La carrière de certains acteurs est parfois surprenante. Tel notre Christophe Lambert national, Ray Liotta fut propulsé avec un seul film ("Les affranchis") dans le cercle des comédiens "bankables", au début des années 1990. Alors qu'il devait disposer, sur son bureau, de quantité de propositions intéressantes, le bonhomme fit des choix inattendus et ne confirma pas l'essai. Au sein du grand public, ils sont minoritaires, ceux qui peuvent associer son nom aux films dans lesquels il apparut, je pense. Et pourtant, Ray Liotta, dans la décennie qui suivit le film de Scorcese, tourna sous la houlette de nombreux réalisateurs, s'aventurant dans des domaines allant de la comédie romantique (le très sympathique "Corrina" pourrait en témoigner) à l'anticipation, comme avec "Absolom 2022".
Nous sommes en 2022. Ancien héros de guerre, Robbins se trouve envoyé, parce qu'il a tenu tête au directeur de la prison où il était détenu, sur Absolom, une île (gérée par une société privée) dont personne ne peut s'évader. Là, il va découvrir l'enfer. Les détenus d'Absolom suivent la loi du plus fort, avec un seul interdit : l'évasion. Naturellement, Robbins va devoir se faire une place dans cette société, sans perdre de vue son objectif final : s'évader.
Réalisé par Martin Campbell, qui prendra, après ce film, les commandes de "Goldeneye", "Absolom 2022" n'est clairement pas un film qui donnera la migraine à ses spectateurs. Point de réflexion, de drame psychologique dans ce long métrage où l'action règne en maîtresse. Souvent violent, toujours efficace, "Absolom 2022", dont la réalisation augure de la suite de la carrière de son réalisateur, est donc un honnête film d'action, dont il est étonnant qu'il n'ait pas trouvé son public.
Fort bien réalisé, le film est également remarquable par son interprétation, notamment en ce qui concerne les seconds rôles. Stuart Wilson, par exemple, endosse le rôle d'un méchant tel qu'on en voyait dans le cinéma des années 1990, avec une délectation visible à l'écran. On notera aussi la présence d'autres célèbres seconds couteaux du cinéma, comme Lance Henriksen ou Kevin Dillon.
N'ayant pas trouvé sa place, à l'ombre de ses multiples références (en vrac, "Mad Max" ou "New York 1997"), "Absolom 2022" fut probablement victime de son manque d'ambition et de son scénario finalement très classique, qui ne devrait surprendre personne. Si l'ambiance est là, il faut bien reconnaître qu'on suit l'intrigue sans cependant bondir de son siège au gré de son déroulement.
Malgré son manque d'ambition, "Absolom 2022" n'est pas qu'un sympathique nanar. Il s'agit d'un film d'action assumé, distrayant. Sans grande surprise, il est néanmoins efficace et se laisse revoir avec plaisir. C'est une qualité absente de bien des films.