lundi 27 janvier 2014

After Earth (2013)

 

S'il est un cinéaste dont la chute n'en finit pas, c'est bien M. Night Shyamalan. Celui qui redéfinit l'art du twist final avec "Sixième Sens" n'est plus aujourd'hui que l'ombre du créateur qu'il fut. J'ai déjà évoqué en ces colonnes "Phénomènes" et "La jeune fille de l'eau". L'été dernier, au nombre des blockbusters ayant pris l'eau, "After Earth", malgré la présence au casting du très bankable Will Smith (accompagné de son fiston), a confirmé la malédiction : c'en est fini de Shy.  Qui plus est, le statut de son acteur vedette, jusqu'ici habitué aux sommets du box-office, est sérieusement remis en question.

La Terre n'est plus qu'un champ de ruines déserté par les hommes depuis mille ans. Quand ils sont forcés d'atterrir sur l'ancien berceau de l'humanité, Kitai et Cypher, fils et père vont devoir apprendre à coopérer. En effet, la planète bleue est désormais aux mains d'animaux ayant évolué au point d'en être extrêmement dangereux. Mais le plus grand péril qu'ils devront affronter est tout autre : sur Terre, une terrifiante créature (qui s'est échappée lors du crash) fait régner la terreur. 

Malgré ses bides précédents, et sans doute grâce à la présence de Will Smith (d'ailleurs crédité comme étant à la base de l'histoire), Sony a confié à M. Night Shyamalan un budget conséquent de 130 millions de dollars. Les voies des producteurs sont décidément impénétrables. Ne nous inquiétons cependant pas pour eux : tous comptes faits, "After Earth" s'est avéré rentable, mais sans affoler le public et, surtout, en déchaînant contre lui tous les critiques de la Terre ou presque. Certains ont même décelé dans le scénario de "After Earth" des traces de la doctrine scientologue, à laquelle Will Smith a récemment souscrit, grâce à son bon ami Tom Cruise. Il est vrai qu'en y regardant de près, les allusions à la secte y sont multiples, et que le script du film charrie pas mal de ses idées.

Laissons de côté ces soupçons, même s'ils entachent le visionnage du film. "After Earth", au-delà de tout message, est, il faut le reconnaître, un survival de science-fiction finalement très ordinaire. Presque livré à lui-même dans un environnement hostile à l'homme, le cadet Kitai va devoir apprendre à vaincre la peur et à devenir le digne fils de son père. Rien de bien neuf du côté du scénario, donc.

L'esthétique du film, composante essentielle dans pareil film, est plutôt réussie. Les objets technologiques dont disposent les Smith père et fils sont élégants et crédibles, tandis que la Terre redevenue sauvage offre quelques beaux plans, hélas gâchés par des images de synthèse qui auraient mérité d'être plus peaufinées pour qu'on croie en eux.

Les deux interprètes, quant à eux, ne semblent pas habités par la même foi. Si Will Smith endosse sans peine le rôle du militaire sans peur, son fils sombre régulièrement dans l'excès ou dans le trop peu, devenant vite agaçant. A l'image du héros en devenir qu'il incarne, dans l'ombre de son père, Jaden Smith est souvent peu crédible.

Enfin, James Newton Howard, qui donna autrefois au septième Art quelques belles partitions, livre ici une bande originale assez banale, souvent mal utilisée, car en décalage avec l'action en cours. Mais c'est du côté de la réalisation que le constat est le plus étonnant. Qu'est devenue la maîtrise technique de M. Night Shyamalan, qui livre là  un film que n'importe quel tâcheron d'Hollywood aurait pu mettre en scène ? Où est la vibration qu'on était en droit d'attendre au vu de ses premières oeuvres ?

J'avoue cette faiblesse : j'ai beaucoup aimé le cinéma de M. Night Shyamalan, autrefois et voir ce qu'il est devenu est d'autant plus douloureux. le voilà désormais réduit à réaliser des films quelconques où son talent passé n'est plus qu'un lointain souvenir. "After Earth" sonne pour ceux qui admirèrent ce réalisateur le glas. 


mercredi 22 janvier 2014

L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet (2013)


Qui aurait cru, il y a une quinzaine d'années, que Jean-Pierre Jeunet, auréolé du triomphe de son film "Le fabuleux destin d'Amélie Poulain", aurait du mal à trouver son public ? Pourtant, les deux derniers films du réalisateur d'"Un long dimanche de fiancailles" sont loin d'avoir atteint les espoirs mis en eux : "Mics-macs à Tire-Larigot" et, plus récemment, "L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet" ont déçu lors de leur sortie. 

Dans son Montana natal, le petit T.S. Spivet a une drôle de famille. Son père, un cow-boy bourru pur et dur, n'a que peu de chose en commun avec sa mère, passionnée d'insectes . Quant à sa sœur aînée, Gracie, elle ne rêve que de devenir actrice. Le petit T.S., surdoué de surcroît, est donc bien peu à son aise dans pareille tribu. Sur cette famille, pèse l'ombre du frère (faux) jumeau de T.S., qui était tout son contraire et a été tué suite à un tragique accident. 
Quand T.S. apprend qu'il va recevoir un prix pour l'une de ses inventions (qui met en oeuvre rien moins que le mouvement perpétuel !), il entreprend, tout seul, de partir pour Washington, malgré les dangers qui attendent un enfant de 10 ans.

Une chose est sûre : Jean-Pierre Jeunet a une touche et un univers bien à lui, qui rendent reconnaissables entre mille les images qu'il nous délivre. Dans "L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet", la Jeunet Touch est intacte : techniquement irréprochable, bourré des petits détails qui charment les admirateurs du réalisateur (et agacent ses détracteurs), son dernier opus a pour lui sa forme, irréprochable (hormis, quitte à me répéter, par ceux qui ne supportent pas le papa d'Amélie Poulain).

Si le film s'était effectivement contenté de décrire le voyage que fait T.S. Spivet jusqu'à Washington, la mission de Jean-Pierre Jeunet aurait été remplie avec brio.
Seulement, il y a un hic.
Contrairement à ce qu'annonce le titre, le voyage qu'entreprend le jeune héros du film ne remplit pas la totalité du long métrage, loin s'en faut. Arrivé assez tôt à destination (alors que ce périple aurait pu être l'occasion de maintes rencontres hors du commun), T.S. Spivet devient, dès qu'il arrive à Washington, le centre d'intérêt d'un film qui n'a plus rien à voir avec ce que promettait l'affiche (et le titre, et la bande-annonce, et nos espoirs déçus, d'ailleurs). C'en est rapidement fini du voyage, de la chaleur humaine et du brin de folie que véhiculait le film, au passage. Sur ce qui reste du film, le scénario pédale souvent dans le vide et l'on a hâte que T.S. Spivet puisse retourner chez lui, pour en finir avec le mélodrame dans lequel s'est embourbé Jeunet.

Malgré le talent des acteurs qui donnent vie à ses personnages, et son immense maîtrise technique, le metteur en scène peine à retrouver la grâce qui l'habitait dans ses premiers films. Il nous livre, une fois de plus après le faiblard "Micmacs à Tire-Larigot" une oeuvre où la forme ne suffit pas à sauver le fond. 

Le voyage auquel nous convie Jean-Pierre Jeunet est finalement assez court, au regard de la durée du film et sa dernière demie-heure (à ranger plutôt dans la catégorie "mélo") accuse quelques passages à vide qui nuisent à l'ensemble, avant un dénouement pour le peu hâtif. Certes, le film regorge de belles images, mais la forme ne peut se substituer à un fond souvent creux. 



vendredi 17 janvier 2014

Superstar (2012)


Nous vivons une drôle d'époque. A la faveur d'un buzz, n'importe qui peut, du jour au lendemain, passer de l'ombre à la lumière, avant de retomber dans l'oubli aussitôt. Les cas abondent, de pseudo-vedettes ayant monopolisé les unes, avant d'être avalées par l'anonymat. Le réalisateur Xavier Giannoli, déjà responsable du très beau "A l'origine", s'est penché sur ce phénomène en adaptant "L'idole" (roman de Serge Joncour) : "Superstar", qui mettait pourtant en scène le très bankable Kad Merad, n'a cependant pas atteint le succès attendu.

Martin Kazinski est un homme comme un autre, plutôt modeste, tout le contraire d'une célébrité. Mais, un beau matin, les gens le reconnaissent dans le métro, et se mettent à le photographier sous tous les angles, à lui demander des autographes, bref : à le harceler comme s'il était une star. 
Ne comprenant rien à ce qui lui arrive, Martin prend la fuite, avant d'être invité sur le plateau d'une émission de télévision. Sa mésaventure prend alors de toutes autres proportions...

Une chose est sûre : Xavier Giannoli, réalisateur de "Superstar" a un intérêt certain pour le malentendu et les histoires qui bouleversent le destin de gens ordinaires, comme en témoignait déjà "A l'origine". Le présent film portait de belles promesses : s'en prendre aux célébrités éphémères de tel ou tel star de pacotille et (surtout) à celles et ceux qui exploitent ce juteux et peu ragoûtant filon aurait pu donner un film coup-de-poing. Hélas, après un premier quart d'heure presque angoissant, "Superstar" tombe dans les excès qu'il entendait dénoncer. 

A en croire le scénario, deux mondes s'affrontent : celui des "gentils" qui s'entassent dans le métro et ne sont finalement que de beaufs prêts à se prosterner aux pieds de la première vedette qui passe, et celui des "méchants", ceux qui produisent les émissions de télévision et roulent en Porsche (je caricature à peine). Cette approche simpliste fait que le film devient vite absurde, dans le mauvais sens du terme, et s'embourbe vite, alors qu'il y aurait eu matière à un vrai questionnement, à une véritable critique (la comparaison avec le sublime "The Truman show" fait du tort au film de Giannoli). 

Certes, "Superstar" contient quelques séquences marquantes (notamment au début du film), mais son déroulement (et ne parlons pas de son dénouement) effacent l'impression que ces scènes efficaces donnent. On constatera également que l'interprétation est assez peu réussie, Kad Merad utilisant excessivement le même registre, tandis que Cécile de France semble à peine croire au personnage qu'elle incarne. Quelques jolis seconds rôles sont cependant à souligner, même s'ils ne suffisent pas à relever la moyenne...

Mise en abyme vertigineuse par instants, tragédie poussive la plupart du temps, "Superstar" ne réussit finalement pas à convaincre. Malgré une belle réalisation, c'est un scénario qui patine et une interprétation essoufflée qui prévalent. Gageons que Xavier Giannoli saura, dès son prochain film, de nouveau faire vibrer ses spectateurs.


dimanche 12 janvier 2014

Lone Ranger, naissance d'un héros (2013)


L'été 2013 a été meurtrier pour les blockbusters hollywoodiens. Qu'il s'agisse d'une mauvaise passe ou, plus probablement, d'un changement du modèle économique (comme annoncé par Spielberg et Lucas dans une conférence qui fit grand bruit), nombre de gros films sortis cet été n'ont pas remboursé leur budget de production. Jerry Bruckheimer, qui s'était pourtant fait le spécialiste du blockbuster (j'en veux pour preuve la série des "Pirates des Caraïbes"), a payé le prix fort avec "Lone Ranger" puisque Disney, au vu du gouffre financier que représenta ce film, le pria d'aller voir ailleurs (chez Paramount, en l’occurrence). Pendant des années, pourtant, le même Bruckheimer produisait régulièrement un film de Gore Verbinski avec Johnny Depp en tête d'affiche, et décrochait la timbale à chaque fois. Las, en 2013, la recette miracle a cessé de fonctionner. Alors, changement de comportement du public (ce dont je doute un peu) ou échec mérité au vu de la piètre qualité du film (ce que nous allons étudier maintenant) ?

 San Francisco, 1933 : dans une foire, un vieil indien, raconte à un jeune garçon comment le procureur John Reid est devenu le Lone Ranger. Après avoir assisté, impuissant, au meurtre sauvage de son frère, John Reid, laissé pour mort et sauvé par l'étrange Tonto et un tout aussi bizarre cheval, va entreprendre de faire justice. Face à la violence et à la corruption, le duo va se retrouver dans une aventure mouvementée et dangereuse, sur fond de construction du chemin de fer. 


Héros méconnu en France, le Lone Ranger est une icone de la pop-culture américaine. Issu d'un feuilleton radiophonique des années 1930, il eut droit, avant ce passage au grand écran, à une série télévisée dans les années 1950. A la faveur du succès de ses "Pirates des Caraïbes", Gore Verbinski est parvenu à convaincre les Studios Disney de financer un nouvel opus des aventures du Lone Ranger, espérant qu'il s'agisse du premier épisode d'une nouvelle série. Au vu du bide commercial, l'histoire s'arrêtera là et le producteur Jerry Bruckheimer fut d'ailleurs contraint d'aller trouver un nouvel employeur.

Le western est un genre moribond, depuis quelques années et c'est souvent en le mixant avec d'autresthèmes que les producteurs ont tenté de lui donner un second souffle. On se souviendra (ou pas) de "Cowboys et Envahisseurs" qui prouva bien que le genre se suffit à lui-même et n'a pas besoin de tels ajouts. Il n'y a pas (ou peu) de fantastique dans "Lone Ranger", mais Verbinski et ses scénaristes ont chois d'y ajouter de multiples pointes d'humour, venant ponctuer les scènes d'actions, aussi brutales soient-elles. Bien souvent, ce choix de ton étonne, voire dérange. Tentant de mêler une noirceur assumée et un ton résolument cartoon, "Lone Ranger" donne souvent l'impression d'être un film boiteux. C'est bien dommage, car il a dans sa manche quantité d'atouts qui gomment aisément la légèreté de son scénario.

Les personnages, tout d'abord, sont hauts en couleurs et extrêmement bien interprétés par un casting judicieusement choisi. En dehors du duo de tête, on notera la prestation de William Fichtner, en effrayant sadique : cet acteur mérite décidément d'être plus reconnu. Ensuite, les décors et le design général du film lui apportent une identité propre.

Devant la débauche esthétique que se permet Verbinski, on a souvent l'impression que le réalisateur s'est "lâché". Profitant que Disney regardait ailleurs (en l'occurrence, du côté de Lucasfilm) et disposant des clés du magasin de jouets, le metteur en scène (et le reste de l'équipe, d'ailleurs) s'amuse à tourner ce film étrange, souvent bancal, mais pourtant assez réussi d'un point de vue plastique. 

Au final, si l'on peut fermer les yeux sur les quelques maladresses de ce film un peu bancal, mais plutôt original, ce qu'on peut le plus reprocher à "Lone Ranger", c'est la dramatique stratégie qui prévalut à sa sortie. C'est comme si Disney ne savait pas vendre des films, mais uniquement des produits.





mercredi 8 janvier 2014

Week-end royal (2013)




Franklin Delano Roosevelt a laissé dans les mémoires l'image d'un Président américain cloué à son fauteuil roulant, souriant tant bien que mal aux côtés de Churchill et Staline, lors de la célèbre conférence de Yalta. Alors qu'il fut celui qui conduisit les Etats-Unis lors de la Seconde Guerre Mondiale, on connait beaucoup moins l'homme intime. Sorti tout récemment, le film "Week-end royal" relate les jours où le couple royal britannique (le Roi George VI et Elizabeth, parents de l'actuelle reine Elizabeth II) rendit visite à Roosevelt, dans l'espoir de convaincre ce dernier d'intervenir dans la guerre qui se préparait contre l'Allemagne
.
Mais, lors de l'été 1939, le Président Roosevelt, déjà fort mis à mal par la poliomyélite a autre chose en tête. Ce bon vivant, amateur de femmes, est tombé sous le charme de Daisy, qui n'est autre que sa cousine. Entre les appétits charnels du Président et les différences culturels entre les deux pays, les souverains britanniques vont avoir fort à faire pour convaincre Roosevelt d'intervenir dans le conflit qui se prépare. A l'occasion d'un étonnant week-end et d'un pique-nique assez peu protocolaire, vont se prendre de grandes décisions.

On pourrait croire, à la lecture du synopsis, que "Week-end royal" aborderait de façon détournée une page majeure de l'Histoire. Il faut reconnaître d'emblée qu'il n'en est rien. Roger Michell, le réalisateur (son film le plus connu est "Coup de foudre à Notting Hill") choisit délibérément de positionner son regard au niveau humain, quitte à laisser de côté les perspectives historiques de son film.

C'est là le défaut majeur du film. A trop vouloir regarder par le trou de la serrure, Roger Michell n'a finalement qu'un angle de vue fort limité et n'est pas aidé par un scénario imparfait qui ne fait qu'évoquer de loin des thèmes qui auraient pu faire mouche.

Le film dispose pourtant de quelques réussites. Son élégance et le soin apporté à la reconstitution de cet été américain sont notables, de même que la fraîcheur de l'ensemble (que d'auucuns taxeront de légereté).

Ce petit film donne à voir des jours critiques pour l'équilibre du monde, vus du petit côté de la lorgnette. Point de grands conseils, de décisions pesantes, mais des hommes et des femmes, incarnés par des acteurs particulièrement inspirés. On notera notamment la performance de Samuel West (l'ombre de Colin Firth plane pourtant sur le personnage de George VI, qu'il incarne) et celle de Bill Murray, toujours délicieux, même s'il lui manque un brin de solennité pour le rôle qu'il endosse.  

Sans être tout à fait raté, "Week-end royal" n'est pas non plus complètement réussi. Ponctué de jolis moments, il est pris au piège de son parti-pris de départ. Trop léger pour être marquant, ce film, sans être mineur, ne marquera pas pour autant les mémoires. 


samedi 4 janvier 2014

Brocéliande (2003)


Il est des lieux dont le seul nom suffit à évoquer les plus grands mythes, à faire frissonner un auditoire. A l'instar du Loch Ness ou de Stonehenge, la forêt de Brocéliande convoque, à sa simple évocation, les mythes arthuriens et les druides celtes. Utiliser ce nom et ce cadre pour réaliser un long métrage n'est donc pas sans risques, au vu de la densité du mythe. Doug Headline s'est risqué, en 2003, à réaliser un film se déroulant sur les lieux de la mythique forêt. Il faut croire que seuls les esprits se sont déplacés dans les salles pour aller le voir. 

La jolie Chloé, étudiante en histoire le jour et serveuse dans une boîte la nuit, a la chance de pouvoir participer, dans le cadre de ses études, à un stage de fouilles dans la forêt de Brocéliande, sous l'égide d'un professeur de renom. Dès son arrivée à Rennes, elle va se rendre compte que son parcours est jalonné d'horribles meurtres et que ceux-ci ne sont pas sans rapport avec la mythique forêt. Les fouilles auxquelles elle participe peuvent-elles avoir un lien avec la série d'assassinats ? 


Doug Headline, réalisateur de "Brocéliande" n'est pas un inconnu, même si ce film est le premier et dernier long-métrage qu'il réalisa pour le grand écran. Fils du grand Jean-Patrick Manchette (romancier et traducteur initial de "Watchmen" : c'était l'information futile du jour !), il est journaliste, éditeur, scénariste de bande dessinée et metteur en scène. Il faut reconnaître, après visionnage du film, que c'est sans doute dans ce dernier métier qu'il est le moins talentueux.

Sur un scénario sans grande surprise, "Brocéliande" est médiocrement réalisé, mal monté et interprété
comme un film de vacances. On pourra incriminer un budget probablement serré, expliquant le côté "cheap" de bien des séquences et la pauvreté des décors ou de la bande originale, par exemple. Mais un petit budget n'excuse pas tout. Certains metteurs en scène (je ne donnerai pas de noms) ont su, avec deux fois rien, réaliser ce qui devint de grands films (l'inverse est vrai, cela dit). Dans le cas de "Brocéliande", le manque d'ambition et de foi nuit à la réussite de l'ensemble

On notera la présence fugace d'André Wilms et de Vernon Dobtcheff, deux grands acteurs qui durant quelques instants rehaussent le niveau. En effet, Alice Taglioni et Elsa Kikoïne, dans les rôles principaux, rivalisent de fadeur. Comme la plupart des jeunes interprètes du film, elles finissent par n'intéresser le spectateur que grâce à leur plastique avantageuse.

L'intention initiale qui valut à "Brocéliande" était louable : faire un film "de genre" à la française est une démarche honorable et nombreux sont ceux qui s'y sont cassé les dents. Cependant, dans son traitement, tout est fait pour faire échouer l'entreprise, du scénario (sans grande inventivité) à la mise en scène. Pénible à suivre et à aucun moment captivant, "Brocéliande" ne mérite donc pas sa deuxième séance.