mercredi 11 juin 2014

Pompéi (2014)


Il est des réalisateurs dont le passif est tel que leur seul nom sur l'affiche peut faire frémir le cinéphile. Uwe Boll, par exemple, est une des références de cette sinistre catégorie. Paul W.S. Anderson, connu pour ses "Resident Evil" ou, plus récemment, "Les trois mousquetaires", s'est récemment attaqué à l'histoire de Pompéi, ville romaine célèbre pour avoir été détruite lors de l'éruption du Vésuve en 79 de notre ère. Avec environ 16 000 victimes, cette catastrophe a déjà inspiré des auteurs : on évoquera, par exemple, le roman "Les derniers jours de Pompéi", maintes fois adaptée à l'écran (sa version de 1959, pour ne citer qu'elle, fut co-réalisée par Sergio Leone). 

Alors que le Vésuve gronde, Pompéi, ville romaine de province voit se croiser plusieurs destins : celui de Milo, gladiateur celte en quête de vengeance, le Sénateur Corvus qui anéantit la révolte celte et passa par les armes la famille de Milo, Cassia, fille de Severus et Aurelia , revenue de Rome pour échapper aux ardeurs de Corvus, justement. Alors que le celte Milo se fait un nom parmi la cohorte de gladiateurs destinés à mourir en l'honneur de l'empereur Titus, sous les yeux des habitants de Pompéi, commence la plus grande catastrophe que connut l'époque romaine. 

L'ampleur de la catastrophe qui anéantit Pompéi et le contexte dans lequel cet événement se produisit auraient pu donner un film à la fois flamboyant et riche de sens. Se focalisant sur la forme à défaut du fond,  le réalisateur rate son coup. Paul W.S. Anderson, au casier pourtant déjà chargé (il a déjà réussi à massacrer deux licences d'un coup avec "Aliens vs Predator"), lorgne fortement du côté de Roland Emmerich, pour les scènes de destruction massive, visiblement calibrées pour la 3D. 

Comme la seule éruption du Vésuve ne suffisait pas à remplir le scénario, s'y voient ajoutées la quête de vengeance d'un esclave devenu gladiateur et la romance prévisible avec la fille de notables locaux. Pour ce qui est des combats, Anderson n'a pas réussi, hélas, à changer de façon de filmer : la caméra semble toujours fixée à un élastique, et le montage fait à la débroussailleuse achève de les rendre peu lisibles. S'inspirant sans vergogne des scènes comparables de "Gladiator", le réalisateur fait cependant pâle figure devant son modèle. En ce qui concerne l'intrigue amoureuse (superposée à la catastrophe en cours de déroulement comme l'était celle de "Titanic"), elle n'émeut que peu. Ajoutons à cela une multitude d'erreurs, d'incohérences et de faux raccords et la note finale sera sans appel : en histoire antique, Paul W.S. Anderson fait preuve d'un cruel manque de talent.

Ce n'est pas du côté de la distribution qu'il faudra chercher la rédemption : Kit Harington, une des stars de la série "Game of Thrones" livre une prestation monolithique, face à un Kiefer Sutherland caricatural et une Emily Browning agaçante. Le reste du casting n'est guère meilleur.
Il est à noter que le film ne s'attarde à aucun moment sur la vie quotidienne à Pompéi, alors qu'il aurait pu se pencher, ne serait-ce qu'un instant, sur les nombreuses victimes du volcan. Les traitant par le mépris, le scénario, à peine digne d'un téléfilm de deuxième partie de soirée sur une chaîne de la TNT, se focalise sur l'invincible Milo, seul homme à ma connaissance capable de subir une séance de coups de fouet et d'enchaîner, l'air de rien, sur un combat contre une trentaine de guerriers, tout en étant enchaîné, avant de filer au secours de sa douce au triple galop sous une pluie de cendres. 

Un film catastrophe, donc, à tous les sens du terme. Si Paul W.S. Anderson pouvait arrêter le massacre, le Septième Art s'en porterait mieux, à n'en pas douter. 



15 commentaires:

  1. Ah ben voilà qui est clair, net et précis. Démoli, le Anderson ! Mais comme tu le dis, rien que de voir son nom à l'affiche, déjà, ça fait peur...

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    1. Oui, là, aucune pitié de ma part : un terrible gâchis et c'est dommage, le destin de Pompéi méritait mieux.

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  2. Du côté des Anderson, il faudrait donc se contenter de Paul Thomas et/ou de Wes. Bon, d'accord. C'est quand même incroyable qu'avec tous les moyens qu'ils ont à leur disposition, certains réalisateurs ne soient même pas capables de poindre une histoire un peu sympa...

    Le blockbuster, des fois, ça m'fait vraiment enrager ! :(

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    1. Je crois que même avec un scénario digne de ce nom, l'irrécupérable Paul W.S. Anderson réussirait à massacrer le film. J'espère sincèrement que cet opus sera son dernier...ah, on me dit dans l'oreillette qu'il a un sixième Resident Evil sur le feu, et hypothétiquement une adaptation des aventures de Buck Rogers...Au secours !

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  3. Il y a des fois où ça fait du bien! Comme White house down, quel pied qu'un des tocards de la trinité hollywoodienne diabolique (soit Emmerich, Bay et lui) se viande en beauté. Je n'ai pas vu son film mais j'ai vu son précédent qui avait déjà fait un flop (ce qui m'étonne d'autant plus qu'il a continué avec Pompei), c'était juste une honte absolue. Comment les héritiers d'Alexandre Dumas (même dans les limbes des droits publics) peuvent-ils un tant soi peu laisser faire un tel affront envers les trois mousquetaires.

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    1. Si seulement ces réalisateurs tiraient une leçon de leurs échecs publics et changeaient de façon de filmer (ou, mieux encore, changeaient de métier, carrément)...Il n'en est rien, j'en ai bien peur !

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    2. Les studios aussi. Le récent départ d'Edgar Wright sur Ant man en est bien la preuve.

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    3. Absolument : ce départ m'a miné. Encore un projet qui perd là 80 % de son intérêt.

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    4. Surtout quand tu vois le remplacement. Un parfait réalisateur de mauvais films. La rupture, American girls, même Yes man est franchement pas terrible... Merci Marvel!

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  4. Je ne suis pas un fan de Anderson (la série des Resident Evil) mais je trouve ce film quand même assez regardable et divertissant. En même temps, je ne m'attendais tellement à une bouse que je suis moins déçu :)

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    1. J'espérais (vainement, vu le passif du réalisateur) quelque chose de plus regardable. Ma bienveillance a parfois ses limites...

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  5. Ah celui là est vraiment nul. Et encore je suis gentille parce qu'il n'existe pas de qualificatif assez fort pour exprimer ce que je pense de ce film. Un navet peut se regarder au 2eme degré, comme Prisonniers du temps par exemple. Mais pas Pompéi. Je l'ai vu au cinéma, j'ai regretté d'avoir gaspillé de l'argent pour voir ça et en plus je bouillais sur mon siège à cause des incohérences, des copier-coller, etc.

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    1. Comme tu as pu le lire, j'ai -moi aussi- bouilli devant ce film fait en dépit du bon sens et au mépris du spectateur. Ayant lu le billet que tu lui avais consacré, j'ai pu constater à quel point nos avis convergent.
      Un film à oublier au plus vite !
      Merci de ta fidélité, Mel.

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  6. Bonjour Laurent, je devais être dans un bon jour car le film ne m'a pas déplu. Je ne m'attendais tellement à pas grand-chose que j'ai été plutôt surprise dans le bon sens et la fin dans le nuage de cendres est réussi. Comme quoi... Bon week-end.

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    1. Bonjour Dasola...il faut croire que je n'était pas dans un bon jour, pour ce film. Et j'avais, il est vrai, d'assez gros a priori relatifs à son réalisateur. S'il a trouvé grâce à ses yeux, j'en suis ravi.
      Bonne fin de week-end estival !

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