Il est des films qui marquent leur époque et ceux qui les réalisent, au point de devenir cultes, parce qu'ils apportent quelque chose qui change définitivement le paysage cinématographique. Dans les années 90, Danny Boyle, après avoir réalisé le très jouissif "Petits meurtres entre amis", balança un pavé rock'n roll dans la vitrine du cinéma européen avec "Trainspotting". Entre scènes choc et bande originale culte, mené tambour battant par une bande de comédiens qui n'avaient rien à perdre et donnaient le meilleur d'eux-mêmes, ce film marqua une bonne partie des cinéphiles de cette époque et propulsa Boyle au rang des réalisateurs en vue (il alla d'ailleurs se briser les ailes du côté d'Hollywood, mais c'est une autre histoire). Après avoir été longtemps évoqué, tel un serpent de mer, l'étonnant chantier d'une suite à ce film hors du commun fut mis en marche et "T2-Trainspotting" débarqua sur nos écrans tout récemment...pour y recevoir un accueil bien moins chaleureux que le premier film. Alors, la question se pose, en cette période où les sequels fleurissent : était-il bien utile de donner une suite à "Trainspotting" ?
Vingt ans ont passé, depuis que Mark Renton s'est enfui, emportant au passage presque tout le pactole et trahissant Sick Boy, Begbie et Spud. Ceux-là ont continué, tant bien que mal, à vivre leur vie sans cependant vaincre leurs vieux démons.
Et, un jour, Renton revient à Edimburgh. Les démons en question sont toujours là, tapis dans l'ombre et prêts à ressurgir. Que veut Mark ? Et comment ses anciens amis vont-ils l'accueillir, lui qui les trahit, vingt ans plus tôt ?
Il y avait des tas de raisons de se réjouir du retour de la bande de "Trainspotting" : retrouver les acteurs d'origine, aux trajectoires diverses, sous l’œil de Danny Boyle en était une. On pourrait aussi remarquer que la brouille entre le réalisateur et l'acteur fétiche de ses débuts semblait enterrée et sourire au choix de titre pour cette suite (qui narguait le T2 de James Cameron). Mais le fait est que l'on aurait surtout aimer se réjouir de la réussite de l'entreprise, pour le moins ambitieuse, de donner une suite à un film aussi marquant dans l'histoire du cinéma. C'est là que le bât blesse : on est loin, très loin du compte.
Malgré l'évident talent de Danny Boyle pour mettre en images les retrouvailles contrariées de ce quatuor infernal, "T2-Trainspotting" reste à cent coudées sous le niveau de son illustre aïeul. Si la mise en scène reste nerveuse et efficace, elle ne sert qu'une intrigue finalement assez pauvre et (surtout) dénuée d'enjeux, pour livrer un film souvent répétitif et trop long. La bande de "Trainspotting" a pris de l'âge et du bide. Elle a perdu en rage et en nervosité ce qu'elle a gagné en gras et en confort. Certains de ses spectateurs aussi, c'est vrai : mais ce n'était pas une raison pour se contenter de ce ventre mou. Le film original balançait un grand coup de poing dans le bide de son public, celui-là se contente de lui tendre un miroir : ce n'est pas ce qu'on était en droit d'attendre.
Au final, malgré l'évident plaisir de retrouver la bande d'Edimburgh, "T2-Trainspotting" ne tient pas ses promesses et décevra sans doute nombre de ceux qui avaient goûté le premier opus. Cette suite n'était pas utile, c'est le moins que l'on puisse dire. Elle a cependant le mérite de donner envie de (re)visionner "Trainspotting", le vrai, l'unique, celui de 1996.
Ce film a été vu dans le cadre du Movie Challenge 2017, dans la catégorie "Un film qui est la suite d'un autre".
Une version qui visiblement n'a pas l'art de convaincre, je repasserai par l'original un de ces jours ou l'autre.
RépondreSupprimerTout pareil pour moi, Ronnie...la nostalgie, camarade ;-)
SupprimerMême pas été tentée, c'est dire mes a priori ;-)
RépondreSupprimerJ'y allais à reculons et voilà le résultat...Merci du passage, Sentinelle.
SupprimerPour moi c'est un film magnifique sur le temps qui passe et la nostalgie plus généralement. Danny Boyle fait le bilan de sa carrière avec ses techniques d'autrefois et son savoir faire entrepris depuis. Les acteurs se confondent d'autant plus avec les personnages avec le temps, notamment en ce qui concerne le problème entre les personnages qui se reflètent avec ceux entretenus entre Boyle et McGregor. Mais surtout il y a une scène spécifique qui renvoie au spectateur. Celle de la boîte de nuit. Des jeunes scandent une chanson qui n'est pas de leur âge comme si c'était le dernier tube à la mode. La nostalgie donne lieu à un retour systématique en arrière. Un aspect qui est présent pour le réalisateur, les acteurs et le spectateur qui lui aussi a vieilli qu'il a vu le film original dans les 90's, 2000's ou même dans les 2010's. Un aspect nostalgique qui fait de cette suite une totale réussite. Et en plus elle m'a fait découvrir le groupe Wolf alice, ce qui est une de mes meilleures découvertes musicales de ces dernier mois!
RépondreSupprimerJe suis sincèrement content que la nostalgie ait fonctionné pour toi, Borat et que ce film ait des défenseurs, surtout si cette défense est si joliment argumentée.
SupprimerMerci !
Ce n'est pas qu'elle a fonctionné sur moi, c'est que c'est le sujet même du film! :D
SupprimerComme tu as pu le lire, je n'ai pas adhéré au film...mais suis ravi qu'il t'ait emballé (parce qu'au fond, Danny Boyle est un réalisateur que j'apprécie).
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