samedi 18 août 2012

Le treizième guerrier (1999)



Prenez un romancier à succès, dont les ouvrages ont maintes fois les beaux jours d'Hollywood (en l'occurrence, Michael Crichton, à l'origine de « Jurassic Park », mais aussi « Prisonniers du temps » ou « Harcèlement », pour ne citer qu'eux). Ajoutez un metteur en scène dont le talent n'est plus à démontrer (au hasard, l'excellent John McTiernan, capable avec « Die Hard » de transformer un simple thriller en modèle de film de genre). Saupoudrez le tout d'une distribution solide, avec en tête d'affiche le très bon Antonio Banderas et la présence d'Omar Sharif. 

Dans un monde « normal », pareille combinaison suffirait à assurer le succès d'un film, non ? 

Il n'en est rien, puisqu'avec « Le treizième guerrier », les pertes s'élevèrent à plus de 100 millions de dollars. Pareille ardoise pesant lourd, la carrière du talentueux McTiernan sombra et le cinéma de genre perdit un orfèvre. Mais, me direz-vous, tel bide était-il mérité ? 

Je serai bref (et, j'espère, objectif) : non, « Le treizième guerrier » n'aurait pas du être un tel échec commercial. Avant d'en parler davantage, je vous fais un rapide résumé du pitch. En exil loin de ses terres natales, Ahmed Ibn Fahdlanest l'objet d'une prophétie et doit s'allier à douze Vikings partant porter secours au seigneur Rothgar, dont le village est assailli par des créatures mi-hommes mi-démons. 

Sur une toile somme toute assez classique, « Le treizième guerrier » exploite le thème intéressant du choc des cultures (quand l'Orient rencontre les Vikings) sans sombrer dans les clichés. Servi par une mise en scène extrêmement efficace (les plus fidèles lecteurs de ce blog savent toute l'admiration que je porte à John McTiernan), « Le treizième guerrier » est plus qu'un simple film d'aventure et d'action. Habité du début à la fin par une atmosphère souvent oppressante, voire angoissante, il remplit sans faillir son contrat... 

Mais où est l'os, me demanderez-vous ? 

Je citerais au nombre des défauts de ce film, la noirceur de son propos (transparaissant jusque sur son affiche, et je reste persuadé qu'elle a pu repousser bien des spectateurs). Ensuite, aussi efficaces soient certaines scènes, il faut bien reconnaître que lorsque les protagonistes usent chacun de leurs langages respectifs (un coup de langage viking par ci, un coup d'arabe ancien par là), cela nuit au plaisir du spectateur : on visionne ce film pour l'action, avant tout, ne soyons pas dupes. 

Enfin, la plus grosse carence de ce film, c'est son montage. Charcuté par ses producteurs (dont Crichton lui-même, qui alla jusqu'à re-tourner certaines scènes), « Le treizième guerrier » perd une grande partie de son impact à force de scènes trop rapides. 

Je vous rassure, malgré tous ces points négatifs, « Le treizième guerrier », film maudit de John McTiernan reste un vrai bon film d'aventure, sale, brutal, sombre. 

Dans un monde parfait, il aurait fait l'objet d'un director's cut (on peut toujours rêver) et aurait rencontré le succès qu'il mérite. 

Nous ne vivons pas dans un tel monde, hélas. 


7 commentaires:

  1. Selon le livret avec le BR, il n'y a vraiment rien d'un director's cut. Mais alors rien du tout, juste des petites scénettes suplémentaires. Pour le reste, une épopée charcutée entre son auteur originel (Crichton qui a cru bon de casser les couilles à McT, alors qu'avec Spielberg il fermait sa gueule) et son auteur réalisateur qui en pâtit un peu mais reste le chef d'oeuvre ultime de McT.

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    1. Un grand film méconnu et charcuté, on est bien d'accord. Je ne sais pas si c'est le chef d'oeuvre ultime de McTiernan, cependant ("Die Hard" remet bon nombre de compteurs à zéro en matière d'action-movie, je trouve)...
      Rêvons d'un director's cut, un jour (quand McT sera sorti de prison)...

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    2. Attend. Par ultime je veux dire son dernier car pour moi le top du top c'est vraiment Last action hero!lol Perso j'ai vraiment fait une croix sur le director's cut depuis que j'ai lu le bouquin dans l'édition collector de Metropolitan.

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    3. Ah...mais ce n'est pas son dernier : il a commis "Rollerball" ensuite (on aimerait l'oublier, celui-là).

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    4. Attends, je parlais de chef d'oeuvre ultime! Donc Rollerball peut aller voir chez les grecs!

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  2. Dommage que le film n'ait pas marché comme il aurait du. L'ambiance y vraiment unique et la distribution vraiment au top.

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    1. Oui, c'est vraiment regrettable : ce film méritait mille fois mieux !

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