ce rôle et son énergie force l'admiration. A n'en pas douter, "Primaire" représente d'ores et déjà une étape dans la carrière de cette interprète, plus bel atout du film. Autour d'elle, on saluera les jolies prestations des jeunes acteurs, assez convaincants (et on a vu assez de films où le jeu des jeune enfants était catastrophique), tout comme les seconds rôles. Même Vincent Elbaz, souvent agaçant (mais c'est une opinion qui n'engage que moi), reste dans les limites de son personnage et arrive à y faire croire, ce qui n'était pas chose aisée.
Réalisé avec un ton aux frontières du documentaire, sincère mais sans sombrer dans l'angélisme, "Primaire" est une vue en coupe d'un système éducatif sur le point d'imploser, tant ses contraintes le menacent. Il ne rassurera ni les parents d'élèves, ni les professeurs des écoles, mais aurait tout à gagner à être visionné par ceux qui décident de son fonctionnement sans en connaître les ressorts les plus humains. On sort de ce film fatigué, mais surtout admiratif de l'énergie dépensé par les professeurs des écoles, que "Primaire" met à l'honneur. Porteurs d'une mission souvent trop lourde pour eux, ces êtres humains méritent souvent plus que ce qu'ils reçoivent. A leur image, "Primaire", tout imparfait qu'il soit, mérite son visionnage.