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vendredi 7 mai 2021

Cours toujours Dennis (2007)

 

Après dix années à incarner l'un des six amis de "Friends", Davis Schwimmer a eu une carrière plus discrète. On le sait peu, mais il est passé à plusieurs reprises derrière la caméra, d'abord à la télévision (ayant fait ses armes sur la série qui fit sa gloire), puis au cinéma : son premier film, "Cours toujours Dennis", est passé sous les radars de pas mal de monde, lors de sa sortie en 2007. Avec en vedette Simon Pegg, et prenant pour décor la capitale britannique, ce film méritait-il mieux ?

Il y a cinq ans, Dennis a pris peur, peu avant d'épouser Libby, qui attendait leur enfant. Le jour du mariage, il est parti en courant. Depuis, il mène une petite vie médiocre qui ne le satisfait pas. Quand Libby rencontre Whit, homme d'affaires qui a jeté son dévolu sur elle, Dennis comprend qu'elle est l'amour de sa vie et veut la reconquérir. Pour cela, il décide de battre Whit sur son terrain et s'inscrit à un marathon. Dennis n'a pas fini de courir.

Avec pareil pitch, il reste peu de place à la surprise : la comédie romantique qui se cache derrière "Run, Fatboy, Run" (le titre original du film), coscénarisé par Simon Pegg,  respecte nombre des balises qui façonnent le genre. Il faut, pour l'apprécier, accepter ce postulat et se contenter de profiter du voyage, dans divers endroits de Londres. Tourné en peu de temps, efficace à défaut d'être original, "Cours toujours Dennis" met ses décors en valeur avec efficacité et utilise sans faille le charme infaillible de ses interprètes. En tête, Simon Pegg semble s'être fait plaisir avec son personnage de faux-loser immature, face à la sublime Thandie Newton. Les seconds rôles sont eux aussi fort savoureux et apportent à leur manière le petit supplément qui manque tant à nombre de films du même registre. 

De jolis décors, des personnages savoureux, quelques situations drôles et des dialogues parfois piquants : les ingrédients nécessaires sont réunis et il ne restait plus qu'à les assembler correctement pour que la recette soit réussie. Fort heureusement, c'est le cas avec "Cours toujours Dennis", certes pas inoubliable, mais suffisamment réussi pour satisfaire son spectateur.

Même s'il s'agit d'un film léger, "Cours toujours Dennis" aurait sans doute mérité mieux qu'une sortie à la sauvette. Même si c'est un film qu'on oublie rapidement, il a le mérite de faire passer un moment plaisant.
En ces temps compliqués, c'est toujours bon à prendre, vous ne trouvez pas ?



samedi 17 avril 2021

47 meters down (2017)

 

Dans le registre des films à sensation, voire d'horreur, le film "de requin" est une catégorie à part entière, au sommet de laquelle trône l'indépassable "Les dents de la mer". De ses (trop) nombreuses séquelles à des tentatives plus honnêtes comme "Peur bleue" ou "Instinct de survie", les requins, et plus spécifiquement le Carchardon carcharias, ou grand requin blanc, a terrorisé des millions de spectateurs, à tort, d'ailleurs. Récemment, "47 meters down" a connu un joli succès outre-Atlantique, au point d'avoir droit à une suite. Néanmoins, il n'eut pas l'honneur d'une sortie en salles en France. A tort ou à raison.

Lisa et Kate, deux sœurs, sont en vacances ensemble au Mexique. Quand l'opportunité leur est offerte d'observer les grands requins blancs, enfermées dans une cage de protection, elles tentent l'aventure, malgré les réticences de Lisa. Mal leur en prend puisque la cage va chuter jusqu'au fonds marins, à 47 mètres de profondeur. Voilà les deux sœurs en grand péril : le temps leur est compté et les requins rôdent. 

Le postulat de base de "47 meters down" est simple et on ne saurait lui reprocher d'être malhonnête.  Il va s'agir pour les protagonistes du film de se sortir du mauvais pas où elle se sont fourrées, alors que les difficultés s'accumulent. Sur ce schéma classique, nombre de réalisateurs ont fait des propositions et les échecs furent nombreux, notamment pour cause de surenchère : même improbable, les péripéties se doivent de maintenir un certain équilibre, faute de rompre le fil du suspense. Bien que se permettant pas mal de facilités, "47 meters down" se sort plutôt bien de cet exercice et Johannes Roberts, son réalisateur, joue de façon maline avec les nerfs des spectateurs. 

Sans disposer de moyens faramineux, "47 meters down" maintient la plupart du temps la tension et n'offre que peu de temps morts. Les deux actrices principales, Mandy Moore et Claire Holt, dans des rôles qui auraient pu tourner à ceux de potiches prises au piège, offrent une prestation honorable, même si la psychologie de leurs personnages reste peu approfondie (mais le genre empêche pareille introspection). 

Si l'on passe sur les nombreuses incohérences et invraisemblances du scénario, l'exercice de style s'avère plutôt réussi et on se surprend à appréhender ce qui va tomber sur les deux malheureuses, au fond de l'eau, alors qu'autour d'elles rôdent les dents de la mer. Initialement prévu pour une sortie en vidéo uniquement, le film fut finalement projeté en salles aux USA, et connut un succès tel qu'une suite fut tournée. Le destin de "47 meters down" fut tout autre, de ce côté-ci de l'Atlantique : on pourra s'en lamenter, pour peu qu'on goûte ce genre de cinéma. 






jeudi 28 janvier 2021

Bright Star (2009)


La réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion, qui triompha avec "La leçon de piano" est connue pour l'esthétique remarquable de ses longs métrages et l'intelligence de ceux-ci. Pour autant, ses films sont souvent catalogués et échappent, à leur corps défendant, au grand succès public. il y a une dizaine d'années, "Bright Star", réalisé par elle, narrait l'histoire d'amour du poète John Keats. Amateurs d'histoires romantiques, de films en costumes et de belles images, ce film est-il pour vous ?

Londres, début du XIXème siècle : le jeune poète John Keats n'est pas encore reconnu et loge chez son ami Brown. Ils ont pour voisine Fanny Brawne, une jeune fille élégante que la poésie ne semble pas impressionner. Pourtant, peu à peu, entre Keats et elle, va naître un étrange sentiment, auquel ils ne s'attendaient pas. Entre amour, désir et bientôt passion indéfectible, les deux jeunes gens vont devoir vaincre maints obstacles avant de pouvoir s'aimer. 

A l'instar de ce que Jane Campion nous avait déjà offert dans le superbe "La leçon de piano", elle livre ici un film d'une très grande beauté formelle. C'est ce qui saute aux yeux lors du visionnage de "Bright star" : chaque plan est remarquablement travaillé, à l'image de ces toiles dans lesquelles l'œil pourrait se perdre durant des heures. L'écrin que la réalisatrice offre à l'histoire romantique et dramatique de Fanny et John est de ceux qui s'apprécient sur un grand écran et évoque quelques-unes des plus belles réussites du genre (je songe notamment à "Barry Lyndon", l'un des mètres-étalon dans la catégorie). 

Comme souvent quand la forme est sublime, le fond peut sembler moins convaincant. Dans le cas, présent, ce déséquilibre est vérifié (mais dans une moindre mesure, comparé à certains films). S'il fallait en pointer les défauts, c'est du côté du scénario que "Bright star" montre ses (rares) faiblesses. La passion amoureuse, rarement aussi bien décrite au cinéma que dans cette romance pré-victorienne,  est de celle qui s'installent lentement et se déroulent avec une langueur qui peut agacer. 

Alors, oui, "Bright star" est un beau film sur l'amour romantique et rarement le désir a été filmé avec autant de grâce. Mais son rythme, particulièrement lent, et sa longueur pourront décontenancer certains spectateurs et les laisser sur le bord du chemin. D'autres se réjouiront de suivre cette histoire, d'autant plus qu'on y est guidé par Abbie Cornish, lumineuse dans le rôle de Fanny et dont la prestation éclipse bien souvent celle de Ben Wishaw. 

De "Bright star", on retiendra surtout l'impeccable maîtrise de son art dont Jane Campion fait ici la démonstration. Le seul regret qu'on peut émettre après le visionnage de "Bright star" est sans doute que sa beauté plastique éclipse presque tout le reste.



lundi 11 mai 2020

Black Sea (2014)

 


Curieuse carrière que celle de Kevin Mc Donald : ce réalisateur, célébré et ayant récolté un joli succès avec "Le dernier roi d'Ecosse", a ensuite enchaîné des films moins bien reçus (de "L'aigle de la neuvième légion" au très moyen "Maintenant c'est ma vie"). Son dernier long métrage, bien que porté par Jude Law, "Black Sea" n'eut même pas droit à une sortie en salles. Retournant à ses premières amours, à savoir le documentaire, Kevin Mc Donald est-il perdu pour la fiction ? Et ce "Black Sea" méritait-il son triste sort ?

Alors qu'il vient d'être licencié par la compagnie qui l'employait, le Capitaine Robinson est embauché par un intermédiaire pour une mission inattendue. Dans les profondeurs de la Mer Noire, entre les eaux russes et celles de Crimée, se trouve l'épave d'un sous-marin rempli d'or, objet de tractations entre l'Allemagne nazie et l'U.R.S.S.,  au début de la Deuxième Guerre Mondiale. Après avoir réuni une équipe capable de se rendre sur les lieux, Robinson va vite se rendre compte que c'est la mission la plus difficile de sa vie. 

Sur le papier, en se contentant du pitch de base, on pouvait penser que "Black Sea" n'était pas une mauvaise idée. Une histoire chasse au trésor, prenant ses racines dans l'histoire tragique du vingtième siècle, pourquoi pas ? Le fait est que, dans son prologue, "Black Sea" prend même un bon départ, ancrant son personnage principal dans un contexte social fort. Pour inédit qu'il soit, le mélange entre cinéma social et film d'aventures est un angle d'approche intéressant, que Mc Donald s'empresse (hélas) de laisser tomber pour céder aux facilités du genre. 

En effet, dès les jalons posés, le réalisateur embarque son héros (Jude Law, sans doute le meilleur atout du film, dans un rôle de vieux loup de mer) dans les étapes habituelles du film d'aventures à l'ancienne. Ainsi, l'équipage réuni autour du Capitaine Robinson comporte son lot de durs à cuire et de clichés virils, tandis que toute cette équipe devra faire face aux aléas classiques du film dit "de sous-marin". Sous l'eau, tout est plus compliqué et "Black Sea" ne déroge pas à la règle : son intrigue se déroule laborieusement et doit utiliser les retournements les plus outranciers pour maintenir la tension.

Avec son casting exclusivement viril, Jude Law en tête, "Black Sea" étale un panorama de personnages masculins dignes des pires clichés du cinéma d'aventure. Du psychopathe qu'aucune personne sensée ne laisserait entrer dans un espace clos au futur père (qui permet au Capitaine d'assumer son rôle paternel, au passage), rien ne nous est épargné. Si les prestations des interprètes sont sans défaut, elles ne servent finalement pas le film, le scénario s'étant chargé de le torpiller, à coups de personnages caricaturaux et d'invraisemblances factuelles.

Est-ce à force de mauvais choix, ou en toute sincérité que Kevin Mc Donald saborda ainsi sa carrière pourtant prometteuse de cinéaste ? Toujours est-il que ce "Black Sea" est appelé à couler, corps et bien. A moins d'être particulièrement indulgent, on le laissera par le fond. 


samedi 1 février 2020

Hector et la recherche du bonheur (2014)



Avec un casting solide et un thème dans son époque, "Hector et la recherche du bonheur" avait ses chances dans les salles obscures. Mais, à sa sortie, ce fut un four, au point que les spectateurs français durent attendre sa sortie en DVD pour le voir. Tiré d'un roman à succès, il s'agissait pourtant d'un film surfant sur l'air du temps : la recherche du bonheur, l'accomplissement de soi. Pourquoi n'a-t-il pas eu autant d'audience qu'espéré ? 

Psychiatre londonien, Hector s'interroge : c'est quoi, le bonheur, après lequel se patients courent en vain ? Et lui, d'ailleurs ? Il a tout pour lui : un métier épanouissant, une femme ravissante, une vie bien remplie, mais, au fond, sait-il ce qu'est le bonheur ? Alors, du jour au lendemain, il prend son sac à dos et décide d'entreprendre un grand voyage à la recherche de ce qu'est le bonheur. De la Chine à l'Afrique en passant par les Etats-Unis et le Népal, Hector va aller à la rencontre des autres, de lui-même et, qui sait ?, du bonheur. 

On songe à "La vie rêvée de Walter Mitty", en visionnant ce voyage initiatique aux quatre coins du globe, en regardant Hector faire ces rencontres enrichissantes (la plupart du temps) ou décevantes. Quand Hector remplit son journal de voyage, le ponctuant de maximes évidentes (de celles qui fleurissent ça et là, en ces temps où le développement personnel tient lieu de remède ultime), on se prend à espérer un film qui ferait du bien et le ferait joliment. Adapté d'un roman de François Lelord, le long métrage de Peter Chelsom ("Hannah Montana, le film" et "Potins mondains et amnésies partielles", par exemple) ne tient pas sa promesse, si tant est qu'il la fît. Lorsque cessent les pérégrinations d'Hector, on ne se sent pas mieux. Tout juste est on content que lui ait trouvé la paix de l'âme, ou plutôt la résignation. 

On pourrait aussi tiquer sur le choix des destinations d'Hector : atterrissant en Chine sans aucun problème, il se rend directement au Népal, par exemple. Quand on connaît la situation entre ces deux nations, on peut s'interroger : une étape de transition, dans le scénario, aurait été nécessaire, si vous voulez mon avis. De la même façon, lorsqu'Hector se retrouve en Afrique, nulle mention n'est faite du pays où il pose un instant ses bagages, comme si le Continent Noir était un seul et même pays. Cousin lointain (ou pas) de Tintin, Hector, psychiatre autant que son modèle était journaliste, court d'un pays à l'autre sans grand souci de vraisemblance.

Heureusement, il y a, pour sauver ce film, les interprètes et, à leur tête, un Simon Pegg à mille lieues de ses pitreries de la trilogie Cornetto. A lui seul, il sauve "Hector et la recherche du bonheur" du naufrage auquel le condamnaient sa réalisation et son scénario. On goûtera (ou pas) les prestations de Rosamund Pike (dont le personnage est assez inconstant et inconsistant), de Jean Reno et de Toni Collette (toujours aussi talentueuse), pour ne nommer qu'eux.

L'intention première du film était sans doute louable, mais sa maladresse, notamment en ce qui concerne sa réalisation et son approche des personnages, dont la psychologie est traitée sans finesse. On aurait aimé faire un joli voyage en compagnie d'Hector, mais la ballade qu'il fait autour du monde à la recherche du bonheur tourne en rond et pourra laisser le spectateur sur le bord de la route. Avec moins de maladresses, nul doute que le périple de ce drôle de psychiatre aurait pu donner un film moins oubliable.


jeudi 25 juillet 2019

A l'heure des souvenirs (2017)


Quand on explore son passé, en regardant dans le rétroviseur, il est bien des choses qu'on ferait autrement. Nombre de films se sont essayé à l'exercice qui consiste à renvoyer un personnage à ce qu'il était. Le très britannique "A l'heure des souvenirs", avec dans le premier rôle Jim Broadbent, fut l'occasion, il y a peu de temps, d'avoir une nouvelle version de ce jeu de miroir. Quand la vieillesse arrive, comment regarde-t-on sa jeunesse ? A-t-on des regrets, des remords, des fiertés ? Ce film ayant eu peu de succès à sa sortie, voici l'occasion de se pencher sur son sort.


Tony Webster, vieil homme tranquille et futur grand-père, voit sa routine bousculée le jour où , dans son testament, la mère de Veronica Ford, son premier amour, lui lègue un journal intime. Plus étonnant encore : il s'agit de celui d'Adrian, qui fut autrefois le meilleur ami de Tony. Alors ce dernier veut comprendre le pourquoi de cet héritage. En cherchant les raisons de ce geste, il va explorer ses souvenirs, ses secrets, ses fantômes...

Ritesh Batra, déjà aux commandes du très chouette "The lunchbox", adapte ici un roman, "Une fille qui danse", de Julian Barnes, qui cherchait, dans son livre, à explorer les petits arrangements que l'on fait avec son passé. Le résultat est un film plutôt réussi, parfois troublant, souvent émouvant et profondément humain. Doté, en plus d'un ton so british qui est pour beaucoup dans le charme qui se dégage de cette histoire, toute en mélancolie. 


Certes, quelques longueurs sont à déplorer et on pourra pointer du doigt quelques facilités, mais l'ensemble du long métrage est de bonne facture et permet de passer un moment agréable, parfois doux-amer, mais "A l'heure des souvenirs" ("The sense of an ending", dans sa version originale), sans être inoubliable, est un joli petit film. 

Et puis, il y a Jim Broadbent, second rôle souvent remarqué (tout le monde se souvient du père de Bridget Jones ou des ses passages dans la saga Harry Potter), qui trouve ici un rôle lui allant comme un gant. A lui seul, incarnant un homme sur le seuil de la vieillesse, il justifie le visionnage de "A l'heure des souvenirs".

Certes, ce film ne marquera pas le septième art et risque fort de ne pas impacter la mémoire de ceux qui l'auront vu, mais il a un charme fou et une grande humanité. Beaucoup ne peuvent en dire autant.


dimanche 13 mai 2018

Big Game (2014)


Il est des jours où l'on a envie de mettre son cerveau de côté et de regarder un film qui ne nous usera pas les neurones. Il y  a des tas de films qui peuvent répondre à ce besoin et certains le font même très bien, sans donner l'impression d'avoir abêti leur spectateur. D'autres, non. L'autre soir, au vu du pitch de "Big Game", j'ai flairé le Die-Hard-like et ai eu un moment de faiblesse. Allais-je le regretter ?

Quels idiots, ces terroristes ! En voilà un qui a décidé de faire s'écraser Air Force One en pleine Laponie (le pays du Père Noël, autant vous dire qu'il y fait frisquet), pour s'emparer du Président des Etats-Unis. S'il avait su que le jeune Oskari, pour célébrer ses treize ans et respecter un vieux rite de passage de son village, devait faire ses preuves en passant une nuit et une journée dans cette même forêt, il aurait changé son plan. Mais non, le terroriste étant un peu crétin, il s'entête et va au-devant de gros ennuis. Tant pis pour lui, ça va barder.

Si le cadre de l'action nous change des décors habituellement utilisés pour ce genre de film (en général, c'est souvent dans une grande métropole que les terroristes font des leurs), il ne faut que quelques scènes pour se rendre compte que "Big Game" n'a pas grand chose de grand, ni de mémorable. Ecrit et réalisé par Jalmari Helander (qui n'a plus sévi depuis), ce film dispose pourtant d'un casting intéressant : pour épauler le jeune Onni Tommila, on retrouve rien moins que Samuel L. Jackson (capable du meilleur comme du pire dans ses choix de rôles), Ray Stevenson, Ted Levine, Jim Broadbent, Felicity Huffman et Victor Garber. On part donc avec un décor original (à défaut du pitch) et un casting qui a du potentiel. Il manque juste un scénario qui tienne debout. Entre péripéties peu crédibles et punchlines improbables, "Big Game" accumule ce qui se voudrait être des morceaux de bravoure : entre une chute dans un congélateur (c'est le bazar, cette forêt, on vous dit) et une séquence improbable dans un lac finlandais visiblement bien chauffé, on peut se demander si le film se prend lui-même au sérieux. 

Le pire est sans doute que tout ce petit monde donne l'air de se prendre au sérieux, entre le méchant impeccablement coiffé mais vraiment très méchant et le président des Etats-Unis baguenaudant dans la forêt finlandaise, avec une chaussure en moins. Quand ce genre de film est bien fait et qu'il ne prend pas son spectateur pour une andouille, ça peut donner de très bonnes choses : hélas, n'est pas John McTiernan qui veut. En l'occurrence, Jalmari Helander, remarqué auparavant pour "Père Noël Origines" (rien que le titre me fait peur), livre un action-movie qui n'arrive jamais à faire vibrer son public : un comble !

Ce film est soit un nanar, soit un plaisir coupable : tout dépend du recul qu'on prend en le visionnant. J'avoue pencher pour la première hypothèse.


samedi 24 mars 2018

Golem, le tueur de Londres (2017)


Il est des périodes que l'on aimerait voir plus souvent exploitées au cinéma. L'Angleterre victorienne est de celles-là, à mes yeux. Tant au niveau du contexte que des personnages issus de la littérature, pour ne citer que ces deux axes, j'ai peine à trouver, dans le cinéma récent, matière à satisfaction. Sorti directement en vidéo, "Golem, le tueur de Londres" (titré, dans sa version originale, "The Limehouse Golem", du nom du quartier lui servant de décor) pouvait-il répondre à mes attentes ? La présence, en tête d'affiche, du très classieux Bill Nighy était un atout de taille. J'ai donc tenté l'aventure.

Londres, 1880 : une série de meurtres sauvages ensanglante le sordide quartier de Limehouse. L'inspecteur Kildare, est dépêché pour résoudre cette affaire. Le Golem, créature issue du folklore hébraïque, serait le meurtrier, à en croire la rumeur. C'est son ombre qui plane aussi sur l'assassinat présumé d'un auteur par son épouse, la jeune Lizzie Cree, une actrice. L'envoyé de Scotland Yard, en tentant de démêler l'écheveau, va découvrir l'univers du music-hall et affronter bien des épreuves avant de comprendre ce qui se passe dans Limehouse. 

Il y a comme un malentendu, dans la promotion de ce film, remarqué avant sa sortie dans plusieurs festivals. On peut s'attendre, en en commençant le visionnage, à un polar gothique plongeant dans les entrailles de la capitale britannique du XIXème siècle. On pourrait aussi se dire qu'une touche de fantastique va être saupoudrée sur l'intrigue, puisque l'affiche et le titre évoquent la légende juive du Golem, créature de pierre invoquée par quelque sorcier kabbaliste. Ce n'est pas ce qui sera au rendez-vous, détrompez-vous si vous pensiez y  trouver tout cela. 

Certes, dans "Golem, le tueur de Londres", adapté du roman de Peter Ackroyd, il est question d'un des quartiers les plus sordides de Londres, où plane l'ombre sinistre de Jack l'éventreur. Oui, le personnage de Kildare évoque immanquablement le plus célèbre des détectives britanniques, mais on est loin d'être en présence d'un film policier dont la seule motivation consiste à découvrir qui est le coupable. Pour le coup, d'ailleurs, les révélations finales sur l'identité du Golem (qui sont pour le film l'occasion de jouer du twist final, sans que cela ne fonctionne vraiment) tombent un peu à plat, parce qu'on peut s'en être désintéressé. L'intérêt principal du film réside en sa description d'un univers, lui-même inclus dans un monde en métamorphose : celui des comédiens de music-hall. La métaphore est assez claire et suffisamment bien traitée pour porter son effet. Malheureusement, le scénario, qui disposait pourtant d'un angle intéressant et aurait pu donner lieu à un film doté d'une identité rare, finit par perdre son spectateur, à force de se vouloir alambiqué et de traiter tant de son milieu que des événements qui s'y déroulent. 

La prestation que livrent les comédiens est, elle aussi, sujette à quelques remarques. Pour une fois, j'ai trouvé que Bill Nighy (remplaçant au pied levé le regretté Alan Rickman) n'était pas particulièrement convaincu du rôle qu'il jouait et incarnait un personnage subissant l'enquête plus que la menant. Face à lui, la jeune Olivia Cooke sort remarquablement son épingle du jeu et on appréciera les interprétations de Douglas Booth, en Dan Leno, mentor inquiétant, ou d'Eddie Marsan, surprenant. 

Reste le malentendu initial sur le film, qui lui est fort dommageable : Juan Carlos Medina, le  réalisateur, sans doute encombré par son sujet, semble loucher trop souvent sur le décevant "From Hell" : affronter de front la description d'une société (qui reflète finalement notre époque) et une intrigue policière à rebondissement peut s'avérer trop ambitieux pour donner un grand film. 




Ce film a été vu dans le cadre du Movie Challenge 2018, pour la catégorie 
"Un film qui n’est pas sorti en salles en France"

mercredi 7 février 2018

Une belle fin (2013)




Deux ans ! Il aura fallu attendre deux ans entre la sortie en Italie de "Une belle fin" et sa projection dans les salles françaises (et encore, les écrans qui le diffusèrent furent peu nombreux). Décidément, les choix de distribution des films ne cessent de m'étonner (et souvent, de me fâcher). C'est comme cette manie de traduire les titres n'importe comment. N'importe quel anglophone amateur vous dira que "Still life" peut se traduire par "Nature morte", titre qui aurait cent fois mieux convenu à ce film que "Une belle fin", si vous voulez mon avis. Cela dit, on a échappé à "Petits enterrements à l'anglaise", qui a du tenter les distributeurs français du film. Toujours est-il que ce long métrage a du échapper à pas mal de spectateurs. A tort ou à raison ?

John May fait un drôle de métier. Ce petit bonhomme solitaire est chargé de retrouver les familles de ceux qui meurent tous seuls dans leur coin. Et, bien souvent, comme il s'avère que ces défunts n'ont plus personne, John May est le seul à assister à leur enterrement, au cours duquel est lu l'éloge funèbre qu'il aura lui-même écrit. Quand on lui annonce son licenciement, John va juste vouloir finir son travail.


Elle n'est pas très gaie, la vie de John May, il faut bien l'avouer. "Une belle fin" est un film où l'ambiance est loin d'être à la rigolade et où les couleurs sont souvent blafardes, telles l'existence monotone du personnage principal. Filmé au plus près de son personnage, "Une belle fin" suit les derniers instants de l'étrange carrière de son anti-héros, professionnel et surtout humain dans une société qui a fini de l'être depuis longtemps.

Certains trouveront le film parfois un peu long, car "Une belle fin" prend le temps d'installer son histoire et son personnage, quitte à se répéter, mais ce choix de rythme permet aussi d'installer l'ambiance de l'histoire, et le tempo de la vie monotone de John May. Les quelques longueurs du film sont sauvées par l'interprétation remarquable d'Eddie Marsan, qui tient le film à bout de bras, du début à la fin. Il est sans doute la meilleure raison de voir "Une belle fin". Acteur souvent cantonné à des seconds rôles, parfois remarqué pour son drôle de physique, Eddie Marsan emplit chaque scène, avec élégance et humanité et c'est lui qui donne au film sa colonne vertébrale.

L'intrigue qui sous-tend "Une belle fin" est ténue, très fine, mais ce n'est pas l'essentiel. Ce film tient debout grâce à ses personnages (surtout son personnage principal, en fait) et son ambiance, à la fois lente et triste, mais terriblement humaine. Filmé à hauteur d'homme, ce voyage en territoire d'humanité, évoquant essentiellement le deuil et la solitude, est de ces films qui (pour peu qu'on soit d'humeur à les visionner) qui touchent l'âme. Bien peu en sont capables.


Ce film a été vu dans le cadre du Movie Challenge 2018, pour la catégorie 
"Un film européen hors France" 

dimanche 28 janvier 2018

My cousin Rachel (2017)


La romancière Daphné du Maurier a été l'inspiratrice de nombreux films, dont certains sont passés au Panthéon du Septième Art. De "Rebecca" à "L'auberge de la Jamaïque", son nom est essentiellement associé à celui d'Alfred Hitchcock, maître incontesté du suspense. On connaît moins "Ma cousine Rachel", roman gothique, pourtant adapté deux fois au grand écran. Si la première version, daté de 1952, mettait en scène Richard Burton et Olivia de Havilland, une adaptation plus récente, ayant conservé son titre original, est sortie sur les écrans l'an dernier. Malheureusement, malgré la présence à l'affiche de Rachel Weisz, ce film n'eut pas le succès escompté.

Jeune noble britannique du XIXème siècle, Philip est dévasté lorsqu'il apprend le décès de son cousin, en Italie, peu après son mariage avec Rachel, une étrange veuve qu'il a épousé en secret. Suspectant que Rachel ne soit responsable de cette mort, Philip a un jour la surprise de voir arriver sa cousine Rachel, troublante autant que mystérieuse. Méfiant de prime abord, le jeune noble finit par se laisser charmer par la jeune veuve. Mais qui est-elle vraiment ? Et que cherche-t-elle ?


Roger Michell, le réalisateur de "My cousin Rachel", nous a offert déjà quelques films intéressants (comme "Week-end royal") et est surtout connu pour "Coup de foudre à Notting Hill". Cela dit, il y a peu de chances pour que "My cousin Rachel" fasse partie de ses œuvres les plus notables. En choisissant délibérément de situer son histoire dans l'Angleterre du début du XIXème siècle, il s'astreint à une rigueur, voire une austérité qui pèse sur tout le film. Qu'il s'agisse des costumes, des décors ou tout simplement de la photographie, "My cousin Rachel" arbore un dehors plutôt sévère. 

L'intrigue principale, celle de savoir si oui ou non Rachel est une odieuse manipulatrice et Philip un doux naïf, passe finalement au second plan, tant la reconstitution de l'époque (pourtant non nécessaire, le roman original n'étant pas placé dans une période donnée) est sérieuse et paralysante. Alors que le scénario opte pour un flou volontaire et donne au spectateur l'opportunité de se faire sa propre idée, l'impression générale, celle de parcourir un musée dédié à l'Angleterre pré-Victorienne, paralyse ses intentions. 

Dans ce décor (remarquablement reconstitué, j'insiste), les acteurs semblent eux aussi prisonniers de leur cadre. Rachel Weisz, qu'on a connue remarquable dans "Agora" (par exemple, pour reprendre un film situé dans un cadre très rigoureux aussi), semble enfermée dans son rôle de veuve mystérieuse dont on ne saura jamais les vraies intentions. Face à elle, Sam Claflin est peu convaincant dans le rôle principal, il faut bien l'avouer, manquant d'envergure et sans doute de maturité. On notera la présence dans un second rôle notable de Iain Glen, l'une des stars de la série "Game of Thrones", dont, décidément, les acteurs ont du mal à trouver leur place au grand écran.

Jouant excessivement la carte de la reconstitution d'une époque et abusant de l'artifice du mystère, "My cousin Rachel", pour troublant qu'il soit, est un film qui risque de laisser pas mal de spectateurs sur le bas-côté, faute de les embarquer dans son histoire. 



Ce film a été vu dans le cadre du Movie Challenge 2018, pour la catégorie 
"Un remake ou film ayant été objet de remake" 



mardi 19 décembre 2017

La femme du gardien de zoo (2017)



Le choix de distribuer ou non un film dans tel ou tel pays répond sûrement à des raisonnements profonds. Ça n'est pas possible autrement. Comment imaginer, en effet, qu'un long métrage ne sorte pas dans les salles françaises (exemple pris au hasard) alors qu'il a eu une carrière honorable dans nombre d'autres pays et qu'il traite d'un sujet dépassant les frontières géographiques et culturelles ? Il y a certainement des décisions pensées derrière ces choix, décisions qui échappent aux pauvres mortels que nous sommes. C'est ainsi, par exemple, que "La femme du gardien de zoo", tiré du roman éponyme, après une carrière honorable de l'autre côté de l'Atlantique (malgré des critiques plutôt mauvaises) a attendu longtemps de sortir en France, pour ne finalement être disponible qu'en vidéo. Pour celles et ceux que le thème intéressait, ce n'est donc pas dans les salles obscures qu'il faudra se rendre pour le voir. Merci qui ?

Varsovie, fin de l'été 1939 : dirigeant, avec son mari, le zoo de la ville, Antonina Jabinski est passionnée par les animaux et la vie. Quand l'Allemagne nazie envahit son pays, elle voit son univers ravagé par la folie des hommes. Les animaux du zoo sont presque tous abattus par les soldats, tandis que, non loin de là, des hommes en enferment d'autres dans le ghetto, antichambre de l'enfer sur terre. Antonina et Jan vont décider d'agir et de sauver ceux que la haine a condamnés. 

Le roman de Diane Ackerman avait rencontré un joli succès lors de sa parution et était adapté de faits réels. Choisissant de donner un coup de projecteur sur un angle méconnu de l'histoire, son adaptation était l'occasion de se pencher sur le dramatique sort de la Pologne durant la Seconde Guerre Mondiale. Niki Caro, la réalisatrice (dont on devrait parler d'ici peu, puisqu'elle est aux manettes de l'adaptation de "Mulan"), donne, en l'adaptant, un rôle fort à son actrice principale, Jessica Chastain (également présente à la production).

On pourra reprocher quelques maladresses dans la réalisation, parfois pataude et, surtout, la partie la plus mélodramatique du film, qui nuit à l'histoire plus qu'elle ne l'enrichit. On pourra déplorer aussi certains errements dans la mise en scène et le montage, qui adoucissent le ton, alors que l'époque narrée était tout sauf douce. Mais ce serait dénigrer l'intention primale du roman et du film : celle de raconter l'histoire d'une femme dans la tourmente. 

Pour incarner cette femme, la merveilleuse Jessica Chastain illumine chacune des scènes où elle apparaît. Portant à bout de bras ce film, elle le magnifie et en fait oublier les défauts techniques et les maladresses. Derrière elle, Daniel Brühl fait ce qu'il peut avec un personnage pas très bien exploité et Johan Heldenbergh, vu jusque là dans le cinéma belge (décidément très riche, ces dernières années) incarne un Jan Jabinski âpre et terriblement humain. 

Malgré quelques longueurs, et grâce à sa belle interprétation, "La femme du gardien de zoo" ne méritait certainement pas le sort honteux qui fut le sien dans l'Hexagone. Quand on voit la promotion faite autour de certains films lors de leur sortie en salles, le destin de celui-ci devrait faire réfléchir. 






vendredi 15 septembre 2017

Chéri (2009)


En 2009, Stephen Frears et Michelle Pfeiffer faisaient, avec "Chéri", leurs retrouvailles après "Les liaisons dangereuses", autre adaptation littéraire. Cette fois, c'est d'après Colette que le réalisateur britannique nous offrait un film, traitant de la passion et de la raison, produisant au passage la troisième transposition du roman éponyme. Mais le succès de leur précédente collaboration ne se reproduisit pas et ils sont bien peu nombreux, ceux qui se souviennent de "Chéri".

Fils de courtisane, Fred Peloux fut surnommé, dans sa plus tendre enfance, Chéri, par Léa de Lonval, consœur de sa mère. Les élans de la chair et du coeur poussent, contre toute attente, Chéri dans les bras de Léa, dont la carrière est sur le point de finir...
Six ans passent et la mère de Chéri trouve pour son fils une épouse parfaite, celle qui lui donnera les petits-enfants tant attendus. Pour Léa et son jeune amant, la séparation est plus difficile qu'ils ne s'y attendaient et s'y résoudre va s'avérer bien douloureux...

C'est sur un ton léger, voire badin, que commence "Chéri", notamment par la présence de la voix narrative : tout cela est-il bien sérieux ? est-on tenté de se demander lors des premières séquences. Ca l'est, pourtant, parce que le thème que convoque ce film est majeur : la raison et la passion qui s'affrontent ont nourri maints grands drames, par le passé. Il faut croire qu'encombré par le sujet du film, le réalisateur ait eu du mal à l'affronter de face et se soit contenté de le frôler. Passant d'un coup ou presque de la légèreté et de la douceur à la tragédie, c'est un Stephen Frears un peu pataud, sans doute un peu perdu entre le fond et la forme. Car il faut dire que celle-ci est remarquable : "Chéri" est splendide à regarder, qu'il s'agisse des costumes, des décors ou de ses interprètes. 

C'est un plaisir que de retrouver la divine Michelle Pfeiffer à l'écran, qui est sans conteste le plus bel atout de ce film, toute en charme et en sensualité. Derrière elle, la performance de Rupert Friend paraît tout juste honorable, mais pas honteuse. Enfin, on remarquera la présence de la grande Kathy Bates et celle de Felicity Jones dans les rôles de la mère et de l'épouse de Chéri. Mais cette belle interprétation, tout comme le soin apporté au décorum, ne peut nullement suffire à faire de "Chéri" un grand film. La beauté ne suffit pas.

On regrettera pour une fois l'envahissante bande originale, souvent peu adaptée. Alexandre Desplat, visiblement très inspiré par "Chéri" livre une partition surabondante qui saborde parfois l'effet dramatique de certaines scènes et aurait gagné à se faire plus discrète. 

Séduisant sur la forme, "Chéri" n'a cependant pas l'intensité qu'on pouvait attendre d'une telle adaptation, surtout entre les mains de Stephen Frears, d'ordinaire plus habile. Au final, ce film donne l'impression d'être un très bel objet précieux, que l'on regarde sans trop savoir si l'on peut y toucher et qui, finalement, n'émeut guère son spectateur. 






lundi 12 juin 2017

T2-Trainspotting (2017)


Il est des films qui marquent leur époque et ceux qui les réalisent, au point de devenir cultes, parce qu'ils apportent quelque chose qui change définitivement le paysage cinématographique. Dans les années 90, Danny Boyle, après avoir réalisé le très jouissif "Petits meurtres entre amis", balança un pavé rock'n roll dans la vitrine du cinéma européen avec "Trainspotting". Entre scènes choc et bande originale culte, mené tambour battant par une bande de comédiens qui n'avaient rien à perdre et donnaient le meilleur d'eux-mêmes, ce film marqua une bonne partie des cinéphiles de cette époque et propulsa Boyle au rang des réalisateurs en vue (il alla d'ailleurs se briser les ailes du côté d'Hollywood, mais c'est une autre histoire). Après avoir été longtemps évoqué, tel un serpent de mer, l'étonnant chantier d'une suite à ce film hors du commun fut mis en marche et "T2-Trainspotting" débarqua sur nos écrans tout récemment...pour y recevoir un accueil bien moins chaleureux que le premier film. Alors, la question se pose, en cette période où les sequels fleurissent : était-il bien utile de donner une suite à "Trainspotting" ?

Vingt ans ont passé, depuis que Mark Renton s'est enfui, emportant au passage presque tout le pactole et trahissant Sick Boy, Begbie et Spud. Ceux-là ont continué, tant bien que mal, à vivre leur vie sans cependant vaincre leurs vieux démons. 
Et, un jour, Renton revient à Edimburgh. Les démons en question sont toujours là, tapis dans l'ombre et prêts à ressurgir. Que veut Mark ? Et comment ses anciens amis vont-ils l'accueillir, lui qui les trahit, vingt ans plus tôt ? 

Il y avait des tas de raisons de se réjouir du retour de la bande de "Trainspotting" : retrouver les acteurs d'origine, aux trajectoires diverses, sous l’œil de Danny Boyle en était une. On pourrait aussi remarquer que la brouille entre le réalisateur et l'acteur fétiche de ses débuts semblait enterrée et sourire au choix de titre pour cette suite (qui narguait le T2 de James Cameron). Mais le fait est que l'on aurait surtout aimer se réjouir de la réussite de l'entreprise, pour le moins ambitieuse, de donner une suite à un film aussi marquant dans l'histoire du cinéma. C'est là que le bât blesse : on est loin, très loin du compte. 

Malgré l'évident talent de Danny Boyle pour mettre en images les retrouvailles contrariées de ce quatuor infernal, "T2-Trainspotting" reste à cent coudées sous le niveau de son illustre aïeul. Si la mise en scène reste nerveuse et efficace, elle ne sert qu'une intrigue finalement assez pauvre et (surtout) dénuée d'enjeux, pour livrer un film souvent répétitif et trop long. La bande de "Trainspotting" a pris de l'âge et du bide. Elle a perdu en rage et en nervosité ce qu'elle a gagné en gras et en confort. Certains de ses spectateurs aussi, c'est vrai : mais ce n'était pas une raison pour se contenter de ce ventre mou. Le film original balançait un grand coup de poing dans le bide de son public, celui-là se contente de lui tendre un miroir : ce n'est pas ce qu'on était en droit d'attendre. 

Au final, malgré l'évident plaisir de retrouver la bande d'Edimburgh, "T2-Trainspotting" ne tient pas ses promesses et décevra sans doute nombre de ceux qui avaient goûté le premier opus. Cette suite n'était pas utile, c'est le moins que l'on puisse dire. Elle a cependant le mérite de donner envie de (re)visionner "Trainspotting", le vrai, l'unique, celui de 1996.

Ce film a été vu dans le cadre du Movie Challenge 2017, dans la catégorie "Un film qui est la suite d'un autre".







mercredi 7 juin 2017

Le garçon au pyjama rayé (2008)



Tiré d'un roman destiné à la jeunesse (il est souvent au nombre de ceux donnés aux collégiens), "Le garçon au pyjama rayé" est forcément un film dont il sera difficile de dire du mal, tant son sujet est sensible, tant son intention est noble. Ce n'est pas pour autant qu'il faut le regarder sans un œil critique. L'exercice est donc malaisé, que celui d'évoquer ce film finalement moins connu que son matériau d'origine. Évoquant à hauteur d'enfant l'un des grands drames du vingtième siécle, "Le garçon au pyjama rayé" mérite-t-il plus que son faible succès ?

Bruno, fils d'un officier nazi, apprend un jour qu'il doit déménager vers la Pologne, car son père a reçu une promotion et va désormais diriger un camp. Dans sa nouvelle maison, le jeune garçon s'ennuie et regrette Berlin et ses amis. Il découvre un jour derrière l'habitation familiale, d'étranges baraquements, peuplés de gens vêtus d'étranges pyjamas rayés. 
Malgré l'interdiction de son père, Bruno va retourner voir ces baraquements et se faire un ami, de l'autre côté des barbelés. 


Comme dit en exergue de cet article, il est délicat de parler de ce film si c'est pour pointer ses défauts. Malheureusement, ces derniers sont plus nombreux que ses qualités, il faut bien l'admettre. la réalisation, sans grande audace, pourrait être pardonnée, au vu du sujet plus que délicat abordé par ce film (et du public visé, plutôt jeune). Mais il y a hélas beaucoup d'incohérences dans l'histoire contée dans "Le garçon au pyjama rayé", au point qu'on a l'impression d'avoir plus affaire à une fable. Ce reproche, qui pouvait également être adressé à "La vie est belle" (le film de Roberto Begnini), n'est cependant pas le seul qu'on pourra faire à ce film, hormis son évident manque de moyens.

Du côté de la mise en scène, le parti-pris de froideur joue en défaveur du film également. Tenu à distance des personnages, le spectateur pourra se sentir indifférent aux péripéties de Bruno et de ses parents. Puis, il y a la touche mélodramatique, fortement appuyée, surtout en ce qui concerne le personnage de la mère du petit héros, qui nuit à l'intensité du sujet. 

Il y a cependant quelques scènes superbes (et particulièrement difficiles, notamment vers la fin) dans ce film, dont l'interprétation est remarquable. Si la prestation du jeune Asa Butterfield est saisissante (quoique le doublage français ne lui rende pas justice), celle de David Thwelis l'est tout autant, une fois de plus avec cet immense acteur.  

En passant outre ses défauts majeurs, "Le garçon au pyjama rayé" mérite cependant d'être vu, ne serait-ce que pour sensibiliser un jeune public à cette période des plus sombres de l'histoire. Eu égard au sujet traité, l'indulgence est de mise. 



jeudi 18 mai 2017

Le merveilleux jardin secret de Bella Brown (2016)


Croyez-le ou non, mais "Le merveilleux jardin secret de Bella Brown" est sorti directement en DVD en France. Alors que certains films de peu d'intérêt (je vous laisse chercher dans les colonnes de ce blog, vous en trouverez pléthore) ont droit à des étalages confortables lors de leurs sorties, on peut se poser des questions quant à la distribution des films. Dans le cas de "This beautiful fantastic", sans doute traduit en "Le merveilleux jardin secret de Bella Brown" pour lui donner un air de famille avec la célèbre Amélie Poulain, était-ce bien justifié ?

Bella Brown fut trouvée, alors qu'elle était bébé, au bord d'un étang. Devenue adulte, elle travaille à la bibliothèque et vit renfermée chez elle et dans ses petites habitudes, calfeutrée en elles.
Bella finit par entrouvrir sa porte à Vernon, jeune veuf dont la cuisine ravit les papilles, et par accepter les conseils de son acariâtre voisin pour remettre son jardin en état. Mais ces hommes qui entrent dans sa vie pourraient bien la bouleverser...

Gentil, voilà comment on pourrait définir ce film. Attention, l'emploi de ce qualificatif est loin d'être péjoratif, à mes yeux. La gentillesse est une denrée rare, même au cinéma. Alors, oui, Bella Brown est sans doute une cousine pas très éloignée d'Amélie Poulain, en moins confiante en l'humanité et en elle-même. Forcée de s'ouvrir au monde extérieur et de mettre les doigts dans la terre du jardin, la jeune femme est l'héroïne d'une jolie petite histoire qui la voit grandir, devenir femme et tout simplement vivre.

Pour sa deuxième réalisation (après "Comes a bright day", également inédit en France), Simon Aboud, surtout connu pour être le gendre de Paul McCartney (je vous rassure, la parenthèse people se ferme ici), nous propose un joli petit conte célébrant la douceur et la gentillesse, le jardin et la cuisine, bref : la vie. C'est peu et c'est beaucoup à la fois. Pour ce film, dont il est également scénariste, Simon Aboud choisit de prendre son temps et de filmer au plus près de ses personnages. Les esprits chagrins y verront (c'est dommage) de la lenteur et de la vacuité, les autres y trouveront l'humanité dont nombre de longs métrages plus ambitieux sont dépourvus. Au milieu des hymnes à la vitesse et à la fureur qui sont légion dans les salles obscures, "Le merveilleux jardin secret de Bella Brown" fait donc figure d'intrus. Il faut s'en féliciter : de telles œuvres, empreintes de douceur et célébrant la vie et l'amitié sont nécessaires. 


C'est également la chouette distribution de ce film qui emporte l'adhésion : qu'il s'agisse de  Jessica Brown Findlay (venue de "Downtown Abbey"), de l'indispensable Tom Wilkinson, d'Andrew Scott (le Moriarty de la série "Sherlock") ou de Jeremy Irvine (qu'on avait remarqué dans "Cheval de Guerre"), les interprètes du "Merveilleux jardin secret de Bella Brown" donnent vie aux aventures de cette Amélie Poulain dans son jardin avec une vraie sincérité qui fait plaisir à voir. 

Si l'on peut faire quelques reproches au "Merveilleux jardin secret de Bella Brown", notamment au niveau des facilité"s scénaristiques qu'il se permet, son atmosphère et son humanité emportent l'enthousiasme. Pour une fois qu'un film porte un regard optimiste sur le genre humain, on serait mal inspiré de faire la fine bouche.


dimanche 12 février 2017

Quelques minutes après minuit (2016)



La distribution des films est un mystère. Comment un long métrage réunissant Sigourney Weaver, Felicity Jones et Liam Neeson (certes, derrière la motion-capture), adapté d'un roman à succès, doté d'une réelle ambition visuelle et narrative, peut-il sortir, à la sauvette, et ainsi passer sous le radar de pas mal de spectateurs ? Ils sont nombreux, en effet, ceux qui n'ont même pas entendu parler de "A monster calls", (maladroitement) renommé en France "Quelques minutes après minuit", dernière réalisation de Juan Antonio Bayona, qui nous avait offert il y a quelques années "L'orphelinat" et mettra en scène la suite de "Jurassic World". 

Conor, dix ans, n'a pas une vie facile, loin s'en faut. Entre sa mère qui lutte contre une longue maladie, le contraignant à faire tourner la maison comme un adulte, sa grand-mère qui lui fait la vie dure et ses camarades d'école qui le maltraitent, il n'a plus que son imaginaire pour se réfugier. C'est de là que sort un monstre impressionnant, créature issue d'un arbre, qui vient, en pleine nuit, terroriser le jeune garçon. 
A moins qu'il ne soit là pour l'aider. 

Adapté du roman de Patrick Ness (qui signe d'ailleurs le scénario), "Quelques minutes après minuit" n'est clairement pas un film pour les enfants, si vous voulez mon avis. Sombre, intense et souvent très dur, il s'agit d'un conte initiatique, où le jeune héros découvre la vie sous sa facette la plus douloureuse. La dose de fantastique qu'il contient n'est pas là pour adoucir le propos et rendre plus acceptables les épreuves que subit Conor.

On s'en doutait dès son premier long métrage ("L'orphelinat"), Juan Antonio Bayona, chaperonné alors par Guillermo del Toro, sait raconter une histoire et y faire adhérer son spectateur. Avec cette adaptation ambitieuse et réussie, il confirme son statut de réalisateur avec lequel il faut compter, tout en affirmant une vraie identité, tant visuelle que narrative. Il ne reste qu'à espérer qu'il ne se fasse pas étouffer lors de son prochain tournage (on peut en douter).

Le casting de "Quelques minutes après minuit" est impeccable. Dans le rôle de la mère de Conor, rongée par le cancer, Felicity Jones, à mille lieues de sa performance de "Rogue One", fait montre d'un talent indéniable, dans le rôle d'une femme à la fois forte et fragile. Sigourney Weaver, impériale comme toujours, livre une prestation tout aussi remarquable, et la performance de Liam Neeson derrière le monstre nocturne est tout aussi notable, mais celui qui est le plus formidable est le jeune Lewis MacDougall, qui incarne Conor. Quand on sait à quel point les personnages enfantins peuvent donner lieu à des interprétations caricaturales, on ne peut qu'être admiratif du jeu tout en colère rentrée du jeune garçon (son histoire personnelle fort douloureuse a pu résonner en écho dans ce rôle). Gageons qu'on le retrouvera bientôt sur grand écran.

Graphiquement superbe (et c'est encore plus vrai lors des séquences animées), "Quelques minutes après minuit" aurait mérité une meilleure distribution, même s'il représente un vrai casse-tête, dès lors que se pose la question de son public. Sans doute trop dur et trop complexe pour un jeune public, il peut également dérouter les adultes. Là se trouve sans doute l'un des handicaps du film, coincé entre deux publics, au risque de n'en finalement trouver aucun. Et, pendant qu'on évoque les faiblesses du film, la seule que je soulignerais réside dans son dernier quart d'heure, qui s'englue inutilement dans un procédé "tire-larmes" inutile et perd un peu de sa force à cette occasion.

Sans l'excès de pathos de la dernière partie, "Quelques minutes après minuit" aurait été un chef
d'oeuvre. C'est déjà un grand film, de ceux qu'on n'oublie pas et, à ce titre, aurait mérité d'être distribué dignement.

Ce film a été vu dans le cadre du Movie Challenge 2017, catégorie "Film qui m'a fait pleurer".