Il est des périodes que l'on aimerait voir plus souvent exploitées au cinéma. L'Angleterre victorienne est de celles-là, à mes yeux. Tant au niveau du contexte que des personnages issus de la littérature, pour ne citer que ces deux axes, j'ai peine à trouver, dans le cinéma récent, matière à satisfaction. Sorti directement en vidéo, "Golem, le tueur de Londres" (titré, dans sa version originale, "The Limehouse Golem", du nom du quartier lui servant de décor) pouvait-il répondre à mes attentes ? La présence, en tête d'affiche, du très classieux Bill Nighy était un atout de taille. J'ai donc tenté l'aventure.
Londres, 1880 : une série de meurtres sauvages ensanglante le sordide quartier de Limehouse. L'inspecteur Kildare, est dépêché pour résoudre cette affaire. Le Golem, créature issue du folklore hébraïque, serait le meurtrier, à en croire la rumeur. C'est son ombre qui plane aussi sur l'assassinat présumé d'un auteur par son épouse, la jeune Lizzie Cree, une actrice. L'envoyé de Scotland Yard, en tentant de démêler l'écheveau, va découvrir l'univers du music-hall et affronter bien des épreuves avant de comprendre ce qui se passe dans Limehouse.
Il y a comme un malentendu, dans la promotion de ce film, remarqué avant sa sortie dans plusieurs festivals. On peut s'attendre, en en commençant le visionnage, à un polar gothique plongeant dans les entrailles de la capitale britannique du XIXème siècle. On pourrait aussi se dire qu'une touche de fantastique va être saupoudrée sur l'intrigue, puisque l'affiche et le titre évoquent la légende juive du Golem, créature de pierre invoquée par quelque sorcier kabbaliste. Ce n'est pas ce qui sera au rendez-vous, détrompez-vous si vous pensiez y trouver tout cela.
Certes, dans "Golem, le tueur de Londres", adapté du roman de Peter Ackroyd, il est question d'un des quartiers les plus sordides de Londres, où plane l'ombre sinistre de Jack l'éventreur. Oui, le personnage de Kildare évoque immanquablement le plus célèbre des détectives britanniques, mais on est loin d'être en présence d'un film policier dont la seule motivation consiste à découvrir qui est le coupable. Pour le coup, d'ailleurs, les révélations finales sur l'identité du Golem (qui sont pour le film l'occasion de jouer du twist final, sans que cela ne fonctionne vraiment) tombent un peu à plat, parce qu'on peut s'en être désintéressé. L'intérêt principal du film réside en sa description d'un univers, lui-même inclus dans un monde en métamorphose : celui des comédiens de music-hall. La métaphore est assez claire et suffisamment bien traitée pour porter son effet. Malheureusement, le scénario, qui disposait pourtant d'un angle intéressant et aurait pu donner lieu à un film doté d'une identité rare, finit par perdre son spectateur, à force de se vouloir alambiqué et de traiter tant de son milieu que des événements qui s'y déroulent.
La prestation que livrent les comédiens est, elle aussi, sujette à quelques remarques. Pour une fois, j'ai trouvé que Bill Nighy (remplaçant au pied levé le regretté Alan Rickman) n'était pas particulièrement convaincu du rôle qu'il jouait et incarnait un personnage subissant l'enquête plus que la menant. Face à lui, la jeune Olivia Cooke sort remarquablement son épingle du jeu et on appréciera les interprétations de Douglas Booth, en Dan Leno, mentor inquiétant, ou d'Eddie Marsan, surprenant.
Ce film a été vu dans le cadre du Movie Challenge 2018, pour la catégorie
"Un film qui n’est pas sorti en salles en France"
Dommage que ce ne soit pas une réussite, les films qui ont pour cadre l'époque victorienne finissent par se suivre et se ressembler il me semble, alors qu'il doit y avoir matière pour renouveler. J'aime beaucoup Bill Nighy mais je ne le vois pas trop dans ce genre de film. Alan Rickman, par contre, beaucoup mieux. Encore dommage.
RépondreSupprimerCe film avait pourtant un vrai potentiel, qu'il gâche bêtement... et je suis rassuré de voir que je ne suis pas le seul à trouver que Bill Nighy bn'est pas à sa place ici.
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