jeudi 21 mai 2020

La rançon de la gloire (2013)


L'immense Charlie Chaplin s'en est allé, le jour de Noël 1977. On sait moins que son cercueil fut volé et qu'il fit l'objet d'une demande de rançon. Xavier Beauvois, plus habitué aux drames, a choisi de faire un film de cette histoire sordide. Ce qui se voulait a priori une comédie, voire un film burlesque, n'a finalement pas reçu l'accueil escompté. Pourtant, avec en tête d'affiche Roschdy Zem et Benoît Poelvoorde, on aurait pu croire que le réalisateur de "Des hommes et des dieux" allait rencontrer de nouveau le succès. Voici l'heure de la séance de rattrapage pour "La rançon de la gloire".

1977 : Alors qu'il recueille chez lui son ami Eddy, tout juste sorti de prison, Osman, dont la femme est hospitalisée, vit tant bien que mal dans un mobil-home. Sous les yeux de la jeune fille d'Osman, les deux hommes vont mettre sur pied une combine audacieuse. Non loin de chez eux, le grand Charlie Chaplin vient de mourir et Eddy a eu une idée : s'ils enlevaient le cercueil du grand Charlot et demandaient une rançon ?
D'abord réticent, Osman, devant régler les soins de son épouse, cède. Voilà nos deux lascars embarqués dans une sale histoire.

Méconnus, les faits autour de l'enlèvement de la dépouille de Charlie Chaplin sont cependant avérés. Durant quelques mois, le plus grand acteur comique du vingtième siècle vit son dernier repos profané et résida sous la terre d'un champ de maïs. Pour sordide qu'elle soit, l'histoire subit avec "La rançon de la gloire", un traitement l'entraînant vers le territoire du burlesque. Au visionnage du film, on peut constater que le choix n'est pas des plus judicieux. Les mésaventures des deux complices donnent plus souvent lieu à des scènes dramatiques que cocasses et on ne sourit guère à leurs démêlés avec la vie. 

En prenant le temps d'exposer les conditions d'existence d'Osman et Eddy, Xavier Beauvois présente également le terrain sur lequel a germé l'idée et la motivation de l'acte sordide commis par les deux hommes. Expliquant (en partie) sans excuser leur geste, le réalisateur tâche cependant de nous les rendre attachants, lors de scènes parfois réussies, mais n'ayant plus grand chose à voir avec la réalité. Pour tirée de faits réels qu'elle soit, l'histoire a fait l'objet de quelques aménagements de la part de Xavier Beauvois, essentiellement afin de lui donner plus de corps. La question reste posée : était-il bien utile et nécessaire de consacrer un film à cette histoire ?


Les deux bras cassés qui se lancent dans un méfait qui les dépasse sont interprétés par Roshdy Zem et Benoît Poelvoorde. Leur duo inédit fonctionne, jusqu'à un certain point, puisqu'une fois établi le rapport de force entre eux, plus rien ne viendra le modifier. C'est surtout la jolie prestation de la jeune Séli Gmach qu'on retiendra, épatante dans le rôle de la fille d'Osman, observatrice du drame qui se joue sous ses yeux. Les personnages interprétés par Chiara Mastroianni et Peter Coyote apportent du piquant au film dans sa dernière partie, sans cependant réussir à le sauver tout à fait.

Était-il bien nécessaire de consacrer un film à cette affaire sordide (je me répète) ? On peut se poser la question, tant l'actualité (récente ou non) regorge d'histoires de losers pathétiques. Quant à en faire une comédie, sans doute en hommage à l'immense Charlot, le fait est que la réussite est loin d'être au rendez-vous.  




2 commentaires:

  1. Salut Laurent. J'ai vu le film il y a un peu plus de cinq ans, à sa sortie cinéma. Mes souvenirs sont assez flous (si ce n'est cette volonté de traiter avec un certain humour une histoire objectivement sordide).

    Je me disais que Chaplin aurait pu aimer cette histoire de pieds nickelés qui essayent de s'en sortir en violant les lois de leur temps: n'est-ce le type de personnages qu'il a filmés et incarnés une bonne partie de sa vie ? Seulement voilà, si on fait la comparaison avec les films du maître et celui-là, il n'y a pas photo, évidemment. Je ne suis pas sûr que Chaplin puisse jamais trouver ne serait-ce qu'un équivalent dans l'histoire du cinéma mondial...

    Ce film assez plat aura au moins le mérite, à mes yeux, d'une certaine sincérité. Mais j'en garde l'image d'une oeuvre bancale et/ou malhabile. Souvenir aussi d'une belle musique de Michel Legrand pour l'habiller, mais que cela apportait une grandiloquence assez déplacée compte tenu du sujet.

    Dommage, finalement, parce que l'idée était belle.

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    1. Oui, il est sans doute sincère, mais tout aussi maladroit, car on ne sait trop s'il faut rire ou pleurer des (més)aventures de ces deux pieds nickelés.
      Merci de ton passage, Martin !

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