mardi 22 mars 2016

En mai fais ce qu'il te plaît (2015)


La débâcle française face aux armées nazies, en mai 1940, a déjà inspiré les cinéastes. On se souviendra, par exemple du célèbre "Jeux interdits" ou des "Égarés". Le souvenir de cette défaite a été de nouveau évoqué, l'an dernier, par Christian Carion. Malgré des critiques positives, le public n'a pas suivi. Le succès public rencontré par les films précédents du réalisateur (« Une hirondelle a fait le printemps » ou « Joyeux Noël ») n’a donc pas été renouvelé.

Mai 1940 : les armées du Reich ont enfoncé sans mal les défenses françaises, après avoir laminé la Belgique. Des millions de personnes fuient, emportant avec elles ce qu’elles ont pu sauver du désastre annoncé. Plusieurs réfugiés, fuyant les nazis pour différentes raisons, vont voir leurs chemins s’entrecroiser : entre un dissident allemand à la recherche de son fils, un soldat britannique dont le bataillon a été massacré, le maire d’un village qui organise son exode, tous vont traverser ces jours de malheur, qui ne sont pourtant que le prologue à un sanglant conflit.

Le générique de « En mai fais ce qu’il te plait » saisit à la gorge, parce que les images d’archives que Christian Cairon utilise ont un écho très contemporain : les colonnes de réfugiés fuyant la guerre continuent de parcourir les routes d’Europe, aujourd’hui. Sous couvert de film historique, il y aurait eu matière à quelque chose de très actuel et très puissant. En se cantonnant dans l’évocation de quelques destins, le réalisateur choisit délibérément un traitement moins ambitieux et livre finalement un film sans grande envergure. En dehors de quelques séquences (les plus guerrières) qui instaurent un semblant de tension, « En mai fais ce qu’il te plait » est souvent réalisé platement, et même la partition d'Ennio Morricone (excusez du peu) ne suffit pas à faire décoller l'ensemble.


L'autre gros défaut de « En mai fais ce qu’il te plait » réside dans ses personnages, hélas. Bien que l’idée d’aborder cet épisode douloureux sous différents points de vue puisse sembler la meilleure du film, elle est finalement contre-productive, tant les protagonistes suscitent peu d’empathie. Malgré la situation et les épreuves qu’ils traversent, on s’attache peu, voire pas du tout, aux personnages. L’interprétation sans relief ne fait rien pour arranger ce constat. Qu’il s’agisse d’Olivier Gourmet (qui semble, pour une fois, peu convaincu), de Mathilde Seigner (encore une fois à la limite du supportable) ou de Laurent Gerra (évidemment caricatural), dont les piètres prestations ne sont pas contrebalancées par celles de Matthew Rhys et August Brühl, les acteurs desservent le film plus qu’ils ne le servent. La meilleure des interprétations reste cependant celle de la jeune Alice Isaaz, convaincante (malgré son jeune âge) en institutrice de village. 

Prisonnier entre un ton frôlant souvent celui de la docu-fiction et une intrigue dont on sent peser l’artificialité, Christian Carion ne réussit pas à emporter son spectateur. C’est dommage car ces jours du mois de mai 1940 auraient mérité meilleur traitement. 










4 commentaires:

  1. Pour l'avoir vu en salle, je rejoins tout à fait ton impression : celle d'un très beau catalogue qui nous raconte cet épisode dramatique de notre Histoire. Evidemment, le lien avec l'actualité se fait naturellement, mais ça ne colle pas avec cette volonté évidente de Carion de faire de ce film un grand spectacle cinématographique (la musique de Morricone aidant).

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    1. Un catalogue, c'est tout à fait ça. Beau, mais sans âme, ou presque. Merci, Prince.

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  2. Je n'y étais pas allé, précisément parce que je craignais que, derrière les belles intentions, la force du film soit assez limitée, finalement. J'ai bien fait, semble-t-il. Je crois Christian Carion sincère et honnête dans sa démarche, mais c'est effectivement dommage de ne pas donner plus de force à un tel sujet...

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    1. Ce film est sans doute porté par une vraie sincérité, mais hélas plombé par de la maladresse. C'est dommage, effectivement : cette période mérite mieux.

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