samedi 30 novembre 2013

Conspiration (2001)


L'oeuvre dont il est question aujourd'hui dans ces colonnes n'est jamais sortie en salles. Pour cause : il s'agit d'un téléfilm, coproduit par la BBC et la chaîne câblée HBO (qui fait régulièrement le bonheur des amateurs de série), finalement sorti en vidéo, mais jamais (à ma connaissance) diffusé sur les chaînes françaises à des heures de grande audience (son dernier passage eut lieu sur Arte, le 23 janvier 2010... à minuit !). Pourtant, au vu du thème que "Conspiration" aborde, une diffusion digne de ce nom serait méritée. 

Hiver 1942 : la Seconde Guerre Mondiale est à son paroxysme. Le Reich, plus fort que jamais, se heurte à son premier véritable obstacle en Russie. Sous l'égide de Reinhard Heydrich, Gouverneur Général de Bohême-Moravie, une conférence va réunir de hauts dignitaires nazis, dans une propriété située à Wannsee, dans la banlieur de Berlin. Là, se décidera la mise en oeuvre de la "solution finale au problème juif". Si des gazages ont déjà eu lieu (notamment à Chelmno, dans des camions à gaz), Heydrich, à qui Göring a donné carte blanche, envisage de passer à une toute autre dimension dans l'horreur.

La réunion de Wannsee dura environ deux heures et décida du sort de six millions de Juifs, avec toute la barbarie que l'on sait. Alors qu'elle aurait du rester secrète jusqu'au bout, elle fut révélée lorsqu'on découvrit le compte-rendu destiné à Martin Luther, et désormais connu sous le nom de Protocole de Wannsee, seule preuve écrite de la tenue de cette conférence (les autres exemplaires ayant été détruits).

Le téléfilm réalisé par Frank Pierson (qui réalisa en 1976 un remake du film "Une étoile est née" mais participa aussi aux scénarios de "Luke la main froide" ou "Cat Ballou") se concentre sur la réunion des différents chefs nazis, dans une unité de temps et de lieu propres aux grands drames. Après une nécessaire phase présentation des forces en présence (entre les idéologistes du parti nazi, les juristes, les militaires et les représentants de la SS), l'intrigue insiste sur le caractère secret de la réunion pour ensuite dérouler le fil des décisions sinistres qui y furent prises. 

Le casting haut de gamme qui tient le haut de l'affiche est remarquable. Loin des excès qui sont parfois les siens en matière d'interprétation, Kenneth Branagh est glaçant dans le rôle du terrifiant Heydrich, tandis qu'à ses côtés, Stanley Tucci, en donnant à Adolf Eichmann toute la "banalité du mal", livre sans doute une de ses meilleures prestations. Véritable comptable d'un enfer à venir, Eichmann, qui ne fut finalement capturé que dans les années 1960 par le Mossad, est sans doute le personnage le plus effrayant de tous, par sa banalité justement. En face d'eux, une quinzaine d'autres dignitaires tentent de faire valoir leurs points de vue, avant de finalement céder, au nom du Reich et de l'hitlérisme, et d'approuver la terrible machinerie qu'ils mettent en place. Tous sont interprétés de façon remarquable par des acteurs plus ou moins connus (on notera la présence de Colin Firth en juriste effaré par la décision qu'il entérine), mais tous parfaitement justes.

Sans sombrer dans l'ornière de la docu-fiction, la réalisation, sobre et élégante, se fait suffisamment discrète pour que le spectateur n'ait pas l'impression d'assister à un ennuyeux cours magistral. Le film est une reconstitution historique, mais est suffisamment vivant pour qu'on le suive avec grand intérêt. Il est donc assez étonnant que "Conspiration" ait été si mal programmé et soit si peu accessible. "Le ventre est encore fécond, d'où  a surgi la bête immonde", disait Brecht.



Une fois n'est pas coutume, la vidéo qui accompagne cet article permet de visualiser l'intégralité du film. On remerciera donc Internet grâce auquel on peut avoir accès à certaines œuvres, dont la diffusion reste (hélas) confidentielle.



mardi 26 novembre 2013

Espion(s) (2009)



Parfois, la presse spécialisée (enfin, n'exagérons pas, une partie de celle-ci) s'extasie devant un film. Alors, on se dit que, forcément, devant pareil concert de louanges, on est en présence d'un chef d'oeuvre et qu'il faut impérativement foncer le voir dans les salles obscures. Et, au sortir de la projection, on se retrouve avec l'impression soit de n'avoir rien compris (ce qui est extrêmement frustrant), soit de s'être fait rouler (ce qui l'est au moins autant). En 2009, le film "Espion(s)" de Nicolas Saada, nominé dans moult compétitions et encensé par nombre d'organes de presse (des Inrockuptibles à StudioCinéLive), n'avait pas convaincu le grand public, puisqu'environ 400 000 spectateurs s'étaient déplacés (c'est peu, pour un film avec Guillaume Canet).

Travaillant comme bagagiste dans un aéroport, Vincent, avec la complicité de son collègue Gérard,a pris l'habitude d'ouvrir les valises des voyageurs et de s'y servir. Un jour, alors qu'ils fouillent un bagage diplomatique, les deux hommes déclenchent une explosion qui tue Gérard. Approché par la DST, Vincent n'a plus le choix. Pour éviter la prison, il va devoir coopérer. Il se retrouve pris dans une affaire d'espionnage international qui le dépasse. Manipulé, Vincent va devoir approcher un homme d'affaires britannique et séduire son épouse.

Mêler romance et espionnage, pourquoi pas ? L'exercice a déjà été tenté et réussi par le passé, par quantité de cinéastes, d'Alfred Hitchcock à Sidney Pollack. Nicolas Saada, ancien critique (notamment sur Radio Nova et aux Cahiers du Cinéma), connait ses classiques, à n'en pas douter. Il a aussi l'ambition certaine de livrer un film capable d'emporter le spectateur. Hélas, l'intrigue de son film reste assez peu épaisse : l'histoire d'espionnage dans laquelle Vincent se trouve embarqué tourne vite à vide, loin d'atteindre les sommets espérés. Relayé par une romance qu'on voit venir longtemps à l'avance, le thriller qu'on envisageait s'évanouit alors.

Pour couronner le tout, l'interprétation reste très moyenne, les acteurs principaux (dont l'excellent Stephen Rea, ici sous-employé) donnent un prestation toute en retenue, s'investissant a minima dans leurs personnages, auxquels le spectateur (enfin, quitte à préciser une fois de plus, c'est mon humble avis que j'expose en ces colonnes) a du mal à adhérer.

Réalisé sans fièvre, "Espion(s)" peut être vu comme un révélateur d'un certain cinéma français, qui rêve d'avoir l'efficacité de celui venu d'autres contrées (Hollywwod en l'occurrence) sans assumer d'utiliser les recettes qui lui permettraient d'y arriver.
Lorsqu'apparait le personnage campé par Hippolyte Girardot, on pense immanquablement aux "Patriotes" d'Eric Rochant qui, lui aussi, emmenait son héros naviguer dans les eaux troubles de l'espionnage international. "Espions" pâtit de la comparaison avec cet illustre aîné qui, lui, s'était donné les moyens de réussir.

A vouloir mêler histoire d'amour et film de genre, Nicolas Saada échoue finalement sur les deux tableaux. Reste un film frileux, auquel il manque la vibration nécessaire.



vendredi 22 novembre 2013

Chroniques de la haine ordinaire


L'ouvrage dont il est question aujourd'hui dans ces colonnes ne date pas d'hier, puisqu'il regroupe les chroniques délivrées sur France Inter par Pierre Desproges en 1986. Publié dans la collection "Virgule" des éditions Seuil, ce livre qui trône depuis un bon bout de temps (je vais éviter de donner le chiffre exact, ça va me déprimer) dans ma bibliothèque, fait partie de ces petits opuscules auxquels je reviens régulièrement, pour dévorer un ou deux textes, y retrouvant chaque fois le même plaisir.

En ces temps où le politiquement correct règne en maître et où il est impossible d'oser faire rire avec certains sujets sans risquer un procès, voire pire, on mesure à quel point Desproges nous manque. Sous une causticité et une apparente misanthropie, se cachaient une réelle tendresse et un regard acéré sur ce qui l'entourait. Ces chroniques évoquant l'humanité, l'amour, Dieu, mais aussi les petits travers du quotidien, et qui firent les riches heures de France Inter (vous savez, la radio qui, en des temps meilleurs, permettait aux humoristes de délivrer de salutaires billets d'humeur...mais je m'égare), sont également un délice pour le lecteur. Pierre Desproges, en dehors de son talent sur scène, savait également écrire. Il s'est d'ailleurs essayé avec succès au roman ("Des femmes qui tombent", par exemple). Son humour (souvent noir ou absurde), remarquablement servi par ses textes, n'a rien perdu de sa pertinence et de son impact, malgré les années.

Tour à tour caustique, touchant, hilarant, ce livre, toujours remarquablement écrit, est rigoureusement indispensable aux amateurs d'humour et pourrait servir de leçon à bien des apprentis comiques. Cependant, il n'est pas seulement un recueil de textes prompts à dérider leur lecteur, mais aussi un regard sur une époque, sur un monde. Certes, presque vingt-cinq années se sont écoulées depuis que Monsieur Cyclopède nous a quittés, mais il reste irremplaçable.
Le relire fait du bien, tout simplement. 

Vous trouverez sans mal ce livre chez tout bouquiniste bien achalandé. Sachez qu'il existe des enregistrements audio des chroniques, si la voix de Pierre Desproges vous manque. Enfin, petit bonus final, une des chroniques de la haine ordinaire vous attend dans la vidéo ci-dessous.



lundi 18 novembre 2013

Un grand mariage (2013)



Evénement majeur dans la vie de bon nombre d'êtres humains, le mariage a donné lieu à quantité de films, souvent à classer dans le rayon "comédie romantique", ou parfois (je songe notamment au très moyen "Mariages !") dans celui de l'humour sarcastique. Le film "Un grand mariage", sorti au printemps dernier, n'a pas, c'est le moins que l'on puisse dire, drainé les foules. Il avançait pourtant de prestigieux noms en haut de son affiche, mais rien n'y fit. Malgré la présence de Robert de Niro, Diane Keaton, Susan Sarandon, Robin Williams, Katherine Heigl et j'en passe, "Un grand mariage" ne séduisit guère le public. 

Alors qu'ils ont divorcé depuis longtemps, Ellie et Don (qui vit, depuis, avec la meilleure amie d'Ellie) vont devoir faire semblant de former un couple uni, à l'occasion du mariage d'Alejandro, leur fils adoptif. En effet, la mère biologique de ce dernier, qui assistera aux noces, est très à cheval sur les traditions et ne comprendrait pas pareille situation. Du côté de la famille de la future mariée, les exigences se multiplient également et, lorsque tous les invités au mariage finissent par être réunis, la situation promet d'être explosive....

L'originalité de "Un grand mariage" est qu'il s'agit du remake d'un film franco-suisse, "Mon frère se marie", qui traitait déjà de certains des thèmes repris ici : les secrets inavouables de chacun des protagonistes, les concessions que tout un chacun est prêt (ou pas) à faire et, surtout, les différences entre individus, qu'elles soient culturelles ou religieuses. Autant dire qu'il y avait (et qu'il y a toujours) matière à obtenir là un film riche de sens, qui aurait porté un regard critique sur la société. Que personne ne s'emballe : à aucun moment, "Un grand mariage" n'a cette portée, sa seule prétention restant celle d'amuser son public, mission dans laquelle (hélas) ce film échoue.

Justin Zackham, le réalisateur, s'était fait remarquer en signant le scénario de "Sans plus attendre" (qui mettait en scène Jack Nicholson et Morgan Freeman, à l'aube de l'existence). En s'attaquant ici au registre de la comédie romantique, il faut avouer qu'il pédale bien souvent dans le vide, quand il ne s'embourbe pas dans les travers gras et vulgaires qui sont le lot de bien des comédies américaines de ces dernières années. Scène représentative de tout le film, celle qui introduit le personnage de Diane Keaton dans le foyer de son ex-mari et de sa compagne est particulièrement et inutilement lourde (je vous épargne les détails). Zackham, déjà peu gâté par un scénario lourdingue, filme l'ensemble comme s'il s'agissait d'un téléfilm de bas étage. La plongée dans la petite bourgeoisie américaine dépeinte ici tourne vite au périple en eaux troubles. 

Du côté du casting, là aussi, le constat est désarmant : le casting est haut-de-gamme, mais dramatiquement mal employé. Qu'il s'agisse de Robert de Niro (décidément, Bob, que t'arrive-t-il ?), de Diane Keaton, de Susan Sarandon, de Robin Williams ou de Katherine Heigl, tous semblent à peine concernés par l'aventure dans laquelle ils sont embarqués, et parfois gênés d'avoir échoué là. Si, à l'occasion de quelques scènes, certains d'entre eux réussissent à tirer leur épingle du jeu, ces moments lumineux sont si fugaces qu'ils engendrent la frustration.

Certains mariages partent mal, et l'on devine qu'ils finiront dans le mur, à peine la cérémonie terminée. Dans le cas de ce film, dès les premières scènes, on sait que la fête sera pénible, malgré la présence d'invités de choix. Si vous avez la possibilité de ne pas honorer cette invitation, n'ayez donc aucun scrupule. 


samedi 9 novembre 2013

L'art de séduire (2011)



Certains films vous laissent des souvenirs forts et s'impriment à jamais dans la mémoire. D'autres, au contraire, ne marquent pas leurs spectateurs. Je dois avouer que, bien que faisant partie du petit nombre de spectateurs s'étant déplacé pour aller voir "L'art de séduire" lors de sa sortie, je conservais peu de souvenirs de ce film, jusqu'à un récent re-visionnage. 
Guy Mazarguil, dont "L'art de séduire" était la première réalisation, avait fait ses premières armes dans le court-métrage. Sa première incursion dans le long métrage s'étant soldée par un échec public et (dans une moindre mesure) critique, il n'a pas eu, depuis, l'occasion de réaliser d'autres films depuis...


Jean-François, psychanalyste de son état, a un vrai problème : il est amoureux d'Hélène, l'une de ses patientes, ce qui va à l'encontre de sa déontologie. Quand la jeune femme décide d'arrêter sa thérapie, Jean-François décide de foncer et de séduire Hélène. Seulement, il se sait piètre séducteur. Pour y remédier, il va donc demander conseil à l'un de ses patients, dragueur obsessionnel. 


On l'aura compris à la lecture du pitch, c'est une fois de plus dans le registre cent fois exploité de la comédie romantique que "L'art de séduire" creuse son sillon. Guy Mazarguil confessait d'ailleurs, lors de la sortie de son film, un goût prononcé pour ce genre, citant dans ses oeuvres de chevet les classiques du genre (dont "Quatre mariages et un enterrement", par exemple). Au visionnage du film, il faut cependant reconnaître que "L'art de séduire" est loin d'arriver au niveau de ses illustres modèles. La raison en est simple : l'histoire est bien peu épaisse et laisse peu de place aux surprises et autres rebondissements, éléments pourtant indispensables dans ce créneau cinématographique.

Le scénario, dont les dialogues réussissent pourtant à faire mouche à plusieurs reprises, est donc sans conteste le point faible de "L'art de séduire". Tenant sur un ticket de métro, le script accumule les passages à vide et les longueurs. 

Du côté de l'interprétation, le bilan est bien meilleur : les quatre acteurs principaux font de leur mieux et sont tous charmants, mais donnent malheureusement l'impression cruelle d'avoir peu de matière à se mettre sous la dent. Pour réussir à tirer un film consistant à partir d'une intrigue maigrichonne, mieux vaut s’appeler Woody Allen. Ce n'est pas le cas de Guy Mazarguil, aussi plein de bonne volonté soit-il.

Alors, certes, "L'art de séduire" est un film mignon tout plein, avec des acteurs pleins de bonne volonté, mais il accumule hélas les longueurs et les maladresses. A la réflexion, on peut se demander si le matériau de base comportait effectivement de quoi faire un film. En l'occurrence, c'est une petite friandise sans grande saveur, vite avalée, vite oubliée.


mardi 5 novembre 2013

Jacquou le croquant (2007)



Rendu célèbre par les clips qu'il réalisa pour Mylène Farmer (pour qui il composa également moult mélodies), Laurent Boutonnat a également mis en scène quelques longs métrages, qui n'eurent pas l'heur de rencontrer autant de succès que les tubes de la chanteuse rousse la plus célèbre de l'hexagone. Qui se souvient de "Giorgino", par exemple ? Son long métrage le plus connu, et aussi le dernier, fut "Jacquou le croquant", oeuvre à la gestation difficile, fresque ambitieuse qui n'atteint pas les sommets auxquels ses producteurs le destinaient. 

Il aurait pu vivre heureux dans son Périgord natal, le petit Jacquou, si le destin n'avait pas décidé de son malheur. Ainsi, il vit son père, vétéran des guerres napoléoniennes et pauvre métayer, abattre l'intendant du cruel Comte de Nansac, et être condamné au bagne et être tué en tentant de s'évader, puis sa mère mourir de chagrin. Recueilli par le père Bonal, le jeune homme qu'il devint put mûrir sa vengeance, malgré les obstacles devant lui et devenir le beau et grand Jacquou, meneur des croquants, combattant l'injustice.

Ambitieux, Laurent Boutonnat l'est sans aucun doute. Ses clips l'attestaient déjà, puisque certains étaient scénarisés comme des films et témoignaient de son admiration pour certains grands maîtres du Septième Art (l'ombre du Kubrick de "Barry Lyndon" plane sur plusieurs de ses œuvres). Ses ambitions sont visibles à l'écran, dans les décors (naturels, mais hélas pas ceux du Périgord, et c'est bien dommage, si vous voulez mon avis) et les costumes. Pour ce qui est de l'esthétique, la mission est accomplie : d'ailleurs, le film reçut deux nominations aux César, pour les décors et les costumes, justement.

Il faut constater qu'au chapitre des points positifs, la liste va s'arrêter là. Laurent Boutonnat, à défaut d'avoir pu convaincre Pathé de produire deux longs métrages, aurait du mettre plus de soin à refaire le montage des 2 heures 30 de film. Nombre de scènes trop longues n'apportent rien à l'intrigue, tandis que certaines accélérations du récit laissent au spectateur l'impression qu'il a eu une absence ou un micro-sommeil et raté une scène importante. Du coup, le film a du mal à retenir l'attention du spectateur.

Ce long métrage au rythme décousu, plein de trous, n'est en rien sauvé par son interprétation, assez peu convaincante. Aussi talentueux soient-ils, les acteurs semblent souvent à côté de leur personnage, surjouant souvent (notamment Albert Dupontel, qu'on a connu bien plus inspiré), cabotinant parfois, manquant presque toujours d'inspiration. On se consolera en admirant la prestation, fût-elle caricaturale, du regretté Jocelyn Quivrin.

Cerise sur le gâteau, la bande originale, souvent envahissante, écrase parfois les dialogues déjà peu audibles (ah, la diction de certains comédiens !).
Au final, "Jacquou le croquant" fait l'effet d'un livre empli de belles images, mais auquel il manque une page sur deux. Ça peut être agréable à regarder, mais ça s'arrête là. Ceux qui tiennent absolument à tout connaître des péripéties de Jacquou n'ont plus qu'à se diriger vers la série télévisée d'antan.

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vendredi 1 novembre 2013

Hors de contrôle (2010)


Qui aurait cru, il y a de cela quelques années, qu'un film mené par Mel Gibson ne serait pas synonyme de carton au box-office ? L'acteur (et réalisateur), oscarisé pour le très beau "Braveheart" a, à force de mauvais choix, de déclarations polémiques et de revers judiciaires, entamé une longue descente aux enfers dont on imagine mal le voir un jour revenir. En 2010, sous la direction de Martin Campbell (qui s'était fait remarquer avec "Casino Royale"), il endossa le premier rôle de "Hors de contrôle", vengeance-movie qui ne déplaça guère les foules et rentabilisa tout juste son budget. A l'époque de "Mad Max" et autres "Arme Fatale", pareil désaveu aurait semblé impensable. Les temps changent, comme on dit...

Thomas Craven, vétéran de la police de Boston élève seul sa fille unique de vingt-cinq ans, dont il sait finalement peu de chose. Quand celle-ci est assassinée sur le pas de sa porte et meurt dans ses bras, Craven décide d'enquêter, quitte à affronter les eaux troubles dans lesquelles sa fille évoluait. Découvrant que celle-ci menait une existence dont il ignorait tout, le policier solitaire va se retrouver face à des forces qu'il ne soupçonnait pas et devant lesquelles il devra être implacable.

Une fois de plus, je me dois de pester contre la traduction française du titre du film. Il est difficile d'affirmer que transposer "Edge of Darkness" par "Hors de contrôle" soit à l'origine de la débâcle financière du film, mais une chose est sûre : ce choix en dit long sur la façon dont sont distribués les films. Voilà, c'est dit (une fois de plus).

Si "Hors de contrôle" marque le retour dans un premier rôle de Mel Gibson (qui n'avait plus été tête d'affiche depuis "Signes", c'est dans un registre, celui de la vengeance, déjà maintes fois exploité par l'acteur, devant ou derrière la caméra. On se souviendra, par exemple, du très convaincant "Payback", auquel le présent film fait souvent penser, sur la forme à défaut du fond. Hélas, il faut vite se rendre à l'évidence, "Hors de contrôle" est bien loin du niveau de certains des grands films de Mel Gibson. 


Martin Campbell, qui avait réalisé la mini-série britannique dont "Hors de contrôle" est inspiré, est à l'origine de grands films (le déjà cité "Casino Royale") mais aussi de films plus mineurs (comme, par exemple, "Absolom 2022", dont j'ai déjà parlé). Au visionnage de ce film d'action, on se rend vite compte qu'il fait (hélas) partie de la deuxième catégorie. La faute en incombe à un scénario poussif et sans grande surprise, ainsi qu'à une réalisation plutôt mollassonne, alors qu'il lui aurait fallu être nerveuse et incisive. 
Devant la caméra, les acteurs semblent peu convaincus, quand ils ne donnent pas l'impression de s'ennuyer ferme. Alors, certes, le pitch de base n'augurait pas du thriller du siècle, mais on aurait aimé être agréablement surpris et, surtout, retrouver Mel Gibson dans un grand et bon film. En matière de come-back, "Hors de contrôle" est loin d'être une réussite.