lundi 28 mai 2018

Nos plus belles vacances (2012)


Vous, je ne sais pas, mais j'apprécie tout particulièrement le film dit "de potes" (merci Martin pour la correction, ça s'imposait), celui qui célèbre l'amitié et, sous couvert de photographier une "bande de potes" à un instant donné, met en exergue ce beau et noble sentiment. Nombre d’œuvres s'en sont réclamées, des films de Claude Sautet aux "Petits mouchoirs", par exemple, mais peu, à mon goût, mettent en avant l'amitié, préférant décrire les travers de personnages dont on se demande pourquoi et comment ils restent amis. Récemment, Philippe Lellouche (le frère de Gilles, l'acteur) raconta dans un film en partie autobiographique, des vacances entre amis. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le public ne suivit pas. 

1976 : la sécheresse s'abat sur la France. Cette année-là, Claude emmène sa famille en Bretagne, dans sa belle-famille. C'est Isabelle, sa femme, qui a choisi la destination, l'ayant surpris en flagrant délit d'adultère. Ils sont rejoints comme chaque année par leurs amis Bernard, Jacky, Bernadette et Marie-Jeanne. Entre ces parisiens et les locaux, deux mondes se percutent et tous vont devoir apprendre à se connaître et (qui sait ?) à s'apprécier. C'est l'été, c'est le temps des copains, le temps de l'amour et de l'aventure...

On aurait aimé aimer ce film, qui fait le choix de plonger son spectateur à une époque peu exploitée par le cinéma : les années 1970, en France. En utilisant ce décor, Philippe Lellouche choisit d'exploiter ses souvenirs d'enfance, en ponctuant les scènes-clés de commentaires en voix-off, souvent mal à propos. Insistant bien, et parfois lourdement, sur ses ressentis et la façon dont cet été fut déterminant pour l'enfant qu'il était alors, le réalisateur oublie l'un des pré-requis indispensable à ce genre de film (et à tout film, d'ailleurs, si vous voulez mon avis) : les personnages n'ont guère de profondeur et l'on a tôt fait de se désintéresser d'eux.

Alors, oui, la reconstitution est, à première vue, plutôt réussie et l'immersion dans cet été torride s'avère réussie. Mais, dès que les personnages prennent la parole, c'est la catastrophe. Entre ses héros, particulièrement peu attachants et les autochtones bretons, décrits comme des arriérés au parler incompréhensible, le spectateur regarde passer les protagonistes sans éprouver la moindre empathie à leur égard (ou alors, ça vient de moi, et ce serait plutôt inquiétant). C'est d'autant plus dommage qu'il y avait un vrai potentiel à puiser dans cette époque et dans ce choc entre deux modes de vie. 

Hélas, entre les personnages, caricaturaux à outrance, et le scénario, à peine digne d'un téléfilm de deuxième partie de soirée sur une chaîne perdue de la TNT, "Nos plus belles vacances" ne dégage aucun capital de sympathie : le comble pour un film soi-disant choral.


mercredi 23 mai 2018

The monster squad (1987)


Evidemment, lorsque des gamins doivent affronter les ténèbres, quelque part aux Etats-Unis, dans les années 1980, on pense aux créations de Steven Spielberg et de sa bande. Pour le coup, l'affiche de "The monster squad" revendiquait haut et fort cette parenté. Force est cependant d'avouer que ce film ne traversa pas les années aussi bien que certains de ses voisins de rayon. Pourtant, il semblait, sur )le papier, promettre sa dose de frissons. Quand, en plus, les magiciens des effets spéciaux Stan Winston (créateur de bien des monstres de cinéma) et Robert Endlund sont de la partie, on peut se frotter les mains. La nostalgie a souvent un goût agréable pour les amateurs de cinéma : ce film a-t-il bien vieilli ?

Ils sont venus, ils sont tous là : Dracula débarque et, avec lui, tous ses copains les monstres, qu'il s'agisse de la Momie, du Monstre de Frankenstein, du Loup-Garou ou de la Créature du Lac Noir. Ce qu'ils veulent ? Dominer le monde, évidemment. Mais, tous puissants qu'ils soient, ces monstres ignorent qu'une bande de gosses vont se dresser contre eux et qu'en matière de monstres, Sean, Patrick et leur bande en connaissent un rayon. 

L'inconvénient, avec "The Monster Squad", c'est qu'on ne sait pas très bien ce qu'on doit penser. S'agit-il d'un film d'horreur ? D'une parodie ? Fait-il oeuvre d'hommage ou de pillage ? Qu'il s'agisse de ses emprunts évidents aux classiques de l'horreur ou aux procédés scénaristiques déjà vus par ailleurs, et avec plus de talent (par exemple, le personnage de la petite sœur agaçante, mais qui s'attache plus que de raison à un personnage monstrueux), "The monster squad" ne se montre pas digne de ses modèles.

Scénarisé par Fred Dekker, le réalisateur (surtout connu pour avoir commis un "Robocop 3" fort oubliable) et Shane Black qui, la même année, fit le carton que l'on sait avec le script de "L'arme fatale", ce film n'a pas grand chose de mémorable, il faut l'avouer. Et la patine des ans n'a, semble-t-il, pas eu d'effet positif sur lui. En le visionnant, on songe évidemment aux "Goonies" ou à "Explorers", mais il manque quelque chose à "The monster squad" et il se pourrait bien que ce quelque chose soit la foi. Ne croyant visiblement pas trop en ce qu'il raconte, le réalisateur n'arrive pas à faire adhérer le spectateur à son univers et torpillant lui-même les effets du scénario par un manque évident d'ambition. De même, les acteurs, grands et petits, faute d'une direction digne de ce nom, n'insufflent pas à leurs personnages l'étincelle qui fait qu'on croit en eux. 

Ajoutez à cela une version française totalement déplorable, et le tableau sera complet. Au final, alors qu'il aurait pu être un hommage touchant aux grands films auxquels il fait référence, "The monster squad" est le cousin contrefait des films de la même niche, celle qui nous offrit tant de joies cinéphiliques. Parfois, la nostalgie se teinte d'indulgence. Parfois, non. 


vendredi 18 mai 2018

Droit de passage (2010)


Les frontières semblent se fermer, ces temps-ci. Que ce soit en Europe ou de l'autre côté de l'Atlantique, des murs se dressent face à ceux que la misère pousse à tout faire pour une vie meilleure. Naturellement, le cinéma s'empare de cette thématique pour évoquer le sort de ceux qu'on nomme migrants ou réfugiés. Il y a eu, par exemple, le saisissant "Welcome", tout près de nous. Mais c'est fortuitement que j'ai découvert "Droit de passage" (traduction française indigne de "Crossing over"), un film qui avait été snobé à l'époque par pas mal de critiques.

A Los Angeles, les hommes et les femmes se croisent. Venus du Mexique pour tenter de gagner leur vie, résidant ici depuis toujours ou depuis peu, en quête de l'autorisation qui leur assurera la citoyenneté américaine, toutes et tous craignent l'expulsion, parfois arbitraire. Face à eux, l'autorité peut prendre différents visages : il y a de la bienveillance, de la violence, de la corruption.  Il y a ce policier qui veut encore croire en l'humanité, quitte à s'abîmer. Il y a ce fonctionnaire corrompu, qui abuse de ses prérogatives. Il y a tant d'hommes et de femmes qui se croisent, aiment, souffrent...
A la vision de ce film, dont on a parfois décrié le côté bancal (que je reconnais) ou les méthodes racoleuses (mais je préfère lui accorder le bénéfice du doute, les critiques étant parfois de mauvaise foi), on peut frémir : le thème qu'il évoque est devenu mondial et nous touche forcément tous, à des degrés et des modes différents. Même si son traitement peut faire douter le spectateur, "Droit de passage" a au moins le mérite d'aborder de front un thème difficile, et de le faire sans adoucir le trait. Sa production problématique, ses maladresses et son entêtement à faire passer le visa américain pour l'ultime sésame en font un film maladroit, dont les bonnes intentions semblent passées au second plan. Wayne Kramer, le réalisateur de cette mosaïque ayant pour thème les frontières entre les hommes, semble parfois dépassé par l'ampleur de la tâche qui lui est attribuée, mais, filmant à hauteur de femme et d'homme, assure jusqu'au bout et livre un film sans doute sincère. 

Dans un film choral, ce sont les personnages qui sont le ciment de l'ensemble. Dans le cas présent, les acteurs sont remarquables. L'immense Harrison Ford, en flic bienveillant et humaniste, apparaît fatigué et désabusé, comme l'homme qu'il est l'est sans doute. Ray Liotta, particulièrement botoxé, démontre qu'il aurait pu avoir une carrière digne de ce nom s'il avait fait de meilleurs choix. On pourrait aussi évoquer les prestations, plutôt justes, de Cliff Curtiss (désormais connu comme le héros de la série "Fear the walking dead"), Jim Sturgess, Ashley Judd, Alice Eve, donnant vie à cet instantané parfois juste, parfois pataud. S'il avait été moins balourd (parce qu'il l'est, au point, pour certains critiques, d'être contre-productif), "Droit de passage" aurait été un beau et grand film. A défaut, c'est un regard sur ce qui se passe de l'autre côté de l'Atlantique (et qui ressemble fort à ce qui se passe pas si loin de chez nous). 

Les Etats-Unis, nation composée à partir d'un beau melting-pot, ont oublié bien vite qu'ils étaient riches de leur diversité. Maladroit, ce film, pour peu qu'on prenne un peu de recul et qu'on ne lui fasse pas de procès d'intention, peut éveiller chez son spectateur une saine colère.

Ce film a été vu dans le cadre du Movie Challenge 2018, pour la catégorie 
"Un film qui t'a mis en colère" (par son thème)

dimanche 13 mai 2018

Big Game (2014)


Il est des jours où l'on a envie de mettre son cerveau de côté et de regarder un film qui ne nous usera pas les neurones. Il y  a des tas de films qui peuvent répondre à ce besoin et certains le font même très bien, sans donner l'impression d'avoir abêti leur spectateur. D'autres, non. L'autre soir, au vu du pitch de "Big Game", j'ai flairé le Die-Hard-like et ai eu un moment de faiblesse. Allais-je le regretter ?

Quels idiots, ces terroristes ! En voilà un qui a décidé de faire s'écraser Air Force One en pleine Laponie (le pays du Père Noël, autant vous dire qu'il y fait frisquet), pour s'emparer du Président des Etats-Unis. S'il avait su que le jeune Oskari, pour célébrer ses treize ans et respecter un vieux rite de passage de son village, devait faire ses preuves en passant une nuit et une journée dans cette même forêt, il aurait changé son plan. Mais non, le terroriste étant un peu crétin, il s'entête et va au-devant de gros ennuis. Tant pis pour lui, ça va barder.

Si le cadre de l'action nous change des décors habituellement utilisés pour ce genre de film (en général, c'est souvent dans une grande métropole que les terroristes font des leurs), il ne faut que quelques scènes pour se rendre compte que "Big Game" n'a pas grand chose de grand, ni de mémorable. Ecrit et réalisé par Jalmari Helander (qui n'a plus sévi depuis), ce film dispose pourtant d'un casting intéressant : pour épauler le jeune Onni Tommila, on retrouve rien moins que Samuel L. Jackson (capable du meilleur comme du pire dans ses choix de rôles), Ray Stevenson, Ted Levine, Jim Broadbent, Felicity Huffman et Victor Garber. On part donc avec un décor original (à défaut du pitch) et un casting qui a du potentiel. Il manque juste un scénario qui tienne debout. Entre péripéties peu crédibles et punchlines improbables, "Big Game" accumule ce qui se voudrait être des morceaux de bravoure : entre une chute dans un congélateur (c'est le bazar, cette forêt, on vous dit) et une séquence improbable dans un lac finlandais visiblement bien chauffé, on peut se demander si le film se prend lui-même au sérieux. 

Le pire est sans doute que tout ce petit monde donne l'air de se prendre au sérieux, entre le méchant impeccablement coiffé mais vraiment très méchant et le président des Etats-Unis baguenaudant dans la forêt finlandaise, avec une chaussure en moins. Quand ce genre de film est bien fait et qu'il ne prend pas son spectateur pour une andouille, ça peut donner de très bonnes choses : hélas, n'est pas John McTiernan qui veut. En l'occurrence, Jalmari Helander, remarqué auparavant pour "Père Noël Origines" (rien que le titre me fait peur), livre un action-movie qui n'arrive jamais à faire vibrer son public : un comble !

Ce film est soit un nanar, soit un plaisir coupable : tout dépend du recul qu'on prend en le visionnant. J'avoue pencher pour la première hypothèse.


mardi 8 mai 2018

Downsizing (2017)


On avait pu repérer Alexander Payne avec "The descendants", qui mettait en vedette un George Clooney désemparé sur fond d'un Hawaï inattendu. Son dernier film (il y eut entre deux "Nebraska") "Downsizing", a fait l'objet d'une promotion notable, mettant en avant les éloges de certains critiques (cela dit, ce simple procédé peut être très contre-productif). Avec en vedette Matt Damon, ce film de science-fiction promettait beaucoup et, au final, n'a pas reçu le succès escompté. Alors, le public serait-il passé à côté d'un grand film ?

Surpeuplée, la planète ne suffit plus à nourrir et loger ses habitants. Alors, une solution s'impose : miniaturiser l'homme. Après avoir hésité, Paul Safranek se lance et convainc son épouse : le projet Downsizing semble augurer d'un nouvel eden, bien loin de son Omaha quotidien.
Une nouvelle vie commence pour lui. Enfin, ça, c'est ce qui lui est promis. La réalité sera bien différente.

Avec un pitch pareil et les prouesses réalisées par les spécialistes en effets spéciaux, on pouvait rêver à un film alliant forme et fond : quand la science-fiction se penche sur la société, cela peut donner de grandes œuvres. D'autant plus que "Downsizing", dans les premières séquences, semble se donner les moyens de ses ambitions. Le modeste Paul Safranek, représentant parfait de la middle-class américaine, se laisse séduire par l'idée d'une nouvelle chance et.... C'est justement là que le bât blesse, car après ce "et", le film part à vau-l'eau, et semble oublier son intention première. Alors, faute d'aller jusqu'au bout celle-ci, Alexander Payne donne l'impression de bricoler son intrigue au fur et à mesure...

Passé le premier quart du film et une fois son héros rapetissé, le film perd tout son intérêt et se contente mollement d'allers et retours. Heureusement, tout n'et pas à jeter dans ce film : s'il maintient l'intérêt du spectateur, c'est en grande partie, grâce à ses interprètes (faute d'un propos percutant). Matt Damon, marchant dans les pas de Tom Hanks, figure remarquablement l'américain moyen. Face à lui, l’exubérant Christoph Waltz semble bien s'amuser, tandis que Kristen Wiig et Jason Sudeikis, pour ne citer qu'eux, n'ont qu'un rôle accessoire (au sens où ils ne font que servir que le scénario), mais font le job, comme on dit. 

L'idée de base était formidable et aurait pu donner lieu à un grand film de science-fiction. Avec moins de moyens, "L'homme qui rétrécit", en son temps, eut un propos maintes fois plus profond et efficace. Malgré des moyens imposants, l'effet produit par le film est à l'image de son héros : riquiqui.



Ce film a été vu dans le cadre du Movie Challenge 2018, pour la catégorie 
"Un film qui t'a déçu"


jeudi 3 mai 2018

Diane a les épaules (2017)


J'avais raté "Diane a les épaules" lors de sa récente sortie au cinéma, faute de suffisamment de séances dans mon coin. Sa disponibilité toute récente en vidéo me permet de consacrer un billet à ce petit film français, passé sous les radars de pas mal de spectateurs, malgré une presse enthousiaste et la présence de Clotilde Hesme, actrice que j'admire tout particulièrement. Plutôt en phase avec son époque, ce film est resté confidentiel. C'est le moment de rattraper le coup !

Elle a les épaules, Diane, jolie trentenaire indépendante bien décidée à mener sa vie comme elle l'entend. Elle attend l'enfant d'un couple d'amis, tout en retapant une vieille maison, loin de tout. Elle mène sa vie comme elle l'entend, parce qu'elle est jeune et libre. Et ce n'est pas parce qu'elle rencontre un mec charmant, qui lui plaît énormément, qu'elle va changer. Enfin, ça, c'est ce qu'elle pense, parce que son cœur a décidé de bouleverser tout cela.

Diane, dans ce film, c'est Clotilde Hesme, merveilleuse actrice qui illumine chaque scène où elle apparaît. Personnage de femme forte, bien ancrée dans son époque et résolue à l'indépendance, l'héroïne du film est tour à tour touchante, émouvante, agaçante et toujours humaine. En cela, "Diane a les épaules" ravira les cinéphiles amateurs de ces œuvres qui sonnent "vrai", parce qu'ils parlent de gens comme les autres, loin des gros bras sauvant le monde après le petit déjeuner ou des super-héros en lycra moulant. 

Pour son premier long-métrage, Fabien Gorgeart déclare sa flamme aux acteurs (et à son actrice principale, en particulier). En se penchant sur cette mère en devenir, encore enfant au début du film et se construisant à l'image de la maison qu'elle restaure, il opte pour une réalisation sobre, sans tape-à-l’œil, qui laisse la part belle aux personnages. A travers eux, ce sont les acteurs qui font tout le charme de "Diane a les épaules". Comme déjà dit plus haut, la ravissante et talentueuse Clotilde Hesme est celle autour de qui gravitent les hommes du récit, incarnés par Fabrizio Rongione, Thomas Suire et Grégory Montel. Aucun de ces acteurs n'a encore tenu l'affiche d'un film fasant vibrer le box-office, mais ce ne serait que justice que cela arrive enfin.

Histoire simple ? Petit film ? Sans doute. Il n'empêche que "Diane a les épaules" porte une fraîcheur et une sincérité qui fait défaut à bien des longs métrages plus visibles. Pour le joli portrait qu'il trace d'une femme avançant dans sa vie, ce film mérite le déplacement.