jeudi 27 août 2015

Good morning England (2009)


Il est des films dont on pense, avec le recul, qu'ils ont forcément connu un gros succès lors de leur sortie en salles. En revisionnant tout récemment "Good morning England", il me semblait évident que ce film avait reçu un bel accueil public et critique en 2009. Il n'en fut rien, puisqu'il fut un échec au Royaume-Uni, sa patrie d'origine, et dans le monde, et que les critiques pointèrent nombre de ses défauts. Alors, par la grâce des années passées, "Good morning England" aurait-il gagné la patine qui confère à certaines œuvres une aura si particulière ?

1966 : le rock anglais est à son apogée. Pourtant, bien peu de radios diffusent cette musique nouvelle. Pour l'entendre, les citoyens de Sa Gracieuse Majesté doivent se tourner vers des stations pirates, dont Radio Rock, qui émet depuis un bateau mouillant en Mer du Nord. A son bord, huit animateurs diffusent 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Il y a à bord le Comte, un DJ américain doté d'un énorme ego. le sarcastique et érotomane Dave, Simon le Simple, Angus, Mark le noctambule (l'homme le plus sexy de la planète, à en croire Quentin, qui dirige la radio), Kevin le cerveau, et j'en passe. Tous ont la passion du rock et des femmes. Le jeune Carl, envoyé sur ce bateau par sa mère, va découvrir ici un mode de vie qu'il ne soupçonnait pas. 
Pendant ce temps, Sir Dormandy, représentant la Chambre des Communes, a juré la perte des radios pirates. La lutte sera sans pitié, mais sur le navire Radio Rock, c'est la liberté qui émet.

Richard Curtis, le réalisateur de "Quatre mariages et un enterrements", "Love Actually", et "Il était temps" (pour ne citer que ces films), a chois en 2009, de porter à l'écran une partie de ses souvenirs d'enfance, puisque le film s'inspire en grande partie du périple de Radio Caroline, une station qui émit envers et contre tout depuis la Mer du Nord dans les années 1960. Maîtrisant à merveille la comédie romantique à l'anglaise et les histoires à personnages multiples, Curtis se lance ici dans un film d'où le romantisme est finalement peu présent. Éloge de la subversion, "Good morning England" (titre français pour "The boat that rocked") célèbre la musique rock, l'amour libre et l'amitié : autant dire qu'on est en pleine nostalgie d'un âge d'or. The times, they are changin', comme disait un certain poète.

On pourra reprocher à "Good morning England" de tourner parfois en rond, faute d'une véritable histoire (le prétexte de la lutte entre radios pirates et gouvernement tombe à l'eau), et une dernière demie-heure plutôt faiblarde, en particulier une conclusion bâclée. Mais, malgré ses défauts, ce film continue de porter un gros capital de sympathie, grâce à plusieurs raisons. Tout d'abord, ce film est la peinture enthousiasmante d'une époque révolue, où toutes les générations se retrouvaient pour écouter une musique subversive, en pleine libération sexuelle, dont les apôtres sont ici les joyeux animateurs d'une radio comme on en fait plus (avez-vous déjà tenté d'écouter la soi-disant musique entre deux spots de publicité sur certaines bandes FM ?). Ensuite, ces personnages sont portés par des interprètes remarquables, au point qu'on aimerait passer quelque temps sur ce navire de la liberté. Qu'il s'agisse du regretté Philip Seymour Hoffman, de Nick Frost, du toujours classieux Bill Nighy, de Rhys Ifans (le colocataire gallois de Hugh Grant dans Notting Hill, remarquable), de Tom Sturridge, de Kenneth Brannagh (qui semble bien s'amuser dans le rôle d'un politicien coincé dans sa morale), mais aussi des moins connus, comme Rhys Darby, Chris O'Dowd ou Katherine Parkinson, et j'en oublie. Célébrant la musique, le sexe et la drogue, les héros de "Good morning England" portent le film à eux seuls, exhumant une période qui paraît aujourd'hui bien lointaine, et générant forcément la nostalgie.

J'ajouterais, à titre personnel, le ton so british du film, inimitable, et qui fait toujours mouche, dans le registre de la comédie. Enfin, la bande originale du film est évidemment (et c'était inévitable) de toute beauté, au point qu'elle mériterait d'être remboursée par la Sécurité Sociale. En plus de comporter nombre de standards absolus, elle a le mérite d'exhumer quelques pépites des sixties qui font un bien fou à l'âme.

Au regard des quelques défauts du film (notamment sa dernière partie, qui prend l'eau autant que le navire qui lui tient lieu de décor), ces multiples atouts font que "Good Morning England"(avez-vous remarqué que je vous ai épargné mon habituelle diatribe sur les traductions de titres à la va-comme-je-te-pousse ?) est un chouette feel-good movie, certes un brin boiteux et chaotique, mais diablement enthousiasmant et généreux. 





samedi 22 août 2015

Les gens en maillot de bain ne sont pas (forcément) superficiels (2001)


Si j'évoque les vacances en club, les gentils animateurs, les aventures amoureuses estivales, nul doute que vous allez songer aux "Bronzés", l'un des piliers de la comédie française. A l'occasion, je suggérerais bien une minute de silence à la mémoire de ce registre cinématographique, au vu de la piètre qualité des œuvres s'en réclamant, ces dernières années. 
Pour en revenir à nos vacanciers, ceux dont je vais évoquer le sort ne sont pas sortis de l'imagination de la troupe du Splendid. Les gens en maillot de bain dont il est question ont été filmés par Eric Assous et n'avaient guère intéressé le public.

Pour échapper à la grisaille parisienne, ils sont nombreux à s'être offert un voyage aux Antilles. Il y a le père de famille, qui vient avec ses deux enfants, mais dont la maîtresse l'a suivi jusqu'au club où il compte bronzer tranquillement. Il y a le couple de lesbiennes, qui va croiser le chemin de l'ex d'une d'elles. Il y a la célibataire esseulée, persuadée de trouver l'amour sous les palmiers. Il y a les deux frères fauchés, à qui l'on a offert ce voyage inattendu. Pour amuser tout ce monde, il y a aussi Jimmy, l'animateur, beau gosse et incorrigible dragueur.

A lire le petit résumé que je viens d'en faire, vous devez vous demander si ce n'est pas un catalogue de clichés que ce film nous invite à feuilleter. C'est effectivement le cas. Eric Assous, remarqué dans ses œuvres radiophoniques et télévisuelles, livre ici, pour son premier long métrage, une accumulation de poncifs. Pourtant, tracer le portrait de ces vacanciers sur le mode caricatural aurait pu fonctionner, si le ton du scénario avait été plus virulent, acerbe, assumé. Hélas, ce scénario hésite sans cesse entre un ton comique, qu'il n'atteint jamais, et la chronique douce-amère, sans jamais en trouver le moyen. En résulte un film boiteux, que sa réalisation achève de condamner. 

Que dire de son interprétation ? Il faut croire que les interprètes ont signé pour le voyage en
Guadeloupe, et sans réellement regarder le script qu'ils étaient censés jouer. Certes, leurs dialogues tombent souvent à plat, certes, leurs rôles accumulent les clichés, sans doute ont-ils été mal dirigés, mais tous donnent l'impression d'être épouvantablement mauvais (pour certains, c'est d'ailleurs sans doute le cas). Qu'il s'agisse de Gad Elmaleh (des années avant de cachetonner pour une certaine banque), d'Isabelle Gelinas, d'Agnès Soral, de Serge Hazanavicius, et des autres, c'est une épreuve, pour qui aime les comédiens, de voir leurs piètres prestations. 

Enfin, on ne pourra que déplorer la laideur de l'affiche, qui a du être le repoussoir final pour les spectateurs potentiels de ce film grandement évitable.