dimanche 28 janvier 2018

My cousin Rachel (2017)


La romancière Daphné du Maurier a été l'inspiratrice de nombreux films, dont certains sont passés au Panthéon du Septième Art. De "Rebecca" à "L'auberge de la Jamaïque", son nom est essentiellement associé à celui d'Alfred Hitchcock, maître incontesté du suspense. On connaît moins "Ma cousine Rachel", roman gothique, pourtant adapté deux fois au grand écran. Si la première version, daté de 1952, mettait en scène Richard Burton et Olivia de Havilland, une adaptation plus récente, ayant conservé son titre original, est sortie sur les écrans l'an dernier. Malheureusement, malgré la présence à l'affiche de Rachel Weisz, ce film n'eut pas le succès escompté.

Jeune noble britannique du XIXème siècle, Philip est dévasté lorsqu'il apprend le décès de son cousin, en Italie, peu après son mariage avec Rachel, une étrange veuve qu'il a épousé en secret. Suspectant que Rachel ne soit responsable de cette mort, Philip a un jour la surprise de voir arriver sa cousine Rachel, troublante autant que mystérieuse. Méfiant de prime abord, le jeune noble finit par se laisser charmer par la jeune veuve. Mais qui est-elle vraiment ? Et que cherche-t-elle ?


Roger Michell, le réalisateur de "My cousin Rachel", nous a offert déjà quelques films intéressants (comme "Week-end royal") et est surtout connu pour "Coup de foudre à Notting Hill". Cela dit, il y a peu de chances pour que "My cousin Rachel" fasse partie de ses œuvres les plus notables. En choisissant délibérément de situer son histoire dans l'Angleterre du début du XIXème siècle, il s'astreint à une rigueur, voire une austérité qui pèse sur tout le film. Qu'il s'agisse des costumes, des décors ou tout simplement de la photographie, "My cousin Rachel" arbore un dehors plutôt sévère. 

L'intrigue principale, celle de savoir si oui ou non Rachel est une odieuse manipulatrice et Philip un doux naïf, passe finalement au second plan, tant la reconstitution de l'époque (pourtant non nécessaire, le roman original n'étant pas placé dans une période donnée) est sérieuse et paralysante. Alors que le scénario opte pour un flou volontaire et donne au spectateur l'opportunité de se faire sa propre idée, l'impression générale, celle de parcourir un musée dédié à l'Angleterre pré-Victorienne, paralyse ses intentions. 

Dans ce décor (remarquablement reconstitué, j'insiste), les acteurs semblent eux aussi prisonniers de leur cadre. Rachel Weisz, qu'on a connue remarquable dans "Agora" (par exemple, pour reprendre un film situé dans un cadre très rigoureux aussi), semble enfermée dans son rôle de veuve mystérieuse dont on ne saura jamais les vraies intentions. Face à elle, Sam Claflin est peu convaincant dans le rôle principal, il faut bien l'avouer, manquant d'envergure et sans doute de maturité. On notera la présence dans un second rôle notable de Iain Glen, l'une des stars de la série "Game of Thrones", dont, décidément, les acteurs ont du mal à trouver leur place au grand écran.

Jouant excessivement la carte de la reconstitution d'une époque et abusant de l'artifice du mystère, "My cousin Rachel", pour troublant qu'il soit, est un film qui risque de laisser pas mal de spectateurs sur le bas-côté, faute de les embarquer dans son histoire. 



Ce film a été vu dans le cadre du Movie Challenge 2018, pour la catégorie 
"Un remake ou film ayant été objet de remake" 



mardi 23 janvier 2018

La colle (2017)



En se fiant uniquement à son affiche, on aurait pu croire que "La colle" était uniquement un film potache, destiné à placer une intrigue comique au sein de l'environnement scolaire. Bref, si on en croit l'étiquette, on peut avoir envie d'éviter le contenu. Mais comme on n'est jamais à l'abri d'une bonne surprise et que j'avais lu ça et là du bien à son sujet, j'ai eu envie de donner sa deuxième chance à ce film d'Alexandre Castagnetti (qui ne m'avait pas vraiment convaincu avec "Amour et turbulences", pourtant). Était-ce une bonne idée ?

Pas de chance pour Benjamin, élève tranquille et timide, n'osant pas avouer son amour à Leïla : il a pris deux heures de colle, pour un tag qu'il n'a pas fait. Quand il débarque parmi les punis du samedi, il a la bonne surprise de découvrir que la belle fait partie de ceux collés ce jour là.
Soudain, cette colle prend un tour inattendu, quand Benjamin découvre qu'il vient de remonter le temps et de recommencer cette épreuve. Entouré des pires cancres de son lycée, Benjamin comprend vite qu'il est condamné à revivre éternellement cette colle...sauf si Leïla et lui sont ensemble, ce qu'il souhaite ardemment, d'ailleurs. 

Ceux pour qui le Jour de la Marmotte signifie quelque chose reconnaîtront sans mal une nouvelle déclinaison de l'intrigue du délicieux "Un jour sans fin". Mais n'allons pas hurler au plagiat, parce que "La colle" fait plus que simplement transposer son modèle à un autre cadre. Si le héros du film est coincé dans une boucle temporelle dont il ne sortira que s'il séduit l'élue de son cœur (et doit pour cela changer profondément), c'est une vraie bonne idée que d'avoir pris pour décor un lycée décrépi (mais sans doute bigrement réaliste) et pour héros de jeunes gens cachant leurs failles derrière le bouclier des apparences. 

En évitant (presque) les situations trash, devenues l'outil standard de l'humour cinématographique et esquivant les clichés (réservés aux tenants "officiels" du cinéma comique hexagonal), "La colle" se révèle plutôt malin. Il est servi par de jeunes comédiens remarquables, qui évitent l'écueil de la caricature et donnent à leurs personnages une véritable épaisseur. Du coup, presque malgré lui, le spectateur finit par éprouver une sorte de tendresse envers eux.

Toute cette petite bande, menée par Arthur Mazet et chapeautée par le surprenant (dans le bon sens du terme) Thomas VDB, dans le rôle d'un surveillant blasé. Dans un décor déliquescent (et qui est sûrement la partie la plus réaliste du film), et quasiment en huis-clos, les péripéties temporelles et affectives de Benjamin donnent un rythme soutenu, mais non trépidant, à cette étonnante comédie plutôt rafraîchissante.

Sans être un film inoubliable, "La colle", malgré une affiche qui pouvait laisser penser à une comédie potache, est une comédie assez maline. Rien que pour la tentative qu'il représente, ce film aurait mérité plus que l'accueil frileux qui lui fut réservé.



Ce film a été vu dans le cadre du Movie Challenge 2018, pour la catégorie 
"Un film se déroulant dans un lycée / collège / université"

jeudi 18 janvier 2018

Problemos (2017)


Qu'une grosse partie de la critique soit enthousiaste, c'est louche, quand ça concerne une comédie française. Ces dernières années, la plupart des films qui, dans ce registre, ont cassé la baraque s'étaient mises à dos les critiques, souvent à raison. Alors, en lisant les articles consacrés ça et là à "Problemos", le dernier film d'Eric Judor, on pouvait s'interroger : était-il là, le renouveau du cinéma comique français ? Alors que seuls quelques poignées de spectateurs sont allés voir ce film, pourtant (presque) unanimement salué, le mieux, pour se faire une idée, c'est de le visionner.


Victor et Jeanne, son épouse et leur fille font halte, pour quelques jours, dans la ZAD, où les accueille l'ancien professeur de yoga de Jeanne. Face aux fortes personnalités qui composent cette communauté, l'esprit souvent chagrin de Victor va se heurter à l'idée même qui gouverne ce petit monde... Mais peu après leur arrivée, la ZAD perd le peu de contact qui lui restait avec le monde extérieur. De l'autre côté des barricades, une pandémie a quasiment anéanti l'espèce humaine. Voilà pour nos rêveurs l'occasion de construire un nouveau monde, qui sera meilleur...ou pas !

Dans les première minutes de "Problemos", le spectateur peut avoir un goût de déjà vu, car la confrontation entre les célèbres "bobos" et une communauté de pseudo-hippies a déjà fait l'objet de maints traitements au cinéma, entre "Les babas-cool" (avec Christian Clavier, au temps où il était acteur) et "Peace and love (et plus si affinités)", par exemple. Dans ce premier chapitre, Eric Judor s'en sort plutôt bien, en évitant un écueil majeur : celui de prendre parti. En effet, tous les personnages en prennent pour leur grade et révèlent chacun leur tour leurs bassesses et leurs contradictions. La caricature est plutôt bien tournée et, après avoir égratigné tout ce petit monde, Eric Judor renvoie ses protagonistes dos à dos et donne à son histoire un tour inattendu.

C'est sans doute là la meilleure idée du script : pousser tous les boutons dans le rouge, afin de voir ce dont les personnages sont capables. A ce petit jeu qui fait appel à l'absurde autant qu'à la fantaisie, Eric Judor s'avère particulièrement talentueux. Alors qu'on pouvait trouver les films qu'il avait tourné avec son comparse Ramzy parfois puérils, "Problemos" s'avère plus acéré qu'il n'y paraît et démontre une profondeur inattendue. 

Pour servir sa farce, Eric Judor a fait appel à des comédiens pour la plupart peu connus, mais qui donnent à leurs personnages une véritable épaisseur et une crédibilité indispensable. Là où la comédie française utilise souvent des personnages totalement creux pour servir des situations vues et revues, "Problemos" démontre, parfois par l'absurde, qu'il faut plus qu'une silhouette pour alimenter un scénario. 

Sans être le chef d'oeuvre qui renouvellera le genre et pourra nous permettre de célébrer la résurrection de la comédie française, "Problemos" démontre que ce registre, autrefois si savoureux, n'est pas encore mort. Il était temps.


Ce film a été vu dans le cadre du Movie Challenge 2018, pour la catégorie 
"Un film réalisé par un acteur/une actrice qui joue dedans"

samedi 13 janvier 2018

Lady Jane (2007)


En honnête artisan d'un cinéma qui porte depuis toujours sa patte, Robert Guédiguian, épaulé par ses  comédiens habituels, a exploré l'humanité sous maintes formes, gardant toujours foi en elle. Prenant souvent Marseille et sa région comme décor, Guédiguian est un des derniers de son espèce et a un statut à part. Son dernier film, "La villa", est l'occasion de se pencher sur son parcours. J'ai choisi d'évoquer "Lady Jane", un long métrage à côté duquel nombre de spectateurs sont passés.

Quand ils étaient plus jeunes, ils braquaient les marchands de fourrures et les bijoutiers, pour redistribuer leur butin aux femmes de leur quartier. Maintenant, Muriel et ses amis sont rangés des voitures et ont laissé derrière eux leur passé tumultueux. Mais lorsque le fils de Muriel est enlevé, elle n'a d'autre choix que de se tourner vers ses anciens complices pour réunir l'argent de la rançon. La spirale de violence sur laquelle elle s'engage va la mener bien loin de leurs idéaux, de ce en quoi ils croyaient, plus jeunes...

Noir, c'est noir. Avec "Lady Jane", Robert Guédiguian s'aventure loin des territoires d'humanité qu'il explore d'habitude, ou plutôt, il évoque la facette sans doute la plus sombre de l'humanité si chère à son cœur. Comme dans nombre de films dits "policiers", c'est la vengeance qui tient lieu de colonne vertébrale à "Lady Jane" et cette vengeance est un plat amer, en plus d'être froid. Ici, les moments entre amis sont pleins de tensions et les échanges sont synonymes de tension, voire d'affrontement. Les liens d'affection sont pourtant là, sous une épaisse couche de noirceur, qu'il faut gratter pour trouver un peu d'humanité.

Evidemment, Robert Guédiguian a pu compter, une nouvelle fois sur sa bande d'acteurs fidèles, ceux sans qui un film de Guédiguian n'en serait pas tout à fait un. Et, une nouvelle fois, c'est la sincérité qui gouverne leur interprétation. Qu'il s'agisse d'Ariane Ascaride, de Jean-Pierre Darroussin ou de Gérard Meylan (pour ne citer que le trio emblématique), ils relèvent le gant (noir) avec le brio qui les caractérise. Leurs personnages, percutés violemment par la rudesse du monde et leurs fautes de jeunesse, accusent le choc, plus ou moins bien, mais gardent toujours cette humanité (oui, je radote, ce mot revient sans cesse dans ce billet). C'est en tout cas grâce à eux, et pour eux que l'on suit jusqu'au bout cette épopée sur le côté obscur du cinéma de Robert Guédiguian.

On pourra ne pas apprécier le voyage, tant il est brutal et sombre. On pourra aussi se dire que le réalisateur peut affronter le monde sous bien des faces et que celle-ci, pour peu reluisante qu'elle soit, fait partie de l'homme (et de la femme). A ce titre, ce Guédigian-là mérite sa place entre "Marius et Jeannette" et "La ville est tranquille" (au hasard, le choix est vaste).




lundi 8 janvier 2018

Crash Test Aglaé (2017)



Ce n'est un secret pour aucun des lecteurs réguliers de ce blog : j'apprécie tout particulièrement les comédies dites "sociales", celles où, partant d'un des nombreux drames que vivent des gens dits "normaux", on se rend compte des ressources de l'homme et qu'on apprend à rire des célèbres "accidents de la vie". S'il existe un maître-étalon dans ce registre, il est sûrement britannique : de "The Full Monty" à "La part des anges", Albion nous a montré maintes fois sa résilience et su nous parler de crise, en nous faisant sourire pour mieux réfléchir ensuite. Quelques tentatives hexagonales furent à noter, ces dernières années : je songe par exemple à "Discount" ou aux "Femmes du sixième étage". En lisant le pitch de "Crash Test Aglaé", totalement passé sous le radar lors de sa sortie, j'ai cru (bien que l'affiche annonçait clairement un road-movie) à une comédie sociale bien ancrée dans son époque, puisque tout y commençait par une délocalisation. Ce premier film d'Eric Gravel méritait-il mieux ?

Aglaé aime que tout soit bien réglé, dans sa vie et dans son métier de contrôleuse en crash-test. Alors, lorsque son usine est délocalisée en Inde, elle accepte (à la surprise des ressources dites "humaines" de son entreprise) d'aller jusque là-bas, pourvu qu'elle retrouve son poste. Entraînant dans son sillage, Liette, en mal d'enfant, et Marcelle, une sexagénaire obsédée par la propreté et l'ordre. Voilà nos trois commères parties vers l'Inde : la route sera longue et les rencontres nombreuses...

On pouvait s'attendre, en lisant le pitch de base, à un film social, disais-je, en espérant toucher du doigt la réussite en la matière des modèles britanniques. Mais non, très vite, "Crash Test Aglaé" prend son spectateur par surprise et se mue en road-movie au féminin. Pour une fois, donc, l'affiche n'est pas mensongère : ça fait un bon point pour ce film. Mieux encore, "Crash test Aglaé" s'avère plutôt réussi, car souvent touchant, parfois drôle et toujours humain.

C'est en grande partie grâce à ses trois interprètes principales que ce film peut se targuer de réussir son joli coup. En tête, India Hair, qui ne m'avait jusque là pas franchement convaincu, réussit à montrer toutes les facettes de son personnage, évoquant tour à tour la part enfantine et la féminité. A ses côtés, Julie Depardieu prouve qu'elle n'est pas qu'un patronyme et est souvent émouvante. Enfin, Yolande Moreau, la plus décapante de la bande, même si elle n'est pas présente aussi longtemps qu'on l'aurait souhaité, est tout simplement épatante. A elles trois, elles réussissent à exposer la femme mieux que bien des films plus prétentieux ne l'ont fait auparavant.

Certes, "Crash Test Aglaé" n'est pas parfait, loin de là et on pourra lui reprocher quelques séquences tournant à vide ou quelques errements qui pourraient égarer le spectateur. Cependant, ce film est une vraie proposition, et à ce titre, mérite plus qu'un coup d’œil.


Ce film a été vu dans le cadre du Movie Challenge 2018, pour la catégorie 
"Un film avec un prénom dans le titre"


mercredi 3 janvier 2018

La proie (2011)


En matière de films d'action, le cinéma français souffre, semble-t-il, d'un complexe, vis-à-vis de son cousin hollywoodien. Il aimerait bien faire aussi efficace, et remplir les salles à chaque fois, ou presque. Si certains (je ne citerais pas de noms, mais vous en trouverez sûrement plein) ont décidé de rentrer dans le moule, quitte à répéter peu ou prou le même film, d'autres tentent une déclinaison à la française de ce genre. Cela peut fonctionner et drainer les foules (je songe par exemple à "Ne le dis à personne" ou aux films de Fred Cavayé), comme cela peut déboucher sur un échec. Dans le cas de "La proie", d'Eric Valette, l'insuccès du film à sa sortie mérite d'être étudié.

Ancien braqueur ayant réussi à garder son butin caché, Franck Adrien finit de purger sa peine en prison. Malgré les menaces de ses co-détenus et de ses anciens complices, il a tenu bon, et compte bien profiter de son pécule une fois sorti de prison. Après avoir sauvé son co-détenu, victime d'une erreur judiciaire, d'une sévère correction, il se rend compte que ce dernier lui a menti, et compte s'en prendre aux siens, dès sa sortie. Contraint de s'évader, Franck va tout faire pour récupérer sa fille, et même devoir affronter ce à quoi il ne s'attendait pas. Pendant ce temps, il est traqué par la tenace Claire, policière sagace.

A la lecture du résumé ci-dessus, vous devez vous douter que ce film joue la carte du rebondissement à répétition, quitte à se passer d'un ingrédient indispensable à ce genre de thriller. Pour faire frissonner, il faut, rappelons-le à l'adresse des scénaristes qui sévissent dans le cinéma français, que les péripéties auxquelles on expose le héros soient crédibles. Parce que, dans le cas de "La proie", ça fait quand même beaucoup d'attaques à la crédibilité de l'ensemble. Que le héros ait tenu bon, durant toute sa détention et n'ait pas avoué où il avait caché son gros sac de billets, soit (même si l'endroit choisi est tout à fait improbable et peu crédible). Que celui qui mette la main sur le pactole soir justement son compagnon (provisoire) de cellule, passe encore (on pourrait, en grattant bien, songer à un hommage au fabuleux "La nuit du chasseur", mais je ne suis pas persuadé que ce soit voulu).
Et, enfin, que, pas de bol, ce dernier soit justement un...(roulement de tambour) tueur en série (non ? si !), ça fait beaucoup pour un seul film. Si le scénario est en partie inspirée des méfaits du sinistre Michel Fourniret, y avoir ajouté des intrigues secondaires (notamment autour de l'enfant du héros, qui - ô miracle scénaristique ! - ne parle pas), c'est pêcher par excès.

Pourtant, l'affiche était prometteuse, mais les interprètes semblent englués dans la toile d'araignée qui tient lieu de script : l'immense Albert Dupontel, qui avait jusque là mieux choisi ses rôles, Alice Taglioni, jamais crédible dans son rôle de flic tenace, Sergi Lopez, au rôle proche du deus ex machina totalement artificiel et Natacha Régnier, presque effacée forment un casting de rêve, mais sont bien mal employés. Celui qui tire le mieux son épingle du jeu est sans doute le rare Stéphane Debac, à la fois suave et vénéneux. 

L'esthétique très clippesque et l'empilage de clichés nuit à ce film où tout le monde se court après et où les blessures n'empêchent pas de galoper comme un sprinter après une chute de plusieurs étages. Un thriller qui louche sur certains modèles efficaces à défaut d'innover, mais sans réussir à tenir ses promesses, à force d'accumuler les clichés et les facilités. C'est d'autant plus dommage que le casting se prête au jeu, quitte à être parfois ridicule et (surtout) peu crédible.

Il est sans doute vain de vouloir singer le modèle américain, pour réussir ce genre de film. Dans le cas de "La proie", le décalque est maladroit et contre-productif.