Il est des films qu'on va voir les yeux fermés (oui, cette expression est mal choisie), parce qu'ils sont portés par une équipe dans laquelle on fonde énormément d'espoirs. "La vie très privée de Monsieur Sim", réalisé par Michel Leclerc, auteur d'une des dernières comédies françaises dignes de ce nom ("Le nom des gens", qui réussissait à faire rire et réfléchir, prouesse semblant dater d'une autre époque), et mettant en scène Jean-Pierre Bacri, l'un des plus grands acteurs français (les habitués de ces colonnes ont l'habitude de ce genre de déclaration enflammée) n'a pourtant pas séduit les spectateurs ni les critiques. Il est sans doute temps de revenir sur ce film.
Monsieur Sim n'a rien de remarquable. Il serait même plutôt du genre à générer un ennui mortel. Solitaire, dépressif, il a le sentiment d'avoir tout raté, de sa carrière professionnelle à sa vie familiale.
Quand on lui propose d'aller vendre des brosses à dents écologiques (en poil de sanglier) à travers la France, avec pour seul compagnie un GPS, Monsieur Sim va se lancer dans un voyage à rebours, et redécouvrir son existence, sous de nouveaux angles...
Adaptation du roman de Jonathan Coe, "La vie très privée de Monsieur Sim" n'est pas une comédie, que les choses soient claires. Si les mésaventures et les maladresses du héros peuvent prêter un temps à sourire, on se rend très vite compte qu'il est malheureux, notre pauvre Monsieur Sim, même s'il n'a pas toujours conscience de cela. Guidé par la voix de son GPS, duquel il tombera un temps amoureux, à la manière du héros de "Her", c'est un voyage intérieur qu'il va entamer et mener jusqu'à son terme. Alors que le spectateur découvre ce qu'il a été et ce qu'il est devenu, Monsieur Sim prend conscience de ses échecs : la démarche est douloureuse, mais remarquablement mise en scène et interprétée. La délicatesse qu'on avait déjà apprécié dans les précédents opus de Michel Leclerc est là : le road-movie-thérapie de ce pauvre Monsieur Sim est vibrant d'humanité et de douceur. Seulement, ce n'est pas pour autant que c'est un bon film. "La vie très privée de Monsieur Sim" est même plutôt raté.
Hésitant entre le sourire et l'émotion, la mélancolie et la tristesse, le spectateur suit les pérégrinations de Monsieur Sim plein de perplexité. On comprend peu à peu où va le héros de cette épopée en soi-même (ou plutôt d'où il vient), mais on s'y attache assez peu, parce que le chemin qu'il emprunte est souvent fait d'impasses et qu'on est souvent contraint au demi-tour. Le GPS qui oriente ce voyage initiatique a quelques bugs qui donnent souvent l'envie de le jeter par la fenêtre.
Il reste, heureusement, le magnifique Jean-Pierre Bacri, qui mérite à lui seul le visionnage du film, et les nombreux seconds rôles qui viennent lui porter main forte dans cette entreprise : qu'il s'agisse de la délicieuse Vimala Pons, de Mathieu Amalric, de Valeria Golino (qu'on est bien contents de revoir au cinéma), de Vincent Lacoste, d'Isabelle Gélinas, tous représentent le plus bel atout d'un film qui a oublié d'avoir une histoire solide à raconter.
J'aurais aimé aimer "La vie très privée de Monsieur Sim", parce qu'il disposait de quelques-uns des ingrédients qui font qu'au fond, j'aime le cinéma français. Malheureusement, force est de constater que ce film ne tenait presqu'aucune de ses belles promesses. Dommage...
J'aurais aimé aimer "La vie très privée de Monsieur Sim", parce qu'il disposait de quelques-uns des ingrédients qui font qu'au fond, j'aime le cinéma français. Malheureusement, force est de constater que ce film ne tenait presqu'aucune de ses belles promesses. Dommage...
Dommage, en effet. J'aime beaucoup Jean-Pierre Bacri, moi aussi, mais à la longue, je crois que je préfère son copain Jean-Pierre Darroussin.
RépondreSupprimerVimala Pons m'a tapé dans l'oeil deux fois consécutivement. Dans "Vincent n'a pas d'écailles", puis dans "Comme un avion". Je la découvre juste et j'espère qu'on va continuer à la voir de temps en temps. C'est une jeune comédienne que j'aime bien.
J'avais fini voir ce "Monsieur Sim" au cinéma, mais, malgré ta chronique en demi-teinte, puisque nimbée de déception, je pense que je lui donnerai sa chance quand il passera à la télé. On verra bien... merci d'en avoir parlé, en tout cas.
Il est vrai qu'il m'a déçu, ce "Monsieur Sim", malgré l'immense admiration que je voue à Jean-Pierre Bacri (mais, je te rassure, j'aime tout autant Jean-Pierre Darroussin).
SupprimerA bientôt dans ces parages, Martin.
Le cinéma français... le cinéma français... nous allons de déceptions en déceptions... Pas très envie de voir ce Monsieur Sim.
RépondreSupprimerMa déception fut d'autant plus grande que "Le nom des gens" m'avait beaucoup plu. A réserver aux fans de Bacri, sans doute...
SupprimerMalgré ta déception, j'aimerais bien voir cette adaptation du roman La vie très privée de Monsieur Sim de Jonathan Coe, qui est un de mes auteurs anglais contemporains préférés. L'histoire était essentiellement mélancolique mais sans être dénuée d'émotions, j'espère donc m'y retrouver assez facilement, tant je n'ai pas d'autres attentes à ce niveau.
RépondreSupprimerJ'espère que tu prendras plus de plaisir que moi avec ce film. Peut-être que ta vision, différente puisque tu as lu le roman dont il est l'adaptation, sera différente...
SupprimerBonsoir Laurent, pas vu ce film resté trop de temps à l'affiche. En revanche, je recommande le roman de Jonathan Coe dont le film est adapté: il est très bien. Bonne soirée.
RépondreSupprimerBonsoir Dasola. Il faudrait que j'y jette un oeil, d'autant que tu n'es pas la première à me recommander Jonathan Coe.
SupprimerMerci